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Critique de Nicolas9


Roberto de Angelis, lieutenant de police à Bari ne s'est aperçu de rien. Pourtant, il s'est réveillé ce matin-là avec un sentiment ambigu : Giacinto, le jeune dealer qu'il suivait depuis une semaine, est devenu du jour au lendemain son meilleur et unique ami.

Comment ce quinqua sur le déclin a-t-il pu en arriver là ? Pour un homme menant une existence équilibrée, la question peut légitimement se poser. Pour ce loup solitaire semi-alcoolique et insomniaque, c'est presque la conséquence logique d'une démobilisation progressive due notamment à une perte de sens abyssale : « A quoi rime ma vie ? A quoi bon risquer ma peau pour arrêter des mafieux tout en sachant que le lendemain un nouveau caïd prendra la place de celui que je viens de mettre à l'ombre ? »

Ces questions existentielles, Roberto était toujours plus ou moins parvenu à ne pas se les poser, année après année, désillusion après désillusion. Or là, la sympathie que lui inspire Giacinto, la gentillesse pour ne pas dire l'amour fraternel que lui témoigne ce criminel, entament progressivement ses dernières réticences à passer de l'autre côté.

Alessio Viola réussit la prouesse de nous faire voir le monde à travers les yeux et le coeur de son antihéros. Dans une Italie du Sud où seules les apparences sont sauves, à quoi peut se raccrocher un flic originellement intègre ? Quel célibataire paumé aurait la force suffisante pour résister à l'amitié sincère et réconfortante d'un mafieux plein d'avenir ? Comment snober les repas offerts dans les meilleurs restaurants, la coke à volonté et les corps sublimes des putains portugaises de passage ?

Avant d'être immergé dans l'improbable réalité de la vie à Bari, j'avais plutôt l'impression que le bien et le mal étaient séparés par une frontière bien délimitée. Désormais, sans pour autant tomber dans l'angélisme naïf, j'en suis moins sûr. Et c'est d'ailleurs là toute la force de ce roman : nous permettre de visiter les Sodome et Gomorrhe d'aujourd'hui par l'intermédiaire d'un homme qui a (presque) perdu toute espérance et qui, tel un naufragé, se raccroche à la première créature vivante qu'il rencontre, même si celle-ci est une méduse ou un requin...
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