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EAN : 9782940628674
336 pages
Editions des Syrtes (03/09/2020)
4.06/5   8 notes
Résumé :
A cinquante ans, Gleb Ianovski, guitariste de renommée mondiale, apprend qu’il est atteint de la maladie de Parkinson. Lorsqu’il fait la rencontre de Nestor, un célèbre écrivain, celui-ci lui propose d’écrire sa biographie. Les deux hommes se retrouvent dès lors régulièrement pour des entretiens portant sur la trajectoire de Gleb. C’est ainsi que se nouent les fils d’une histoire dans laquelle alternent deux voix. Celle d’un enfant en Ukraine, qui aime la musique et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Brisbane, une ville d'Australie, “Dans notre famille on pensait que là-bas, c'est le paradis”. La famille c'est Fiodor, ukrainien, sa femme Irina, russe, la grand-mère maternelle Antonina Pavlovna et Gleb le fils, notre protagoniste, devenu quarante ans plus tard musicien mondialement acclamé. La rencontre sur un vol Paris-Leningrad de l'écrivain russe Sergueï Nesterov qui lui propose d'écrire sa biographie va lui donner l'occasion de remonter le cours de sa vie, alors qu'une rude Épreuve l'attend au tournant de son existence.

Alternant les années 70 de son enfance en Ukraine racontées à la troisième personne du singulier, rapportées par Nesterov, et les années 2012 et plus, où il est le narrateur, Gleb Ianovski devenu musicien de renommée mondiale, parcourant le globe, nous plonge dans un récit emmitouflé dans la musique. Étonnant parcours, d'une enfance ukrainienne compliquée, dorlotée par une mamie aimante et intelligente, une maman souvent absente et un papa remarié, où la musique va s'ingérer doucement, à une vie de musicien virtuose adulé, marié, mais non moins compliquée à Munich, quarante ans plus tard. Face à l'Épreuve, Gleb va y opposer une puissante volonté de vivre, puisant sa force dans un passé et un présent où la parole remplacera la musique pour vaincre la peur de ce qui nous attend tous, "Gleb prit conscience que la mort ne mettait pas seulement fin à une belle vie : elle rendait absurde ce qu'on avait déjà vécu et atteint."..... Absurde, oui , et pourtant...

Vous en raconter plus serait gâcher ce récit intéressant, à l'humour discret mais subtil, à la très belle prose concise et délicate, où chaque mot est à sa place. Les personnages sont nombreux et haut en couleurs, les anecdotes sans exception interessantes avec de nombreux rebondissements et de belles réflexions qui sont au coeur du livre, sur la précarité de la Vie et la crainte de la mort, dont celles de Mefodi, le grand-père de Gleb, ".....du point de vue de l'éternité il n'y a ni temps ni direction. Donc la vie n'est pas un moment du présent, mais tous les moments que tu as vécus.....l'avenir..en vérité il n'existe pas.....c'est un monceau de rêveries. Ou, encore pire : d'utopies : pour les réaliser on sacrifie le présent."
Un auteur déjà connu sur Babelio, mais dont je croise la route pour la première fois, mais non la dernière. Un livre de la rentrée littéraire à conseiller à tous les curieuses et curieux de la Littérature Russe Contemporaine. Un beau roman avec une fin touchante et un post-scriptum surprenant.


"......rien ne prolonge aussi efficacement la vie que le sentiment d'être utile."
"La musique idéale- c'est le silence."
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Editions des Syrtes pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération Masse critique.

C'est le deuxième livre que je lis d'Evgueni Vodolazkine. J'adore son écriture et sa façon de raconter une histoire. Dans L'aviateur c'était celle d'Innokenti Platonov, ici c'est celle de Gleb Ianovski.

Gleb est un guitariste de renom mais la maladie de Parkinson va mettre un terme à sa carrière. C'est à ce moment qu'il va rencontrer Nestor un écrivain qui va lui proposer d'écrire sa biographie. Nous avons donc en parallèle la vie passée de Gleb (qui commence en 1971) et son présent (à partir de 2012). Les deux choses les plus importantes, étant donné que le futur n'existe pas : « L'avenir c'est un monceau de rêveries.»

Gleb est Russe par sa mère et Ukrainien par son père. Ce qui a son importance vu qu'au cours de l'histoire, l'Ukraine va obtenir son indépendance (1991). Être Russe ou Ukrainien, ce n'est bien sûr pas la même chose.

Enfant il va d'abord suivre des cours de domra à l'académie de musique ainsi que les terrifiants cours de solfège. L'auteur le compare au Hollandais volant, j'ai trouvé cela fort à propos.

Pour info, la domra est un instrument à cordes russe de la famille des luths :

https://www.youtube.com/watch?v=VdbpRqLc0Ss

La vie en Russie est particulière avec ses règles parfois un peu absurdes vues de l'ouest, mais j'ai beaucoup aimé ces tranches de vie russe. de voir comment le Gleb du passé est devenu celui du présent…

« A mesure que s'écoulaient les années le passé lui semblait quelque chose d'improbable, sans aucun lien direct avec lui. »

Dans le présent, Gleb va croiser le chemin de Vera, une très jeune pianiste qui a besoin d'une transplantation hépatique. Avec sa femme Katia, Gleb va la prendre sous sa protection car la mère de Véra a dû être internée. Elle va bouleverser leur vie.

Vers la fin (après l'opération) tout part en vrille.

Quand on lit un roman, on aime bien avoir une fin qui a du sens avec éventuellement une « morale de l'histoire ». Mais qu'en est-il dans la vraie vie ? Les choses ont une fin et puis point.

Les dernières lignes sont déconcertantes… je n'ai pas compris à quoi cela faisait allusion ?

Quoi qu'il en soit, dans l'ensemble j'ai trouvé ce roman excellent et Vodolazkine est un auteur que je vais suivre avec attention.
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Evgueni Vodolazkine est chercheur à l'académie des sciences, spécialiste de la période médiévale. Mais Il est aussi attiré par la littérature car dit-il : « L'homme est un être non seulement rationnel, mais aussi émotionnel. Pour l'étudier, de mon point de vue, il n'y a que la littérature ». Dans cette voie il semble réussir en 2012 il a publié « Les quatre vies d'Arseni » qui fut récompensé par le prix prestigieux de « Bolchaïa Kniga »

« Brisbane » nous relate la vie de Gleb Ianoski un virtuose de la guitare. Gleb 50 ans, apprend qu'il est atteint de la maladie de Parkinson pour lui c'est la fin de sa carrière. Comment accepter ? Comment vivre avec ? Dans un avion, il rencontre l'écrivain Nestor qui lui propose d'écrire sa biographie, il accepte.
le roman se déroule sous deux époques : la jeunesse de Gleb à Kiev en 1972… et l'autre ancrée dans le présent 2O12-2014 de Kiev à Munich en passant par Saint Pétersbourg. Ces deux époques s'entrecroisent en va et vient constant, et, au final, convergent.
Ainsi, en toile de fond, nous balayons l'histoire de l'URSS avec sa chute en 1992, et celle de l'Allemagne avec la chute du mur de Berlin. Evgueni Vodolazkine conte par petites touches la situation dans son pays, au travers de la rencontre de divers personnages. Ces portraits finement campés sont savoureux et brossés avec une fine pointe d'humour.
« Brisbane » est un roman d'une force inouïe où Vodolazkine nous parle harmonieusement du sens de la vie où l'amour, la maladie, et la mort sont au centre du roman. Evguéni nous distille des pensées philosophiques profondes. C'est tout de même un livre noir, un livre sombre. Heureusement il y a aussi de la beauté, ce roman est un concert symphonique, une ode à la musique où chaque mots a une sonorité, chaque note une valeur curative. La musique est là pour transcender la vie ! L'ambiance est très particulière toute la vie est concert, on ne peut qu'être touché par la sensibilité musicale qui se dégage de ce roman ! C'est simplement beau et harmonieux.
Je terminerai par le titre du roman Brisbane ? Un ailleurs … lointain … une fuite vers un rêve qui chante à l'oreille ? Pourquoi ?


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Première fois pour moi à la découverte de la Littérature Russe grâce à la Masse Critique de Septembre. Je remercie Babelio pour l'organisation de cet évènement et ma sélection ainsi que les Editions Des Syrtes pour l'envoi de ce roman riche en émotions : Brisbane d'Evgueni Vodolazkine.

Brisbane, c'est l'histoire de Gleb Ianovski, la cinquantaine, guitariste virtuose, né à Kiev en Ukraine dans les années 1970. En 2012, il rencontre Sergueï Nesterov dit Nestor, écrivain qui lui propose d'écrire sa biographie. Une énième biographie de ce célèbre guitariste ? Non, Nestor lui propose de parler de sa vie à lui, celle qui lie le musical à l'humain. Gleb, qui est à un carrefour de sa vie et va être confronté à des moments de doutes et d'épreuves, accepte finalement cette collaboration. Commence alors un discours à deux voix : l'enfance en Ukraine de Gleb dans les années 1970 est rapportée par Nestor à la troisième personne du singulier et celle du Gleb d'aujourd'hui (années 2010 et plus), entre Munich et Saint Pétersbourg par Gleb lui-même.
L'enfance de Gleb est marquée par les liens familiaux, notamment son point d'attache principal : sa grand-mère Antonina Pavlovna et bien sûr par la découverte de la musique et son pouvoir sur le quotidien difficile des années 1970 en Ukraine. Dans les années 2012, devenu guitariste célèbre et voyageant de concert en concert Gleb nous dépeint pourtant un quotidien incertain et qui va se compliquer… malgré la musique.

A travers une écriture subtile et toujours juste, Evgueni Vodolazkine nous entraine dans le quotidien d'un homme qui voit son quotidien bouleversé du jour au lendemain et qui cherche à s'accrocher à la vie par la musique puis par la parole. Par peur des lendemains, de la finalité et de ne plus être celui qu'on était. La musique est l'un des thèmes majeurs du livre, mais la musicalité résonne également dans chacune des pages de ce roman, telle une partition créant un air de chanson et les paroles traduisant la vie de Gleb. de nombreux personnages font leur apparition au fil du roman, mais il est toujours facile de les situer et de les identifier, et tous ont leur place dans l'histoire de Gleb. L'auteur ne manque pas non plus de nous faire réfléchir notamment à la vie dans les années 1970 et les relations entre Ukraine et Russie.
Seul petit bémol à mon sens, la 4e de couverture donne un peu trop de détails sur le déroulement du livre et amène quelques longueurs dans la première partie de l'histoire. Toutefois la prose aiguisée de l'auteur nous donne très vite envie de continuer à découvrir la suite et de tourner les pages.

Ce livre fut une belle découverte et m'a donné l'envie de découvrir un peu plus les oeuvres de cet auteur ainsi que la prose d'autres auteurs russes.
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Ne vous fiez pas au titre : ce roman ne se passe pas à Brisbane.
Fiez-vous à la sonorité du nom de son auteur : il est bien question de Russie.

Mais pas seulement. Il est question d'Ukraine, de musique, d'amour, de mort.
Un cocktail littéraire qui m'a attirée a priori et qui a tenu ses promesses. C'est beau, c'est triste, c'est russe. Un accord parfait, au sens littéraire et musical.
Car ce livre est une mélodie. Un de ces airs qui vous rappelle des moments de nostalgie, de bonheur d'enfance.
Ce roman est aussi musical que le Parfum de Suskind est odorant.
La langue est belle et met en scène admirablement la vie de son personnage principal en miroir entre son enfance et le début de sa maladie.
Et on l'apprécie de cet artiste la manière dont il aborde sa vie.
Il apprivoise la musique de tout son être.
Il apprivoise la souffrance avec sobriété et dignité.
Il apprivoise la mort en lui opposant l'éternité du beau.
Il apprivoise le quotidien pour qu'il ne devienne pas un fardeau.

Un tout petit bémol toutefois : une certaine culture musicale (classique) et en littérature russe, peut aider à comprendre les émois de Gleb. D'ailleurs cela m'a redonné envie d'écouter quelques pépites.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Les pages sont des portées. Suggestion d'accompagnement musical : Peer Gynt de Grieg, et non indiqué dans le livre, mais ma recommandation personnelle : Concerto pour piano N°3 de Rachmaninoff.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Il était avec sa grand-mère dans une loge du premier balcon, et deux étages plus haut Sergueï Petrovitch Brovarnik, un professeur de piano de l’école de Gleb, était couché par terre. Il considérait que pour écouter de la musique il fallait être déconnecté non seulement du monde extérieur, mais de son propre corps. Il arrivait au théâtre avec un drap et l’étendait sur le sol du dernier balcon, derrière le dernier rang de fauteuils. Il s’allongeait sur le drap et fermait les yeux. Il ne ratait aucun spectacle. Ayant pris goût à l’opéra, Gleb y voyait assez souvent Sergueï Petrovitch.......Sergueï Petrovitch resta pour Gleb l’exemple du dévouement sincère à la musique.
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Restaurant Aumeister. C’est l’heure inquiète où la canicule cède à la fraîcheur. Une feuille de marronnier se pose sur notre table, à Nestor et à moi, comme une paume aux doigts écartés. Je la plante dans la bouteille d’eau minérale. Je coupe le saucisson bavarois que j’accompagne en buvant de la bière.
—Pour toi, l’écrivain : Thomas Mann aimait venir ici.
—Quel souvenir a-t-il laissé ?
J’appelle un garçon :
—Quel souvenir Thomas Mann a-t-il laissé ici ?
Il jette un bref regard à la bouteille. C’est un reproche muet : on peut ne pas boire l’eau qu’il a apportée, mais des feuilles… ça, quand même…
—Je ne suis pas là depuis longtemps, Herr Ianovski, je ne connais pas tous les clients par leur nom.
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La déclinaison du substantif pout –la voie, le chemin. C’était le titre d’un paragraphe dans le manuel de russe édité pour les écoles ukrainiennes. On y comparait les formes de ce mot, presque identiques dans les deux langues. La principale différence est le genre grammatical. En ukrainien, le mot est féminin. Un jour Gleb demanda à son père comment il se faisait que c’était « la » pout. Fiodor répondit : C’est parce qu’elle est comme une femme, douce et caressante, alors que « le » pout russe est dur, pas adapté à l’existence. C’est pourquoi nous ne pouvons pas faire route commune.
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Elle tombait à pic car ce matin-là, en classe, on leur avait dicté la liste des lectures de russe à faire à la maison : elle comprenait la nouvelle de Vsevolod Ivanov, Le Train blindé 14-69. Bdjilka, qui écrivait lentement, n’avait pas eu le temps de noter le numéro du train et après la classe il était allé trouver la maîtresse pour le préciser. Il y avait danger : l’élève risquait de lire une nouvelle sur un train portant un autre numéro.
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Rien n’existait plus que ce sentiment brûlant et indéfinissable envers Léna, qui l’avait envahi d’un coup, débordé, et l’avait fait rougir. Haine, douleur, honte, amour ? Tout à la fois ? Gleb ne quittait pas Lena des yeux (…) elle raconta la pièce et mit le disque. A « La mort d’Aase » ses yeux s’emplirent de larmes. Pendant « La danse d’Anitra » elle se mit à diriger imperceptiblement du bout des doigts. C’était un peu « La danse de Lena ». La danse, non, juste l’ombre d’une mimique, et à cause de cela c’était terriblement sensuel. Lena. Sa peau brune, ses cheveux aile de corbeau. Une princesse du désert. Elle leva un doigt : vous entendez ? les violoncelles et les contrebasses jouent en pizzicato – Quelle merveille ! Ses doigts firent le mouvement de pincer. Un ravissement. (…)
A la fin du cours elle lui demanda de rester… elle lui rectifia le col de sa chemise. Le doigt de Lena glissa doucement sur sa joue et une armée de fourmis commença à descendre le long de sa colonne vertébrale … Depuis lors la musicologie fut sa matière préférée.
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Video de Evguéni Vodolazkine (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evguéni Vodolazkine
Dans son "Histoire de l'Île" Evgueni Vodolazkine casse les codes de la chronique historique et donne à réfléchir sur les manières multiples dont L Histoire peut être tronquée, revisitée, retranscrite. Voici comment il parle de la genèse de son roman.
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