AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de pierre_sullice


Je viens d'achever la lecture de "Ce qui ne nous tue pas" et je suis encore sous le coup de l'émotion. J'ai été bouleversé de découvrir avec des mots d'une justesse absolue, d'une sincérité au-delà de toute posture et d'une lucidité qui accepte d'être ravagée par le doute, cette descente aux enfers d'un homme et de celle qui l'aime et refuse - sans savoir dans quoi elle s'est engagée - de déserter.

Car ils sont rares sinon inexistants ces récits qui font la part belle (façon de parler) à celui ou celle qui, debout ou en bonne santé, reste pour soutenir l'autre - le tenir à bout de bras, à bout de force ou de souffle, serait plus adéquat.

On pourrait affirmer que c'est ce qui fait la valeur de ce récit mais, en fait, on s'aperçoit vite que cette valeur dépasse de loin le simple témoignage qui, au-delà du propos, impose une musique, d'abord ténue puis envoûtante, souvent triste, parfois gaie, résignée ou révoltée, apaisée ou tumultueuse mais toujours incroyablement émouvante.

Je ne sais pourquoi il n'y a pas, dans le roman, de chapitre consacré à l'écriture (sans doute la narratrice en garde-t-elle la primeur pour un autre ouvrage) mais on assiste pourtant, au cours de cet invraisemblable chemin de croix, à l'éclosion d'un auteur, pardon, d'une auteure.

Je ne sais pas, non plus, comment la narratrice a fait pour trouver le temps d'écrire. Sa simple charge mentale (dixit notre époque) suffirait à épuiser un catcheur de haut-vol, alors le passage à l'acte - aux actes, interminables et récurrents - je n'en parle même pas. Mais enfin, force est de reconnaître qu'elle l'a fait.

J'avais découvert, presque par hasard, ses premiers textes puis, séduit, presque tous les suivants. Ce faisant, j'ai vu le style s'alléger et s'affirmer, j'ai vu cette fameuse coïncidence s'opérer entre le fond et la forme, j'ai reconnu cette exigence qui rend le mot puis la phrase, évidents, au point qu'on se dit - auteur et lecteur, à tour de rôle - qu'il ne faut plus y toucher, que c'est là, que c'est ça.

Je devine que rien ne justifie la souffrance endurée qui est décrite dans son texte. Mais il apparaît évident que si l'auteure n'avait pas eu recours à l'écriture pour interroger cette souffrance, la mettre à distance, la partager et parfois même la clamer, elle ne serait jamais parvenue à ce point de maîtrise qu'elle possède - et nous offre - aujourd'hui.

Je ne voudrais pas paraître abusivement positif en affirmant que parmi les dégâts collatéraux du cauchemar enduré, il s'est trouvé une pépite - rien de miraculeux pourtant, c'est l'auteure en devenir qui a manifestement travaillé d'arrache-clavier pour gagner en justesse et maturité - mais quand même, cette petite lueur dans la nuit de son calvaire a accouché - aux forceps - d'un éclat aveuglant : celui de son talent.

A lire absolument.

Commenter  J’apprécie          30



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}