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Critique de micetmac


Jorge Volpi, dont j'avais déjà pu apprécier le fameux A LA RECHERCHE DE KLINGSOR, orchestre un opéra bouffe grinçant. Il prête ses noms et prénoms à un sous Madoff (fatalement vu l'ampleur du détournement de fond de Bernard Madoff), adepte de la pyramide de Ponzi, pyramide qui s'effondre sous les coups de boutoirs de la crise de 2008.
Mais Volpi ne se contente pas de nous livrer une confession immorale et cynique d'un trader devenu grand puis en fuite, réquisitoire, en creux, contre un monde financier vivant dans sa bulle, indifférent aux tragédies qu'il provoque. Il élargit son propos. Il tend vers le drame shakespearien : Jorge Volpi tente de comprendre son père Noah Volpi qui a posé les fondations de Bretton Woods. le processus de régulation financière mis en place après la deuxième guerre mondiale : FMI, Banque Mondiale et toute la panoplie...
Volpi entrelace ainsi les récits.
L'ascension et la chute de Jorge, à l'empathie d'une scie sauteuse, la maturité d'un bambin lâché dans un magasin de bonbons avec un crédit illimité. Il est comme cet enfant, il lui faut tout, tout le temps, pour lui.
L'auteur tente, tant bien que mal, de nous expliquer les procédés qui ont amené à l'éclatement de la bulle immobilière, la faillite généralisée et la chute de Lehman Brothers (entre autres). Il échoue à vrai dire et nous prouve que l'opacité et une complexification galopante (des chercheurs en ingénierie spatiales ont été recrutés par les salles de marché pour mettre au point et performer de nouveaux algorithmes) sont sources de pouvoir et d'évitements de questions gênantes. Cette incapacité à appréhender une complexité grandissante est démasquée superbement par ces deux prix Nobel qui, voulant s'enrichir, échouent lamentablement. Cela ne doit pas les empêcher de se répandre en invectives bien senties contre l'Etat Providence.
Ce bouquin narre, en outre, les prémisses de la finance mondialisée et révèle comment Keynes, plus régulateur, a perdu et dû se soumettre au diktat étasunien. La fin de la guerre mondiale laissait apercevoir ce que serait les deux blocs en place. Moscou refusa bien évidemment Bretton Woods et mit en place un réseau d'espion, de cellules dormantes, dans les plus hautes sphères du haut fonctionnariat américain. On révise son histoire, Alger Hiss, le Maccarthysme liberticide etc. Et on ne s'ennuie pas. On se passionne même pour la rechercher de cette vérité : le père du narrateur était-il un espion soviétique ?
Ce roman, parfois presque trop sûr de sa virtuosité, orchestre parfaitement la petite histoire qui se fond dans la grande. Les faiblesses humaines provoquent des dégâts irrémédiables mais chut... Tout va bien ne touchons à rien. le système est bien en place et le marché n'atteint sa plus parfaite efficience que si on ne se mêle de rien et qu'on le laisse vivre sa vie. Aux yeux de ses thuriféraires, ce marché globalisé devient un organisme vivant, une espèce protégée qu'il convient de préserver des vilains braconniers qui voudraient en limiter la prolifération.
De mensonges en escroqueries, où s'entrecroisent personnages de fiction et personnages historiques, nous plongeons dans une épopée grandiosement mesquine, à l'image de son narrateur, qui fera porter ses fautes sur ses enfants, tant il a cru devoir expier (expliquer) une possible faute de son propre père.
Lien : http://micmacbibliotheque.bl..
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