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Beuchot (01/01/1756)
4.1/5   15 notes
Résumé :
Le 1er Novembre 1755, un séisme de magnitude 8.5 à 8.7 sur l’échelle de Richter détruit quatre-vingts cinq pour cent de Lisbonne. Le monde européen est effaré. Un siècle plus tard, des philosophes comme Hegel en parlent encore. Adorno compare l’effet du tremblement de terre de Lisbonne sur les consciences européennes à l’holocauste. C’est en 1756 que Voltaire écrit son Poème sur le désastre de Lisbonne. Règlement de comptes avec Dieu, coupure du nœud gordien qui tie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Très belle entrée en matière pour ressentir la ville de Lisbonne, mieux comprendre sa construction, son histoire.
Je prépare un week-end dans la capitale portugaise et comme je le fais à chaque voyage, je lis quelques livres, autres que les guides touristiques. C'est une très belle occasion d'ouvrir son champ littéraire et d'apprécier Babelio.

Je remercie donc la_fleur_des_mots qui a créé la liste « Lisbonne dans la littérature » que je me suis empressée d'explorer pour y découvrir quelques perles.
J'ai commencé par « Poème sur le désastre de Lisbonne » De Voltaire, écrit en 1756 au lendemain du tremblement de terre de Lisbonne qui a détruit la ville à 85%. Ce désastre a fait 60 000 morts et c'est donc par un chant poétique à la mémoire des disparus que Voltaire nous fait entrer dans l'histoire. Son écriture en vers donne une force, un sens aux mots, hors du commun :
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours !

Mais ce poème est bien plus que cela. Voltaire fait appel à la conscience collective, au regard porté sur les événements et à la recherche d'explications sur ce malheur, en écrivant :
Lisbonne est abîmée, et l'on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages :
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.

Pour Voltaire, le séisme de Lisbonne est la consécration du doute. Comment croire en Dieu devant tant de souffrance ? :
Je désire humblement, sans offenser mon maître,
Que ce gouffre enflammé de soufre et de salpêtre
Eût allumé ses feux dans le fond des déserts.
Je respecte mon Dieu, mais j'aime l'univers.

C'est donc un poème philosophique qui valut quelques critiques à Voltaire. Ce texte a beaucoup plus d'importance que ce que je pensais a priori. Quand Voltaire écrit « Un jour tout sera bien, voilà notre espérance », il met l'homme et la quête du sens de la vie sur terre au centre de ses préoccupations.

Pour mon voyage, j'ai également retenu que le séisme du 1er Novembre 1755 marque encore la ville car sa reconstruction explique l'unité architecturale qui fait de Lisbonne la seule capitale du 18ème siècle en Europe de l'Ouest.


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Alors qu'il coule des jours heureux dans sa paisible retraite suisse, Voltaire apprend la terrible nouvelle : le 1er novembre 1755, un tremblement de terre a détruit au Portugal la ville de Lisbonne et, par contrecoup, un raz de marée a ravagé la ville de Cadix. Ce cataclysme bouleverse Voltaire et lui inspire le Poème sur le désastre de Lisbonne (1756). Dans ce poème, Voltaire interpelle les philosophes qui affirment que « Tout est bien », que Dieu a créé le meilleur des mondes possibles, un monde certes imparfait, où existent le mal et le malheur, mais où tout a une cause, une raison d'être qui échappe à l'entendement humain, mais que Dieu connaît.
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Bien des parallèles peuvent être dressés de ce poème hautement polémique de Voltaire narrant une catastrophe naturelle. Qu'aurait-il écrit sur des catastrophes qui ne le sont pas?

Finem Spicere,

Monsieur Touki.
Lien : http://monsieurtouki.wordpre..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Poème sur le désastre de Lisbonne...

Ô malheureux mortels ! ô terre déplorable !
Ô de tous les mortels assemblage effroyable !
D'inutiles douleurs éternel entretien !
Philosophes trompés qui criez: « Tout est bien »,
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés ;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours !
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous : « C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix » ?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
« Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes » ?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices ?
(... )
Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes.
(...)
Je désire humblement, sans offenser mon maître, Que ce gouffre enflammé de soufre et de salpêtre Eût allumé ses feux dans le fond des déserts.
Je respecte mon Dieu, mais j'aime l'univers.
Quand l'homme ose gémir d'un fléau si terrible,
Il n'est point orgueilleux, hélas ! Il est sensible.
...
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La nature est muette ; on l'interroge en vain ;
On a besoin d'un Dieu qui parle au genre humain.
Il n'appartient qu'à lui d'expliquer son ouvrage,
De consoler le faible, et d'éclairer le sage.
L'homme, au doute, à l'erreur, abandonné sans lui,
Cherche en vain des roseaux qui lui servent d'appui.
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Ô malheureux mortels ! ô terre déplorable !
Ô de tous les mortels assemblage effroyable !
D’inutiles douleurs éternel entretien !
Philosophes trompés qui criez : « Tout est bien » ;
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l’un sur l’autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés ;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
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Quel bonheur ! Ô mortel et faible et misérable.
Vous criez « Tout est bien » d’une voix lamentable,
L’univers vous dément, et votre propre cœur
Cent fois de votre esprit a réfuté l’erreur.
Éléments, animaux, humains, tout est en guerre.
Il le faut avouer, le mal est sur la terre :
Son principe secret ne nous est point connu.
De l’auteur de tout bien le mal est-il venu ?
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Lisbonne est abîmée, et l’on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages :
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
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