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Critique de Nastasia-B


Voici deux petits contes philosophiques assez différents par la forme mais qui se rejoignent sur la peinture qu'ils font l'un et l'autre de la vie parisienne dont Voltaire était le témoin (et l'acteur un peu aussi).
J'ai vraiment un grand coup de coeur pour "Le Monde Comme Il Va" tandis que "Jeannot Et Colin" me ravit moins.
Alors commençons par le plaisant, très plaisant, Monde Comme Il Va. Voltaire nous emmène par la pensée sous les foudres de l'ange exterminateur Ituriel qui se fait un devoir de juger et peut être même de condamner la cité persane de Persépolis. Pour ce faire, il a besoin d'un avis éclairé qui lui dictera le châtiment qui convient à cette ville dont les excès divers sont venus jusqu'à ses séraphiques oreilles. le personnage mandaté pour effectuer cette analyse des moeurs persanes (vous noterez le clin d'oeil à Montesquieu) n'est autre que le scythe Babouc (les observateurs attentifs y reconnaitront Voltaire lui-même et dans Persépolis, nulle autre que Paris).
Babouc chemine donc dans cette ville aux mille facettes et vole de désillusions en enchantements inattendus. Tantôt il est tenté d'enjoindre Ituriel de tout détruire, tantôt il est forcé de reconnaître qu'il est frappé par la grâce et le génie, qui germe parfois au milieu même du vice qui l'avait de prime abord refoulé.
C'est donc une vision très mesurée que nous offre Voltaire par les yeux de Babouc, le monde comme il va et l'homme comme il est, avec ses aspects détestables et abjects mais aussi avec ses petites perles disséminées ça et là.
Selon lui, la vie parisienne et mondaine est, par certains côtés, absolument répugnante, par d'autres, fascinante. Que dire à Ituriel ? de ne surtout pas jeter le bébé avec l'eau du bain. À méditer.
Tournons-nous maintenant du côté de Jeannot et Colin. Il s'agit là d'un des nombreux écrits auxquels Voltaire s'est livré parce qu'ils étaient à l'honneur ou à la mode en leur temps. Ici, un conte à morale. Je dois reconnaître que sans être mauvais ou inintéressant, l'auteur y excelle moins qu'ailleurs. La morale semble tomber comme un cheveu sur la soupe et le véritable propos tenu dans le corps du conte n'y a pas grand-chose à voir.
Deux enfants provinciaux, Jeannot et Colin, se nouent d'amitié durant leur jeunesse. Les parents du premier sont de riches commerçants, ceux du second de fort modestes paysans. Les succès financiers de la famille Jeannot sont tels et si subits que les parents, croulant sous la fortune, achètent un titre de marquis à leur fils et l'emmènent se dégrossir l'entendement à Paris. Élevé au luxe et à l'oisiveté, au mépris de ses origines et de ses primes rencontres, Jeannot chemine dans le monde, avec sa bourse à la main. Toutes portes lui sont ouvertes jusqu'au jour où les revers de fortune le ruinent complètement. Comme par magie, toutes les portes se ferment et Jeannot se voit réduit à un avenir de mendicité.
Et c'est dans ce misérable état, au seuil de l'indigence qu'il croise à nouveau la route de son ancien ami Colin, qui lui, semble s'être constitué une petite situation par le fruit de son labeur. Que lui réserve cette rencontre, c'est ce que je m'autorise à ne vous point dévoiler.
En guise de conclusion, j'applaudis sans limitation le Monde Comme Il Va et suis plus mesurée sur Jeannot Et Colin, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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