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EAN : 9782266098588
324 pages
Pocket (13/09/1999)
3.82/5   33 notes
Résumé :
Chez les Gendreau, Vendéens de Malidor, on ne quitte jamais ses terres, sauf, parfois, pour aller faire la guerre. Lorsqu'en 1919 Antoine, l'aîné de la famille, enfin libéré, revient chez lui, son univers familial a basculé.

Sa jeune épouse, Edmée, est morte, victime de la grippe espagnole. Le bétail est décimé par une épidémie de fièvre aphteuse, la ferme périclite.

Antoine prend alors, pour ses parents et ses frères, la seule décisi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est une histoire de pionniers à la française qui se déroule sur près d'un siècle. C'est un roman charentais inspiré à l'auteur par l'histoire de certains de ses aïeux qui émigrèrent de Vendée.
C'est un roman de terroir comme j'aime en lire de temps en temps, un roman qui parle vrai, qui parle de terre et d'origines, qui parle de familles, d'alliances, d'amour ou désamour, de jalousies, de deuils, d'envies, de rivalités, de griefs, …de labeur… et de guerres.

Dans ce roman, Antoine Gendreau en a traversé deux. La grande guerre d'abord, qui ne lui a pas permis de revoir sa femme, enlevée par la grippe espagnole avant son retour. Puis la seconde guerre mondiale qui lui a ravi un de ses frères.
Entre ces deux guerres, il a pris la seule décision capable de sauver sa famille (ses parents et ses frères) de la misère la plus effroyable après que leur troupeau ait été décimé par la fièvre aphteuse, et que leur ferme ait périclité : celle de quitter leur Vendée natale pour émigrer en Charente, une région où le ciel est plus doux et la terre plus riche. Un terrible déracinement pour des paysans, qui, vendéens de Malidor, ne devraient jamais quitter leurs terres, sauf pour aller faire la guerre. Ils deviennent alors des traîtres aux yeux de leur famille et voisins vendéens.

Dans ce roman, Prudence la maman est le pilier, la force vive dans une famille d'hommes et un monde d'hommes. L'auteur nous raconte la vie d'Antoine et de ses deux frères, Philbert le second, et Pierre-Marie le petit dernier atteint d'infirmité. Mais aussi celles des femmes qui les entourent. C'est une histoire de famille qui traverse l'Histoire avec un grand H, c'est la rudesse du monde paysan et leur vie de labeur que je découvre au travers de leurs traditions, de leur quotidien, de leurs réussites comme de leurs échecs, de leurs malheurs aussi. Une histoire à travers les âges où la femme voudrait pouvoir enfin décider de sa vie… mais en près d'un siècle, tellement de choses peuvent changer !

J'ai vraiment adoré la plume de l'auteur, sa finesse dans la description des paysages, sa sobriété dans l'expression des sentiments. J'ai senti dans ses mots tout l'amour qui le lie à sa terre et l'histoire de ses ancêtres.
Une lecture vraiment très plaisante et enrichissante, une lecture qui nous ramène à l'essentiel.
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J'ai trouvé l'histoire superbement racontée avec des descriptions d'une grande finesse, toute en couleurs et en nuances.
Il y a d'abord la vie en Vendée, le retour de guerre, la mort de la femme aimée, la fièvre aphteuse, tout est gris sombre.
Arrive la rencontre à la foire avec le recruteur pour un départ en Charente, là le pastel commence à poindre.
Mais quand le départ se précise le noir triomphe, avec la réaction de rejet de la famille, des amis, du prêtre de leur paroisse qui préfère voir des gens mourir de faim que de les voir partir en terre "hérétique", la mise à mort du vieil âne trop vieux pour supporter le voyage, le départ, l'adieu aux terres ancestrales. Et puis, le voyage pénible, et l'arrivée dans une ferme plus décrépie qu'annoncée.
Et puis, il y a la Charente "qui est belle comme un soleil" ( sur l'air de Ces gens là de Jacques Brel)
Ce fleuve à la lisière de la propriété brille de mille feux prometteurs. Et petit à petit la lumière et les couleurs s'installent. La terre est généreuse, le fleuve aussi, les vendéens ayant précédemment migrés se soutiennent, les autres anciens migrants aussi ( car les Charentes sont une terre d'immigration) et les gens du cru sont plus amicaux qu'ils ne semblent l'être au départ ( à part quelques irréductibles indécrottables).
Certes la famille va encore vivre des drames mais la vie va toujours gagner et les couleurs ne disparaitront plus. Jusqu'à l'apothéose finale : les pêches de vigne, et leur magnifique rouge sang, qui vont symboliser à la fois l'ancrage dans la terre d'accueil, un début de prospérité et l'amour triomphant.

Une lecture qui m' a enthousiasmée et que je recommande
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Après la Première guerre mondiale, quand les fermiers ont réintégré leurs domaines, il fallait tout reconstruire. Et parfois, les pertes étaient bien trop lourdes à porter.

C'est ce qui est arrivé à Antoine Gendreau. A son retour, il découvre que sa jeune épouse est décédée, lui laissant une petite fille qu'il ne connaît pas encore. Heureusement, ses parents et ses frères sont encore là.

Mais que peut-on faire lorsqu'une terre ne donne plus rien, lorsqu'il n'y a plus assez d'argent pour relancer les machines, et qu'on ne sait pas de quoi demain sera fait ? Saisir l'opportunité qui se présente et recommencer de zéro ailleurs.

Dans ces régions, on vivait en vase clos chaque région. Les Vendéens qui voient partir les leurs ont bien du mal à l'accepter.

Sur plusieurs générations, la famille Gendreau fera pourtant bien prospérer la terre qu'ils ont reçu en arrivant, devenant peu à peu plus aisé. Tout cela ne se fait bien sûr pas sans effort…

J'aime énormément les histoires qui se déroulent sur plusieurs générations. Quand du grand-père, on passe au fils, puis au petit-fils, et que l'on voit les mariages, les naissances mais aussi les décès qui jalonnent les décennies.

Le choc des générations se fait parfois sentir, quand la modernité fait son apparition. Et il faut que chacun y trouve sa place.

Cette histoire est abordée de façon sereine, dirais-je. C'est raconté sobrement, sans fioritures inutiles, mais sans aucun ennui. Il y a bien de quoi se mettre sous la dent, entre les rencontres des uns et des autres avec le sexe opposé, entre les saisons qui passent et qui ne se ressemblent pas pour un fermier, et entre les disparitions de certains personnages. Pas de grand bruit, mais une activité continue.

Et cela, j'aime beaucoup, vraiment ! Ca se laisse lire facilement, on retrouve bien tous les membres de la famille. Il n'y en pas trop, ni trop peu, juste ce qu'il faut pour qu'il ne soit pas nécessaire de courir sans cesse à la fin du livre pour se référer à l'arbre généalogique.

J'ai passé un bon moment avec cette famille.
Lien : http://au-fil-des-pages477.b..
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Un magnifique roman sur l'exode des ces paysans vendéens qui vont chercher ailleurs de meilleures terres à cultiver avec toujours l'espoir que ce sera mieux là-bas. Certains ont la chance de tomber sur des propriétaires qui les aideront pour leurs installations, et puis ils pourront aussi compter sur ceux du pays qui se sont déjà installés. Mais la Charente c'est aussi le pays des vignes, et en eux germe l'idée qu'un jour ils pourront eux aussi en posséder.
🌷Un roman du terroir comme je les aime. Des personnages durs au labeur, qui s'emportent quand la nature fait des siennes, mais qui toujours iront de l'avant car ils ne peuvent pas en être autrement pour survivre. Et puis demain ne pourra être que meilleur…
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Le vendéen Yves Viollier nous conduit en Charente dans ce beau roman. Yves Viollier est un des meilleurs écrivains de l'école de Brive.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
- Qu'est-ce qui est arrivé ? demanda-t-il, la voix brisée.
- Ton Edmée est tombée dans le jardin, la veille du 11 novembre. Nous étions à cueillir des poires...
Elle avait apporté une serviette, et elle lui essuyait le visage, les cheveux.
- .... Quand les cloches ont sonné pour annoncer que la guerre était finie, elle était au lit, rouge comme un tison. Elle a dit en souriant : "Pourvu que je sois guérie quand Antoine reviendra." Le médecin est venu. Mais on savait déjà qu'elle était prise par cette grippe espagnole qui a couru au secours de la guerre.
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Il écouta le coassement d'une grenouille; Le soleil se couchait derrière la haie du coteau, sa lumière ruisselait sur la barbe grise des éteules.
- tu t'es imaginé que tu étais le maître de ces terres, pauvre sot ! fit-il.
Il se remit en marche, nomma chacun des champs et des chemins par lesquels il passait. Et chacun de ces noms de sa géographie personnelle résonnait comme un adieu.
- Il t'aura fallu devenir vieux pour comprendre qu'ici-bas on ne possède rien !
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On n’a rien pour nous faire plaisir dans ce damné métier. Voici qu’on veut nous donner un franc de plus et par jour, chaque fois que nous serons en ligne. Ceci nous laisse froids et ne nous remonte guère. C’est la paix qu’il nous faudrait. Ce n’est pas en nous donnant un franc de plus qu’on nous fera voir la fin de nos maux. Pour l’instant, ici, il faut nous estimer bien, malgré une vie de chien. Mais puisqu’il n’y a pas de casse, pouvons-nous demander autre chose ? Que sera ce mois d’avril ? Nous l’ignorons !… Et je ne puis même pas dire ce qui se dit entre nous. Du reste, il s’est dit tant de choses qui ne sont jamais arrivées !
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Chaque dimanche, les amoureux descendaient se promener au bord de l’Yon, où ils s’embrassaient dans les cabanes des laveuses, au lavoir militaire. C’est là, dans la fraîche odeur du savon, qu’ils connurent leur premier éblouissement, dans un bonheur partagé. Antoine emporta cette odeur heureuse des lavoirs à la guerre, même dans l’horreur des tranchées. Quand le souvenir de l’amour était insensé, il lui suffisait de s’approcher d’un trou d’eau qui ressemblait à un lavoir, ses jambes se mettaient à trembler et il éprouvait au milieu des morts les frissonnements de la vie du monde.
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Le bonheur de la vie charentaise s’exprimait à travers cette indolence, cette paresse du langage. En Vendée, les sonorités étaient plus rugueuses, les mots plus pesants. Il se lia vite d’amitié avec des femmes de tous âges. Des mémés le considérèrent comme un petit-fils. Il les appela grand-mère, et les servit bon poids, s’intéressant à leur présent, et surtout à leur passé. Leurs histoires lui procurèrent un vrai plaisir.
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