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EAN : 9782823615784
320 pages
Editions de l'Olivier (13/02/2020)
3.69/5   13 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Kree avait en tête ce qu'on lui avait dit, que des enfers se succédaient, insérés dans la mort même, ne laissant aucun répit ni au mort ni au réincarné, mais elle ne comprenait pas très bien ce que cela signifiait, comment le système fonctionnait, et elle s'en fichait. »

Dans ce roman signé Manuela Draeger, un des pseudonymes de l'auteur plus connu sous celui d'Antoine Volodine, on retrouve tout ce qui fait la singularité de son univers, très noir et puissamment évocateur d'apocalypses pas vraiment joyeuses.

Kree Toronto est une tueuse solitaire et aguerrie, dans un monde de désolation. Sa chienne Loka, seul être qu'elle aime vraiment, a été capturée pour être mangée. Elle veut régler leur compte aux deux affreux qui sont responsables. Ce ne sera que le début d'une pérégrination d'un enfer à un autre, avec des séjours dans une sorte d'état intermédiaire entre vie et mort, marqué par l'amnésie.

C'est évidemment toujours un peu le même arrière-plan que nous propose l'auteur(e) : faillites mortifères d'idéologies communistes (ici des mendiants terribles qui rappellent les atrocités des khmers rouges), environnement, faune et flore mortelles (mention spéciale aux arachnides). Mais je m'y laisse prendre à chaque fois tant l'écriture parvient à donner une épaisseur troublante à ces cauchemars. Vraiment du grand art.
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Ça commence comme John Wick. Mais alors un John Wick perdu dans les marasmes fangeux du post-exotisme, éclairé par une lumière trouble, vineuse et instable. Un John Wick englué dans une atmosphère toxique d'après-vie, se trainant dans cette longue agonie et cette longue défaite d'une fin du monde étirée à l'infini.

On ne s'étonnera pas que John Wick soit ici une soldate du nom de Kree Toronto, armée d'une sorte de kusarigama pour se venger des Laurell et Hardy dégénérés ayant tué (et mangé) sa chienne – qui est bien sûr plus que sa chienne, qui est son âme, sa santé mentale, sa raison de survivre dans un monde sans pitié. Comme dans John Wick, non ? Deux oeuvres à revoir sous l'éclairage du Manifeste des espèces compagnes de Haraway à n'en pas douter.

Mais Manuela Draeger donne beaucoup plus de force à la fable de Kree Toronto et (feue) sa chienne Loka que dans le film de David Leitch et Chad Stahelski. On ne crée pas des séquences épileptiques d'action, on rentre plutôt dans l'image où dans chaque combat scélérat – sûrement un des points communs de nos deux combattants – révèle seulement la déshumanisation en cours du monde (et gloire à la Grande Nichée !).

Le non-état d'esprit de Kree Toronto n'est pas la belle indifférence d'un John Wick ultra-violent traînant son charme ténébreux en costard-cravate de New-York à Tokyo. L'insensibilité de Kree est l'adaptation à sa condition inexorable d'enfant-soldat, de femme toujours en proie aux désirs de viol des hommes. de post-vie en post-vie, de misère en misère, Kree Toronto se guide en ne cherchant pas la mort de façon nihiliste. Elle tente de respecter un égalitarisme d'un autre temps en éliminant de temps à autre des mâles trop insistants et ne tuant qu'avec parcimonie dirait-on.

A cette déshumanisation, le regard animal offre un contraste saisissant. Réduit à un accessoire dans John Wick, la présence du chien dans Kree ressemble davantage à celle de l'andréide Nexus-6 dans Blade Runner : un rappel d'une empathie perdue, et au-delà, d'une cruauté plus simple, d'instincts moins tragiquement spiritualisés et cette considération revient énigmatiquement lors du retournement final. Bien sûr cette vision sur le vivant provient de la conception du post-exotisme où dans une conception noircie du bouddhisme tibétain, toute existence vient soit à se perdre soit à se réincarner au bout de 49 jours, y compris dans les animaux (il faut lire Nos animaux préférés d'Antoine Volodine), tous les animaux : cloportes, éléphants, moustiques, chien ou encore, pour ce tome, oiseaux.

Car dans le monde merveilleux de Kree, des oeufs d'oiseaux immenses surgissent des nombreuses fosses communes à l'air libre et l'une des tâches paradoxales des moines (paradoxales au regard de la non-violence supposée de cette caste) est de détruire ces oeufs avant leur éclosion. Cette belle fable de moines massacrant des oeufs sur un tas de cadavres est l'occasion d'un conte d'amour pour le moins surprenant et frappant entre Griz Uttikuma et Smoura Tigrit.

On voit ici à quel point le narratif d'un John Wick est loin par rapport à ce récit où plutôt que la violence des actions c'est la puissance de l'imaginaire et la férocité de la situation qui l'emportent, avec, en plus, toujours la pointe aigüe d'un humour noir matérialisé dans la langue imagée de Manuela Draeger. Un humour fait rictus, certes, comme lorsque Kree discute dans ces éternités noires et grillagées du Bardo (l'espace noir pré-réincarnation) avec un moine coincé entre des barbelés, ou plus régulièrement lors les discours volontairement laconiques jusqu'à l'absurde tenus dans une langue mutilée.

Je serais assez pour que Draeger, Volodine ou pourquoi pas Lutz Bassmann soit secrètement au scénario du John Wick 666 ou plus justement d'un Jane Wicca, où comme dans Kree on ferait de la magie noire avec les rêves, on cisaillerait des fentes dans l'espace noir, on se vengerait de la mafia narcocapitaliste qui nous vend du sommeil à prix d'or. Mais il s'agit en fait d'une mauvaise idée, les adaptations du post-exotisme en visuel ayant jusque-là souvent déçu et Volodine lui-même, en tant que porte-parole des auteurs post-exotiques, ayant refusé les adaptations et autres déclinaisons exogènes de son oeuvre, close sur elle-même et sa communauté.

Tant pis, tant mieux, il reste donc à lire et relire les 49 opus présents et à venir du post-exotisme.
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Kree Toronto, guerrière et féministe radicale, combattante surentraînée depuis l'enfance jusque-là jamais défaite, meurt en voulant venger la mort de sa chienne Loka et se retrouve quelques jours plus tard à errer dans l'espace noir, lieu essentiel de la narration post-exotique.

Faisant écho à l'espace-temps de référence du post-exotisme – le XXème siècle et la mémoire des peuples massacrés -, le chemin que parcourt Kree dans l'espace noir est barré, de manière répétitive et comme infinie, par des grillages barbelés qu'elle doit cisailler, les uns après les autres, pour pouvoir continuer à avancer.

Un brouillard amnésique l'envahit, et réduit ses souvenirs à des « images illisibles, silencieuses et très noires ». Toute l'oeuvre d'Antoine Volodine et des écrivains post-exotiques se déroule dans un au-delà du temps, disjoint de notre présent, un espace noir où force, identité et paroles se désagrègent, même si des fragments de mémoire, des images de foule et de morts violentes refont surface comme des secousses et déchirent l'amnésie de Kree.

Dans ce roman paru en février 2020 aux éditions de l'Olivier, Manuela Draeger joue avec le bardo sans fin du post-exotisme, qui prend ici plusieurs formes successives. Sortant de la forêt, transformée en créature mi-végétale mi-humaine, Kree arrive dans un village peuplé d'une maigre foule et placé sous l'autorité administrative des « mendiants terribles », sortes de moines polpotistes tragiquement absurdes. Ils règnent sur la ville avec un simulacre de la vieille idéologie de l'égalitarisme en continuant malgré la raréfaction des hommes d'organiser des séances publiques d'autocritique et d'éliminer tous leurs opposants réels ou supposés.
Dans ce village aussi, bâtiments, hommes et langage se délabrent, dans une forme d'indifférence à la fin d'un monde désormais presque inhabité, où quelques bonzes errants rôdent autour d'immenses fosses communes.

La littérature post-exotique forme un monde d'images et d'émotions intenses, un univers d'idéologie codée et d'humour du désastre, où les rêves d'égalitarisme survivent envers et contre tout, un monde de chaos obscur et d'humanité vacillante qui établit un rapport au temps singulier, où les femmes font preuve d'un courage irréductible, où rêve et réalité s'enchevêtrent, où la vie et la mort ne s'opposent plus.

La voix de Manuela Draeger, sa vision du monde et de l'histoire se rattachent à l'espace fermé et utopique de l'ex-URSS ; ses précédents livres, « Onze rêves de suie », « Herbes et golems » ou les onze récits précédemment parus à l'école des loisirs, révèlent sa fidélité au drapeau soviétique, son goût pour le merveilleux, son féminisme et son aspiration à la fraternité.

Kree, prête à tuer les hommes qui veulent lui « faire le sexe », amorce des relations fraternelles dans le village, avec Myriam Agazaki, guérisseuse Ybüre au physique de sorcière, avec Gomchen, installateur de tentes tremblantes qui s'est inventé un passé de tibétain pour répondre aux interrogatoires des gueux inquisitoriaux, avec un réfugié au passé mystérieux, Griz Uttikuma, sans parler de son lien avec Loka, sa chienne noire adorée.

Aux cauchemars se mêle à chaque page la singulière charge comique de l'humour du désastre – l'absurdité tragique des interrogatoires des mendiants terribles, les dialogues étranges dans une langue abîmée, les rituels et les arrangements nécessaires avec les règles et la réalité, l'horreur merveilleuse des oeufs qui apparaissent au milieu des cauchemars de fosses communes – illuminant la noirceur de ce roman splendide.

Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog de la librairie Charybde : https://charybde2.wordpress.com/2020/03/22/note-de-lecture-kree-manuela-draeger/
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La guerrière Kree Toronto, incarnation parfaite du versant magnifiquement et éternellement errant du post-exotisme.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/04/01/note-de-lecture-bis-kree-manuela-draeger/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le type balançait la tête lentement de côté et d’autre. C’était sa manière de montrer qu’il réfléchissait. Il avait une trogne de géant mal réveillé, sur le front une casquette rouge enfoncée jusqu’aux yeux, si on peut appeler yeux les deux petites taches grises qui luisaient au-dessus de son nez, humides de sommeil et de vin, rapprochées et comme perdues au milieu de sa face énorme. Il écarquillait ce qu’il pouvait, avec une mimique interrogative d’où les dieux avaient raboté toute trace d’intelligence. Un idiot concentré sur une réponse qui ne venait pas, un grand singe faisant face à l’inconnu, debout devant une femelle habillée en soldat. Sa corpulence impressionnante de lutteur de foire, son poids, une goutte salée qui lui coulait le long d’une joue. Il venait de sortir, la porte derrière lui s’était rabattue sur une touffeur nauséabonde, sur de l’obscurité, sur des odeurs de viande grillée, de peaux crasseuses et d’alcool. Il portait un bermuda aux motifs de fleurs hawaïennes et, sur le tronc, un tricot de corps qui avait été blanc des mois plus tôt. Tout le reste était nu, adipeux ici et musclé là.
Kree répéta sa question.
– Loka, je te dis. Tu sais comment qu’elle est morte ? C’est toi qui l’as tuée ?
Le type continuait à faire aller sa grosse figure, de l’épaule gauche à l’épaule droite et retour. Il donnait l’impression de ne pas comprendre la langue dans laquelle on lui parlait. Toute maigre ou fluette devant lui, en tenue de commando usée mais encore loin d’être en loques, Kree précisa :
– Tu l’as mangée ?
La nuit était épaisse, la rue silencieuse.
– Oui ? Non ? continua Kree.
Il était trois heures du matin et il faisait chaud. Bien qu’étoilé, le ciel n’éclairait rien. L’endroit où se tenaient Kree et le colosse avait été grossièrement recouvert de planches à la mauvaise saison, à un moment de l’année où la boue rendait trop pénibles la marche sur la chaussée, l’accès aux maisons. Sur le devant de la masure, les planches maintenant superflues craquaient dès qu’on faisait un pas. Elles accentuaient le caractère théâtral de la scène : deux personnages immobiles, un dialogue laborieux, un décor en bois, une lumière avare avec des effets d’ombre.
Le colosse était lourdement planté devant la porte, et, s’il préparait une réplique, il avait du mal à la faire sortir de sa bouche. Le hochement ralenti de sa tête se transmettait à tout son corps massif, à ses jambes massives, et, de temps en temps, alors que pourtant il ne changeait pas d’appui d’un pied sur l’autre, les planches craquaient.
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Kree encore. Quelques jours plus tard.
Le bruit de l’acier qu’on coupe dans le clair-obscur.
Quelques jours ou quelques semaines. À peu près la même année, en tout cas.
Elle attaquait avec une cisaille militaire le grillage qui lui barrait la route. Les fils de fer cédaient lentement l’un après l’autre. Une opération répétitive et mécanique, et elle en profitait pour essayer de se remémorer quelques-uns des moments qui avaient précédé. Même pas le passé. Juste l’avant. Rien ne venait. Elle fouillait dans sa mémoire, et rien ne venait. Elle s’était déjà interrogée à plusieurs reprises. Alors qu’elle marchait. Ou quand elle se reposait, assise sur la terre, comme ne connaissant pas le sommeil depuis toujours. Ou pendant qu’elle se battait contre les clôtures qui se succédaient. Aucun souvenir, pas le moindre détail qui lui eût permis de comprendre d’où elle venait, dans quelles circonstances elle avait rejoint l’espace noir. Une amnésie dont les failles restaient infimes. La nuit l’entourait en permanence et cette nuit était entrée dans sa tête. Sa cervelle fonctionnait, mais une bouillie opaque coulait derrière ses paupières, entre ses paupières et les domaines inconscients de son crâne. Elle n’avait rien à quoi se raccrocher, seulement des images illisibles, silencieuses et très noires.
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Au même instant, une lueur jaune fulgura depuis une quelconque ouverture de la cabane, entre les volets fermés et la porte. L’éclair s’accompagnait d’une détonation qui se répercuta aussitôt dans la rue comme un grondement de tonnerre.
Non, pensa Kree.
Un coup de fusil. Un événement inimaginable. Si improbable qu’aucun combattant, ici, maintenant, ne se donnait la peine de le redouter. Une hypothèse purement fantastique. Les armes à feu et leurs munitions avaient disparu du paysage. D’une part parce que leur utilisation forcenée pendant la guerre terminale, pendant les guerres noires qui avaient suivi et pendant les troubles qui avaient couronné les guerres, les avait épuisées et raréfiées, et d’autre part parce que l’humanité était entrée dans le monde d’après l’agonie, parce que l’humanité s’était engagée dans l’errance sans espoir, dans l’errance loqueteuse, et que ce monde ne connaissait plus ni poudre, ni électricité, ni machines. L’humanité décédée et ses très infimes survivants et débris allaient à mains nues dans le bardo boueux.
Et pour Kree, l’idée d’être touchée par une balle appartenait à un folklore presque aussi reculé que son adresse menaçante à l’ennemi, son adresse préhistorique, Je vais à toi.
Or, aussi extraordinaire que cela puisse être, aussi invraisemblable, Marcus Grodon s’était procuré une carabine et il possédait au moins une cartouche. Et il venait de faire feu sur cette inconnue de malheur, sur la conne qui avait schniazé son frère.
Kree n’avait plus le temps de penser à quoi que ce fût. Elle sentit quelque chose de formidablement violent et perçant lui faire exploser la poitrine. Une brûlure et des vibrations insupportables. Elle fut projetée en arrière. Elle eut l’impression qu’elle se répandait en giclures rouges jusqu’au ciel. Cette gerbe, l’envie de crier, l’envie de vomir, puis elle sentit que la vie la quittait.
Puis elle ne sentit plus rien.
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Des aurores étranges, des pluies parfois tellement acides qu’elles attaquent les yeux et font pleurer, des phénomènes électriques qui ressemblent à des orages, une humidité permanente, des coups de vent porteurs de miasmes, mais, dans l’ensemble, des conditions de survie acceptables pour les rares organismes qui ont franchi le cap de la dévastation.

p.140
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Les rumeurs vont d’un continent dévasté à l’autre. D’après certaines d’entre elles, des oiseaux à taille humaine prennent peu à peu la relève de l’humanité. Ils apparaissent à la surface des fosses communes. Leurs œufs accueillent en eux les cadavres de victimes prédestinées et leur offrent la renaissance.
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Video de Manuela Draeger (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Manuela Draeger
Rencontre animée par Pierre Benetti
Depuis plus de trente ans, Antoine Volodine et ses hétéronymes (Lutz Bassmann, Manuela Draeger ou Eli Kronauer pour ne citer qu'eux), bâtissent le “post-exotisme”, un ensemble de récits littéraires de “rêves et de prisons”, étrangers “aux traditions du monde officiel”. Cet édifice dissident comptera, comme annoncé, quarante-neuf volumes, du nombre de jours d'errance entre la mort et la réincarnation selon les bouddhistes. Vivre dans le feu est le quarante-septième opus de cette entreprise sans précédent et c'est le dernier signé par Antoine Volodine. On y suit Sam, un soldat qui va être enveloppé dans les flammes quelques fractions de seconde plus tard, quelques fractions de seconde que dure ce livre, fait de souvenirs et de rêveries. Un roman dont la beauté est forcément, nécessairement, incandescente.
À lire – Antoine Volodine, Vivre dans le feu, Seuil, 2024.
Son : Axel Bigot Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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