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Stéphanie Lux (Traducteur)
EAN : 9782330151010
288 pages
Actes Sud (05/05/2021)
3.43/5   41 notes
Résumé :
Dans un futur proche, dans une mégalopole hyper connectée, règne le culte de la transparence : tout est filmé, liké, évalué, commenté en direct, tandis que la société prône l’optimisation du corps et de l’esprit. Des jeunes gens qui sautent en Flysuit du haut des gratte-ciel, se rattrapant à la dernière seconde avant de toucher le sol, sont adulés et jouissent des privilèges réservé aux plus performants (et aux plus obéissants). Riva Karnovsky est l’une d’entre eux.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Un roman dystopique traitant d'une société parfaite prise au piège dans l'hyper-connectivité et la course « bienveillante » à la performance du corps et du mental. Au fil de l'histoire certains pans de cette société glaçante se dessine.
Diviser entre la Ville, place des plus riches et des plus performants et les Périphéries réunissant tout ce qui reste d'une autre population, « derrière le mur, après la douane, attend un autre monde. Des êtres visqueux qui s'empiffrent de junk food » selon les souvenirs d'Hitomi Yoshida psychologue de la société PsySolutions.
« Flysuiteuse » à l'Académie de Highrise-Diving, Riva saute du haut des immeubles. Elle accumule privilèges, appartement, célébrité, contrats publicitaires, tout. Soudainement, elle reste inerte dans son confortable appartement, sous l'incompréhension de son mari Aston, de ses fans et ses investisseurs.
Hitomi arrivera-t-elle à remettre Riva sur le droit chemin. Elle, qui est terrorisée de perdre son statut et à vivre une existence en Périphérie.
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Actes Sud poursuit la publication de romans en langues étrangères non anglophones après Sakhaline du russe Edouard Verkine et Trois Saisons en Enfer de l'égyptien Mohammad Rabie.
Cette fois, c'est en Suisse alémanique que l'on retrouve Julia von Lucadou pour Sauter des gratte-ciel, un premier roman dystopique récompensé par le Prix suisse de littérature.
Un choix dans l'air du temps pour un récit court d'à peine 270 pages où la société s'est engluée dans une techno-surveillance et une fitno-bienveillance qui confine à l'horreur pure et simple.

Prise de conscience
Sauter des gratte-ciel pourrait être le récit d'une jeune sportive, Riva, qui saute du haut des immeubles en combinaison Flysuit™ en évitant de justesse la mort dans le seul but d'ébahir le public. Dans ce monde hypertechnologique où l'on vous suit en permanence à coup de tablettes-compagnon et de caméras, d'activity tracker et de coach virtuel, Riva est une star, une héroïne suivie par des millions de gens.
Sauf que du jour au lendemain, Riva décide de tout laisser tomber et reste quasi-catatonique dans son appartement de luxe, sous l'oeil perplexe de ses followers, de ses investisseurs et de son mari, Aston.
Pour l'aider, une psychologue de la société PsySolutions va devoir l'épier jour et nuit pour trouver l'origine de son mal et la remettre sur le droit chemin de la santé, de l'activité physique et de la célébrité.
C'est de cette psychologue, Hitomi, dont il sera en réalité question dans Sauter des gratte-ciel.
Julia von Lucadou décrit de façon parcellaire une société scindée entre la Ville et les Périphéries, la première abritant les plus riches et les plus performants, la seconde regroupant tout ce qui reste d'une population que l'on devine pauvre et crasseuse. du moins si l'on se fie aux impressions d'Hitomi dont la plus grande terreur serait de perdre son statut et d'être condamnée à vie à une existence bas de gamme en Périphérie.
Sauter des Gratte-Ciel va donc développer un récit assez classique où l'un des rouages de cette dystopie se rend compte qu'elle est prise dans une société cauchemardesque qui, sous couvert de vouloir votre bien-être physique et moral, vous enferme dans une bulle de performances imposées et de règles rigides incapables de comprendre les failles humaines.

Puzzle dystopique
Là où le roman de Julia von Lucadou surprend, c'est que cette société n'est jamais décrite dans les moindres détails et de façon frontale. Il faut picorer de-ci de-là des éléments narratifs pour composer le puzzle d'un univers où la technologie permet un contrôle total des personnes, par le truchement d'une vidéo-surveillance omniprésente, de tablettes qui permettent tout et n'importe quoi, d'activity tracker qui monitorent votre forme physique. En sus de ces éléments de contrôle, tout dans la Ville se conçoit à l'aune de la performance donnant accès à des crédits qui permettent de se maintenir dans des appartements de standing, d'avoir tel ou tel travail, de se marier même (par le credit union). L'autrice reste pourtant assez floue sur les mécanismes précis de cette dystopie où l'on entrevoit une stérilisation des femmes, une déconstruction totale de la famille avec des bio-parents et des breeders, des instituts et des castings. Intriguant, cette façon d'infiltrer le background au fur et à mesure du déroulé de l'histoire a aussi quelque chose de frustrant pour le lecteur qui a souvent la sensation de passer à côté des détails de cette dictature bienveillante.
Heureusement, c'est le cheminement intérieur d'Hitomi et sa « rencontre » avec Riva qui constitue le véritable coeur du récit. Hitomi va petit à petit se rendre compte que les rouages parfaitement huilés de son existence sont une illusion et qu'elle vit depuis sa plus tendre enfance dans un enfer qui emprisonne les gens en quête de liberté et qui ont percé la chappe de plomb qui les accable au jour le jour. C'est ainsi que les souvenirs de jeunesse d'Hitomi et sa relation avec Andorra vont prendre une importance croissante, la rébellion silencieuse de Riva lui rappelant la révolte de son ancienne amie.

A Star is born
Si Sauter des gratte-ciel ne semble pas révolutionner le genre de la dystopie, un genre déjà maintes et maintes fois exploité, il laisse tout de même une impression d'aboutissement dans sa façon de présenter une société qui veut simplement le bien de ses citoyens et qui agit constamment sous couvert d'une bienveillance de façade. C'est aussi la dénonciation d'une mondialisation qui uniformise et qui lisse tout ce qu'elle touche, avec un système de starification qui broie les gens et devient un instrument de contrôle de masse. L'emploi récurrent (et volontairement agaçant) de termes anglais reflète parfaitement cette volonté de « coolitude » et de mondialisation qui confine au ridicule et finit par donner la nausée au lecteur. Tout n'est que ™ et mindfulness.
Une lecture d'autant plus juste à l'époque des story et des bookhaul. Ce qui importe en dernier ressort à Julia von Lucadou, c'est la façon dont Hitomi va peu à peu se sortir de ses propres mensonges pour voir le monde tel qu'il est : un endroit glacé, ubuesque, terrifiant.
Et s'il faudra un long cheminement à son héroïne, cela contraste avec la brusque prise de conscience de Riva, confrontée à la mort tragique de ses amies sportives sacrifiées sur l'hôtel d'un amusement mortel et futile.
Sauter des gratte-ciel peut à le fois se concevoir comme le suicide d'une société et la libération finale d'un esprit mis en cage depuis trop longtemps.
Everything's gonna be okay™

Si l'on reste frustré par la sensation constante d'effleurer un monde dystopique dont on ne comprendra jamais le fonctionnement précis, on reste captivé par cette dystopie de la bienveillance où technologies, mondialisation, starification, réseaux sociaux et profits se mêlent pour écraser l'individu. Sauter des gratte-ciel ressemble à un saut dans le vide et dans l'inconnu au coeur d'une société qui pense tout contrôler…mais incapable de comprendre la pulsion d'humanité qui l'habite.
Lien : https://justaword.fr/sauter-..
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« Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? Sauter des gratte-ciel. Prendre le risque de tomber pour s'envoler, comme disaient nos career trainers . Plus on frôle la mort, plus on se sent vivant. »

Imaginez le monde, imaginez la terre, rapprochez-vous… Vous voyez la ville qui se dresse devant vous ? Zoomez encore… Elle est séparée en deux zones par un mur : la ville et Les Périphéries. Dans la ville, rapprochez votre zoom des gratte-ciel. Vous voyez ces gens habillés de leurs Flysuit ? Ils sautent des gratte-ciel. Autour d'eux c'est l'euphorie. « Imaginez le corps dans son infinitude, immortel, s'élevant et retombant sans cesse, comme une respiration, une pulsation, et savourez cette pensée, trouvez-y refuge, puisez-y confiance. Là, à ce moment précis où vous vous retirez lentement du monde, la mort n'existe pas, il n'y a que la vie. »

Riva est l'une de ces « idoles » adulées par la foule pour la qualité et la beauté de ses sauts dans une discipline appelée le « Highrise Diving ». Un jour, elle choisit de ne plus sauter, comme ça, sans aucune raison. Ses sponsors décident alors d'engager une société spécialisée dans « les remises sur le droit chemin ». Désormais, Hitomi Yoshida une psychologue l'observe grâce à des caméras secrètes, la traque partout, entre en contact avec ses proches pour leur dire comment agir. Tout est entrepris pour l'amener à reprendre son activité. Riva vit avec Aston, un photographe célèbre. Ensemble, ils ont des points de crédit qui leur permettent de vivre là, et non dans Les Périphéries. Riva devient indocile : elle ne porte plus son « activity tracker », mange peu, ne dort plus. Elle reste figée, amorphe, devant sa baie vitrée face à la ville. le danger de perdre son « credit level » devient de plus en plus concret et angoissant.

Julia von Lucadou dresse le portrait d'une société aseptisée où chacun doit jouer son rôle à la perfection. Basée sur la méritocratie qui vous donne des points ou vous en enlève, votre habilité professionnelle est sans arrêt jugée. Votre rôle est de servir à quelque chose, de ne pas être un fardeau. Pour chaque « élément inutile », il existe une sanction adaptée. Mais attention, il ne vous suffit pas de bien faire votre boulot, vous devez le faire en respectant votre corps, votre bien le plus précieux. « Méditation, exercices de relaxation. Respirer en conscience. Éviter le bruit. » le bien-être personnel est la clé de la réussite, il est donc placé au centre de tout. Vos données de santé sont examinées à la loupe, ainsi que votre activité physique, vos heures de sommeil, votre niveau de nervosité, votre rythme cardiaque, le nombre de vos pas. On attend de vous un calme olympien, de la prise de distance en chaque chose, un comportement paisible et tranquille. Pas de vagues. Pas d'énervement. Pas de cris. le maître mot est : obéissance. Dans le cas contraire, vous serez sanctionné sur votre « credit score », et vivement encouragé à retourner dans votre placard.

Julia von Lucadou a créé tout un univers, avec son langage propre. Des anglicismes à la pelle pour évoquer le modernisme de cette société avant-gardiste, un processus original dès la naissance que je vous laisse découvrir, un mode de fonctionnement de la vie quotidienne audacieux. C'est un monde riche en imagination qui s'ouvre sous vos yeux et chaque page apporte son lot de surprises. Cette société parfaite où chacun se sourit et se respecte fait presque envie au début du roman. Et puis… l'écrivain décide, elle aussi, de sauter virtuellement d'un gratte-ciel en s'enfonçant dans les abysses d'un univers où le mot liberté n'existe pas vraiment… Une lecture passionnante, immersive, riche, aussi jubilatoire qu'angoissante.

Je m'en vais travailler mon score d'adaptabilité, éviter de me faire influencer par un « underperformer », m'inscrire à une formation « au bonheur et à la résiliation » et surtout ne pas m'attarder sur les souvenirs. Et n'oubliez pas « Close your eyes, open your mind » et restez zen !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Autant qu'une dystopie effrayante, Sauter des gratte-ciel de la Suissesse Julia von Lucadou est un récit d'anticipation qui préfigure un avenir possible de notre planète, demain ou disons après-demain. Ce Meilleur des mondes accentue en effet toutes les tendances fortes de notre époque, de la recherche absolue de la performance au voyeurisme en passant par la quête d'un bonheur synthétique et l'hyper connectivité. Tout ou presque est crédible dans le livre et jusqu'à cette sauteuse de gratte-ciel, sportive extrême des temps futurs, dont les moindres faits et gestes sont épiés et commentés par des hordes de fans transis. La description de cet univers "parfait" dans son organisation est une toile de fond qui permet à la romancière d'introduire deux personnages principaux dont les dysfonctionnements vont nourrir une trame en plusieurs dimensions et multiples visions, remarquablement maîtrisée. Au sujet de ce monde dystopique où, en gros, la Ville abrite les plus performants et les Périphéries tous les autres, Julia von Lucadou donne beaucoup d'indications mais laisse cependant fort intelligemment au lecteur le soin d'imaginer les fondements structurels. Ce qui lui permet de se concentrer sur ses deux protagonistes féminins, la sauteuse de gratte-ciel mais surtout la psychologue chargée de résoudre à distance les problèmes existentiels et de motivation de la première. Très visuel, le roman est magistral dans cette double perspective, angoissant de bout en bout par cette conscience que le libre-arbitre n'existe plus dans un monde aussi sophistiqué qu'aliénant, fondé sur des injonctions sociales inexpugnables. Courons-nous à grands pas vers un tel système ? A chacun d'imaginer si le scénario est plausible ou non mais la démonstration de Julia von Lucadou est glaçante.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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La collection Exofictions des éditions Actes Sud est une collection que j'aime beaucoup notamment parce qu'elle me permet de découvrir des auteur.ice.s étrangers non anglophones. Sauter des gratte-ciel est le premier roman de Julia von Lucadou, autrice allemande. Une dystopie « technologique » qui n'est pas sans rappeler Bonheur TM de Jean Baret.

Tout commence avec Riva. Riva est une star dans son domaine, une athlète de Highrise-Diving TM. Un sport qui consiste à sauter du haut d'un gratte-ciel en effectuant des figures avant de se réceptionner et de se ré-envoler. Alors qu'elle est parmi les meilleurs athlètes de cette discipline, Riva plonge dans un état presque catatonique et refuse dorénavant de sauter. Une entreprise : PsySolution est alors mandatée pour résoudre le problème et la psychologue Hitomi Yoshida, nouvellement embauchée, est nommée responsable de ce projet. Dans une société où la transparence est la norme, Riva est observée nuit et jour par Hitomi dans le but de comprendre son comportement et de l'amener de nouveau à sauter.

Une société hyper connectée où tout est règlementé, traité, catalogué et où les individus sont récompensés ou sanctionnés en fonction de leurs résultats de travail, de loisirs, de vie privée. C'est une dystopie que nous propose l'autrice comme une « dystopie de la bienveillance ». Alors que la technologie est là pour aider et soutenir les personnes afin que le corps et l'esprit soient en harmonie, l'autrice nous dévoile au fur et à mesure le dessous de cette approche où la technologie est aussi un espion qui vous dénonce à la première incartade. Comme une majorité de dystopies, nous ne savons pas comment la société en est arrivée là et en terme de géographie, le lecteur est limité à la Ville et ses Périphéries. L'autrice dévoile cependant certains pans de cette société par petites touches : le contrôle des naissances, la cellule familiale tabou, les castings pour sélectionner les enfants utiles pour la société, les crédits qui permettent de trouver une logement plus ou moins hauts dans les gratte-ciel symbolisant la réussite, les unions programmer en fonction des profils de chacun.

A travers les vies croisées de Riva et Hitomi, Julia von Lucadou décrit ascension, succès et déchéance de cette vie sous surveillance. Un récit qui m'a paru sans temps morts et pourtant il ne se passe pas grand chose. le lecteur observe Hitomi qui observe Riva. L'une semble inaccessible tandis que le lecteur accompagne Hitomi dans son étude digne des meilleures téléréalités. le petit coté un peu barré du roman avec ses injonctions au bien être et au bien vivre le tout en Trademark in English m'a fait penser à Bonheur TM de Jean Baret et ses injonctions à la consommation. Clairement moins violent dans son approche que Jean Baret, Julia von Lucadou joue sur les mêmes créneaux et nous montre les travers d'une société hyper connectée qui sous couvert de bienveillance cadre les individus pour les pousser vers la performance dans tous les domaines tout en les contraignant à prendre soin d'eux. Cela donne un contexte étonnant et l'autrice arrive à construire un récit intrigant pratiquement à huis-clos qui accroche le lecteur.

Sauter des gratte-ciel fut une très bonne lecture. Sans révolutionner le style dystopique, l'autrice y insuffle un vent différent. J'ai lu ce roman d'une traite et je l'ai trouvé à la fois rafraichissant dans les idées développées que délicat dans sa construction des personnages. Julia von Lucadou propose un premier roman SF de qualité et je serais très curieuse de lire les prochains.

Lien : http://chutmamanlit.fr/2021/..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
— Y a-t-il eu des changements dans votre vie ou celle de Riva ces dernières semaines ou ces derniers mois ? Vous êtes-vous disputés, par exemple ?
— Pas vraiment, dit Aston. Elle n’était peut-être pas tout à fait comme d’habitude.
— Comment cela s’est-il manifesté exactement ?
— Lors du dernier accident survenu pendant un diving show. Une jeune collègue que Riva connaissait bien. Lorsqu’on a appris qu’elle n’avait pas survécu, Riva a éclaté de rire. Puis elle a dit : Si seulement.
— Si seulement ?
— Oui. Au sens de : Moi aussi, j’aimerais bien avoir un accident.
— Vous avez cherché à en savoir plus ?
— J’ai jugé qu’elle ne pensait pas ce qu’elle disait.
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Riva,
Vous n’avez répondu à aucune de nos six convocations obligatoires.
Non seulement vous vous faites du tort, mais vous abandonnez aussi ceux qui ont toujours été là pour vous. La rupture de votre contrat met Dom Wu et l’Académie dans une situation précaire. Dom s’inquiète vraiment pour vous. Il ne comprend pas que vous ne lui disiez pas ce qui se passe.
Souvenez-vous de la petite fille que vous étiez à votre arrivée à l’Académie. Souvenez-vous de votre sentiment de solitude dans ces vastes locaux. De votre peur de ne pas être à la hauteur. D’être renvoyée d’où vous veniez. Dom vous a donné la conviction que vous n’étiez pas seule. Il vous a patiemment expliqué la moindre séance d’entraînement, la moindre figure de saut.
Ne devez-vous pas une explication à ces gens qui ont investi leur temps et leur amour en vous ?
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La nuit, j'ai souvent le sentiment qu'avec l'obscurité un filtre audio s'installe entre mon entourage et moi. Comme si j'étais soudain seule au monde. Les bruits sourds qui me parviennent à travers les murs ou le plafond de mon appartement me font l'effet de bruits fantômes, d'échos des morts. Le léger ronronnement de la paroi climatisante. Un bourdonnement qui fait vibrer les murs. Un craquement. Il faut que ma tablette sonne et que j'entende la voix d'un client à l'autre bout du fil pour avoir le sentiment d'être de nouveau reliée aux vivants.
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— Ça ne te rend pas furieuse qu’on ne puisse rien décider nous-mêmes ? avait-elle dit.
— Ils essaient seulement de révéler notre potentiel et de l’encourager. Tu peux toujours dire non.
— Tu connais quelqu’un qui a dit non ?
— Mais ils ne t’obligent à rien.
Le chemisier d’Andorra avait pris la poussière du béton. Je lui avais tapé dans le dos pour ôter la saleté.
— Ils nous montrent juste la meilleure version possible de nous-mêmes, avais-je dit.
— Tu crois vraiment ?
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Andorra avait toujours eu un score d’adaptabilité inférieur au mien. Mais à la fin, il était même en deçà du minimum requis. Lors de nos contrôles hebdomadaires de performance, elle obtenait régulièrement des points de pénalité et des devoirs supplémentaires. On menaçait de l’exclure, et j’avais peur qu’il ne s’agisse pas de paroles en l’air, comme l’affirmait Andorra. On ne cessait de nous répéter qu’une bonne capacité d’adaptation était essentielle pour réussir sa vie.
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Video de Julia von Lucadou (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julia von Lucadou
Julia von Lucadou, The High-Rise Diver
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