Tout de suite, on entend des voix, un immense vagissement des âmes de nouveau-nés qui pleurent : au premier seuil de l'âge, exclus de la douceur de vivre, à la mamelle ravis, un jour sombre les emporta, disparus avant la saison dans la tombe. Près d'eux, ceux qui furent condamnés à mort sur une fausse accusation ; et ce séjour n'est pas concédé sans la décision d'un jury et d'un juge : Minos instruit l'affaire, il préside au tirage, convoque le conseil des silencieux, examine et les vies et les accusations. Toutes proches, des ombres accablées : ceux qui, sans être coupable de quelque crime, se sont eux-mêmes donné la mort ; ayant détesté la lumière, ils ont rejeté le souffle de leur vie. Qu'ils voudraient là-haut dans l'éther souffrir mantenant et pauvreté et durs labeurs ! L'ordre des dieux s'y oppose, le triste palus de I'onde qu'on ne saurait aimer les lie et les replis du Styx les enserrent neuf fois. (Folio, p.199)
Impitoyable amour, à quoi ne forces-tu pas le cœur des mortels ! (Folio p.144)
Ah ! l'ignorance des interprètes ! À cette âme hors d'elle-même, que servent les vœux, les sanctuaires ? Une flamme dévore ses tendres moelles pendant ce temps, la secrète blessure vit au fond de son cœur. Elle brûle, l'infortunée Didon, et par toute la ville erre, hors d'elle-même. Telle, frappée d'une flèche, la biche parmi les forêts de la Crète : le pâtre qui la poursuivait de ses traits l'a blessée de loin, l'imprudente, lui laissant son fer empenné, sans le savoir ; elle, dans sa fuite, court à travers les bois et les gorges du Dicté ; le roseau mortel lui reste dans le flanc. (Folio, p.133)
À quoi ne forces-tu pas le cœur de l'homme, faim maudite de l'or ! (Folio, p.108)
Lorsqu'en d'âpres broussailles un homme, posant le pied, a foulé par mégarde un serpent, il fuit vivement tout tremblant devant le monstre qui dresse sa colère et enfle son cou sombre (Folio, p.90)
Il est beau de mourir en armes. (Folio, p.88)
Est-ce donc un si grand malheur que de mourir ?
Je me méfie des Grecs même quand ils font des cadeaux.
On y conduit aussi (au bûcher funéraire de Pallas) (...) Ethon, son destrier, dépouillé de ses insignes, qui pleure et mouille sa face d'énormes larmes.
Peut-être sera-t-il un jour agréable de se souvenir même de ces choses.