Ce livre commence par une longue préface où
Alain Vircondelet explique que le fantastique en poésie ne se présente pas de la même façon que dans les textes narratifs, qu'une simple comparaison sans aucun phénomène potentiellement surnaturel peut laisser place à quelque chose qui nous hante et à l'impression qu'il y a quelque chose derrière... aussi, il donne une vision très précise et personnelle de la poésie, et pour lui, si ça n'y répond pas, ce n'est pas de la poésie, encore moins de la poésie fantastique. En bref : c'est un peu énervant dans sa façon de refuser toute dialectique et tout avis différent du sien, mais les idées restent très intéressantes.
Ensuite, il y a l'anthologie elle-même, et globalement j'aime son choix. Plusieurs extraits de textes narratifs ont été sélectionnés parce qu'ils sont poétiques, dont certains surprenants (j'adore Seignolle, mais pour moi, c'est du fantastique pur).
Ensuite, tout devient très subjectif, et voilà mes opinions en vrac : il est vrai que certains auteurs de romans de chevalerie ont une imagerie du merveilleux qui tourne au fantastique, surtout quand on isole des extraits.
Agrippa d'Aubigné est gore et fascinant même quand il n'écrit pas sur les guerres de religion, et même quand c'est sur ses histoires de coeur, cela m'a surprise.
Victor Hugo est impressionnant quand il fait du fantastique.
Aloysius Bertrand aussi, mais je connaissais bien tous les
poèmes cités (et pareil pour
Baudelaire,
Rimbaud,
Lautréamont et
Henri Michaux), c'était un peu frustrant. Philothée O'Neddy est vraiment un auteur de roman noir à bon marché, mais en poésie, j'aime le mélange. Il faut que je lise plus de
Max Jacob, de
Jean Cocteau et de
Jean Tardieu. J'adore toujours
Supervielle et
Desnos. Il y a toujours des époques que j'aime plus que d'autres.
Globalement, très agréable à lire, mais je ne pouvais pas attendre autre chose d'une anthologie qui mélange deux de mes genres préférés !