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Citations sur Black village (14)

Très lentement, Goodman fit de la lumière. Il avait sur lui des poudres et des graisses qu’il avait transportées depuis plusieurs années au fond de ses poches, les protégeant de la pluie et de la poussière et jamais ne les échangeant contre de la nourriture même dans les cas de faim extrême. Il les avait préservées du naufrage en prévision de ce moment où l’obscurité ne nous serait plus supportable, et depuis le début du voyage des années plus tôt, il nous en parlait.
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Un moment, pour nous, cela pouvait représenter plusieurs minutes, ou quelques semaines, ou encore nettement plus.
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Ce soir-là, Gavadjiyev avait entendu l'entrée et l'installation de ces trois spectateurs, et, durant toute la durée de la représentation, il avait spéculé avec plaisir sur les effets du bouche-à-oreille qui ne manquerait pas d'attirer bientôt vers le théâtre de nouveaux amateurs. Il avait apprécié le fait que ces trois hommes fussent restés sans bouger, faisant preuve d'une belle qualité d'écoute. Toutefois, à la fin de la séance, il avait été un peu refroidi par l'absence d'applaudissements, et, une fois les lampes de la salle rallumées, il avait dû accepter la réalité : le public n'avait pas survécu.
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Il y avait si longtemps que nous cheminions sans lumière que l’idée même de posséder une physionomie ressurgissait en nous comme une constatation brutale, d’une obscénité qui nous terrifiait.
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Motus, moritori était une pièce écrite par Gavadjiyev pendant des journées d’intense cafard. Il l’avait composée au milieu des ruines et dans la fumée des incendies qui persistaient alors que pourtant tout s’était effondré, alors qu’il ne restait plus ni maisons, ni habitants, ni civilisation à brûler. Si des critiques avaient survécu, sans doute auraient-ils reproché à l’auteur quelque chose comme un pessimisme trop caricatural et un manque de foi dans les capacités de l’humanité à se régénérer après le malheur, mais par chance pour la réception de la pièce, les journalistes et les juges littéraires avaient, comme tout le monde ou presque, été réduits en mottes charbonneuses.
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– Je n’ai pas entendu la fin de l’histoire, ai-je bougonné, après un moment.
– La fin, a remarqué Myriam. Comme si ça pouvait exister quelque part.
Nous avons continué à marcher, quelques milliers de pas, sans doute. Muets tous les trois.
– Ça ne marche pas, ce système, a dit Goodmann. Le temps s’interrompt n’importe quand et n’importe comment.
– Les histoires restent, l’a consolé Myriam. Au moins on a leur début en mémoire.
– Oui, à la rigueur, ai-je dit. Mais pas ce qu’il y a après.
– Bah, ce qu’il y a après, a rétorqué Myriam.
– Ça ne marche pas, a répété Goodmann.
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Derrière ses paupières de petit animal autistique elle s’était de nouveau recluse. C’était un être égaré, sans défense, qui barbotait dans l’épouvante et qui était digne de compassion, oh, combien digne.
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Voilà que soudainement des bribes me revenaient, mal liées entre elles certes mais formées de phrases qui suscitaient en moi des images. Cela surgissait d’un trou à la fois extérieur à moi et intérieur, un trou noir de nos mémoires et de nos ténèbres, en tout cas les miennes. 
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Plus loin, le garde-barrière vociférait des insultes à l’adresse des agresseurs, un petit groupe de marionnettes du capitalisme qui n’appartenait pas aux troupes régulières mais qui, pour se distraire, avait choisi pour cible la maisonnette et ses habitants. De la fenêtre il avait cassé le carreau inférieur droit et, quand il ne braillait pas, quand il ne disait pas leur fait à ces pantins, à ces valets, à ces suppôts de triste envergure, il enfilait dans la brèche transparente le canon d’une carabine et il envoyait vers la nuit du tonnerre et de la grenaille, des salves qui peut-être tuaient et peut-être ne tuaient pas. Son frère l’assistait, l’imitait, émergeant des immédiats environs pour lancer à son tour de vexantes et brèves analyses, des raccourcis prolétariens qui ne pardonnaient pas, mais son activité principale consistait à charger les armes. Comme il était presque aveugle on ne pouvait, en effet, lui confier la tâche d’exterminer l’ennemi.
On avait là, toutefois, un homme de grande compétence guerrière, qui excellait à tâtonner sans erreur parmi les douilles vides, les cartouches et les culasses. Trois carabines se succédaient entre ses mains, brûlantes, noires, fumantes, meurtrières peut-être, malodorantes, graisseuses, claquantes, brunes, fleurant bon la poudre et le salpêtre, inefficaces peut-être, lourdes, puissantes, surannées, vieilles, fidèles, souvent sollicitées durant la vie libertaire de leurs maîtres, élégantes, sans prétention, démodées, avant-gardistes, longtemps remisées comme objets purement décoratifs dans les armoires syndicales, fondues avec respect, usinées avec amour par les prolétaires des monts Orbise, indéréglables, dévouées à la cause, bien entretenues, jamais prises en défaut, bonnes pour le service, bonnes pour la guerre de classe, imprécises mais suffisamment sonores pour faire détaler la racaille ennemie, argentées sous les rayons de la lune, mates, scintillantes, légères. Tel est l’arsenal des gardes-barrières depuis que l’Orbise révolutionnaires’effondre. Tel est leur arsenal et, si la situation l’exige, ils s’en servent.
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J’avais compris que l’espèce humaine était trop dangereuse pour les gens normaux et qu’il valait mieux s’en écarter le plus possible.
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