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Critique de Garoupe


Mathieu vient de commettre le braquage d'un supermarché. Au moment de s'enfuir avec son complice, il tire sur un gendarme et le tue.

Solène Viard, femme du maire d'un patelin des environs de Dijon où habitent Marianne Gil et Francis Humbert, fuit son mari, son fils et son boulot. Elle croise, par hasard, la route de Mathieu, littéralement abandonné par son complice dans une station essence, qui l'a prend en otage.

Francis Humbert, le gendarme en charge de l'enquête sur le braquage et la mort de son « collègue », vit avec Marianne qu'il a rencontrée dans le cadre d'une précédente enquête dans un précédent poste. Une autre vie avec laquelle il tente sans vraiment y parvenir d'être en rupture.

Marianne fuit son passé et les évènements qui ont émaillé le précédent livre de Marie Vindy, « Une femme seule ».

Le gendarme assassiné lors du braquage du supermarché se révèle avoir été un mari violent.

Dans ce récit, tout le monde cavale littéralement derrière ou devant quelque chose, en mode recherche ou en mode fuite, au choix et selon les situations individuelles. Qui après un lourd passé, qui après la liberté, qui après l'argent, qui après un nouveau souffle, qui après une image potentiellement ternie par les agissements d'un des siens, qui après la préservation de son amour…

Les trajectoires de tous ces personnages se croisent en autant de fils narratifs que la narration de Marie Vindy et la structure de son livre rendent facile à suivre. le fil de Francis croise évidemment celui des braqueurs et de Solène Viard. le fil de Marianne croise celui du mari de Solène. Celui de Solène croise celui des braqueurs…

Cela pourrait être compliqué. Et pourtant….

Et pourtant tout se déroule dans la narration de Marie Vindy de façon naturelle, de façon normale. On n'a pas affaire à des êtres d'exceptions mais à des personnes tout ce qu'il y a de plus normales qui se retrouvent dans des situations anormales. Il y a chez Marie Vindy un souci ou un art du quotidien où tout sonne juste, où la vie déroule son action de la façon la plus logique, la plus cohérente qui soit même si c'est parfois en dehors des sentiers battus.

Et pourtant, Marie Vindy intègre aussi habilement à son histoire des sujets qui lui tiennent à coeur et tout particulièrement les violences faites aux femmes. Soit directement avec la veuve du gendarme tué en service, soit indirectement avec Solène Viard qui fuit un mari visiblement alcoolique et aux tendances violentes ou la collègue de Francis. La violence revêt bien des facettes, le harcèlement n'en est pas la moindre, au même titre que la violence directement physique. Marie Vindy multiplie les aspects de cette violence et dénonce au passage l'omerta qui couvre souvent ce type de délits, où la honte et le souci du qu'en-dira-t-on l'emportent sur la transparence et la justice.

Francis et Marianne flottent au milieu de cette ambiance orageuse et tentent vaille que vaille de construire une relation stable. C'est d'autant plus difficile que Francis est régulièrement cantonné dans sa caserne d'affectation et que Marianne est une femme fissurée à défaut d'être brisée, constamment sur la brèche, en équilibre instable. L'amour qui lui voue Francis ne semble d'ailleurs même pas suffire à la maintenir à flots.

Et pourtant l'histoire aura un dénouement, en plusieurs parties. L'arrestation des auteurs des braquages tout d'abord, puis le cas de Solène qui a fui et enfin la relation de Francis et de Marianne. Tout cela est fait sans avoir l'air de rien, sans forcer. Et c'est ce mélange subtil de réalisme, de quotidienneté, de sentiments, de violence, souvent (faussement) liée à l'amour, saupoudré tout au long de l'histoire qui fait de ce livre une vraie réussite.

Marie Vindy semble très attachée à ses personnages : aucun n'est totalement mauvais (en dehors des hommes coupables de violences sur les femmes) ni totalement pourri ni totalement perdu. Elle offre à chacun une porte de sortie, une possibilité de rédemption qui n'emporte pas quitus des actes passés mais les rend finalement à leur complexité d'êtres humains.

Une fois de plus, La Manufacture et un de ses auteurs proposent un récit de choix dans un style de choix, indéniablement celui d'un auteur qui a des choses à dire avec l'art et la manière douce.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-jP
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