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EAN : 9782881828980
240 pages
Editions Zoé (22/08/2013)
4/5   4 notes
Résumé :
Double négatif, le dernier roman d'Ivan Vladislavic, né à Prétoria en 1957 et l'un des meilleurs représentants de la littérature sud-africaine actuelle, peut se lire sous de nombreux angles comme une image composée de différents plans et de quantité de détails bord cadre. Un premier coup d'oeil renvoie à une fiction d'inspiration autobiographique: les vingt ans d'un garçon de la classe moyenne blanche dans le Johannesburg sous le joug de l'apartheid du début des ann... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Double négatif
Envoyé par les éditions Zoe (que je remercie) dans le contexte « masse critique », double négatif le roman en grande partie autobiographique d'Ivan Vladislavic est une drôle de mixture. Trois parties: lumière ambiante, lettres volées et bavardage, nous donnent rendez-vous avec Neville Lester à vingt ans, à trente-cinq puis à cinquante. Neville habite Johannesburg et vit sa jeunesse avec l'apartheid. Cynique et dilettantes à un degré rarement égalé il cultive son indifférence avec une morgue légèrement dérangeante. Apartheid ou pas, ce n'est pas son problème et quand il quitte l'Afrique du Sud c'est comme pour l'université, par paresse, par nonchalance, pour ne pas avoir à faire d'études ou de service militaire. « A quoi cela sert-il d'avoir une licence si c'est pour être licencié… »

Son père organise une rencontre entre Neville jeune et le grand photographe Saül Auerbach. Avec lui et un journaliste Anglais, Neville se rendent dans deux maisons choisies au hasard par les adultes, et font les portraits des occupants : La maman de triplés dont un est mort en perspective d'une photo les réunissant vivants tous les quatre est un exemple plutôt glauque de ce que recherche Saül dans l'art photographique. La troisième maison, choisie par Neville, ne sera pas visitée, faute de lumière et Neville y reviendra quinze ans plus tard après un pseudo exil en Angleterre, seul cette fois, pour faire des photos puisqu'entre temps il est devenu photographe par défaut.
Dans cette maison habite une femme qui vit avec le souvenir d'un médecin mort et un paquet de lettres non distribuées.

Bavardage nous fait retrouver Neville quinze ans plus tard, alors que la technologie est devenue folle et que la photographie s'est un peu égarée dans le binaire. Il photographie des boites à lettre et glose sur les lettres non distribuées et finalement restées closes. Deux femmes s'intéressent à son parcours et cela débouche sur un article de journal.Tout s'effiloche.

Le moins qu'on puisse dire est que l'auteur fait vraiment tout pour rester inaccessible par tellement de désinvolture et d'absence de positionnement tant politique que sentimental. Disparu ou pas, Neville n'a rien à faire de l'apartheid. N'a rien à faire de personne. La misère quelle qu'en soit l'origine est une matière comme une autre pour produire de l'image, pire encore, cette misère n'a pas de sens, encore moins de valeur.

Ce qu'il semble vouloir nous dire, c'est qu'il est un étranger et que nous le sommes aussi. Que notre possible compassion pour les exclus de l'Afrique du Sud n'est qu'une tragique méprise, au même titre que les victimes du (ou des) nazisme, voire celles d'un Tsunami ou du conflit syrien.
On reste donc dubitatif sur la nécessité impérieuse qui aurait inspiré l'auteur pour rédiger ce livre, si les assujets (J'invente, il le faut bien!) lui sont aussi indifférents et si le travail de Saül Auerbach, finalement mis à mal par des considérations frisant l'obscène, n'était qu'une fantaisie d'artiste à la recherche d'un égotisme abouti.

Qu'est-ce qui fait alors que j'apprécie ce livre à ce point alangui , et perfide, et qui ne me choque pas plus que ça? L'incroyable détachement du jeune homme de l'adulte de 35 ou 50 ans qui ne donnent et ne se donnent jamais (« nos corps ne s'emboîtent pas parfaitement ») ?
Le professionnalisme de l'écrivain qui réussit à trouver un équilibre entre trois moments clefs (de non clef en fait) de sa vie?
L'impudeur. Voilà : l'impudeur qui fait regretter que le négatif soit double, un pour l'homme, un pour l'objet, et que le regard qui nécessairement fait un choix le fait pour des raisons inavouables : l'indifférence assumée à toute forme de tragédie humaine.
Le journalisme qui dit tout et tout le temps n'en est-il pas le pire exemple ?


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D'Ivan Vladislavic , j'ignorais l'oeuvre.
Des éditions Zoe , j'ignorais l'existence.
De la Littérature Sud-Africaine , seuls J.M Coetzee , André Brink et Ronald Harwood pour sa pièce sur Fürtwangler m'étaient connus.
Autant dire que j'abordais ce roman sans le moindre à priori.

Contrairement à ce que le titre suggère, ce récit ne nous immerge pas dans le monde de la photographie. Il nous présente la découverte d'un monde "post-apartheidique" à travers les yeux d'un jeune observateur dont le père le pousse dans une virée aux cotés du grand Saül Auerbach , photographe reconnu dont la vision de la photographique est très loin d'être le dessein du roman .
Alors certes, le texte contient quelques effets de manche comme aux pages 18 : "l'eau de la piscine bougeait dans son sommeil comme un animal rassasié, exhalant une haleine chlorée." ou 19 : "j'ai pris une Kronenbräu dans les tréfonds glacés du freezer" et quelques maladresses : "Une comète de gravillons incrustés au dos de sa veste marquait l'endroit où il s'était assis dessus" page 53 .
Mais ces égarements stylistiques ne parviennent à empêcher le lecteur de se laisser bercer par les pérégrinations ainsi que la maturation spirituelle et artistique de Neville.

A la lecture de Double Négatif , vos lèvres seront amenées à se plisser par le sourire que vous procureront certaines conversations exquises mais aussi par l'émotion que susciteront certaines rencontres impromptues.

Roman à lire !

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De multiples pistes et axes sont ici évoqués par l'écrivain sud - africain dans ce roman qui, selon l'éditeur, est le plus autobiographique ;
- l'Afrique du Sud à l'époque de l'Apartheid et les hésitations d'un jeune homme, Neville, qui sans vouloir trop s'engager de manière frontale à ce système raciste et racial, quant à ses études, ses choix professionnels et une quelconque orientation, va passer, sur les conseils de son père une journée avec un photographe renommé et un confrère journaliste. Cette journée mémorable sèmera dans son esprit la graine de la photographique à travers le choix au hasard de trois maisons et de leur habitant dont seules les deux premières seront effectivement prises en photo.
- alors que l'Apartheid se délite et que pour fuir la conscription, il s'exile à Londres pour de petits boulots puis la photographie mais en mode peu original et s'agite mollement contre cet état de fait. Neville ne pressentira pas cette imminence de chute, ce qui restera une ombre portée à sa conscience.
- de retour dans une société libérée mais encore très marquée par l'apartheid, Neville revient sur ses souvenirs, revoit ses amis, ses parents et s'oriente définitivement vers la photographie comme une art avec des thèmes et une ligne d'idée. C'est d'ailleurs le hasard et le retour sur cette troisième maison, le rendez-vous manqué dix ans auparavant et ses propriétaires qui donneront à Neville l'idée de mettre en scène et de réprésenter des objets spécifiques (boîte aux lettre artisanales, les lettres qui ne sont jamais parvenus à leur destinataire, pour cause de ségrégation.)

Longue marche en avant de Neville, de l'Afrique du Sud, de l'art de la photographie, des motivations du photographe d'art, retour à ses racines, ses occasion manquées et la part du hasard dans un destin.
Ecriture sobre et de qualité et parfaite retranscription de l'histoire récente de l'Afrique du Sud et de la cohabitation parfois difficiles entre blancs et noirs.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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critiques presse (1)
Liberation
23 octobre 2013
Double Négatif est un roman d’éducation paradoxal où il s’agit de prendre en compte le caractère à la fois précaire et négatif de toute éducation.
Lire la critique sur le site : Liberation

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