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EAN : 9782259249508
320 pages
Plon (07/09/2017)
2.48/5   20 notes
Résumé :
A la suite d’une mauvaise chute lors d’un voyage universitaire au Chili, Friso de Vos, rédacteur en chef de la revue très intello Le Somnambule, bras droit du philosophe star Josip Brik, spécialiste de l’Hitlérologie, est hospitalisé. Alors qu’il est en convalescence, son mentor, Josip Brik, meurt en tombant depuis une fenêtre. Placé sous le signe de cette double chute, le roman mène le lecteur de surprise en surprise, dans l’univers de l’intelligentsia internationa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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La fascination pour la personne d'Hitler est loin de disparaître même si les années passent et si les rescapés de la seconde guerre mondiale disparaissent peu à peu, laissant l'histoire se charger de transmettre la leçon du passé. le satiriste allemand Timur Vermer avait écrit en 2011 un livre d'une drôlerie féroce intitulé "il est de retour" mettant en scène la réapparition du dictateur après un très long sommeil.
Joost de Vries aurait-il été inspiré par ce texte pour l'écriture de son roman "l'héritier" mettant en scène avec une complaisance, parfois non dénuée d'humour, une bande d'universitaires se consacrant à l'étude d'Hitler, sa vie, son oeuvre et les traces qu'il a laissées dans l'imaginaire contemporain, littéraire et cinématographique?
Josip Brik est un enseignant fantasque et génial qui a consacré toute sa carrière à étudier "le phénomène Hitler" et a connu ainsi une notoriété planétaire. Il est soutenu dans ses recherches par Friso de Vos, un jeune homme qui lui voue une admiration éperdue et éprouve pour lui un sentiment quasi filial, à tel point qu'avec sa compagne Pippa, ils se consacrent à son bien être et entretiennent sa notoriété.
Quand il décède subitement à Amsterdam, alors que Friso se trouve en Amérique du Sud pour interviewer un homme dont le titre de gloire est de porter le prénom d'Hitler, c'est la vie de Friso qui s'écroule et ce d'autant plus, qu'il apprend qu'un autre homme a pris sa place comme "héritier" de Brik, un jeune universitaire Philip de Vries qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau .
Friso décide de se rendre à Vienne pour assister à un congrès où se réunissent historiens et intellectuels qui ont pour spécialité les différents aspects du métadiscours sur Hitler et il compte bien retrouver l'imposteur et le confondre.
Sauf qu'arrivé sur place, il se contente d'endosser son personnage et se fait passer pour celui qu'il honnit , ce qui donne lieu à un jeu de miroirs plutôt risqué qui pourrait s'avérer lourd de conséquences.
Nous rentrons alors dans une intrigue bien invraisemblable qui met en scène agents secrets et espionnes perverses, un objet disparu qui suscite une convoitise sans limites, tout ceci dans le cadre d'une ville où le souvenir de Hitler parait planer à chaque coin de rue.
On pourrait s'interroger sur la complaisance manifestée par l'auteur dans le développement de certaines thématiques mais heureusement l'humour sauve la mise, notamment avec l'épisode hilarant consacré au Front de libération du bras droit.
Les chapitres qui paraissent les plus crédibles sont ceux consacrés aux relations personnelles entre Friso et Pippa qui ponctuent l'intrigue principale.
Ce roman qui paraissait d'emblée présenter de grandes qualités, m'a paru décevant et j'ai du reprendre certains passages de la seconde partie pour tenter de comprendre où l'auteur voulait en venir. Je suis néanmoins restée perplexe malgré une relecture attentive.
Dommage car certains éléments historiques (véridiques ou fantasmés ?) présentaient un réel intérêt et le style fluide et élégant laissaient présager une lecture agréable.
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L'Héritier (titre original de Republik, La République, publié en néerlandais en 2013)

Avec beaucoup d'ironie, l'auteur se moque de toutes ces publications sérieuses et parfois rocambolesques qui paraissent encore chaque année sur Hitler, d'autant qu'aux Pays-Bas - pays de l'auteur - ce sujet est encore un sujet sensible et pris très au sérieux. C'est aussi une façon d'introduire un sujet de fond plus intéressant, qui est la prise de conscience du comment nous revisitons en permanence l'histoire.

L'image que nous nous faisons d'un évènement historique est fortement influencée par la fiction au point ou par exemple, il ne nous est plus possible de penser au D-Day sans immédiatement voir des scènes de Saving Private Ryan (Il faut sauver le soldat Ryan).
La fiction transforme les évènements historiques et cela va de pair avec une réflexion sur l'usage politique qui est fait de l'histoire.

Allégorie de l'Histoire? Tout au long du roman, une sorte de jeu de rôle se met en place, une usurpation d'identité où Friso, le personnage principal, se fait passer sans difficultés pour l'autre, celui qu'il considère comme l'usurpateur, celui qui manque de profondeur mais qui se fait interviewer par les medias, alors que lui, le véritable expert, est oublié. A la fin du roman les limites entre le jeu, l'ironie et le ‘pour de vrai' deviennent floues. Et peut-être que sa perception de l'autre était finalement trop fortement influencée par le chagrin d'avoir perdu son mentor, le ‘roi' Josip Brik. le roi est mort. Friso et son amie Pippa qui partent en vélo publier leurs bans, ce sont les affranchis, la république (titre original du roman) d'une société postmoderne qui doit faire face au populisme montant représenté ici par Geert Wilders.

Mon seul bémol serait pour quelques traductions un peu trop littérales et parfois curieuses, et des chapitres qui ne s'emboîtent pas toujours avec la fluidité et la cohérence que le lecteur aimerait trouver. L'apparition soudaine d'experts notoires dans les médias, venus de nulle part, est totalement d'actualité.
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« Brik ne s'intéressait pas à notre imagination ou à notre imaginaire, mais à notre pouvoir de fantasmagination. Ce sont deux choses différentes. Au cinéma, ce qui le fascinait, c'était la reviviscence du passé…. La Liste de Schindler. ‘D'abord il y a eu la guerre, puis il y a eu le récit de la guerre. La guerre était grave, mais le récit qu'on en a fait l'a rendue encore plus grave'».
Le roman ‘De Republiek' en néerlandais a été traduit en France sous le titre ‘L'Héritier'. Les traductions allemande et italienne ont conservé le mot république. Il devait moins bien passer en France où la République est sacro-sainte.
Le narrateur du roman, Friso de Vos, est un jeune intellectuel néerlandais rédacteur de ‘Somnambule, La revue du métadiscours sur Hitler depuis 1991'. La revue serait basée aux Etats-Unis où enseigne le légendaire Josip Brik, qui semble être, selon moi, une sorte de Slavoj Zizek et/ou Alain Badiou.
Friso est le protégé de ce génial Brik, mais aspire clairement à en être l'héritier.
Le début du livre, où règne en maître la figure de Brik, est fascinant. Puis Brik meurt, et les ennuis, dans tous les sens du terme, commencent pour Friso et pour nous lecteurs.
Que veut dire le ‘métadiscours sur Hitler'? Il pourrait s'agir d'une préoccupation intellectuelle à l'intérêt évident, puis douteux. Zizek et Badiou parlent de Robespierre ou du communisme et leur discours alimente un genre de ‘métadiscours du communisme ou de la Terreur', mais plutôt sans l'horreur, les flots de sang et de mensonges. Brik et la revue Somnambule sont au carrefour de l'étude du métadiscours sur Hitler; le concept, l'image, l'écho dans la culture contemporaine.
Comme dans le marketing, il faut se trouver une niche, un marché spécifique, porteur, quoique restreint.
L'Héritier' est un voyage dans le marketing académique où le buzz compte plus que le fond. Cela compte car cela confère une identité et lance une carrière. C'est absurde et cela impacte les vies personnelles de Friso l'héritier, Pippa sa petite amie, et son rival supposé dans le secteur. Des agents secrets rôdent, ressemblent à l'équipe du Mossad, qui a retrouvé Eichmann en Argentine. Geert Wilders, le le Pen néerlandais, passe dans un couloir d'hôtel. le récit devient brouillon à la fin.
Le début reste magistral, les conversations, entre jeunes européens bien éduqués, sont brillantes. Friso s'échappe d'un moment de folie, lors d'un congrès à Vienne, rassurez vous, ce n'était pas celui de 1815, et retrouve Pippa, désormais la femme de sa vie qui continue, après l'ultime apparition du fantôme Brik qui demeure le socle de l'oeuvre.
L'auteur, né en 1983, serait en train de travailler sur un livre qui relaterait des rencontres fictives avec Henry Kissinger. Sans doute une contribution au métadiscours sur le géant de la diplomatie amorale qui aura hanté le monde à partir de sa nomination à un poste important par le Président Nixon en 1969. Encore un terreau favorable ‘pour notre pouvoir de fantasmagination'. En espérant qu'il ne fera pas oublier les vraies victimes de cette figure encore vivante, toujours en liberté, mais déjà mythique.
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Présenté comme le romancier le plus brillant de la nouvelle génération néerlandaise, Joost de Vries démontre que ce statut n'est pas usurpé, tout du moins dans la première partie de L'héritier, son premier livre traduit en français. Son narrateur, Friso de Vos, est responsable d'une revue très intellectuelle et l'ami de Josip Brit, une sommité dans son domaine : le métadiscours sur Hitler. A la mort brutale de son mentor(Brit, pas Hitler), de Vos se fait voler la vedette en tant qu'héritier spirituel du maître par un inconnu qu'il n'aura de cesse de vouloir discréditer. Autant la première moitié du livre est ébouriffante, gorgée d'un humour parfois "limite", autant la deuxième se perd dans un dédale de péripéties sans grand intérêt dominé par la confusion. La satire universitaire, qui rappelle de loin les écrits de David Lodge, est pourtant savoureuse et la documentation autour du Führer fort impressionnante. Dommage que cette quête identitaire : comment exister dans l'ombre d'un grand homme et surtout comment survivre après sa disparition, est noyée dans un récit qui mêle vie intime et image publique, auprès de "happy few", intellectuels et chercheurs et même espions non identifiés. le rendez-vous avec Joost de Vries est à moitié manqué mais lui donner une nouvelle chance avec une éventuelle future parution est plus qu'envisageable.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Spécialiste du métadiscours sur Hitler, largement obèse et surtout friand de bons mots, Josip Brik est un personnage unique. Plus particulièrement pour son ami et collègue, Friso de Vos, rédacteur en chef du Somnambule, La revue du métadiscours sur Hitler depuis 1991, et admirateur inconditionné de la pensée de Josip Brik. Privilégié parmi les privilégiés, Friso de Vos a eu la chance d'accompagner Josip Brik dans nombre de ses voyages, jusqu'à aller avec lui voir sa vieille mère près de Belgrade, il a partagé de nombreux moments avec son mentor, et peut se vanter de le connaitre mieux que personne… Jusqu'à ce que Josip Brik meure d'une défenestration à Amsterdam et qu'un inconnu au bataillon, Philip de Vries prononce un touchant discours à son enterrement, auquel Friso de Vos a été dans l'incapacité d'assister – fièvre chilienne oblige. Mais d'où sort ce type? A l'occasion d'un congrès à Vienne où les deux héritiers de Brik sont conviés, Friso est confondu avec l'usurpateur, et il n'hésite pas à jouer de cette confusion pour ridiculiser son adversaire, donnant lieu à des scènes dignes d'un vaudeville moderne.
Un roman à l'humour noir, dont ne sait parfois s'il faudrait en rire ou en pleurer. Joost de Vries n'hésite pas à dégainer les blagues sur le nazisme, sur l'holocauste, à ridiculiser Hitler et même à illustrer son roman avec des images tirées de things that look like Hitler! On aime le second degré, le côté légèrement loufoque de l'histoire, où les personnages ont parfois des discours sans queue ni tête, des tocs singuliers et plutôt ridicules. C'est à la fois drôle et intelligent, subtile et documenté – grand nombre de blagues ont un fond historique, mais reste accessibles au lecteur non averti.
Au delà des scènes et personnages comiques, l'auteur pose des questions essentielles sur l'héritage du passé, l'héritage du nazisme plus particulièrement, et notre façon à chacun de l'appréhender, de le comprendre et de le porter. Il s'intéresse également au processus du deuil, à la façon dont les hommes dépassent la perte d'un être cher, parfois par l'imagination, parfois en ce rattachant à ceux qui restent. Certains perdent les pédales, s'inventent une vie différente où la perte n'existe plus, d'autres s'imaginent des scènes rendant hommage au défunt dans de superbes moments émouvants. Friso de Vos a-t-il tout inventé? Jusqu'à quel point? Est-ce que l'autre, ça ne serait pas lui? Est-ce un hasard si l'autre s'appelle « De Vries » comme l'auteur?
Finalement, ce roman nous fait réfléchir tout en nous faisant rire, nous instruit tout en nous amusant, nous perd tout en nous guidant doucement vers le dénouement. J'avoue n'avoir pas forcément compris le message de l'épilogue, mais j'ai le sentiment que c'est précisément ce que recherche l'auteur, en laissant une fin ouverte, où chacun peut comprendre ce qu'il souhaite, où chacun peut s'imaginer, lui aussi, à la place de Friso de Vos.
Merci aux Editions Plon et à Masse Critique pour cette découverte !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il y développait le thème d'un Occident qui s'est trop laissé anesthésier pour pouvoir encore introduire les mutations socio-culturelles qu'il sait pourtant nécessaires. Nous voulons, disait-il, des révolutions sans révolution, des guerres sans victimes, des bolides sans accidents, de la bière sans alcool, du Coca sans sucre, du café sans caféine. En clair, c'est la dégénérescence du libre marché à tous les étages de la psyché. Nous voulons le maximum, mais pour rien, et cette position paradoxale nous laissera sans défense face à l'émergence de nouveaux Robespierre ou de nouveaux Hitler.
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On m'avait demandé de lire et cela n'aurait normalement pas dû me poser de problème. C'était ce que je faisais le plus clair de mon temps, à raison de quarante heures par semaine. Lire, souligner des passages, corriger la ponctuation, écrire des annotations dans la marge. Lire était même ce que je faisais de mieux. A l'école primaire, je mentais sur un tas de choses et j'en amplifiais beaucoup d'autres, simplement pour voir jusqu'où je pouvais aller avant de me faire attraper, et je ne me faisais en réalisé jamais attraper.
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- Mais qui êtes-vous, alors? s'emporta Burgers.
- Excusez-moi, qui êtes-vous, vous? intervint Philip.
- Je suis Sweder Burgers. Je travaille notamment à la Fondation Burgers, dit-il.
- Et sans doute aussi au Mossad ou au Shin Bet " complétai-je à voix basse
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On grandit, on entreprend des choses, et peu à peu on se coule dans un moule. Plus on vit, moins on pense à remettre le modèle en question et moins on réfléchit à la forme que va prendre notre avenir. Tu me suis? Subitement, on se rend compte qu'on va devoir agir pour se démarquer, pour sortir des sentiers battus, tu comprends.
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Tout est là : les masques que nous nous donnons, sont ce qui révèle notre âme au plus profond
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Video de Joost de Vries (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joost de Vries
Avec Herman Koch, Peter Terrin et Joost de Vries. Impostures, mensonges, dissimulations, usurpations d?identité ou de mérites? Certains personnages des romans d?Herman Koch (Cher Monsieur M., Belfond), Joost de Vries (L?Héritier, Plon) et Peter Terrin (Monte-Carlo, Actes Sud) ont des secrets bien gardés ; d?autres sont, ou se croient, victimes de machinations perverses. Entre paranoïa, hypocrisie sociale et mondaine et délire de persécution, ces fictions interrogent la sincérité de notre rapport à l?autre, à l?ère de la transparence. Animé par Margot Dijkgraaf.
Dimanche 27 mai - Centre Rabelais - 33e Comédie du Livre
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