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EAN : 9782226322890
291 pages
Albin Michel (03/02/2016)
3.88/5   34 notes
Résumé :
La première chose que voit Leroy lorsqu'il sort du coma, c'est la photo d'une pin-up en bikini aux couleurs du drapeau américain. Une vision aussi nette que les sept années qui séparent son départ pour l'Irak de cet instant précis où il se réveille dans un établissement spécialisé. Lui qui avait oublié jusqu'à son nom pourra-t-il redevenir un jour celui qu'il a été ? Alors qu'il prend une terrible décision, son destin va bouleverser la vie de ceux qui gravitent auto... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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J'imagine que ça s'est passé comme ça : un matin Willy Vlautin se lève avec l'envie d'écrire un livre. En y réfléchissant pendant son petit déjeuner il se dit que non, finalement il a bien envie d'écrire deux livres. Il a envie d'écrire un livre un peu noir mais surtout hyper réaliste sur les petites gens et les petites choses de la vie de tous les jours. Il a envie aussi d'écrire un roman de science fiction trépidant, un roman d'anticipation en fait, avec de l'aventure, des poursuites, et de l'amour. Zut mais comment faire se dit-il en se brossant les dents ? Surtout que Willy Vlautin n'est pas un procrastinateur, non, il ne veut pas remettre au lendemain ni l'une ni l'autre de ses idées. La question le poursuit lorsqu'il quitte son appartement, salue le concierge et passage, achète son journal au petit kiosque au bout de la rue et traverse le parc pour gagner du temps. C'est seulement une fois arrivé à son arrêt de bus qu'il trouve la solution : il va écrire les deux livres en même temps. Donc voilà, il tient son idée, il n'y a plus qu'à la mettre en pratique. Il y pensera ce soir, en rentrant du bureau parce qu'il a bien conscience que ça ne va pas être simple, d'écrire deux livres en même temps, surtout quand on a déjà deux boulots en même temps. D'un autre côté, son boulot de nuit à la station service lui laisse quand même pas mal de temps pour cogiter et pourquoi pas pour écrire...
C'était difficile donc mais vous savez quoi ? Il l'a fait ! Avec cette Ballade pour Leroy Willy Vlautin nous offre un livre deux en un. Il a trouvé la bonne astuce en plaçant son personnage central dans le coma, ce qui lui permet de dissocier les deux univers : l'univers banalement triste de la réalité d'un côté, et d'autre part, l'univers délirant du cauchemar quasi perpétuel qui habite l'inconscient de Leroy.
Il y a de toutes petites zones d'interférences entre les deux univers qui correspondent aux moments où Leroy ouvre les yeux, retrouve un peu de conscience pour des instants qui se feront de plus en plus rares et qui font qu'il mêle parfois quelques informations provenant de la vie réelle à son délire.
Mais comment en est-il arrivé là au fait ? Leroy était soldat. Leroy a fait l'Irak. Leroy s'est pris une bombe artisanale en pleine face et Leroy revient au pays sous forme de légume. Fin de l'histoire. On n'en parle pas plus que ça dans le livre, ce n'est pas le propos, Vlautin ne donne pas dans le mélo, il ne veut pas spécialement parler de la guerre, par contre on comprend que des mecs comme Leroy, il y en a plein un peu partout aux états-unis, dans des instituts spécialisés, lâchés en plein nature ou alors croupissant au fond d'une prison. Durant ma lecture, j'ai souvent pensé à Yellow birds de Kevin Powers, un livre inoubliable qui nous dit un peu la même chose : la guerre, d'une manière ou d'une autre, on n'en revient jamais. Jamais entier. Jamais « comme avant ». Jamais tout à fait.
Fin du topo sur la guerre. Oui mais alors de quoi parle ce livre ?
Bonne question. Ce livre parle de tout et de rien, ou plutôt du rien qui devient tout, du rien que sont les petites histoires des petites vies des petites gens dans les petites villes et en même temps du tout que représente en réalité ce rien pour justement ces petites gens dont ces petites vies sont tout ce qu'ils ont. D'ailleurs, ça c'est valable pour tout le monde hein, une vie c'est tout ce qu'on a, c'est pas comme au flipper “same player shoot again”, mais ça vous le saviez déjà n'est-ce pas ?
Quand bien même, lisez ce livre, vous verrez, dans ces pages on croise plus que des personnages, on croise des personnes, des vraies personnes avec des vraies histoires et on finit par s'y attacher vraiment parce que c'est beau aussi la réalité rien que la réalité, le quotidien sans fard, la banalité grise dans laquelle on distingue parfois (heureusement) quelques étincelles de profonde humanité. Ce livre est là pour nous rappeler que, quelque part, nous sommes tous des Working class Hero...

Pour être tout à fait franche, si j'ai (beaucoup) aimé la partie réaliste du roman, j'ai beaucoup moins accroché avec le délire de Leroy qui prend de plus en plus de place et n'apporte pas grand chose à mon sens. Pas à cette dose en tout cas. Il n'empêche que globalement J'ai vraiment apprécié cette première rencontre avec monsieur Vlautin.
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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Avis de Grybouille (Chroniqueur chez Léa Touch Book) :

GROS COUP DE COeUR :

Grybouille en ballade avec Willy

Il y a des livres comme celui-ci qui vous habitent, qui restent en vous, pour lesquels il y aura toujours une place dans vos voyages intérieurs, là au fond de nous lecteurs (trices).

Il y aura ceux qui l'auront lu et ceux qui en entendront parler, pas la même chose assurément…

Ballade pour Leroy, c'est un voyage immobile pour Leroy dans un monde qui continue son mouvement. Tout autour de ce jeune meurtri, en souffrance, la vie continue.
Des vies de gens comme vous et moi qui chacun avec leur vécu se battent tous les jours pour rendre leur avenir meilleur.
Ici pas de cascade, pas de « bling-bling », pas de sensationnel, que de la sincérité, de l'émotion, une énorme découverte qui aurait manqué au p'tit Duc s'il était passé à coté.

Willy Vlautin, un inconnu pour moi avant ses 304 pages m'a retourné… La traduction est au diapason, un binôme qui s'est trouvé pour notre plus grand bonheur livresque.

L'histoire, WWHHHAAAAOOOOOOUUUUUUUUU……
Il fallait vraiment avoir de l'imagination pour sortir de l'ornière de l'histoire du jeune soldat blessé au combat qui revient polytraumatisé d'un lointain théâtre d'opération et qui sept ans après son retour lors d'un moment de lucidité, prend une terrible décision, la sienne…

La froide simplicité des choses.

Un voyage se met en place en compagnie de celle qui est tout pour lui, Jeannette avec qui il a tout partagé, comme la lecture et oui, la lecture comme nous !

Certains personnages,

Jo, adolescente perdue, prise en charge par de jeunes hommes qui profitent d'elle. Veut-elle vraiment être sauvée ?
Mr Flory, entouré des siens, « …Même maintenant alors que je sais que je vais mourir, je n'y crois toujours pas. »
Pat Logan, fils qui hérite d'une société dont il laisse la charge à plus compétent mais jouit des dividendes, un furoncle sur un corps sain.
Freddie Mc Call, le courage à l'état pur, le don de soi, la classe, foi de p'tit Duc…
Darla Kervin, la maman de Leroy, « Une petite amie n'est pas censée s'occuper jusqu'à la fin de ses jours d'un homme qui…C'est le rôle d'une mère… »
Jeannette, un Amour sans faille, éloignée, proche, toujours en symbiose.
Pauline, et Donna son lapin, infirmière d'un jour infirmière toujours… Son père lui dit « Merci »
Mora, serveuse, enfin beaucoup plus qu'une porteuse de nourriture.
Et Leroy, notre maître de cérémonie…

Une phrase qui m'habitera pour toujours car bien avant de lire ce livre j'ai souhaité de toutes mes forces d'oiseau à plumes que tous ces mots collés ensemble soient la clé, la vérité ultime, car le hasard n'existe pas : « … Parce qu'en mourant je me fondrai en Toi. Je ferai partie de Toi. »
Maintenant il nous faut trouver qui est le Toi, le premier qui le trouve le dit aux autres.

Merci à Mr Willy Vlautin,

Grybouille vous laisse à vos choix mais si vous ne le lisez pas, j'appelle l'oncle Jeff !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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« Trois jours plus tard, une femme blonde qui travaillait pour une agence immobilière se gara devant chez lui. Elle prit des photos depuis le siège conducteur puis sortit et alla frapper à la porte. Freddie l'invita à rentrer et lui fit faire le tour de la maison. Il lui dit qu'il avait refait la cuisine pour sa mère, fabriqué les placards dans le garage d'un voisin et carrelé et peint la pièce pendant que ses parents étaient partis en croisière. Puis il avait posé les placards, un nouveau plan de travail, et installé une cuisinière et un lave-vaisselle neufs. La femme prit des photos et Freddie l'emmena au salon et dans la salle à manger où il avait lui-même posé les boiseries en sapin et le parquet en chêne. Il lui montra le cellier qu'il avait transformé en bureau pour sa femme. Il y avait posé une fenêtre, des placards et des étagères, et il avait fabriqué un bureau avec le bois entreposé par son grand-père dans le garage.
La femme ouvrit les placards et les armoires, descendit au sous-sol et jeta un coup d'oeil à la salle de bains. Une fois la visite terminée, elle se chauffa près du feu. le prix de l'immobilier avait chuté en l'espace d'une année, expliqua-t-elle, mais elle était sûre de pouvoir vendre la maison. Comme Freddie était incapable de la regarder, elle lui demanda s'il était toujours prêt à la vendre. ''Oui'', se contenta-t-il de répondre. Alors ils s'installèrent à la table de la cuisine et remplirent les documents nécessaires. »

La violence discrète de cette scène est identique à celle que subissent des millions d'individus à travers le monde aujourd'hui. Il s'agit en l'occurrence de Freddie, l'un des personnages principaux du dernier roman de Willy Vlautin, Ballade pour Leroy.
Vous voyez le type qui raconte les multiples vies de sa maison, hypothéquée par deux fois, la vie des parents, la sienne, celle de la famille qu'il a bâtie par la suite entre ses murs. Vous l'entendez parler de la valeur inestimable de tout ce qui a été créé à l'intérieur de cette maison par la force de ses bras, dans le but de faire plaisir au siens. Valeur qui ne fait pas le poids devant la « chute des prix de l'immobilier », mots couverts par le crépitement des flashs de l'appareil photo que l'agent interpose entre lui et l'histoire que lui raconte ce « bien à vendre ».
Freddie n'est pas un marginal. C'est un individu comme vous et moi qui marche sur le fil et que le moindre imprévu peut faire basculer. Son imprévu à lui, des factures médicales. En lisant le bouquin vous comprendrez pourquoi. Il cumule donc deux boulots, vendeur chez Logan's Paint en journée, veilleur de nuit dans un foyer pour handicapés mentaux en suivant.

C'est dans ce foyer que Leroy atterrit après six mois d'Irak et combien d'autres mois de réparations inefficaces sur son corps à jamais cassé. Il avait rejoint la National Guard en pensant pouvoir se rendre utile sur le sol américain, sa brigade a été déployée en Irak. Un moment de lucidité, une nuit, au foyer, un espoir : se tirer, tirer sa révérence. Mais il se rate. Désormais, entre Logan's Paint et le foyer, Freddie trouvera encore le temps pour visiter son ancien patient à l'hôpital du comté.

Ce que Freddie ne saura jamais, tout comme Darla, la mère de Leroy ou Jeanette, sa copine, c'est que Leroy s'était désormais retranché dans un monde dystopique, son cerveau tournant sans discontinuer pour l'aider à échapper aux « hommes libres ». Sous l'effet de la morphine, Leroy est peut-être plus lucide que jamais et ses hallucinations sont incroyablement, horriblement... envisageables.

Il y a une douceur, une tendresse dans la façon dont Willy Vlautin accompagne ses personnages, que j'ai rarement vues ailleurs. On a l'impression de le deviner, lui, sous les traits de la grosse Mora, auprès de qui Freddie vient chercher tous les matins des donuts. « Tu as l'air fatigué » devient plus tard « Je suis désolée de te le dire, mais tu as de plus en plus mauvaise mine. Je me fais beaucoup de souci. » et une trentaine de pages plus loin, lorsque Freddie craque, « Mora contourna le comptoir, s'approcha de lui et le prit dans ses bras. Elle sentait les donuts et le savon parfumé, elle était douce et son corps réchauffa Freddie, qui ferma les yeux... »
Chaque personnage est source d'empathie pour un autre, chacun d'entre eux trouve des ressources au-delà de sa solitude et des misères du quotidien pour tendre une main.

Pauline. Infirmière de nuit de son état elle vit seule (avec un lapin), s'occupe de son père qui a complètement levé le pied, s'autorise de temps à autre une cuite en solitaire et veille sur chacun de ses patients comme s'ils étaient ses propres enfants. Pauline est un ange, comme il y en a plein, des invisibles. Lorsqu'une gamine fugueuse, abusée et paumée arrive dans son service, Pauline veut la sauver.
« Elle s'était toujours battue pour que sa vie professionnelle n'empiète pas sur sa vie privée. Au début, il arrivait parfois que ses patients la hantent. Qu'ils la dévorent et que leurs vies s'entremêlent. Il lui avait fallu des années pour construire un mur autour d'elle, et pourtant il lui arrivait encore de devoir batailler. Mais elle se ressaisissait très vite. Cependant, Jo lui faisait vraiment penser à elle et à ce qu'elle avait éprouvé au même âge. Elle aussi s'était sentie seule, de trop, privée de voix, et bonne à rien. »

A moins que vous viviez sur une autre planète ou que vous soyez parfaitement imperméables au monde qui vous entoure, ce roman vous touchera par la grâce et la dignité avec laquelle il rend justice aux gens qu'on n'entend pas. Rendre justice dans le sens donner des visages, des vies, donner la parole. Freddie, Leroy, Pauline, Jo, Darla, Jeanette, tant et tant de visages perdus dans la nébuleuse d'une société mortifère, tant de visages et de vies qui tiennent debout et qui brillent de leur propre lumière.

A voir aussi l'entretien avec l'auteur sur le site des Nyctalopes :
http://www.nyctalopes.com/category/entretiens/

Ballade pour Leroy, Willy Vlautin, Traduction Hélène Fournier, Ed. Albin Michel 2016


Publié sur le site Unwalkers

Lien : http://lavistelquilest.blogs..
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Après 7 années de brouillard, Leroy recouvre une lucidité qu'il avait oubliée. Il réalise qu'il est dans un établissement spécialisé, privé de l'usage de ses membres et de la parole. Il se souvient que c'est son engagement militaire qui est à l'origine de son état, de l'accident qu'il a vécu en Irak. Cette lucidité recouvrée l'emmène vers un point de bascule. A ses côtés, d'autres vacillent : un gardien de nuit, une infirmière, sa mère qui doit lutter au quotidien. Ce sont ces gens qui vont écrire, pour Leroy, une ode à la vie malgré les noirceurs qu'elle peut réserver.

« Ballade pour Leroy » est un roman écrit par l'américain Willy Vlautin. Il dépeint les oubliés du rêve américain, ceux qui, non contents de cumuler plusieurs emplois, voient leurs dettes croître sans fin jour après jour. Roman de la désespérance ? Willy Vlautin décrit des êtres courageux, chevillés à la vie, à un espoir malgré la noirceur, des êtres qui savent poser un regard lucide et bienveillant sur le monde et les autres. L'auteur semble au diapason de ses personnages tant on retrouve cette bienveillance dans leur portrait. Il ne sombre jamais dans le pathos mais décrit chaque protagoniste par petites touches et avec tendresse. Malgré leurs travers, on peut trouver chacun attachant tant il est humain et semble proche de soi.
Au milieu de ceux qui travaillent, qui parlent un peu malgré le labeur, il y a Leroy et son jeune corps délabré, sans voix, mais rempli d'une douleur qui ne trouve d'exutoire que dans le rêve. Quand le réel est trop insupportable, Leroy s'enfuit dans sa tête et se conte des fictions qui s'entremêlent à sa vie d'avant, celle de la liberté d'un corps sain, amoureux et rempli de projets.
Cette ballade pour Leroy est belle, puissante, mais reste douloureuse tout du long. C'est une longue complainte pour la vie envers et contre tout, entre joie du présent malgré les épreuves et litanie triste des pertes égrenées au fil de la vie.
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Ballade pour Leroy.
Willy VLAUTIN

Le soldat Leroy est sagement dans son lit au centre spécialisé pour handicapés où il a échoué après avoir été blessé en Irak.
Mais il a réappris à marcher ce qui lui laisse la possibilité de sa tentative de suicide.
Cette dernière est ratée, il est toujours vivant mais inconscient alors que ceux qui l'entourent vivent ou essaient de survivre.
D'abord Freddie, le gardien de nuit du centre qui le trouve juste après sa tentative de suicide.
Freddie est un homme d'âge mur qui cumule 2 jobs pour payer les factures des interventions chirurgicales de sa fille qui vit loin de lui depuis le divorce.
Freddie est d'une humanité touchante, rendant visite à Leroy et faisant de son mieux dans tous les domaines.
Ensuite Pauline, l'infirmière de l'hôpital où est Leroy.
Elle s'occupe de lui, discute avec sa mère, tente de sauver une de ses patientes adolescente et paumée.
Et quand sa journée est terminée elle prend en charge son propre père à la personnalité difficile.
Darla la maman de Leroy qui continue à lui lire de la SF chaque jour, les amies de Pauline, le patron de Freddie…

Un très beau roman sur l'humanité des gens qui vous entourent.
Leroy n'est vraiment pas seul même s'il reste emmuré dans sa tête où se joue de drôles de scénarios.
La particularité de ce roman tient à cette double histoire : celle de la vraie vie extérieure et celle imaginaire de la vie intérieure de Leroy.
Cette histoire dans l'histoire est surprenante (et pas très interessante à mon sens) mais chaque personnage de ce roman est un diamant à l'état brut.
On y entrevoit aussi le sort des soldats brisés par la guerre.
Un Willy Vlautin très réussi
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Tout le monde n’était pas censé devenir soldat, tout le monde n’était pas détruit par la guerre. Ils nous ont expliqué que cette injection sauverait ceux qui seraient à jamais marqués par la guerre. On leur ferait une piqûre, et si la marque apparaissait alors ils ne seraient pas obligés d’aller se battre, ils seraient exemptés. Mais il y a eu d’autres guerres et les gens ont commencé à protester. Ils ont alors voulu dépister de plus en plus de monde et, là où nous vivions, ils ont fait une piqûre à tous les habitants. Nous savons maintenant que c’est une expérience visant à faire le tri entre ceux qui pensent et ceux qui sont soldats. Entre ceux qui ne sont pas faciles à manipuler et les autres. Entre un mauvais citoyen et un bon. Mais, à l’époque, on ne comprenait pas grand-chose, on pensait juste qu’ils essayaient de faire quelque chose de bien.
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Il ne savait plus ni parler ni marcher. La vie qu'il avait connue n'existait plus. Ce Leroy Kervin-là n'existait plus.
Le nouveau Leroy Kervin ne reconnaissait pas les gens qu'il venait à peine de rencontrer. Aussitôt il s'agitait et broyait du noir. Frustré, il jetait ce qu'il avait sous la main avant de fondre en larmes. Il lui fallut des mois pour réapprendre à marcher, des mois avant de pouvoir tenir à nouveau une fourchette, et il avait toujours du mal à parler et à gérer ses émotions. Il n'y eut pas de guérison miraculeuse pour le nouveau Leroy Kervin
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Des années plus tôt, après ses études secondaires, il s’était retrouvé au chômage. Au début, ça ne l’avait pas inquiété mais on lui refusait tous les emplois auxquels il postulait. S’il voulait travailler, il allait devoir déménager dans une autre ville. Mais il fut appelé sous les drapeaux, la guerre du Vietnam battait son plein à l’époque. En un sens, ça l’avait soulagé. Il allait au moins avoir un travail et de l’argent. D’après l’ordre qu’il avait reçu, il avait trois mois pour se présenter. Son père l’avait alors pris à part et lui avait dit qu’il ferait bien d’aller découvrir le monde au cas où il serait tué au Vietnam.
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J'ai l'impression qu'il était toujours content de me voir. C'est une sacrée chance de connaître quelqu'un qui est content de vous voir, qui est presque soulagé de vous voir. Ça n'arrive pas très souvent et ça fait beaucoup de bien.
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Il se rappela soudain les longs mois pendant lesquels, dès qu’il fermait les yeux, il avait l’impression de se noyer dans la boue. Ces périodes où ses pensées n’étaient que frustration et violence. Ces journées où, dès qu’il entendait une porte s’ouvrir ou se fermer, il était persuadé qu’on venait le tuer. Cette peur l’anéantissait, et quand elle disparaissait il était à nouveau dans le cirage et ne se rappelait plus rien. Puis tout recommençait. Sa vie se réduisait-elle à ça ? Ce moment de lucidité n’était-il qu’une illusion, une farce ? Il savait qu’il allait très probablement fermer les yeux et succomber au sommeil, que la lucidité disparaîtrait et que la colère, les idées noires et la confusion reviendraient.
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