AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Apophis


Dixie Mae a le sentiment qu'elle n'est plus au Kansas

- Un mot sur le format et la collection

Cette histoire est ce que les américains appellent une novella (en France, nous employons plus volontiers le terme de « roman court »), c'est-à-dire un texte dont le nombre de pages / mots est situé entre ceux d'une nouvelle et d'un roman. C'est le troisième sorti dans une nouvelle collection, Une heure-lumière, créée par le Belial' et tout spécialement dédiée à ce format intermédiaire, ainsi qu'à la publication de textes primés (Hugo, Nebula) mais jusqu'ici inédits. Personnellement, je salue cette initiative : des textes de qualité, inédits, une édition soignée, de grands auteurs, un prix attractif, que demande le peuple ?

- Intrigue, thèmes, angle d'approche, difficulté de lecture

Première précision : c'est de la Hard-SF, avec une perspective transhumaniste. Si vous connaissez l'homme et son oeuvre, cela ne vous étonnera pas de la part de Vinge. Si vous ne le connaissez pas, pensez à un écrivain au moins aussi visionnaire qu'Egan, mais considérablement plus accessible. Car oui, le terme « Hard SF » fait peur à certains, ils imaginent forcément qu'en terme de vocabulaire ou de concepts, ça va être ardu à suivre ou à comprendre. Je rassure tout de suite cette catégorie de lectrices et de lecteurs, ce n'est nullement le cas ici. Oui, il y a quelques termes un peu techniques, mais l'histoire de Vernor Vinge est complètement compréhensible par tous.

L'intrigue suit Dixie Mae, une jeune femme qui a un peu tendance à voir rouge sur les bords et qui, alors qu'elle commence un nouvel emploi dans le service clients du nouveau géant informatique US (celui qui a mangé tout cru Microsoft et IBM), reçoit un message qui, outre son formatage étrange et inhabituel, lui donne des détails secrets qu'elle seule connaît, ainsi qu'un indice pour retrouver son expéditeur. Piquée au vif, elle se met alors à mener son enquête lors de sa pause déjeuner, accompagnée de son irritant collègue, Victor.

Commence alors un jeu de piste et une véritable enquête « policière », très bien rythmée, avec une grande maîtrise de la chronologie des révélations. Les personnages, malgré le format court du texte, sont assez solidement campés, et le lecteur est vite happé par le suspense et l'envie de savoir de quoi il retourne.

Il est difficile d'en raconter trop sans vous gâcher le plaisir de la découverte. Je dirais juste qu'outre cet aspect jeu de piste / enquête, il y a aussi un net aspect Alice au pays des merveilles / Magicien d'Oz. Je vais éviter de parler de la thématique centrale, mais disons juste qu'elle est dans la même veine qu'un texte d'Egan (je vais éviter de dire lequel pour ne pas spoiler), mais en beaucoup, beaucoup plus réussi. La fin est très ouverte, et je trouve dommage que ce roman court, paru en 2003 et titulaire du Hugo (format Novella) en 2004, n'ait pas été développé en roman de plein droit.

- En conclusion

Avec Vernor Vinge, on a l'habitude d'une vision du futur, proche ou lointain, d'une ampleur, d'une originalité et d'une justesse époustouflantes autant que visionnaires. Avec ce texte, il se surpasse, et se paie le luxe de battre Egan (qui a sorti un texte sur le même thème quelques années plus tard) sur son propre terrain. Bref, voilà un excellent choix de texte fait par les responsables de la nouvelle collection « Une heure-lumière », qu'on félicitera donc, ainsi que Jean-Daniel Brèque, qui signe, comme à chaque fois, un travail de traduction impeccable.
Lien : https://lecultedapophis.word..
Commenter  J’apprécie          142



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}