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Marcel Stora (Traducteur)Gilles Barbedette (Traducteur)
EAN : 9782070384020
256 pages
Gallimard (03/10/1991)
3.78/5   136 notes
Résumé :
" La méprise, dans un esprit de parenté absolu avec le reste de mes livres, n'a aucun commentaire social à faire, ni aucun message à accrocher entre ses dents. Ce livre n'exalte pas l'organe spirituel de l'homme et n'indique pas à l'humanité quelle est la porte de sortie. Il contient bien moins " d'idées " que tous ces plantureux et vulgaires romans que l'on acclame si hystériquement dans la petite allée des rumeurs entre les balivernes et les huées. (...) Hermann e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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"Elémentaire mon cher Watson" dirait Sherlock Holmes, après lecture de la méprise dont le héros Hermann Karlovitch se targue d'inventer une intrigue machiavélique digne de Conan Doyle.
Conan Doyle, peut-être pour le crime presque parfait commis. Mais Dostoïevki sûrement aussi, puisque Hermann "gaillard élégamment vêtu" de 35 ans qui "fait des affaires dans le chocolat", navigue au bord de la folie (dissociation de personnalité et mégalomanie) comme un personnage du célèbre écrivain russe. L'histoire, narrée par Hermann, lui même, se complique au fil du livre qu'il écrit. Où est la part de réel? Où est la part d'imaginaire?
Marié à Lydia, dévouée, "peu instruite et peu observatrice" qui l'adore; ce misogyne, au bord de la faillite,suite à sa rencontre avec Félix, un vagabond à l'oeil vague mais qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, va imaginer d'usurper son identité après l'avoir éliminé pour que son idiote de femme encaisse l'assurance vie.
L'écriture imagée est agréable à lire (ex: "un nuage escamotant le ciel qui reparaissait comme la pièce de monnaie d'un prestidigitateur").
.Les failles psychologiques d'Hermann sont bien rendues: Vladimir Nabokov (traducteur polyglotte et écrivain russe du XX° siècle auteur de la défense, Chambre obscure, le don... qui l'ont imposé) montre son côté narcissique. "Je l'aimais parce qu'elle m'aimait" lui fait il dire. Il décrit son manque d'affects.Froid et cynique, il méprise son entourage que ce soit Lydia, son ami peintre Ardolion ou Félix le vagabond.Il croit en son génie infaillible.Il est mythomane et induit même le lecteur en erreur. Il voit son double dans les miroirs ou au bord du lit (on pense à le double de Fiodor Dostoïevski).
La méprise (édition augmentée de textes et révisée) porte ce titre dans cette traduction française de la version anglaise. Dans la version russe elle s'appelle Désespoir.
J'aurais bien vu Dissociation.
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Un Nabokov différent de ce que j'ai pu lire pour l'instant. J'ai eu du mal à entrer dedans ; le contenu me paraissait narcissique ou prétentieux, était-ce le personnage qui parle à la première personne ou ce grand auteur qui sait qu'il est bon ? Non, non. N' est pas Nabokov qui veut.
La force de la narration par la suite emporte le lecteur avec fougue.
C'est manifestement un livre à part. L'extrême talent de l'auteur, c'est d'élever ses personnages tout à fait quelconques et banals à un stade qui les dépasse, ce que soit du bon au mauvais côté, et très souvent, c'est du mauvais côté. (La force obscure cher Nabo ! (et sans T à la fin s'il te plait))
Bref… le personnage, ou l'auteur, (je sais plus…) embraye à des moments sur la littérature, l'histoire s'écarte pour livrer des conseils à l'écriture d'un roman, là, il faut rajouter un personnage pour consolider le scénario. Il digresse allégrement. Et après l'immersion déroutante, on se fait à l'histoire et on ne lâche pas le livre.
On se laisse prendre au jeu, un livre de Nabokov, c'est toujours délicieux. On s'y perd. le livre m'a paru décousu puis si original et avec une telle belle écriture que suivre les divagations du personnage (ou de l'auteur) se fait avec un exquis plaisir.
Nabokov, il maitrise.
J'ai en tête le monde de Sophie, le livre de philo qui peut s'apparenter à la structure du roman. le roman prend vie et l'auteur n'est plus son maître.
J'avoue quand même que j'ai préféré chambre obscure ou lolita.
La méprise est à part, vraiment qui marque profondément le style et la douce folie d'un auteur formidable.
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Un livre qui n'est pas évident à aborder de par ses multiples et même incessantes digressions qui rebuteront plus d'un lecteur je pense. Mais si vous aimez les narrateurs qui s'acoquinent avec vous et qui vous mène par différents chemins pour aller on ne sait trop où... La méprise semble fait pour vous.
Je n'aime pas tellement résumer les livres, je m'épargne donc cette corvée. Quoique, disons simplement qu'il s'agit d'une histoire de double, tout comme l'avait fait Dostoïevski quelques décennies auparavant. La filiation est d'ailleurs évidente au fil du roman et l'on sent que l'oeuvre russe a trotté dans la tête de Nabokov. Pour autant on retrouve ici un récit qui s'éloigne de celui de Dostoïevski déjà de par sa narration plus éclatée mais aussi par un récit qui s'avère moins binaire. On se demande bien où veut nous mener Nabokov jusqu'à un dernier tiers où tout semble redevenir "raisonnable" dans la forme alors que le fond s'en éloigne totalement.

Je me faisais la réflexion récemment (et sans doute y a-t-il là quelque chose à creuser) que les auteurs de l'est, comme Nabokov, Dostoïevski ou encore Kundera (un est très large donc) proposent souvent des récits qui m'apparaissent à la fois comme drôle et glauque à la fois, pas tout à fait sérieux mais pour autant jamais vraiment drôle pour autant. C'est ce que l'on retrouve ici, cet humour dramatique (appelons ça comme ça) qui pourra paraître particulier au lecteur plus habitué à la littérature française, généralement plus tranchée dans ses ambiances.

En somme une réussite, une oeuvre complexe, pas toujours évidente et même possiblement désarçonnante mais qui est tout aussi fascinante (et quelle langue !).
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La méprise de Nabokov n'est pas une lecture qui se laisse apprivoiser facilement. Mille fois j'ai été tentée de refermer le livre au cours des premières pages. Au cours du premier tiers en fait... Et ça fait bien long. L'auteur, ou plutôt le narrateur, se perd en digressions et considérations diverses qui m'ont prodigieusement lassée. Après 4-5 pages, le livre me tombait des mains, rendant la lecture encore plus longue et ennuyeuse. Mais, lecture commune oblige, je m'y suis accrochée pour finir par goûter vraiment mon plaisir.
Dans ce livre écrit en russe et paru en 1934, le narrateur, Hermann, écrivain mégalomane et menteur invétéré, nous raconte sa rencontre impromptue avec Félix, son double, physiquement. Si, dans les premiers chapitres, Hermann semble être un homme d'affaires classique du début du XXème siècle, progressivement il se révèle beaucoup plus complexe et d'un caractère moins limpide.
Tant que j'ai pu penser que Nabokov pouvait témoigner d'autant de suffisance, j'ai été exaspérée par ma lecture.
Puis progressivement, on se laisse entraîner dans le délire du narrateur dont on ne sait pas très bien quel est son métier, d'où il tire son train de vie, ce qu'il attend de Félix, le vagabond rencontré au début du récit. D'abord bouleversé par la similitude des traits entre lui et l'inconnu, Hermann semble lié à cet homme dont il semble se sentir responsable. Puis il agit de manière toujours plus étrange et on ne comprend plus très bien ce qu'il cherche dans cette relation avec Félix.
Les choses virent ensuite au drame et Hermann révèle ses motivations bien plus troubles. Tout ce que le lecteur pouvait tenir pour acquis devient suspect et rien n'est plus ce qu'il semble. Suffisant, prétentieux, Hermann est certain de pouvoir réaliser le crime parfait, tel un véritable artiste à l'image, en négatif, de Sherlock Holmes. Finalement, on plonge dans cette histoire déconcertante comme dans un polar, avalant les pages pour découvrir de quelle manière ce brave Hermann va bien pouvoir s'en sortir.
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Le narrateur, Hermann, homme d'affaires dans le chocolat en Allemagne, est marié à Lydia, une jeune femme qui lui est dévouée même si elle est « peu instruite et peu observatrice ».
Hermann se promène à Prague lorsqu'il tombe nez à nez avec son double. Il s'agit d'un vagabond qui lui ressemble trait pour trait.
Une fois rentré chez lui, la vie reprend son cours. Sauf qu'Hermann a du mal à oublier ce sosie qu'il a croisé.

Pour ne pas gâcher le livre, je ne vais rien dévoiler du reste de l'intrigue.

Hermann est narcissique, calculateur et imbu de lui-même : il s'adresse directement au lecteur et tente de le convaincre de son génie. Au premier abord, les digressions du narrateur m'ont semblé superflues mais finalement, je les trouve très réussies pour permettre au lecteur de comprendre toutes les facettes du caractère du narrateur.

La méprise est une petite merveille : Nabokov excelle dans l'art de la narration, la langue est belle, le livre est intelligent et drôle.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Il est facile de prouver la non-existence de Dieu.
Impossible d’admettre par exemple qu’un certain être sérieux, tout puissant et infiniment sage, pourrait employer son temps de manière si futile qu’il jouât avec de petits hommes et – ce qui est plus incongru encore – qu’il limitât son jeu par les lois terriblement banales de la mécanique, sans jamais - pensez donc, jamais ! – montrer son visage, se permettant seulement des apparitions et des circonlocutions subreptices, et des chuchotements furtifs (révélations, vraiment !) de vérités contestables, derrière le dos de quelque doux hystérique.
Toute cette affaire divine est, je le présume, une immense mystification pour laquelle les prêtres ne sont pas certainement à blâmer ; les prêtres en sont eux-mêmes les victimes. L’idée de Dieu a été inventée aux premières heures de l’histoire par un chenapan de génie ; elle a je ne sais quel relent trop humain, cette idée pour que son origine éthérée soir plausible …
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Je me rappelle avoir vu deux jumeaux dans une foire en aout 1926 (...) Eh bien, personne ne pouvait les distinguer l'un de l'autre. On promettait cent marks à qui découvrirait la moindre différence. " Très bien " dit Fritz et il flanque un bon coup sur l'oreille d'un des jumeaux. " Voilà ! " qu'il dit, " l'un d'eux a une oreille rouge et l'autre pas, alors passez donc l'argent si ca ne vous fait rien ! " Ce que nous avons ri !
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J' ai beau essayer, je ne parviens pas à regagner mon enveloppe originelle, et moins encore à m'installer à l'aise dans mon ancien moi ; le désordre y est bien trop grand; des choses ont été déplacées, la lampe est noire et morte, des bouts de mon passé jonchent le sol.
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Il est facile de prouver la non-existence de Dieu. Impossible d'admettre, par exemple, qu'un certain être sérieux, tout-puissant et infiniment sage, pourrait employer son temps de manière si futile qu'il jouât avec de petits hommes, et - ce qui est plus incongru encore - qu'il limitât son jeu par les lois terriblement banales de la mécanique, de la chimie et des mathématiques, sans jamais - pensez donc, jamais ! - montrer son visage, se permettant seulement des apparitions et des circonlocutions subreptices, et des chuchotements furtifs (révélations, vraiment !) de vérités contestables, derrière le dos de quelque doux hystérique.
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PAs facile à écrire d'ailleurs ce livre. C'est surtout maintenant, juste au moment où j'arrive au passage qui traite, pour ainsi dire, d'une action décisive, c'est maintenant que m'apparaît pleinement la difficulté de ma tâche; je suis là, comme vous voyez, tournant, tordant et exposant avec loquacité des sujets qui sont à leur vraie place dans la préface d'un livre, et qui n'ont que faire dans ce que le lecteur peut tenir pour son chapitre le plus essentiel. Mais j'ai déjà tenté d'expliquer que, pour sagaces et circonspectes que pussent sembler les approches, ce n'est pas mon être raisonnable qui écrit, mais seulement ma mémoire, cette mémoire erratique qui est la mienne.
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