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EAN : 9782809801224
425 pages
L'Archipel (04/02/2009)
4.24/5   29 notes
Résumé :

Abraham Lincoln occupe une place à part dans l'Histoire des États-Unis et dans la mémoire de ses citoyens. De la cabane en rondins de son enfance à son assassinat, l'ascension du " bûcheron devenu roi " est l'exemple même du rêve américain, au point d'être l'objet d'un véritable culte laïque.

Tenu à l'écart des études, promis à une existence sans relief, cet autodidacte devenu avocat par son seul mérite se lance en politique à vingt-trois ans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« Ô capitaine ! mon capitaine ! »

« Ô le rouge des gouttelettes
Là, sur le pont, où gît mon capitaine
Tombé mort et glacé

de l'effrayante traversée le vaisseau, but atteint, rentre au port
Ô rives, exultez, sonnez, ô cloches,
Tandis que d'un pas endeuillé
J'arpente, moi, le pont où gît mon capitaine
Tombé mort et glacé. »

(Walt Whitman, le plus grand poète américain du siècle, publia ces quelques strophes dans un journal new-yorkais, le 4 novembre, s'inspirant de la métaphore chère à Lincoln)

Qui est cet homme qui se cache derrière cette silhouette dégingandée d'1m 92, cette redingote trop grande et ces pantalons trop courts, ces oreilles en feuille de chou et ce mythe auquel plus de 16000 ouvrages lui ont été consacrés.

Bernard Vincent y répond très clairement et avec impartialité afin de délivrer ce « railsplitter » « fendeur de bûches » de la légende hollywoodienne.

Professeur émérite d'histoire et de civilisation américaines à l'Université d'Orléans, j'ai apprécié cette biographie écrite en français par un français et qui retrace la vie du Grand Homme, de son enfance jusqu'à son assassinat, balayant ainsi, pour la profane que je suis, une période importante de l'Histoire des Etats-Unis. Bien que très dense, cette biographie ne relate que succinctement les débats politiques comme les scènes de guerre. Je me suis juste un peu perdue dans la genèse des partis politiques comme dans les affrontements qui opposent Abraham Lincoln à Stephen Douglas lors du Kansas-Nebraska Act : Douglas souhaitant laisser chaque état souverain permettant aux colons de décider le recours ou non à l'esclavage et abrogeant ainsi le compromis du Missouri de 1820 qui définissait les états esclavagistes des états abolitionnistes.

Cette biographie dessine le portrait d'une Amérique extrêmement pauvre, loin des grandes métropoles, celle des petites gens qui se battent au quotidien pour exister, celle qui s'est construite jour après jour, celle qui ne sait ni lire ni écrire, celle ou pendant un ou deux mois, une petit école, à l'initiative d'un homme d'église ou d'une personne bienveillante, envisage de transmettre les rudiments de la lecture à quelques gamins en haillons pour disparaitre sans raison peu de temps après, laissant ainsi toute une jeunesse sans le moindre embryon de lecture comme de l'écriture, les parents privilégiant le travail de la terre à l'instruction. Cet ouvrage captivant permet d'assister à la naissance des institutions qui ont structuré les États-Unis et au combat qu'à mener Abraham Lincoln pour ne pas assister au démantèlement des états et ainsi, rester fidèle aux textes fondateurs.

Abraham est né le 12 février 1809 dans l'unique pièce d'une cabane en bois, dans le Comté de Hardin, à l'est de l'Etat esclavagiste du Kentucky.

Issu d'une famille d'agriculteurs-bucherons, qui doit s'échiner aux champs pour survivre, chasser l'ours ou le daim pour manger, il connait des deuils successifs. IL perd son petit frère, son oncle et sa tante, et ensuite, très jeune, sa maman. On fait remonter sa tendance chronique à la dépression, à la mort inattendue de sa mère.
Thomas Lincoln se remarie avec Sarah Bush Johnson qui prend en affection le petit Abraham et c'est encore elle, bien qu'illettrée, qui incite Thomas Lincoln à laisser les enfants se rendre à l'école.

C'est grâce à sa belle-mère, qu'Abraham se prend de passion pour les livres. Il lit tout ce qui lui passe entre les mains, écrit des poèmes, et à l'âge adulte, de petit boulot en petit boulot, il se passionne pour le droit afin de devenir avocat. Puis il se prend au jeu de la politique où ses talents d'orateurs le font remarquer ce qui ne l'empêche pas de se confronter aux échecs et à des adversaires politiques d'envergure. On découvre un homme droit, juste, intègre, surnommé « Honest Abe » qui aura fasciné de son vivant ses contemporains comme Victor-Hugo ou Karl-Marx.

La biographie est écrite dans l'ordre chronologique ce qui permet de suivre le parcours singulier d'Abraham Lincoln tant sur le plan familial, social et politique. On découvre sa vie sentimentale et les névroses de son épouse, Mary Lincoln. de larges extraits de discours, de lettres permettent de mieux cerner la personnalité de Lincoln. On sent bien que la question de l'esclavage divise la société américaine depuis le XVIIIème siècle.

Bernard Vincent s'attarde sur la description de certains moments clés qui sont parfaitement restitués et rendent ainsi cette biographie très réussie et par moment puissamment émouvante comme la capitulation du général confédéré Robert Lee à Appotamox devant le lieutenant-général Ulysse Grant.

La famille Thomas Lincoln fut membre d'une branche séparée de l'Eglise baptiste qui professait une morale extrêmement stricte, condamnait l'ivrognerie, les courses de chevaux, la danse et rejetait l'esclavage. Ce qui fera dire à Abraham en 1864 « Je suis naturellement antiesclavagiste. Si l'esclavage n'est pas un mal, rien ne l'est. Je ne me souviens pas d'avoir jamais pensé ni senti les choses autrement ». Au fur et à mesure que Lincoln avance en âge, certainement sous la pression des responsabilités, des divisions, de la guerre de Sécession, la religion se fait plus présente dans son discours.

Abraham Lincoln n'est pas un militant radical de l'esclavage, il est plutôt consensuel ceci afin de préserver l'Union. Il veut éviter la perte des états esclavagistes dits « intermédiaires » qui peuvent à tout moment se ranger au côté des Sécessionnistes. Néanmoins, il a la volonté inflexible de mettre un terme à l'expansion de l'esclavage comme de préserver les enfants d'esclaves qu'il veut libre dès leur naissance. On se figure aisément l'immensité de la tâche et les difficultés auxquelles il se heurte face à tous les intérêts et préjugés rencontrés. La guerre de Sécession est évoquée dans ce qu'elle a d'essentiel dans la gouvernance d'Abraham Lincoln mais sans jamais devenir le sujet principal de l'ouvrage.

Nous sommes en 1860 et les propos du Président, jugés d'un racisme intolérable aujourd'hui, reflètent une opinion largement répandue à cette époque : Les blancs et les noirs ne sont pas de race égale, ils sont fondamentalement différents. Mais son discours va évoluer jusqu'à la promulgation de l'amendement, sachant que l'émancipation annoncée infléchit la ligne jusqu'ici suivie en matière d'esclavage. Il s'entoure de précautions constitutionnelles afin de faire voter au Congrès plusieurs amendements :

« Les dogmes des années tranquilles du passé sont inadaptés au présent orageux que nous traversons. Nous ne pouvons nous soustraire à l'Histoire. En donnant la liberté aux esclaves, nous garantissons la liberté des hommes libres. La voie proposée est claire, pacifique, généreuse et juste. C'est un chemin, si nous le suivons qui sera à jamais applaudi par l'univers et à jamais béni par Dieu ».

Et ce fut un long chemin car la Constitution fédérale au sein de l'Union a continué d'admettre l'esclavage là où il existait et ne permit pas au Président d'affranchir d'office les esclaves résidant dans les Etats restés fidèles à l'Union. Abraham Lincoln paiera de sa vie son combat le 14 avril 1865 ce qui n'empêchera pas le XIIIème amendement et en cela, nous, la communauté des femmes et des hommes libres, nous devons le remercier.

« le XIIIème amendement que Lincoln avait signé en février et qui imposait l'affranchissement de l'ensemble des esclaves, fut de fait ratifié huit mois plus tard, le 6 décembre. A cet amendement de portée générale vinrent s'en ajouter deux autres : d'abord le XIVème, adopté le 16 juin 1866, grâce auquel la citoyenneté fut officiellement accordée aux anciens esclaves ; puis le XVème en date du 25 février 1869, précisant, face aux réticences et tricheries de certains sudistes qu'il était interdit de priver qui que ce fût du droit de vote pour raison de race, de couleur ou d'état de servitude antérieure ».

Nous sommes le 14 avril 1865, quelques jours après sa réélection. A la deuxième scène du troisième acte au Ford's Theatre, un coup de feu vient d'éclater dans la loge présidentielle à 22 h 15. Mary Lincoln hurle « on a tiré sur le président » ! Au même moment, les deux tentatives d'assassinat sur la personne d'Andrew Johnson et de William Seward échoueront mais pas celle sur le Président.

Je finis sur cette phrase de Tom Taylor, journaliste du Punch et ancien pourfendeur du Président américain :

« de voir dans ce valet de ferme l'égal des princes, dans ce fendeur de bûches, un authentique roi des hommes »

NDL : Je vous prie d'excuser la longueur de ce billet mais il m'a été difficile de le rédiger sans dénaturer la qualité de l'ouvrage. Bon courage pour ceux qui me liront :-))
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Jusqu'à présent, ce que je savais d'Abraham Lincoln pouvait plus ou moins tenir en une ligne : l'un des plus célèbres présidents américains, vainqueur de la guerre de Sécession, abolit l'esclavage, mort assassiné en 1865. Après avoir lu récemment les biographies d'autres grands dirigeants du 19ème siècle (Victoria, Cixi, Bismarck), j'ai donc poursuivi dans cette voie fort instructive avec cet ouvrage sous-titré "L'homme qui sauva les États-Unis"... Et je crois avoir très bien fait.

Écrite par l'un des spécialistes français de l'histoire américaine, cette biographie est un modèle du genre. On a là un récit chronologique (sans doute le meilleur choix pour bien comprendre le cheminement et l'évolution du personnage étudié), une écriture sans fioritures, sans effets de style, mais claire et agréable. Le risque avec les biographies de figures politiques est de se perdre dans les manœuvres de partis, de lire d'interminables rapports d'élections, avec le nombre de voix et les pourcentages obtenus... Les passes d'armes politiques de Lincoln, notamment avec son "meilleur ennemi" Stephen Douglas, occupent certes plusieurs chapitres, mais l'ensemble reste tout à fait digeste. Bernard Vincent évite un autre piège lorsqu'on en arrive, à la moitié du livre environ, au "gros morceau" qu'est la guerre de Sécession : même lorsqu'il évoque des événements militaires auxquels le Président n'a pas pris part en personne, l'auteur ne perd jamais de vue son "héros". Les tenants et aboutissants du conflit, ses grandes étapes, les batailles, sont ainsi relatés, mais sans que cette biographie de Lincoln ne devienne jamais une "Histoire de la guerre civile américaine". L'homme demeure au centre du récit, et sa vie privée, ses rapports avec sa femme, ses fils ou ses amis, sont largement traités dans ces pages.

L'un des éléments les plus frappants à la lecture de cette biographie est que, à l'inverse de ce que l'on imaginerait spontanément (et à l'inverse de ce que cherche à nous faire croire Steven Spielberg dans son film, que j'ai pris le temps de regarder en parallèle de ma lecture) Lincoln n'était en rien un abolitionniste militant. Si d'un point de vue personnel il était opposé à l'esclavage, d'un point de vue politique il fit en sorte de prendre en compte les revendications du Sud et, surtout, de ménager les États "intermédiaires" susceptibles de basculer du côté sécessionniste en cas de lois antiesclavagistes... Si bien que Lincoln fut sans cesse combattu par les partisans de l'abolition immédiate et inconditionnelle de l'esclavage. De même, on peut être surpris par des prises de position qui, avec une grille de lecture de notre siècle, paraissent affreusement racistes et choquantes : ainsi, selon Lincoln, Blancs et Noirs appartiennent à deux races fondamentalement inégales, qui ne sont pas vouées à cohabiter l'une avec l'autre... d'où les projets, auxquels il apporta tout son soutien, consistant à envoyer les esclaves affranchis vers le Liberia ou le Panama, et qui aujourd'hui ne peuvent qu'évoquer les fantasmes de "rémigration" de certains illuminés d'extrême-droite. Voilà qui confirme, s'il en était besoin, à quel point il est absurde de vouloir juger les personnages et les faits historiques à partir de critères modernes...

Tout aussi frappante est l'incroyable probité de Lincoln, sa franchise, sa droiture, son respect de l'adversaire... autant d'éléments qui paraissent incompatibles avec une carrière aussi accomplie que le fut la sienne. Je suis partisan de l'idée selon laquelle chaque "grand homme" et de manière plus générale tout individu puissant est forcément un pourri, persuadé que, aujourd'hui comme hier, les bons, les gentils, les honnêtes, n'ont aucune chance de se faire une place dans un monde conçu par et pour les "homines crevarices" pour reprendre la fameuse terminologie alfaricienne... Force est de constater que "Honest Abe" est l'exception qui confirme la règle. Il y a quelque chose de réconfortant dans le parcours de cet authentique self-made man, ce fils de fermier du Kentucky qui a su se hisser jusqu'aux plus hautes fonctions sans jamais déroger à ses principes d'intégrité.

J'ignore si cette biographie apporte de nouveaux éléments d'analyse sur la carrière et l'œuvre de Lincoln, et si des spécialistes pourront la lire avec profit ; mais en ce qui me concerne, partant presque de zéro dans ma connaissance du personnage, j'y ai trouvé ce qu'il me fallait et, par conséquent, la recommande à tous ceux qui voudraient aller au-delà de ce que l'on sait d'emblée sur le président qui gagna la guerre de Sécession, abolit l'esclavage et mourut assassiné en 1865...
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Dans sa préface, l'auteur clarifie sa vision d'une bonne biographie : >
Le titre résume à lui seul le contenu de cet ouvrage. Ainsi, la majeure partie du récit est concentrée sur les années de la présidence d'Abraham Lincoln, marquées par la guerre de Sécession. Une période cruciale pour l'unité de la jeune république américaine, divisée sur la question de l'esclavage. Abolitionnistes radicaux et promoteurs de l' « institution particulière » s'affrontaient dans la presse et sur le terrain et il fallait à la nation un intermédiaire entre ces ceux vues opposées. Lincoln est vite apparu la seule figure possible pour ce rôle ingrat; cette montée vers les plus hautes fonctions d'état d'un homme simple qui s'est construit lui-même, Bernard Vincent nous la restitue admirablement.
Un récit méticuleux qui vient parfaire des connaissances acquises sur le sujet, mais qui peut être aussi un tremplin pour en apprendre davantage.
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De mes cours d'histoire, j'avais juste retenu que Lincoln était le président des États-Unis qui était sorti vainqueur de la guerre de Sécession. Ce livre rappelle qu'il est bien plus que cela. Exemple du self made man, partant de rien pour finir président, il a eu à gérer une crise sans précédent aux États-Unis. Avant même la guerre de Sécession, ce qui oppose le Sud, esclavagiste, au Nord, abolitionniste, c'est la façon dont les nouveaux États entrants vont pouvoir, ou non, choisir d'être ou de ne pas être abolitionnistes. Les clivages se font autour de cette idée. Il est alors aucunement question d'imposer à tous les États des États-Unis l'abolition de l'esclavage. L'heure est juste à déterminer comment cette question de l'esclavage va être gérée vis à vis des nouveaux États rejoignant l'Union. Cette opposition va vite crisper le débat public. Au point que l'élection de Lincoln se fait bloc contre bloc. Et le grand rôle de Lincoln va être de tout faire pour maintenir coûte que coûte l'Union de tous les États-Unis. La guerre avançant et la victoire finale du Nord, plus peuplé, plus industrialisé, plus puissant militairement, ne faisant plus de doute, l'abolition de l'esclavage va s'imposer et finalement ne plus être contestée. Lincoln est un grand orateur, un grand président, car capable de dépasser le politicien tacticien (qu'il était) pour permettre à une nation de se (re)construire.
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Belle biographie d'Abraham Lincoln, un très grand Président des Etats-Unis, dont la rigueur et l'honnêteté sont parfaitement soulignées dans ce livre. le destin d'exception d' un modeste bûcheron devenu un brillant avocat pour parvenir à la présidence. Il a su prendre en compte les positions diverses de ses concitoyens et est enfin parvenu à abolir l"esclavage. Il faut absolument connaître un peu de cet homme admirable, par exemple en lisant ce livre.
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critiques presse (1)
LaPresse
03 décembre 2012
Des 16 000 ouvrages écrits sur Lincoln, cette biographie n'apprendra probablement pas grand-chose aux connaisseurs. Mais elle fait le tour du personnage et a le mérite d'avoir été écrite directement en français, ce qui nous sauve d'une tragique coupe à blanc à l'étape de la traduction.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Dans l'espoir de déclencher une révolte générale des esclaves de la région, John Brown, l'abolitionniste illuminé qui s'était déjà sinistrement illustré au Kansas, avait attaqué l'arsenal de Harper's Ferry, petite bourgade située le long du Potomac. Aidé financièrement dans son entreprise par des abolitionnistes de Nouvelle-Angleterre et assisté de dix-huit compagnons (treize hommes blancs dont trois de ses fils et cinq hommes noirs), il s'était emparé des armes et munitions stockées dans l'arsenal et avait pris en otages quarante citoyens de la ville.

page 180

Le jour de son exécution, John Brown s'écria "Moi, John Brown, j'ai aujourd'hui l'absolue certitude que jamais les crimes de cette terre coupable ne se laveront autrement que dans le sang".

En exil à Guernesey, Victor-Hugo fit cause commune avec le héros malheureux de Harper's Ferry et en vint aux mêmes conclusions que lui "Dès aujourd'hui, écrivit-il, le 1er mars 1860, l'Union américaine peut être considérée comme rompue. Je le regrette profondément mais cela est désormais fatal ; entre le Sud et le Nord, il y a le gibet de Brown."
Le jour même de l'exécution, il avait, dans une autre lettre, comparé le sort de John Brown à celui d'un célèbre gladiateur thrace, lui aussi libérateur d'esclaves, lui aussi mort pour sa cause : "Que l'Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c'est Washington tuant Spartacus".

Page 181
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Opposant 36 000 soldats mexicains à une armée américaine principalement composée de volontaires et finalement forte de quelque 100 000 hommes, le conflit fut long et meurtrier. Au total, 25 000 Mexicains et 12 000 Américains y perdirent la vie, la guerre se terminant par la victoire de ces derniers et par la signature, le 2 février 1848, du traité de Guadalupe Hidalgo. Au terme de cet accord, le Mexique dut abandonner aux Etats-Unis, en échange d'une "indemnité" de 18 millions de dollars, le Texas (cette fois définitivement perdu), La Californie, les territoires de l'Utah, du Nevada, de l'Arizona et du Nouveau-Mexique, soit le tiers de sa superficie. La "destinée manifeste" des Etats-Unis était bel et bien accomplie. Un bonheur n'arrivant jamais seul , on apprit quelques jours avant la signature du traité qu'un pionnier américain , James W. Marshall, venait de découvrir de l'or en Californie.

page 95/96
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"La vérité, c'est que, si je suis, sans fausse modestie, le plus humble de tous les personnages qui ont avant moi accédé à la présidence, la tâche que j'ai à accomplir est plus difficile que celle de n'importe lequel d'entre eux."

Il ne fut donc pas surpris des malheurs qui allaient suivre. Comme l'a noté un chercheur éclairé, Matthew Pinsker, "les président médiocres fuient les mauvaises nouvelles, les grands présidents y font face". De ce point de vue, la propension dépressive de Lincoln à voir les choses en noir allait se révéler un atout, non un handicap : sa vie intérieure tourmentée, toutes les crises traversées, toutes les victoires remportées sur lui-même, l'avaient mentalement préparé à affronter le pire et à y survivre. Dans la crise, collective cette fois, et schizophrénique qui allait déchirer l'Amérique, il serait, si l'on peut dire, en terrain familier et paradoxalement mieux armé que d'autres pour y "faire face".

Pages 235/236
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En 1816, alors que le petit Abraham n'avait que sept ans, son père décida de quitter le Kentucky "devenu trop civilisé à son gré pour un pauvre diable comme lui". Mais il avait aussi, et peut-être surtout, des raisons à la fois religieuses et notariales de partir. Il était, avec sa femme, membre d'une branche séparée de l'Église baptiste qui professait une morale extrêmement stricte, condamnait l'ivrognerie, les courses de chevaux, la danse... et rejetait l'esclavage.
Or le Kentucky, annexe de la Virginie, était un territoire ouvertement esclavagiste. Cette opposition familiale à "l'institution particulière", comme on disait alors dans le Sud, dut profondément marquer le jeune Lincoln. Elle explique sans doute, du moins en partie, les propos qu'il tint plus tard, en 1864, tandis qu'il gérait la guerre de Sécession : "Je suis naturellement antiesclavagiste. Si l'esclavage n'est pas un mal, rien ne l'est. Je ne me souviens pas d'avoir jamais pensé ni senti les choses autrement."
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La première rencontre de Lincoln avec Harriet Beecher-Stowe (La case de l'Oncle Tom) date de 1862. A cette occasion, Lincoln lui aurait dit sur un ton badin : "C'est donc vous la petite femme à qui on doit le livre qui a déclenché cette grande guerre ? " (Cindy Weinstein, "The Cambridge Companion to Harriet Beecher-Stowe").
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