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EAN : 9791095772743
272 pages
Anamosa (03/10/2019)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Les Hommes du ministère est bien sûr fortement inspiré de la connaissance de l’Afrique de l’Est et des « évadés » d’une des pires dictatures au monde en Érythrée. Mais Léonard Vincent a quitté les rives du reportage pour la fiction romanesque. Comme pour aller plus loin dans la restitution, comprendre les mécanismes de la terreur et leur portée universelle, l’auteur choisit de plonger dans la subjectivité de trois personnages clé : le ministre (Omer Hassan), le fonc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Léonard Vincent est un écrivain et journaliste, qui a déjà commis quelques ouvrages sur l'Érythrée. Ici, il ne fait pas dans le reportage mais dans la fiction et, bien qu'il ne soit jamais question nommément de l'Érythrée, le pays qu'il décrit y ressemble furieusement. Même si ce qui s'y passe pourrait être transposé dans toutes les dictatures africaines, puisque le schéma colonisation-guérilla de libération nationale-indépendance-dictature n'est pas propre à l'Érythrée. C'est ce processus l'auteur décrit à travers les portraits de trois personnages archétypaux : le ministre, le fonctionnaire, le Chef. On nous les présente dans leurs fonctions actuelles, entre bureaucratie complexe et vide de sens et diplomatie de carnaval. Anciens guérilleros remarqués à l'époque pour leur courage, leur loyauté ou la peur qu'ils suscitent, ils regrettent le temps béni de la lutte d'indépendance et s'ennuient ferme dans leur bureau à la climatisation glaciale, dans la monotonie des tâches répétitives. Les deux premiers ont un autre point commun : la peur (qu'ils partagent d'ailleurs avec la plupart de leurs concitoyens). Peur de déplaire, d'en dire trop ou trop peu, de froncer un sourcil à un moment inopportun, d'être dénoncé pour un toussotement intempestif. Une peur matérialisée par l'arrivée soudaine d'un Land Rover sans plaques d'immatriculation, qui les cueille au petit matin sans explication et les emmène on ne sait où pour Dieu sait combien de temps. le Chef, quant à lui, est tout-puissant, mais il sait pertinemment qu'un jour viendra où il ne le sera plus, débarqué par un coup d'Etat venu de la rue, pilotée par la faim ou la pauvreté, ou par des puissances étrangères rêvant de faire main basse sur les richesses du sous-sol local.
La forme du roman autorise l'auteur à prendre du temps et de la distance, contrairement aux journalistes à l'affût d'information immédiate frappant les esprits. Une distance qui lui permet paradoxalement de donner une vue de l'intérieur de la dictature. Sans surprise, celle-ci apparaît répressive, brutale, aveugle, avide de pouvoir et d'argent, indifférente au sort de sa population. Mais au final, un colosse aux pieds d'argile, qui ne parvient pas à empiler tous les "déviationnistes" dans ses fosses communes. Beaucoup s'entassent dans des camps de réfugiés dans les pays limitrophes ; parfois certains de ces "hommes du ministère" écoeurés, épuisés par cette mortelle mascarade, font défection à l'occasion d'un voyage officiel en Europe. Peut-être que, sans nous en douter, nous en avons déjà croisés, réfugiés dans l'anonymat de nos démocraties occidentales.
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Ce qui surprend dans ce livre et dès l'introduction c'est l'immersion, jusque dans les moindres détails, dans une ville africaine souillée et malodorante au milieu de la population, on entend, on sent, on touche. Tout le livre va se dérouler dans cet esprit de détail et d'anecdotes, construisant des bouts d'intrigues en flash-back et nous conduisant au travers de la vie ordinaires d'hommes passés de la rébellion aux ministères, vivant avec leur malaise et leurs contradictions.
Du sans grade au "chef" le portrait est juste et l'auteur nous fait vivre les sensations de chacun, au ras des faits.
C'est très bien tourné et on prend conscience, même si l'auteur se défend de tout attachement au réel, de la réalité du passage de la clandestinité au pouvoir et des sacrifices des sans-grades.
On est à la fois proche de 1984, des absurdités vécues de la dictature, mais j'y ai retrouvé les anecdotes proches de celles dont parlait Che Guevarra, quand il essayait de mener les rebelles du Congo au combat.
Une vraie réussite !
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Les hommes du ministère. (envoi masse critique)
Léonard Vincent est présenté par l'éditeur comme « journaliste et écrivain » dans ce livre à l'élégante reliure et au beau papier
En l'occurrence, c'est l'écrivain qui s'adresse au lecteur en précisant que son ouvrage traite de toute l'Afrique et que le pays qu'il évoque sans le nommer (même si nous découvrons au fil des pages qu'il s'agit de l'Erythrée) est choisi en métaphore de tout le continent. du reste Leonard Vincent a publié d'autres ouvrages sur cette nation épouvantable et épouvantée dont chacun connait la triste renommée.
Le sujet n'est pas dans la révélation factuelle de la violence et de l'horreur mais est une tentative d'évocation sereine de la situation au travers de trois portraits. Ceux du ministre de l'information, d'un jeune fonctionnaire et du vieux chef qui règne encore aujourd'hui depuis plus de vingt ans.
La forme du roman offre la possibilité de cerner sans caricature l'inanité de la dictature, la vacuité des objectifs politiques et la prégnance de l'asservissement du peuple pourtant toujours prêt à l'espoir, comme on peut le constater régulièrement du nord au sud du continent
Par manque de recul les journalistes de leur côté peinent à convaincre. le temps joue contre eux et contre les populations opprimées. le public se lasse vite et se satisfait davantage de faits divers, d'actes violents et isolés, d'immédiateté.
Trois chapitres particulièrement bien écrits et documentés qui forment un récit cohérent, un roman sans pathos qui atteint parfois le sublime comme par exemple lorsque le jeune fonctionnaire quittant sa capitale fiévreuse arrive à Paris, ébloui au point d'envisager la fuite. Une clef pour comprendre ce qui meut l'immigration.
Voilà un roman juste et utile
Les photos du bar en couverture sont superbes. Une belle réussite éditoriale.
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Ce n'est pas mon genre de lecture habituelle puisque, lorsque je me lance dans ce genre de thématique, je préfère lire un livre d'actualités et/ou de politique plutôt qu'un roman, il n'empêche que le livre est plutôt bien agencé et est rédigé en trois uniques chapitres qui traitent chacun d'un personnage-clef du régime dictatorial en sujet, qui pourrait être n'importe quel pays d'Afrique qui maltraite son peuple et qui met le pouvoir dans les mains de quelques-uns qui se l'est arrogé de plein droit.

Le style d'écriture était un peu lourd puisqu'il n'y a pas de dialogues espacés du texte, tout est rédigé en un bloc de texte, j'ai eu un peu de mal à m'habituer.

Ce préalable étant abordé, il me faut vous dire qu'il s'agit d'une histoire romancée qui laisse à réfléchir sur les pouvoirs en place, sur la collaboration de certains pays dans le but d'obtenir du cobalt, du coltan, du pétrole et autres substances qu'ils ne possèdent pas eux-mêmes, de l'hypocrisie des régimes corrompus et corrupteurs, du malheur des peuples qui doivent subir, bref, tout un programme .... encore et toujours d'actualité .... malheureusement.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La rhapsodie des destins absurdes va commencer. Tout ne sera que littérature. Ces pages sont des rêveries sur des conversations que nous avons eues, les hommes du ministère et moi. Disons en somme que toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé est absolument recherché, mais que ceux qui cherchent la vérité peuvent poser ce livre.
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