AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Terminus Radieux (68)

(Mémé Oudgoul).
Son organisme avait réagi de façon positive à l'exposition répétée aux matières fissiles. Les rayonnements ionisants avaient détruit toutes les cellules malades ou potentiellement cancéreuses que sa chair pouvait héberger. Certes, la radioactivité l'a avait rendue légèrement iridescente dans l'obscurité, mais surtout elle avait stoppé dans ses chairs le processus du vieillissement, et, d'après ce que la Mémé Oudgoul sentait intimement, elle les avait stoppées pour toujours. Ces phénomènes ne présentaient pas que des avantages, et, en particulier, ils l'avaient signalée à l'attention des autorités qui lui avaient demandé non sans dépit, à plusieurs reprises, pour quelle raison elle ne mourait pas. Le Parti avait du mal à accepter qu'elle se refusât à rejoindre dans la tombe ses camarades de liquidation. Une proposition de blâme avait été discutée (...) son immortalité était, sciemment ou non, une insulte aux masses laborieuses. On avait à l'oeil son déviationnisme organique.

pp. 44-46
Commenter  J’apprécie          100
Peut-être qu’on est déjà mort, tous les trois, et que ce qu’on voit, c’est leur rêve.
Commenter  J’apprécie          90
Sa vision du monde était illuminée par la morale prolétarienne : abnégation, altruisme et combat. Et comme nous tous, bien sûr, il avait souffert des reculs et des effondrements de la révolution mondiale. Nous n'arrivions pas à comprendre comment les riches et leurs mafias réussissaient à gagner la confiance des populations laborieuses. Et avant la rage c'est d'abord I'ahurissement qui nous saisissait lorsque nous constations que Ies maîtres du malheur triomphaient partout sur le globe et étaient sur le point de liquider les derniers d'entre nous. Nous n'avions aucune explication quand nous nous interrogions sur les mauvais choix de I'humanité. L'optimisme marxiste nous interdisait d'y voir les preuves de graves défauts dans le patrimoine génétique de notre espèce. Une attirance imbécile pour I'autodestruction, une passivité masochiste devant les prédateurs, et peut-être aussi et surtout une inaptitude fondamentale au collectivisme. Nous pensions cela au fond de nous, mais, comme la théorie officielle balayait ces hypothèses d'un haussement d'épaules, nous n'abordions pas le sujet, même entre camarades. Même dans les plaisanteries entre camarades.
Commenter  J’apprécie          90
Le vent de nouveau s’approcha des herbes et il les caressa avec une puissance nonchalante, il les courba harmonieusement et il se coucha sur elles en ronflant, puis il les parcourut plusieurs fois, et, quand il en eut terminé avec elles, leurs odeurs se ravivèrent, d’armoises-savoureuses, d’armoises-blanches, d’absinthes.
Le ciel était couvert d’une mince laque de nuages. Juste derrière, le soleil invisible brillait. On ne pouvait lever les yeux sans être ébloui.
Commenter  J’apprécie          90
Le bruit de cette avancée. Sa violence crissante. Un homme avance à allure forcée au milieu d'une végétation qui ne lui témoigne aucune bienveillance. Un homme traverse la steppe au lieu de dormir à jamais sur la terre. Un homme casse le silence des herbes.

p.27
Commenter  J’apprécie          80
Eloge des camps par le détenu Matthias Boyol, mélopée tragi-comique au coin du feu; p. 236.
Rien n'est plus souhaitable, surtout pour quelqu'un né dans le camp, que la vie dans le camp. Ce n'est pas une question de décor, ni de qualité de l'air, ni même de qualité des aventures qu'on risque d'y connaître avant la mort. C'est surtout une question de contrat respecté entre le destin et soi. Il y a là un avantage supérieur qu'aucune des précédentes tentatives de société idéale n'avait réussi à mettre au point. A partir du moment où tous peuvent prétendre à entrer dans le camp et où jamais nul n'y est refusé ou n'en ressort, le camp devient l'unique endroit du monde où le destin ne déçoit personne, tant il est concrètement conforme à ce qu'on est en droit d'attendre de lui.
Commenter  J’apprécie          80
Maintenant, le feu ronflait. Ils prirent plaisir à l'écouter. Quand la musique décrut, Aldolaï Schulhoff rajouta une branche au cœur du brasier. La branche mit du temps avant d'accepter de brûler comme les autres. Puis elle se résigna. Elle lança quelques flammèches d'une couleur indécise, et ensuite sa moitié inférieure émit des flammes orange exagérément vives, exagérément tordues, avant de baisser de nouveau, comme boudeuses. Elle donnait l'impression de ne pas savoir exactement ce qu'on lui demandait de faire. Elle avait encore beaucoup à apprendre avant d'aller vers la cendre.

p.518
Commenter  J’apprécie          60
Si un écrivain post-exotique avait assisté à la scène, il l'aurait certainement décrite selon les techniques du réalisme socialiste magique, avec les envolées lyriques, les gouttes de sueur et l'exaltation prolétarienne qui font partie du genre. On aurait eu droit à de l'épopée propagandiste et à des réflexions sur l'endurance de l'individu au service du collectif. Comme fond sonore on aurait peut-être entendu une marche de Georgiï Sviridov ou de Kantoo Djylas, rythmée et parcourue d'une euphorie communicative idéologiquement irréprochable.

p.347

Sviridov : https://youtu.be/W7qt0CS72pU
https://youtu.be/8TCEvxljOdQ
Commenter  J’apprécie          60
Il se tenait là, pour l'instant protégé du froid par les ondes radioactives, à un demi-mètre du rail sur lequel on faisait coulisser le portail. Il voyait à deux mètres de lui la neige s'épaissir, et, dans l'intervalle des bruits que faisaient les liquidateurs près du puits, il percevait le tintement monotone des étoiles glacées qui s'écrasaient ou se posaient sur leurs sœurs déjà à terre.

p.378
Commenter  J’apprécie          60
Les corbeaux tombent.
Ils sont de petite taille, silencieux et sans odeur.
Ce sont les innombrables mailles d'un linceul noir qui se déploie sur la clairière
Commenter  J’apprécie          60






    Lecteurs (659) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les plus grands classiques de la science-fiction

    Qui a écrit 1984

    George Orwell
    Aldous Huxley
    H.G. Wells
    Pierre Boulle

    10 questions
    4856 lecteurs ont répondu
    Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

    {* *}