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Danielle Chinsky (Traducteur)
EAN : 9782742734245
444 pages
Actes Sud (04/09/2001)
4.22/5   27 notes
Résumé :
Existe-t-il encore des amateurs des contes du Décaméron de Boccace ? Reste-t-il quelques amoureux de l'Heptaméron que la grande Marguerite de Navarre nous a laissé ? Sans aucun doute, puisque Le Décaméron des femmes occupe en Europe et à l'étranger la digne place qu'il mérite. C'est en effet dans cette lignée de jadis que Julia Voznesenskaya s'inscrit afin de nous rappeler que, sur cette terre, rien n'est plus curieux ni plus universel que l'amour. L'action se situe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Attirée par la littérature russe depuis mon adolescence, je me suis rendue compte que j'avais lu beaucoup d'auteurs russes ou soviétiques mais... pas une seule autrice, à part un petit texte de Tsvetaeva sur la peintre Gontcharova. Ce livre à la belle couverture de Suzanne Valadon m'a été révélé par la magie de ma boîte à livres préférée. Ô joie ! Je l'ai lu avec bonheur. C'est un très beau livre qui mérite d'être connu.

J'ai découvert avec curiosité Julia Voznesenskaya, femme de lettres ayant connu l'internement en Sibérie avant de quitter la Russie dans les années 80. Elle a écrit d'autres romans, notamment pour la jeunesse, et Wikipedia lui prête une sensibilité chrétienne. Malheureusement je n'ai pas l'impression que l'on puisse trouver en français autre chose de sa plume que ce Décaméron des femmes, qui semble avoir eu un certain succès lors de sa publication en 1985. 1988 pour sa traduction française.

L'autrice s'inspire du procédé littéraire mis en oeuvre par Bocacce dans le Décaméron pour faire défiler morceaux de vie et anecdotes, terribles, sincères, drôles et/absurdes. Dans le huis clos d'une maternité de Leningrad 10 femmes isolées pendant 10 jours par une quarantaine se relaient pour partager avec le lecteur leurs récits. Difficile de lâcher le livre une fois qu'on y est entré, tant les 100 récits s'enchaînent avec fluidité. Les portraits de ces femmes qui sortent de l'ombre progressivement, et les parcours de vie qui s'esquissent touchent au coeur.

La plume de Julia Voznesenskaya restitue les émotions et l'humour de ses personnages dont le visage se dessine avec leurs traits de caractère et les stigmates de leurs drames intimes, grâce à la direction d'un narrateur metteur en scène. D'ailleurs le roman a été adapté au théâtre dans les années 1998 : on imagine sans peine voir sur scène ce cercle de femmes.
Femmes qui n'ont pas grand chose en commun à part la grande toile de fond de l'union soviétique.

Vu de France en 2023, la grande guerre patriotique, les camps de concentration et le goulag, les pénuries, la vie en appartement communautaire peuvent nous sembler lointains.
Cependant nous retrouvons l'universel dans le choeur de ces femmes. Premier amour, agressions sexuelles, vie conjugale et familiale, naïveté et pardon, déceptions et trahisons, vengeance et amitié, surprises de la vie bonne ou mauvaises...

Entre l'ouvrière, la secrétaire, l'ingénieure, la professeure de musique, l'ancienne zek, l'hôtesse de l'air, la cadre du Parti, la dissidente, la femme de théâtre... Une sororité et une forme d'espérance se partagent.
Une forme de #meetoo soviétique mais surtout une belle découverte littéraire.

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J'ai lu ce livre il y a... 25 ans, je crois.
Evidemment, j'en ai oublié les détails. Pourtant, je me souviens que tous les récits de femmes qui le composaient étaient empreints d'une très grande sensibilité. Je me souviens avoir été émue aux larmes, avoir été amusée, heurtée aussi, par la société que ce livre décrivait, celle de l'URSS : les appartements collectifs, l'angoisse permanente, l'impossibilité à se procurer le plus élémentaire des biens de consommation... Tout cela était dépeint de manière très vivante et très concrète par une dizaine de femmes que le hasard avait rassemblées.
La richesse de ce livre tenait au fait que ces femmes racontaient leur quotidien avec simplicité et naturel ; leurs expériences semblaient à la fois universelles - les premiers émois amoureux, l'amour filial, l'éducation, la vie de famille... - dans un contexte singulier et dur. A travers leurs récits personnels, c'est la situation d'un pays et le vécu de toute une population que l'on touchait du doigt.
Aujourd'hui encore, je conserve un souvenir très fort de ce roman qui m'avait profondément marquée, tant par ce qu'il montrait que par l'émotion qui s'en dégageait.
Je suis sûre qu'il mérite d'être redécouvert.
Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Cherchant en vain à la bibliothèque un auteur précis à la lettre W, mes yeux se sont posés sur la tranche de ce petit Babel, parfait dans le cadre du Mois de l'Europe de l'est, et ... gros coup de coeur!

Dix femmes venant d'accoucher ne doivent pas quitter la maternité de Leningrad, pas à cause d'une épidémie de peste, non, mais peu importe. le personnel médical est là, elles peuvent recevoir colis et courrier. Que faire? L'une d'elles, Emma, metteur en scène, lisant à ce moment le Décaméron (que j'ai follement envie de lire maintenant), propose à ses dix compagnes de raconter durant dix jours une histoire. Ce sont des professeurs, une ouvrière, une dissidente ou femme de dissident, un zonarde (vagabonde), une hôtesse de l'air, une 'grosse légume' que les autres n'apprécient pas trop -au début. Les sujets? le premier amour, les garces, le viol, la jalousie, l'infidélité, ..., pour terminer par des histoires sur le bonheur.

Important : ce livre est paru en 1985, oui, l'URSS, les dissidents, les camps, les zeks, les files d'attente dans les magasins, le manque de tout ou presque cycliquement, le rêve de l'ouest, la propagande. Les appartements communautaires, le problème de l'alcool et de la violence conjugale. Quant à savoir ce qui est encore d'actualité, à vous de choisir. Mes dix copines du roman n'auraient pas tranché je le sens.

Bref, oui, je les aime ces dix femmes, souvent si courageuses, énergiques, amusantes, émouvantes. A travers leurs récits se dessine bien l'histoire du pays, ses modes de vie et ses problèmes.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quand les zeks voient sortir un cercueil par la grille, ils disent:
" En voilà encore une qui a été libérée avant l'heure. "
Puis ils se détournent et oublient le plus vite possible. Chacun se dit: demain ce sera peut-être mon tour. Le sol de la colline Rouge est tellement farci d'os qu'on ne sait plus si on creuse dans la terre ou dans un ossuaire. Mais Kazakova était un cas spécial. Les femmes avaient pris un risque en l'accompagnant. Seulement jusqu'à la grille, bien sûr, mais c'était quand même un simili-cortège. Elle était comme ça : elle vous obligeait à lui dire une espèce d'adieu.
Kazakova avait pris la place de son fils. Voici leur histoire. Son mari était une brute sauvage. Un gros buveur et un homme violent: il se soûlait et coursait sa femme avec une hache. Elle ramassait son enfant et s'enfuyait chez les voisins. IIs la cachaient le temps qu'il fallait. Elle a plusieurs fois porté plainte à la milice, mais ils lui répondaient toujours la même chose :c'est un problème familial.
Il y a même une histoire comme ça: "Les menaces ne nous intéressent pas, s'il te tue, viens nous le dire."
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"J'espère que vous appréciez la vie magnifique des femmes de notre pays ? Nous trouvons quelque chose de rare et nous en avons pour trois jours de bonheur. Vous râlez sans arrêt contre le gouvernement ! Croyez-vous qu'à l'Ouest, les femmes aient la moindre notion des joies de la vie ? Peuvent-elles imaginer ce que ressent une fille qui a réussi à trouver un soutien-gorge à sa taille en passant devant la queue ? L'extase d'une femme d' intérieur ayant «tiré» un kilo de saucisse fumée pour un jour de fête ? Jamais de la vie. Pour moi, leur vie est pauvre, elle manque de substance."
" Eh oui ! Elles ignorent tout de nos délices !s'exclame Galina en riant. Je souhaiterais les ignorer aussi !"
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