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EAN : 9782268081700
224 pages
Les Editions du Rocher (03/10/2016)
3.73/5   13 notes
Résumé :
Camille Claudel, Séraphine de Senlis, Aloïse Corbaz : trois femmes, trois immenses artistes que la puissance de leur génie a conduites à la folie et à la solitude des asiles.
Ces trois personnalités, aux destins parallèles, revivent ici grâce à des témoignages nouveaux et inédits, ainsi qu'à des archives et des correspondances.

Vies délirantes au sens propre du terme, vies peuplées de mondes connus d'elles seules, vies de souffrances aussi, pri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je tiens tout d'abord à remercier les éditions du Rocher qui m'ont gentiment fait parvenir ce livre dont j'ai apprécié la lecture.

A travers ce livre, Alain Vircondelet nous immerge dans la vie de trois artistes, trois femmes, Camille Claudel, Séraphine de Senlis et Aloïse Corbaz. Ces trois artistes ont en commun plus que leur talent artistique, la folie, une folie qui les conduira toutes trois au fin fond d'un asile à une époque où les personnes internées étaient traitées de piètre manière et étaient totalement laissées à l'abandon.

L'enjeu de ce livre était pour l'auteur de nous montrer de quelle manière leur folie résultait de leur talent ou tout du moins qu'il avait pu contribuer ou exacerber leur propension à la folie.

Ce livre m'a permis par exemple d'en savoir davantage plus sur les circonstances de la rencontre entre Camille Claudel avec Rodin, la nature de la relation qu'ils entretenaient. En Camille, Rodin trouvera sa muse mais bien plus encore puisqu'il verra très vite en elle une artiste à la hauteur de son propre talent. de cette proximité artistique naîtra une sorte de compétition, une compétition qui semblera dans un premier temps salvatrice pour Camille éloignant d'elle ses penchants paranoïaques au profit de l'exacerbation de son talent puis qui se révélera ultérieurement destructrice. Camille Claudel sombre dans la folie et sera internée à la demande de sa famille mais surtout de sa mère à l'asile de Ville-Evrard. Elle sera transférée dans un hôpital psychiatrique situé dans le Vaucluse dans lequel elle mourra après trente ans de vie asilaire.

J'ai aussi eu le plaisir de découvrir à travers ce livre Séraphine de Senlis, de son vrai nom, Séraphine Louis. Issue d'une famille très modeste, elle se retrouve orpheline à l'âge de sept ans et de fait livrée à elle-même alors qu'elle n'est encore qu'une enfant. Elle trouvera refuge dans la religion intégrant un couvent entre 1881 à 1901 en tant que domestique. C'est durant cette période que son talent se serait révélé, ses oeuvres s'en ressentiront puisqu'on y verra clairement son attachement à tout ce qui a trait à la spiritualité. Alors qu'elle est employée comme femme de ménage dans des familles de la bourgeoisie senlisienne, elle fait la rencontre d'un collectionneur et critique d'art allemand du nom de Wilhem Uhde. Ce dernier prend rapidement conscience de l'étendue de son talent et lui permet de réaliser des toiles gigantesques allant jusqu'à deux mètres de hauteur. La guerre séparera Uhde et Séraphine qui se mettra à peindre à un rythme effréné sombrant petit à petit dans la folie, laquelle la mènera elle aussi dans un hôpital psychiatrique dans lequel elle décèdera après dix années d'internement.

L'auteur évoque enfin la vie asilaire d'Aloïse Corbaz, artiste suisse née en 1886, figure de l'art brut. Tombée amoureuse d'un prêtre défroqué Aloïse est contrainte par sa soeur aînée de partir en Allemagne afin de préserver la réputation de la famille. Elle officiera en tant que gouvernante à Potsdam, à la cour de Guillaume II. Elle tombera éperdument amoureuse de l'empereur et se construira une histoire d'amour imaginaire. La guerre la contraint à renter en Suisse. Dès son retour, elle commence à montrer certains symptômes de schizophrénie mais son état ne semble par trop inquiéter, ce n'est qu'en 1918 qu'elle sera internée. Elle se mettra à dessiner sur des supports de fortune, ses dessins seront fait d'assemblage. le dessin sera pour elle un moyen de dissiper ses tourments et d'adoucir ses psychoses. Aloïse Corbaz décèdera après quarante-six années d'internement.

Si je me suis passionnée pour le destin hors du commun de ces trois artistes féminines au génie aussi puissant que la folie à laquelle il les a conduites, j'ai néanmoins quelque peu regretté que n'aient pas été insérées plus d'oeuvres au fil des pages. Même si ce livre n'avait pas pour vocation d'exposer les oeuvres des trois artistes, cela aurait permis à mon avis de prendre davantage conscience de l'ampleur de la folie de ces trois femmes, dégringolade dans la folie que l'on aurait pu percevoir et mesurer à travers l'évolution de leurs oeuvres respectives.

Je salue au passage le talent de conteur d'Alain Vircondelet dont la plume et la richesse de vocabulaire ont accru mon immersion dans ce livre dont on ressort enrichi.
Lien : https://parlesyeuxdesonia.wo..
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Tout d'abord un grand merci à Masse Critique et aux éditions du Rocher pour m'avoir fait découvrir ce livre.
Le titre de ce livre m'a tentée et je n'ai pas été déçue. Autant en arriver à la conclusion ce livre m'a plu.
Mis à part peut-être deux bémols :
- l'auteur cite de nombreuses oeuvres, il est dommage de ne pas en avoir une reproduction. Certes je les ai cherchées sur internet, mais j'aurais apprécié de les avoir à l'instant (surtout que lisant dans mon bain ou mon lit, je n'ai pas d'accès internet....). J'imagine que les artistes étant actuelles, reproduire les oeuvres en question signifie coût et droits d'auteur.
- l'autre bémol n'en est pas un vrai en fait. le livre décrit l'évolution de 3 artistes, Camille Claudel, Séraphine de Senlis et Aloïse Corbaz. Chacune fait l'objet d'un chapitre, il n'y a pas d'étude parallèle. J'aurais aimé que leurs évolutions ne soient pas décrites si séparément. Mais j'excuse l'auteur, il aurait fallu que chaque lecteur ait déjà un bagage suffisant sur ces 3 personnages pour suivre leur évolution vers la folie. Bagage que je n'avais pas je l'avoue !

Revenons au livre. Il décrit la vie puis la folie de 3 artistes :
- Camille Claudel, sculptrice
- Séraphine de Senlis, peintre
- Aloïse Corbaz, peintre.
Toutes trois ont plusieurs points communs. D'abord ce sont des femmes et des artistes mais surtout elles ont toutes les 3 fini leur vie dans un asile psychiatrique.
L'auteur essaie de dégager la part de la folie dans la constitution de leur oeuvre.

Pour Séraphine de Senlis et Aloïse Corbaz, il semble clair à la lecture du livre que la peinture a été un moyen d'éviter de sombrer davantage dans la folie. On s'interroge surtout de savoir si leur art n'est pas issu de cette folie qui les habite. Cet aspect du livre est à mon goût le plus intéressant.

Je suis plus dubitative pour Camille Claudel. Sa folie (paranoïa) est-elle à l'origine de son talent ? Etait-elle vraiment folle ? Au XIXe siècle, Camille Claudel était différente voire dérangeante dans la culture de l'époque : une femme, artiste plus que douée, indépendante, qui vit sans les hommes, non mariée, le contraire de la coquetterie, plus passionnée par son art que par ce qui l'entoure. Serait-elle internée au XXIe siècle ?

En conclusion un livre que j'ai aimé lire, intéressant, qui m'a donné envie de découvrir plus encore ces 3 femmes.
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Si j'ai choisi ce livre lors de la dernière opération Masse Critique c'est que j'ai une réelle fascination pour l'artiste Camille Claudel. Depuis mes études en fac d'arts, je suis en adoration devant cette femme qui se pensait persécutée par sa famille, par son amant.
Sa sensibilité artistique en a fait une femme aux sentiments exacerbés. Tout ce qu'elle vivait était plus fort, plus intense. Même son art était d'une intensité sans égale.
J'aime la pureté de ces oeuvres, cette innocence qu'elle détruit dans ses accès de folie.

J'ai aimé ce livre écrit comme une nouvelle. le lecteur n'est pas assommé de dates, ni d'éléments historiques gênants pour la compréhension. On suit tout simplement la vie de trois artistes dont la vie mouvementée en on fait des héroïnes post-mortem. Je les ai trouvé fortes dans leur folie, fortes et belles à la fois. C'est passionnant de voir ce parallèle entre leur vie et leur art, Comment leur art s'est imprégné de ce qu'elles étaient...

Je regrette un manque de photographies, ou de visuels de leurs oeuvres. Peut-être était-ce une question de droits ? C'est donc essentiellement le point négatif que j'ai noté mais heureusement, internet est là pour compléter.

J'aurais vraiment aimé avoir ce livre lors de mes études d'art. Il se laisse lire facilement et est loin d'être ennuyeux. Je le recommande aux férus d'histoire de l'art !! ;)
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Un livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Si j'ai choisi cet ouvrage, c'est parce que le thème de la folie m'intéresse ; encore plus lorsqu'il est associé à l'art.
Ce fut intéressant de découvrir la vie de ces trois femmes, même si je dois avouer que j'ai eu du mal à accrocher au style de l'auteur. La façon dont les choses sont racontées semble parfois un peu brouillonne, on ne comprend pas tout, certaines phrases sont particulièrement sibyllines.

Les quelques pages en couleurs présentant les oeuvres sont les bienvenues : elles m'ont permis de mieux appréhender le travail de ces artistes — même je dois avouer que j'aurai aimé en voir encore plus, mais je me rend bien compte du prix de reproduction et des droits à payer. En outre, la couverture est très belle.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Chacun essaie de vivre le moins mal possible la dureté des événements et les mesures prises par les pouvoirs publics réduisent la vigilance portée aux autres. La théorie du sauve-qui-peut est désormais souveraine et, mis à part quelques médecins et chefs de service qui résistent à cet affaiblissement moral généralisé et à la perte des valeurs humanistes, les hôpitaux psychiatriques sont les premiers remparts qui s’effondrent et favorisent l’extension de théories eugénistes déjà rampantes avant la guerre, entretenues par des médecins et sociologues allemands, et que la guerre autorise à proclamer publiquement. Que faire en effet de ces centaines de milliers de « fous », ainsi dénommés pour s’épargner la longue liste nuancée dressée par les psychiatres, qui sont autant de bouches à nourrir ? Que faire de ces hommes et de ces femmes abandonnés à leur démence et que la société se voit contrainte au nom de valeurs humaines fondamentales à servir ? La guerre vient aider à faire tomber les barrières morales......
...
La hiérarchie de la charité et de la solidarité nationale est implacable en temps de guerre.
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Dans l’atelier au mobilier absent sinon une armoire ancienne très massive aux lourds panneaux de bois sculptés en pointes de diamant, c’est l’image d’un vrai combat qu’elle mène avec la matière. Elle semble tourner autour de sa création, la dominer. Telle une Pythie, vêtue d’un long manteau sans doute de velours souillé de plâtre, elle scrute l’œuvre avec une acuité presque démoniaque, son visage n’a plus rien à voir avec la grâce enfantine des premiers clichés. La photographie la révèle hallucinée et trahit le combat d’ordre magique qu’elle conduit avec sa sculpture
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Camille exercera sur son frère cadet un ascendant considérable. Elle est encore celle qui l’initie à la lecture des poètes et des écrivains ; ceux qu’elle apprécie sont les grands lyriques exaltés, au verbe souvent épique, les poètes cosmiques comme Shakespeare, Goethe, Victor Hugo bien sûr, et les poètes sombres et maudits, ceux appartenant au romantisme noir, comme Nerval et Baudelaire. Mais elle est surtout celle qui fait jaillir de ses mains, d’une masse informelle, des visages et des traits, mieux encore la vie même. Pour cela et du fait aussi de son caractère impérieux, il est sous le charme, le mot étant à prendre dans son sens magique. Plus qu’une séductrice, Camille est alors une magicienne, non plus une de ces fées que chante Nerval, une Aurélia ou une Sylvie, auxquelles elle peut ressembler quelquefois, mais plutôt une déesse puissante et pythique, elle transmet par ses mains agiles, des influx et des courants de vie qui électrisent la glaise et lui donnent l’apparence de la vie la plus exacte.
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L’affaire est donc entendue : le style du rapport, à la fois fiable et subjectif, laisse entendre que Séraphine est « repérée » depuis des années déjà par la police à la suite des nombreux scandales qu’elle a elle-même provoqués. Le ton est goguenard souvent et peu charitable. Le gendarme s’autorise des conclusions et des jugements qui sortent de son rôle : tout se passe comme si la folie et ceux qui en sont atteints, ne disposant plus de leur propre entendement, devenaient aussitôt la cible et la proie de toutes les critiques et de toutes les injures. Séraphine est ainsi classée (sans suite) par le policier comme une mystique, une illuminée, une persécutée, étant entendu que ces trois termes la confinent dans le rayon des exclus et à ce titre remis par l’ordre public à un asile qui se chargera de la garder. Le peu de considération du rapport laisse imaginer des traitements dont les malades, dans les asiles, sont l’objet à cette époque.
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Renversant la situation, elle renvoie le maître à ses propres influences, et n’hésite pas à affirmer que son Génie de la guerre est repris de l’Arc de Triomphe de Rude. L’accusation est grave, puisqu’elle déclare tout à trac que Rodin est un vulgaire plagiaire. Ce sera là la première saillie d’une série d’injures et de diffamations dont elle va accabler Rodin. Celles-ci seront pour la plupart injustes, mais révèlent quand même quelques vérités profondes. L’art de Rodin n’est pas né de rien, mais s’en défend-il lui-même ? L’art de la statuaire connut dans son histoire de tels chefs-d’œuvre qu’il est difficile à un artiste de pouvoir les ignorer totalement. Toutefois, Rodin n’hésite pas à emprunter ici ou là des formes déjà connues chez de grands maîtres auxquelles il donne sa patte.
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Vidéo de Alain Vircondelet
Alain Vircondelet vous présente son ouvrage "Et nos pleurs seront des chants" aux éditions Fayard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2987365/alain-vircondelet-et-nos-pleurs-seront-des-chants
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