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Eléni Zérva (Traducteur)
EAN : 9782742705580
60 pages
Actes Sud (01/01/1999)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Le péché de sa mère, le narrateur ne le connaîtra que des années plus tard : au moment - celui du récit - où il se souvient de l'état d'abandon dans lequel il se trouvait, enfant, alors que toute l'attention maternelle était concentrée sur sa sœur, la petite Anna, dévorée par la phtisie. Et de se remémorer la manière dont la mère éperdue tenta d'expier sa faute, offrant la vie de son fils en échange de celle d'Anna.
Sa simplicité, son économie, son ironie enf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
le « Maupassant grec » a-t-on dit de Georges Vizyïnos, prosateur né en 1849 dans la région de Thrace, mort en 1896 à Athènes.
Le genre de comparaison pratique qui permet de classer un peu rapidement un auteur méconnu, mais qui présente l'avantage de susciter l'envie de le découvrir. Il est vrai que le conteur hellénique possède bien des points communs avec l'écrivain normand : outre l'art de la nouvelle et le fait qu'ils soient de la même génération (un an les sépare), il est surtout troublant de relever leur mort prématurée, précipitée par la folie.
Le Péché de ma mère, nouvelle écrite à Paris où Vizyïnos a étudié la philosophie, peut être perçue comme un récit autobiographique car l'auteur se distingue peu du narrateur. Par la voix de Yorghis, est-ce Georges qui se souvient ? Tous les deux ont quitté leur campagne de Thrace pour rejoindre la grande ville, Constantinople. Similitude des prénoms, similitude des destins.
L'action se situe donc dans la région hellénique de Thrace, incluse dans l'Empire ottoman, dans la seconde moitié du XIXe siècle, mais cela pourrait se dérouler ailleurs à n'importe quelle autre époque. La Thrace du XIXe ne transparaît que par petites touches légères, dans une « bande d'étoffe » ou bien une lampe vacillant « devant une icône ». L'auteur ne s'encombre pas de descriptions naturalistes de paysages, d'objets ; les sentiments des personnages, mère et fils narrateur, prennent toute la place.
Vizyïnos raconte les affres morales d'une femme qui estime avoir commis l'irréparable – le fameux « péché » -, et l'amour désordonné d'une mère pour ses enfants. S'entremêlent les souffrances psychologiques de la mère et les sentiments du narrateur, souvent empathique et attendri, rarement amer malgré le souvenir de l'abandon ressenti durant son enfance.
C'est par le parcours intérieur de la mère que Vizyïnos met en lumière les moeurs de la Grèce du XIXe, dévote et superstitieuse. On y comprend le rôle de l'Église orthodoxe aussi bien que la place des filles dans la famille. Mais l'on en revient tout de même à une "faute" individuelle qui génère un parcours mental, des résolutions et des actions incompris par l'entourage de la mère, que ce soient les habitants du village ou ses propres enfants. J'ai d'ailleurs eu l'impression d'un détachement général vis-à-vis d'elle plus que d'une réprobation collective. Difficile de savoir si Vizyïnos décrit une femme de son temps, accablée par des normes sociales forgées par la religion et la tradition, ou par une femme unique (inspirée par sa mère) qui se fabrique son propre malheur.., Quelles sont les parts du poids social et du désordre mental du personnage ? Cette nouvelle est également le récit du cheminement du narrateur qui finit par apprendre et comprendre ce qu'il s'est passé. Lui non plus ne juge pas.
La gravité de la situation (misère sociale et instabilité psychologique), est évoquée dans un style léger et coulant, d'apparence simple, qui pourrait presque rassurer tant le narrateur apparaît doux et mesuré. Mais ce décalage ne dissimule ni n'atténue les douleurs du personnage central, il fait même ressurgir d'autant plus les fractures de la mère.
Un texte à relire pour y mesurer le poids de la religion, mais surtout de l'amour, sur le sentiment de culpabilité et les comportements qui en découlent.

Enfin, une ultime constatation : l'impuissance de l'écriture face à un drame humain si profondément ancré dans un être. Peut-être cela explique-t-il la légèreté de ton de Vizyïnos, teintée d'une frêle ironie. Ce drame, la littérature a su l'évoquer sur une quarantaine de pages et même compatir, et après ? « Ses yeux se remplirent de larmes, et je me tus. »



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A peine cinquante cinq petites pages pour décrire une enfance douloureuse parce que confrontée au plus terrible et dévorant et incommensurable amour qu'est l'amour maternel, amour multiple et si unique.
Qu'est-ce que l'amour maternel ?
Est-il celui qui lie la chair et le sang ou est-il celui choisit, celui de l'adoption ?
Quelle la place de chacun des enfants dans la fratrie ? La fratrie naturelle ou la fratrie...expansée ?
Un enfant, et quelques années plus tard un homme, une femme était-il aimé parce qu'il est "légitime" ou "pièce rapportée" , parce qu'il ait aimable, joli, courtois, intelligent ou l'est-il moins parce que stupide et disgracié ?
Se remettons jamais de la mort d'un enfant ? A-t-on le "droit", la liberté d'action d'offrir en holocauste toute une fratrie pour sauver de la mort celui qui est menacé ? Et celui/ceux qui ont été "offerts" en holocauste sont-ils moins aimés ?

Ce sont quelques unes des questions qui sont soulevées par cette nouvelle. Nouvelle tout en pudeur, en distance qui nous renvoie devant le miroir de notre conscience, le cauchemar de nos questions sans réponses. La vie, quoi ! Et c'est grandiose.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le sentiment du péché, le besoin moral d'expier et l'impossibilité de le faire-Quel enfer atroce et impitoyable ce dut être pour elle ! depuis vingt-huit années, cette malheureuse femme se tourmentait sans pouvoir apaiser ses remords ni dans le bonheur ni dans le malheur. Du moment où j'appris cette triste histoire, je concentrai toutes mes pensées sur le moyen de soulager sa conscience, m'efforçant de lui représenter, d'un côté, que son péché n'avait pas été volontaire ou prémédité, et de l'autre, que Dieu, dans son infinie miséricorde et sa justice, ne rend pas le mal pour le mal mais nous juge selon nos pensées et nos intentions. (p.54)
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- C'est un homme de bien que ce patriarche, n'est-ce pas ? lui dis-je. Je crois que maintenant , ton coeur a trouvé l'apaisement.
Ma mère garda le silence.
- Tu ne réponds pas mère ? lui demandai-je avec une certaine hésitation.
- Que veux-tu que je te dise , mon enfant ? me répondit-elle alors, pensive. Le patriarche est un saint homme et un sage, il connaît la volonté du Seigneur et tous ses desseins, et il peut pardonner tous les pêchers du monde. Mais que veux-tu, on a beau dire, c'est un moine ; il n'a pas eu d'enfant et il ne peut pas savoir ce que c'est d'avoir tué le sien.
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