Premier roman de l'auteure allemande
Katharina Volckmer, ce monologue débridé à l'humour provocateur connaît un succès incroyable depuis sa publication en anglais en 2020 (sous le titre plus neutre "The Appointment"). Salué par tous les grands médias, retenu dans les listes des meilleurs romans de l'année, "
Jewish Cock" est aujourd'hui traduit en quinze langues et suscite l'admiration de certains… mais aussi l'indignation de beaucoup de lecteurs.
Une jeune femme monologue alors que son médecin s'affaire entre ses jambes écartées, pour une opération dont il est impossible de préciser ici la nature, tant son lent dévoilement entre dans le plaisir du texte. Cette jeune femme trentenaire confie ses fantasmes, ses colères, ses souvenirs, ses obsessions. Noyés dans une logorrhée – sans interruption - elle raconte aussi son enfance, ses amours, une vie d'exil à son pays comme à elle-même.
Née en Allemagne, installée à Londres, elle a quitté sa langue maternelle et son pays comme on fuit des démons, pour finalement mieux les affronter. Elle parle de son psy qu'elle adore choquer en lui racontant ses fantasmes nazis, de M. Shimada qui crée des sex-toys, de son ex anonymisé derrière la lettre K, un peintre marié et obsédé par le deuil qu'elle a rencontré dans des toilettes publiques.
Véritable monologue expiatoire, "
Jewish Cock" aborde ainsi l'ensemble de codes de conduite qui régissent encore le corps des femmes, la dictature de la beauté, la misère sexuelle des grandes villes, l'emprise de la religion et la reproduction des rôles genrés induite par le rapport mère-fille.
On comprend progressivement pourquoi cette femme est allongée face à son gynécologue, dont elle ne voit que le sommet du crâne. La levée progressive du secret qui entoure cette intervention médiale est plutôt bien pensée/construite mais avant de découvrir la raison mystérieuse, il faudra résister à l'écriture logorrhéique qui risque d'épuiser plus d'un lecteur.
Il est également important de préciser que nous sommes ici face à un humour "trash", délibérément cru et provocateur, sans être jamais désopilant.
En conclusion, malgré une quatrième de couverture prometteuse et novatrice, le texte est surtout transgressif et provocant. Il s'agit en réalité d'une accumulation de délires et fantasmes polémiques face auxquels il est facile de s'y perdre et de décrocher... en dépit d'une révélation finale surprenante !
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