Un jour, dans son atelier, je lui avais apporté un tableau. Un tout petit morceau de papier s'étant détaché du paquet que je dépliais, Degas de s'élancer pour le saisir. Il retrouva le "confetti" dans la rainure du plancher et le jetant dans son poêle. «Je n'aime pas le désordre. »
Alors Degas: de temps en temps, en voyage, je mets le nez à la portière du wagon. Et, sans même sortir de chez soi, avec une soupe aux herbes et trois vieux pinceaux piqués dedans, est-ce qu'on n'aurait pas de quoi faire tous les paysages du monde? C'est comme mon ami Zakarian, avec une noix, un grain de raisin et un couteau, il en a pour travailler pendant vingt ans en changeant seulement son couteau de place ... Et Rouart qui faisait l'autre jour une aquarelle au bord d'un précipice! Voyons, la peinture, ce n'est pas du sport !
C'est presque un lieu commun, la "haine" de Degas pour la femme. Personne, au contraire, n'a autant aimé la femme, mais une espèce de pudeur où il y avait comme de la peur l'éloignait des femmes; c'est ce côté (janséniste) de sa nature qui explique cette sorte de cruauté qu'il mettait à représenter la femme occupée aux soins de sa toilette intime.
Un autre lieu commun quand on parle de Degas, la "rosserie" de ses mots. On n'a pas voulu voir le côté "sensible" de sa nature.
On peut penser, étant connue l'antipathie de Degas pour les fleurs, à quel point ces sorties en omnibus lui étaient désagréables les dimanches en été, avec cette "rage" des Parisiens de rapporter des bouquets de la campagne. Degas faisait ces jours-là sa «promenade hygiénique» au milieu de touffes de lilas et de roses. Il me disait un jour le bien-être qu'il avait éprouvé d'une promenade en voiture découverte à la campagne, le bon air qu'on respire.
Cézanne. Portrait d'Auguste Ambroise Vollard