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Critique de Nastasia-B


Cet album, à l'image de la couverture qui en est issue, est entièrement réalisé en crayonné (de type fusain ou mine grasse) sur fond blanc. C'est un album, c'est vrai, mais son déroulement, son rythme et la quantité de texte associée à chaque image pourraient presque faire penser à de la bande dessinée dont chaque case serait une page de l'album.

L'album comporte en effet 112 pages, ce qui est beaucoup pour un album jeunesse, mais de nombreuses pages ne comportent pas de texte, ce qui est rare pour un album jeunesse. Donc les pages se tournent vite et lorsqu'il y a du texte, il n'y a pas d'incertitude sur qui parle ou qui pense, rendant ainsi la lecture très rapide et fluide.

Je vais donc prendre comme parti de dire qu'il s'agit d'une version de bande dessinée adaptée à la jeunesse. Récemment, j'ai émis de lourdes réserves sur des tentatives de bandes dessinées qu'on prétendrait " jeunesse " sans en avoir pleinement réfléchi la forme, notamment dans ma critique sur La Rivière cra-cra dont voici le lien :
http://www.babelio.com/livres/Deveney-Petit-Renard--La-Riviere-cra-cra/167146/critiques/738717

Voilà ce que, de mon point de vue, il peut être pertinent de faire pour amener de jeunes lecteurs vers une littérature de type BD. le dessin simple et très épuré facilite grandement la lecture pour les enfants. En revanche, le côté " crayonné ", c'est-à-dire " non terminé " dans la tête des enfants, ainsi que l'absence de couleur peut constituer un frein vers un public de cet âge.

Sur le fond, maintenant, il y a beaucoup de richesse et de sous-entendu qui devront l'un comme l'autre être explicités par l'adulte sous peine de faire flop. Mais je trouve le thème extrêmement pertinent, et tout particulièrement à l'heure actuelle où l'on ne prie qu'un seul et unique dieu, le dieu " réussite et reconnaissance sociale " comme si la simple évocation de son nom était mécaniquement et naturellement liée au nirvana " bonheur et accomplissement personnel ". Je vous laisse le soin d'y réfléchir.

Je côtoie des enfants et des parents tous les jours dans mon métier et je puis affirmer qu'il existe un hiatus, une béance forte entre les visions des uns et des autres en ce qui concerne l'avenir des premiers. Quelque chose que l'on traduit vulgairement et de façon très approximative comme la différence entre " réussir DANS LA vie " et " réussir SA vie ".

J'emprunte à InstinctPolaire et à John Lennon cette autre formulation de la même idée : — Quand je suis allé à l'école, il m'ont demandé ce que je voulais être quand je serai grand. J'ai répondu : " Heureux ". Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question, j'ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie.

Ici, nous avons donc affaire à un violoniste dans lequel, manifestement, son père fondait de nombreux espoirs, tous plus ou moins liés à la gloire. Or, si le fils en grandissant est bien devenu violoniste, ses ambitions semblent tout autres.

Un violon, un citoyen, ça peut faire du bien… comme aurait dit Alain Souchon. Bref, un beau livre, peut-être un peu lourd (quant au poids et non quant au propos) pour les enfants mais qui mérite certainement un détour. Nonobstant, souvenez-vous que ce n'est là qu'un avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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