Le grand, l'immense, l'universel
Voltaire est connu pour ses contes, ses lettres et ses essais, mais il est aussi souvent ignoré pour ses pièces théâtrales. Pourtant, de son vivant,
Voltaire était l'un des auteurs dramatiques les plus joués et encensés. Pourquoi cette large part de son oeuvre, plus importante et digne d'intérêt aux yeux de son créateur, souffre-t-elle aujourd'hui, et ce depuis la moitié du XIXe siècle, d'un désintérêt patent, autant chez les lecteurs que chez les artistes et professionnels du spectacle vivant ? C'est à cette question que tente de répondre
Jean Goldzink dans la préface à l'édition de quatre pièces voltairiennes : "
Zaïre", "
Le Fanatisme ou Mahomet le prophète", "Nanine ou l'Homme sans préjugé" et "Le Café ou l'Ecossaise".
Je retiendrai de cette belle analyse le fait que ce désintérêt s'explique essentiellement par l'inévitable comparaison que les amateurs de drames et de comédies ont pu établir dans le temps avec les oeuvres d'un Racine ou d'un
Molière. Comparaison due à l'admiration de
Voltaire pour le Grand Siècle, le poussant à vouloir refaire du classique, à égaler des oeuvres parfaites ou presque parfaites. Malgré la qualité esthétique de ses pièces, on ressent à leur lecture un certain décalage entre leur forme et leurs imaginaires.
Cet anachronisme de structure masque pourtant ce qui fait le sel des oeuvres voltairiennes, l'impertinence, la liberté de ton et l'esprit frondeur d'un philosophe toujours prêt à porter le flambeau de la raison et de la tolérance au coeur des âmes les plus obtuses.