AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Captive du temps perdu (7)

Korolev. C'était le nom officiel de la ville (comme l'avait décidé Yelén Korolev). Elle portait pratiquement autant de noms qu'il y avait d'habitants. Les amis indiens de Wil l'appelaient Delhi 3, le gouvernement néo-mexicain en exil éternel La Nouvelle Albuquerque. Les optimistes préféraient Seconde-Chance, les pessimistes Dernière-Chance, les mégalomanes Mégapole.
Commenter  J’apprécie          140
Wil comprenait que les Néo-Mex l'avalaient ; leur propre système reposait sur la règle de la majorité. Mais que se passait-il si la majorité décidait que ceux qui avaient la peau noire travailleraient gratuitement? Ou qu'il faudrait envahir le Kansas? Il ne parvenait pas à croire que les libertaires accepteraient ces idées. Pourtant c'était manifestement le cas pour quelques-uns. C'était une question de survie, et la volonté de la majorité travaillait en leur faveur. Comme le vernis de la civilisation s'écaillait rapidement!
Commenter  J’apprécie          120
L'homo sapiens a constitué pour ainsi dire la variation la plus autodestructrice dans le thème de la vie. L'espèce s'est protégée des agressions physiques pendant si longtemps que si quelques individus ont survécu à la destruction de la technologie, ils ont été parfaitement incapables de survivre par eux-mêmes. Non, les primates actuels descendent de ceux qui existaient déjà à l'état sauvage à l'époque où le genre humain se détruisait.
Commenter  J’apprécie          80
Tandis que Wil flânait dans la forêt qui avait envahi la rue, l’étrangeté de la scène s’imposa graduellement à son esprit : la vie explosait de partout, mais on ne voyait nulle part d’être humain, ni même un simple robot. Les autres s’étaient-ils réveillés plus tôt, au moment précis où la bulle s’ouvrait ?
Il partit chez les frères Dasgupta. À demi caché par les broussailles, quelque chose de grand et noir lui barra la route : son propre reflet. Les Dasgupta étaient toujours en stase. Les arbres encerclaient leur bulle. Des toiles aux reflets arc-en-ciel flottaient tout autour, mais sans en toucher la surface. Nulle plante grimpante, nulle araignée ne trouvait de prise sur sa surface polie comme un miroir.
Wil se rua dans la forêt, pris de panique. Maintenant qu’il savait ce qu’il cherchait, il les repérait facilement : le reflet du soleil luisait sur deux, trois, une demi-douzaine de bulles. Seule la sienne s’était ouverte. Il regarda les arbres, les oiseaux et les araignées. Ce spectacle lui devenait beaucoup moins agréable. Combien de temps survivrait-il sans la civilisation ? Le reste de la colonie pouvait sortir de stase dans quelques minutes, quelques centaines, voire quelques milliers d’années ; impossible de le savoir. En attendant, Wil était seul, peut-être l’unique homme vivant sur Terre.
Commenter  J’apprécie          40
Dans un sens, presque tous les invités étaient des exilés. Certains avaient été shangaïés, d’autres avaient sauté dans l’avenir pour fuir une peine (méritée ou non), d’autres (comme les Dasgupta) avaient cru devenir riches en s’affranchissant du temps durant deux ou trois siècles, pendant que leurs investissements fructifiaient… Dans l’ensemble, les sauts initiaux avaient été brefs – et tous réintégrèrent la temporalité aux XXIVe, XXVe et XXVIe siècles.
Mais quelque part au cours du XXIIIe siècle, l’humanité avait disparu. Les voyageurs revenus juste après l’Extinction ne trouvèrent que des ruines. Certains – les plus insouciants ou les criminels partis précipitamment – n’avaient rien emporté avec eux. Ils souffrirent de la faim ou vécurent quelques pitoyables années sur la Terre devenue un mausolée en pleine décrépitude. Les mieux équipés – comme les Néo-Mexicains – avaient les moyens de retourner en stase. Ils lancèrent leur bulle à travers le troisième millénaire, priant pour y trouver une civilisation renaissante. Ils ne découvrirent qu’un monde rendu à la nature, l’œuvre des hommes ensevelie sous la jungle, la forêt et la mer.
Même eux n’auraient pu survivre que quelques années dans la temporalité. Ils n’avaient ni combiné médical ni les capacités d’entretenir leurs machines ou de conserver leurs réserves alimentaires. Tôt ou tard, leurs équipements seraient tombés en panne, les abandonnant dans une nature redevenue sauvage.
Mais quelques voyageurs, très peu, étaient partis à la fin du XXIIe siècle – une époque où la technologie procurait à tout un chacun des ressources supérieures à celles de toutes les nations du XXe siècle réunies. Ils savaient entretenir et fabriquer quasiment tous leurs instruments les plus perfectionnés. La plupart avaient quitté la civilisation animés d’un authentique esprit d’aventure. Ils avaient les moyens de venir en aide aux voyageurs les moins chanceux dispersés à travers les siècles, les millénaires, et enfin les millions d’années qui s’écoulèrent.
Commenter  J’apprécie          10
Wil relut le paragraphe sans relâche. Il se détachait dans le cercle de lumière de sa lampe de bureau… et pas une virgule n’y changeait. Il se demandait comment son ego réagirait aux paroles de Marta. Cela le rendrait-il furieux ? Ou le seul fait qu’elle ait pu écrire un mensonge aussi éhonté l’écraserait-il ?
Il y réfléchit longtemps, confusément conscient des ténèbres cauchemardesques qui le guettaient. Et enfin il comprit. Il ne serait ni furieux ni blessé. Quand il ressentirait de nouveau des émotions, ce serait un sentiment de triomphe : il venait de percer le mystère. Pour la première fois, il sut qu’il aurait le meurtrier de Marta.
Commenter  J’apprécie          00
« Comme l’a dit monsieur Fraley, l’existence de la bulle des Pacifieurs était censée rester secrète. Souterraine à l’origine, elle est aujourd’hui enterrée encore plus profondément : quelqu’un a fait une bourde. Ce qui devait être un saut de cinquante ans a duré… beaucoup plus longtemps. A priori, elle peut s’ouvrir n’importe quand dans les tous prochains millénaires ; ces gens sont restés en stase cinquante millions d’années. Pendant cette période, les continents ont dérivé, de nouveaux rifts se sont ouverts. Une partie du Cambodge s’est enfoncée sous de nouvelles montagnes. » L’écran derrière elle s’éclaira sur une coupe transversale en couleur des Alpes cambodgiennes. Le bleu qui représentait l’écorce terrestre se dégradait en jaune puis en orange à mesure qu’on approchait du noyau de la Terre. A la lisière de l’orange et du magma en fusion, rouge, il y avait un minuscule disque noir : la bulle des Pacifieurs, ballottée contre le plafond de l’enfer.
À l’intérieur de la sphère, le temps s’était arrêté. Tout ce qu’elle contenait restait tel qu’à ce moment d’une guerre presque oubliée où les vaincus avaient décidé de s’enfuir vers le futur. Nulle force au monde ne pouvait agir sur son contenu ; nulle force au monde ne pouvait influer sur sa durée de vie – ni le cœur d’une étoile ni celui d’un amant.
Mais lorsqu’elle s’ouvrirait, lorsque cesserait la stase… Les Pacifieurs se trouvaient à environ quarante kilomètres de profondeur. La lave en fusion les avalerait, fugace instant de bruit, de chaleur et de souffrance. Une centaine d’hommes et de femmes mourraient ; certaine espèce en voie de disparition effectuerait un pas de plus vers l’extinction finale.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (107) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les plus grands classiques de la science-fiction

    Qui a écrit 1984

    George Orwell
    Aldous Huxley
    H.G. Wells
    Pierre Boulle

    10 questions
    4871 lecteurs ont répondu
    Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

    {* *}