L’amour, ce n’est pas un sentiment, c’est un poison, une fièvre maudite… Comment pouvez-vous prétendre que l’amour soit une chose souhaitable et que l’on doive chercher à le rencontrer ? Il faut le fuir, au contraire ! L’amour est une chose malfaisante. Il détruit, il ravage. Quand un drame détruit une ou plusieurs existences, c’est presque toujours la faute de l’amour. Un foyer est brisé parce que l’amour a passé. Quand un être en abandonne un autre qui avait cru en lui, c’est à cause de l’amour. Quand on trahit la foi jurée, la confiance d’un être pur et bon, on invoque l’amour. C’est l’amour qui excuse toutes les lâchetés, toutes les vilenies, toutes les trahisons…
Eva, la cadette, n’avait guère que 30 ans et pouvait passer pour jolie. La tenue de la maison ne l’inquiétait guère ; elle passait beaucoup de temps à lire des romans et à se parer. Plusieurs fois, elle avait espéré se marier ; le manque de fortune l’en avait empêchée ; peut-être aussi de la part des prétendants, une vague prescience qu’elle n’était pas la femme de tout repos qu’elle paraissait… Elle enrageait de voir sa jeunesse s’enfuir et sa beauté dédaignée ; et nul ne savait que, derrière son masque de demoiselle comme il faut, elle brûlait de désirs d’évasion, et de rancune cachée.
Il n’y a pas que l’amour qui désole et ravage, il y a aussi l’amour qui élève et ennoblit celui qui le ressent et celui qui l’inspire. Vous parlez des crimes qu’on commet par amour… C’est vrai, il y en a. Mais en revanche que de beaux dévouements, que de nobles actions l’amour n’a-t-il pas inspirés ! C’est par amour que furent accomplis les plus beaux sacrifices, les plus sublimes abnégations. Non, mademoiselle, croyez-moi, l’amour n’est pas seulement terrible et destructeur, il est également noble et pur… Mais il faut savoir aimer…
— Enfin, il y a l’amitié, l’amour… – L’amitié, l’amour ! Il y avait dans la façon dont elle prononça ces mots un tel accent de dérision et de mépris qu’il en demeura saisi.
— L’amitié est un sentiment fragile et incolore, répliqua-t-elle avec force. Quant à l’amour…
On ne peut rien changer à… ce qui est, hélas !