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EAN : 9782812617706
144 pages
Editions du Rouergue (03/04/2019)
4.17/5   82 notes
Résumé :
Un mystérieux enquêteur interroge toutes les personnes qui ont connu Chrystal, une jeune femme ravissante, titulaire d'un master en neurosciences et chercheuse. Que ce soit son ancien amant, ses collègues de Medicines ou le leader international de l'information médicale, chacun est interpellé quant à sa propre responsabilité dans ce qui s'est produit.
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Inspiré de sa propre expérience professionnelle, Elisa Vix se lâche à couteaux tirés pour dresser le portrait combien réaliste, du monde du travail sans pitié.

Chrystal était belle, souvent mélancolique quand les regards se détournaient de son joli minois, elle était pleine de talent et d'intelligence. Fraîchement diplômée après de longues études universitaires en neurosciences, elle peine, comme beaucoup de surdiplomés à trouver un job. Son seul entretien c'est auprès de l'entreprise Medecines qu'elle le décroche. À son grand damne. Emploi sous payé, heures sup à rallonge, surveillance constante, brimade, harcèlement,... Tout est mis en place pour donner le moins de place à ces salariés et surtout le moins de valeur possible. Open-space, travail harassant. Ils bossent comme des vaux parce qu'ils ont besoin d'argent. Chez Medecines, c'est marche ou crève. Tu t'en vas avant d'être broyé. Après, c'est trop tard.

Roman qui donne la parole aux protagonistes qui ont tourné de loin ou de près autour de cette brillante Chrystal. Ils donnent autant de réponses à cet enquêteur mystère pour cerner qui était Chrystal et comment s'est tissée cette toile d'araignée sur elle.

Quand le travail n'est plus que raison à payer ses traites, qu'il n'y a nul plaisir, nulle valorisation et que viennent s'ajouter un processus de destruction de ces brebis, bienvenue dans le burn-out, la dépression. Et dire qu'ils sont des milliers à être malheureux au travail, faute à un manager psychopathe, à ce terrible fléau qu'est la productivité. L'humain dans tout ça et bien, il finit par ne plus exister. Encore heureux que pour Elisa Vix la littérature l'aura sortie de ce cauchemar. Mais qu'en est-il de ceux qui seront broyés avant d'être sauvés...
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Remerciements de l'auteur en fin d'ouvrage :
« A tous mes employeurs, sans qui ce livre n'aurait pas été possible... On l'aura compris, ce roman est inspiré de ma désastreuse carrière professionnelle. »
Elle aurait pu sombrer, mais au lieu de cela :
« Face à l'adversité managériale, je me contentais de jubiler intérieurement en pensant : 'Le p... de bouquin que je vais écrire !' Viva la literatura ! »

En effet, 'Elle le gibier' est vraiment un p... de bouquin, un récit choral lapidaire, lapidant, laminant.
Si on (a) fait l'expérience de souffrance au travail, en tant que 'victime' ou témoin, on s'y retrouve, douloureusement.
On s'y retrouve autant qu'on s'y perd, d'ailleurs, car si certaines situations professionnelles et certains modes de management sont objectivement traumatisants, intolérables, il y a aussi le ressenti (subjectif) de ceux qui souffrent. Leur malaise vient-il vraiment du travail ? Sont-ils victimes ou bourreaux en accusant leur hiérarchie/collègue de les malmener ? Est-on lâche et/ou lèche-bottes si on ne prend pas parti pour eux ? etc.
Mais je m'égare avec des exemples casse-tête dans lesquels je suis trop engluée pour y voir clair…

Quoi qu'il en soit, ce livre d'Elisa Vix est à lire.
En ayant évidemment une pensée émue
- pour les victimes de France Téléc*m (procès pour harcèlement moral en cours) et d'ailleurs,
- pour ceux - notamment les sur-diplômés - qui ne trouvent pas leur place dans un marché du travail sans pitié,
- et ...
____

Sur le sujet : 'Les heures souterraines' (Delphine de Vigan), 'Les visages écrasés' (Marin Ledun), 'La chance que tu as' (Denis Michelis), 'Encaisser' (Anne Simon & Marlène Benquet, collection Sociorama)...
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Oh la claque !

Ce roman choral de la dépression et de la souffrance au travail est puissant, banal mais puissant, puissant parce que banal, peut-être...

C'est l'histoire de Chrystal, qui avait tout pour réussir, aussi belle qu'intelligente, et qui pourtant dérape. A cause d'une entreprise inhumaine qui ne l'emploie pas à la hauteur de ses compétences et la brime au quotidien. A cause aussi de l'individualisme indifférent de ses collègues, de sa solitude et de sa détresse...

C'est l'histoire de Chrystal, donc, racontée par son entourage : tour à tour une collègue, son ex, sa mère, un médecin, un voisin, une marginale... Cette diversité de points de vue enrichit le roman, d'autant plus que beaucoup des narrateurs essaient de se dédouaner de ce qui s'est passé et qu'on ne découvre qu'à la fin du roman.

Les processus sont très bien décrits, qu'il s'agisse de la dégringolade d'une jeune femme brillante ou de la façon qu'ont certaines entreprises de briser les individus à coups de mails, de vexations ou d'humiliations. Ce livre me fait réfléchir sur ce qui fait que, face aux mêmes souffrances, certains s'en sortent et d'autres plongent...
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Plusieurs personnages nous parlent de Chrystal, une brillante docteure en neurosciences qui, faute d'un poste dans la recherche publique, est d'abord confrontée au chômage puis à un emploi débilitant dans l'entreprise Medicines. Que s'est-il véritablement passé avec elle ? ● Ce bref roman se lit aisément mais son côté manichéen s'impose rapidement et agace. ● L'entreprise et les rapports sociaux qu'elle impose paraissent caricaturaux, que ce soit la start-up Medicines qui sert d'intermédiaire entre les labos pharmaceutiques et les médecins et usagers des médicaments ou bien le supermarché évoqué par Maria : l'entreprise est par nature inhumaine et vampirique. Au mépris même de la rentabilité, elle ne cherche que le harcèlement moral, ne vise que la destruction de ses salariés… Il faudrait peut-être nuancer le propos… ● Narrativement, en tout cas, ce manichéisme fait qu'il n'y a pas d'intrigue et que tout est annoncé dès le début. du coup, c'est plus un tract qu'un roman.
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« CEO », « process codifié », « call center », « open spaces », « tableaux Excel de reporting », « brainstorming » … Toutes ces expressions vous parlent ? Vous n'êtes donc pas complètement étranger au monde de l'entreprise ? Eh bien moi, je dé-cou-vre et FRANCHEMENT… ça fait PEUR, non ?
Bon, que je vous raconte : après de longues études en neurosciences s'achevant sur une thèse et trois ans dans un labo public de recherche, Chrystal s'est retrouvée au chômage et c'est comme cela qu'elle a été amenée à postuler pour un poste de chargée d'information médicale chez Medecines. Il s'agissait pour elle de répondre au téléphone à des professionnels de santé ou des patients qui s'interrogent sur tel ou tel médicament (effets secondaires, etc, etc).
Pas grand-chose à voir avec sa formation mais bon, faut bien gagner sa vie...
Le hic, c'est qu'il lui est visiblement arrivé quelque chose… Mais quoi ?
Et au fond, qui est responsable de tout ça ? Ceux qui ont vu et n'ont rien dit ?
Nous aurons différents témoignages sur cette jeune fille, notamment celui de Cendrine qui, après une thèse de biologie sur le ribosome du zebrafish (ah, ça ne vous dit rien?) et plusieurs mois de chômage, est entrée le même jour que Chrystal chez Medecines, entreprise qui venait d'obtenir le label « Great Place to Work ».
Ah ! ça donne envie Medecines : c'est 1984 (d'Orwell) en pire : le cauchemar, la surveillance de tous les instants, le viol de l'intimité, l'irrespect, l'humiliation, la dévalorisation, l'exploitation, la déshumanisation… J'arrête là mais je pourrais continuer longtemps !
QUEL MONDE, MAIS QUEL MONDE !!!
A la fin du livre, l'auteure avoue que tout ce qu'elle a écrit dans ce roman lui est venu de sa « désastreuse carrière professionnelle » : «Face à l'adversité managériale, je me contentais de jubiler intérieurement en pensant « Le p… de bouquin que je vais écrire ! » Viva la literatura! »
Pour du noir, c'est du noir ! Dans le roman, le système est résumé par un témoin, Jean-Christophe D., le médecin-conseil de l'entreprise : « ...la prestation est une belle saloperie. Les labos y ont recours pour ne pas prendre de risque et pour diminuer leurs coûts. Ils imposent des prix et des délais intenables, tout en passant leur temps à contrôler leurs preneurs d'ordres… Et tout ça retombe sur les salariés du prestataire : salaire de misère, surcharge de travail, validation chronophage à tous les étages, audits à n'en plus finir, stress… On leur impose une pression insupportable au nom du maître-mot : la rentabilité. Ou tu tiens le coup et tu es rentable ou tu te casses. En résumé, des labos brassant des millions (sur le dos de l'assurance maladie) aux ordres d'actionnaires pleins aux as (qui s'exilent au Portugal mais reviennent se faire soigner en France), mettent la pression sur des sous-traitants qui mettent la pression sur leurs salariés sous-payés (qui cotisent pour l'assurance maladie). »
CQFD
Le monde de l'entreprise décrit par Élisa Vix fait trembler. Mais le pire, c'est qu'il correspond à une réalité que je devine terrible : celle d'une machine qui broie les individus, les brise et les achève. le tout dans le silence de ceux qui ont peur.
Glaçant.
L'écriture précise d'Elisa Vix ne va pas par quatre chemins pour décrire un monde effrayant : 140 pages d'une efficacité redoutable qui mettent à nu un système monstrueux.
Une vraie réussite !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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critiques presse (1)
Liberation
05 août 2019
Elisa Vix sait à la perfection raconter les noirceurs de la vie quotidienne, ce livre est une description accablante du fonctionnement de certains sous-traitants et des ravages que le harcèlement au travail peut provoquer.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
Non, il n'y a pas eu de problèmes au collège. Sauf… oui, j'avais presque oublié cette prof de maths. C. avait une excellente moyenne en mathématiques, cependant sa professeure lui avait collé une mauvaise appréciation. Je ne me souviens plus des termes exacts. « N'en fait qu'à sa tête » ou quelque chose comme ça. Lors d'une rencontre parents-professeurs, Christian avait réclamé des explications. Mon mari avait fait de brillantes études d'ingénieur, il connaissait, et s'enorgueillissait, de l'esprit mathématique de sa fille. La prof avait expliqué que, certes, C. trouvait les bons résultats, mais qu'elle n'appliquait pas les bonnes méthodes. Ma fille trouve toujours les bons résultats, toujours ? avait demandé Christian d'une voix où pointait déjà une sourde menace. La prof s'était légèrement troublée. Oui, mais elle n'emploie pas les bonnes méthodes. Vous voulez dire qu'elle n'emploie pas vos méthodes, mais comment pouvez-vous dire que les siennes sont mauvaises si elle trouve toujours, toujours les bons résultats ? J'avais posé la main sur celle de mon mari. Allons-nous en. Christian avait brutalement retiré sa main. Non, je voudrais d'abord que Madame m'explique en quoi les méthodes de ma fille, auxquelles elle ne doit sans doute rien comprendre, sont mauvaises, et en quoi cela justifie qu'elle sanctionne une élève brillante d'une appréciation de merde ?
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Vous imaginez recevoir tous les jours des messages mettant en exergue non pas le travail, globalement bien fait, mais l’erreur insignifiante, la faute de frappe… Des mails qui vous serinent à longueur de journée que vous êtes une incapable ? Vous avez beau savoir que vous êtes intelligente, que vous avez une thèse en neurosciences, il y a un moustique qui vient bourdonner tous les jours à votre oreille pour vous rappeler combien vous êtes nulle !
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[…] elle voulait se consacrer pleinement à son PhD* et à sa thèse sur la maladie d'Alzheimer. Je ne vois pas pourquoi on fait tout un plat avec cette maladie, avant les vieux yoyotaient et ça faisait simplement rire tout le monde.
Oui, c'est idiot ce que je dis. Mais je suis malheureux, on a le droit d'être con quand on est malheureux. Vous trouvez ça normal de se consacrer à une maladie de vieillard quand on a 23 ans ?
___

* PhD ou Philosophiæ doctor : dans le système universitaire anglophone ou canadien francophone, intitulé le plus courant d'un diplôme de doctorat de recherche
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Les patients malades de leur travail, j'en vois tous les jours. Et c'est presque tout le temps la même chose : des organisations délétères, des petits chefs sadiques, des salariés sacrifiés sur l'autel de la rentabilité. Des dirigeants incompétents malmenant des employés tétanisés par la peur du chômage. Le cocktail détonant.
(p. 83)
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Elle lisait beaucoup. Souvent, elle me confiait qu’elle préférait terminer son roman que sortir avec ses copines. Comment l’en aurais-je blâmée ? J’ai moi-même souvent préféré la compagnie des livres à celle de mes semblables.
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