Aminthe et Marie Robin, deux soeurs de quatre-vingts ans vivent sous le même toit.
Quand je l'ai lu, en 2002, à sa sortie, on aurait employé, pour les nommer, les termes de veilles filles.
Actuellement et à juste titre, j'aurais envie d'utiliser l'expression "célibataires endurcies" pour les qualifier.
Elles ne s'entendent pas toujours très bien mais la solidarité est bien utile à cet âge.
Des plans sont établis pour faire démolir leur vieille maison à laquelle elles tiennent tant. Elles se voient alors condamnées à la maison de retraite.
Désorientées par cette menace qui plane au-dessus de leurs têtes, elles s'embarquent à bord de leur 4L pour une randonnée extravagante.
Le roman est écrit avec une écriture simple.
Les dialogues nombreux rendent le récit vivant et les scènes de villages apaisantes nous feraient ranger le livre dans la catégorie "bien-être" si prisée actuellement.
Les deux vieilles dames donnent au livre une note bien sympathique même lors d'une relecture comme c'est le cas.
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Lu durant le trajet aller, puis retour, d'un fabuleux weekend de trois jours dans le Périgord Noir. Et, petit détail sympathique, la petite chambre que nous avions louée dans la vieille bâtisse de cet hôtel de caractère à Coux et Bigaroque, était délicieusement vieillotte tant par son décor que par son mobilier. Ça ne pouvait mieux tomber pour m'immerger dans l'atmosphère surannée de ce charmant roman.
Oh ! rien d'exaltant ni de trépidant dans ce chapitre de vie de ces deux vieilles dames. Non, rien de tout cela. Juste un savoureux parfum de nostalgie, d'humour, de tendresse, de draps de lin, de photos jaunies, de café chaud, de biscuits secs et de chat qui ronronne dans une maison chargée de souvenirs et d'histoire qui, par sa présence, dérange l'urbanisme débridé de promoteurs et d'élus aux dents longues.
C'est mon amie Françoise qui m'a offert ce livre. Comme un petit clin d'oeil... car, je ne crois pas vous l'avoir déjà dit, mais mon nom d'épouse est Robin.
Toutes les conditions étaient donc réunies pour que ce livre me "parle" et... il m'a parlé.
Très chouette et tendre moment !
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Ce livre vite lu est écrit sans prétention.
Souvent construit sous forme de dialogue, il raconte le quotidien de deux vieilles frangines, leurs habitudes, leurs promiscruité.
Elles vivent dans une maison que des promoteurs veulent leur racheter mais elles n'ont aucune envie de partir de chez elles.
Elles ont un peu du mal à se supporter, mais elles savent pertinemment que si l'une part, l'autre ne résistera pas.
L'une est mince, l'autre forte, l'une est maniaque du ménage, l'autre s'en moque, et tout est à l'avenant.
On va suivre les visites qu'elles reçoivent, leurs occupations, leur fameuse périgrination en 4L, leurs faiblesses, jusqu'à ce qu'elles décident elles de leur avenir.
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C'est le genre de livre sans prétention qui fait du bien au moral
Marie , 81 ans et Aminthe , 79 ans sont soeurs et vivent ensemble , n'ayant jamais été mariées . Un promoteur a pour projet d' acheter leur maison ce qui les met en colère car elle n'ont pas l'intention de finir leur vie dans une maison de retraite comme le maire le leur propose . Pour la toussaint , Aminthe sort sa 4L et les voilà parties faire le tour des cimetières ; hélas , elles se perdent et doivent passer deux nuits dans leur voiture ce qui fait la une des journaux.
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La voiture cahote sur le chemin du marais pendant des kilomètres interminables. Les deux sœurs ne respirent plus. Marie serre sa poire de ventoline entre ses doigts. Enfin, la voie semble s'élargir. Les frênes, les saules , s'écartent. Les phares éclairent une vaste étendue d'herbe, une haie taillée avec soin. Elles roulent toujours aussi lentement. Et dans l'ouverture d'un passage, elles croient rêver en découvrant une tour carrée à échauguettes et à mâchicoulis, dressée seule au milieu de la prairie.
- Je la connais...murmure Aminthe.
Le nom lui revient en même temps que les phares éclairent le panneau :
- Moricq !
Aminthe n'est pas une mauvaise femme. Elle s'est aigrie. Ses blessures de jeunesse sont restées à vif. Elles ont beau être sœurs, Marie et Aminthe ne sont pas taillées dans le même bois. L' ainée a pris du côté de Rose, sa mère. Courber l' échine et obéir est dans sa nature. Ses chagrins sont enfouis profond, et elle n' y revient pas.. La cadette, elle, est Robin, l' orgueil Robin, elle ne capitule jamais. Et elle est malheureuse. Elle était déjà ainsi toute petite. Elle cassait les jouets qui ne se pliaient pas à sa volonté, et enrageait ensuite.
Elle a voulu tenir tête au malheur lorsqu'il est arrivé. Elle ne s' en est pas mieux sortie que Marie qui éprouve de la compassion pour sa sœur, et lui pardonne souvent, envieuse de son sale caractère. Comment faire autrement ? Elle ne peut pas se passer d'elle. Malgré leurs disputes, elles forment un vieux couple, et elles savent que, lorsque l' une partira, l' autre la suivra de près.
Aminthe ralentit. Elles approchent de la route nationale. Les voitures filent à toute allure sur la longue ligne droite. Un camion frôle en rugissant le nez de la 4L et l’ébranle. Le trafic est presque ininterrompu. Les nouveaux phares blancs à l’éclat bleu des voitures aveuglent Aminthe.
– Je ne me vois pas m’engager sur cette route avec cette circulation à cette heure ! Un autre camion accentue l’émotion en donnant un retentissant coup de klaxon qui déchire la nuit.
– Tu veux qu’on revienne sur nos pas ? propose Marie.
– On peut filer en face, s’entête Aminthe, on devrait y arriver pareil.
Elle profite d’un trou dans le trafic et lève soudain le pied de la pédale d’embrayage. La 4L bondit sur la grand-route, manque de caler, s’engouffre sur la voie d’en face qui n’est plus qu’un chemin entre deux haies d’arbres. Une raie d’herbe a poussé au milieu. L’angoisse étreint d’autant plus Marie qu’elle sent sa sœur inquiète.
– Tu ne crois pas qu’on aurait mieux agi en faisant demi-tour ?
– Tu es capable de retrouver la route par où nous sommes passées ?
Aminthe entrouvre les yeux dans son lit. Elle allume sa lampe de chevet en opaline frangée de perle et grise de poussière, regarde son réveil et grogne : sa soeur va encore lui reprocher de se lever tard. Elle a bien dormi. Elle dort d'ailleurs toujours comme une bûche. Cela ne l'empêche pas d'être de mauvaise humeur.
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