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Citations sur 14 Juillet (151)

Il faut écrire ce qu'on ignore. Au fond, le 14 juillet, on ignore ce qui se produisit. Les récits que nous en avons sont empesés ou lacunaires. C'est depuis la foule sans nom qu'il faut envisager les choses. Et l'on doit raconter ce qui n'est pas écrit.
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Les grands événements se passent souvent de cette manière, le pouvoir est vacant, silencieux, prudent peut-être, et les grands commis hésitent tandis que les dés roulent sur la table.
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Le 23 avril 1789, Jean-Baptiste Réveillon, propriétaire de la manufacture royale de papiers peints, s'adresse à l'assemblée électorale de son district, et réclame une baisse des salaires. Il emploie plus de trois cents personnes dans sa fabrique, rue de Montreuil. Dans un moment de décontraction et de franc-parler stupéfiant, il affirme que les ouvriers peuvent bien vivre avec quinze sols par jour au lieu de vingt, que certains ont déjà "la montre dans le gousset" et seront bientôt plus riches que lui. Réveillon est le roi du papier peint, il en exporte dans le monde entier, mais la concurrence est vive; il voudrait que sa main-d'œuvre lui coûte moins cher. (...)
La nuit du 23 avril 1789 fut une longue nuit de palabres, de plaintes et de colère.
C'était peu de temps avant l'ouverture des états généraux, plusieurs fois différés. On manifesta. Un jour, deux jours, en vain. Réveillon et Henriot devaient penser que ça leur passerait, qu'entre deux lampées de pinard, entre deux quignons de pain, ils l'avaleraient, la pilule, il le fallait bien! et qu'ils retourneraient tous bientôt dans le matin s'agenouiller devant leurs machines et turbiner pour vivre; car il faut bien vivre! on ne peut passer sa vie place de Grève à gueuler. Mais la protestation ne cessa point.
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Ah ! que c’est émouvant les noms propres ; le bottin de la Bastille, c’est mieux que la liste des dieux dans Hésiode, ça nous ressemble davantage, ça nous rafraîchit la cervelle. Alors continuons, ne nous arrêtons pas, nommons, nommons, rappelons les faméliques, les cheveux longs, les gros blairs, les yeux louches, les beaux gars, tout le monde. Rappelons un instant ce Saint-Éloy, qui par un heureux hasard des noms vit à Saint-Éloi et qui fait le beau métier de teneur de bain, rappelons Saveuse, le gendarme, Sassard le couillon, Scribot, le cul-terreux, Servant, l’employé, Serusier, le marchand de légumes, et les deux Simonin, l’un de Ludres, l’autre de Bayonne, et Thurot, de Tournus, et le grand Athanase Tessier, que personne ne connaît, venu de Gisors, tout seul sans doute, et qui à 23 ans se trouve là, au milieu de la foule, heureux. Car ils sont drôlement jeunes devant les fossés de la Bastille.
(LA FOULE)
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Or, on apprend beaucoup à chômer. On apprend à traîner, à regarder, à désobéir, à maudire même. Le chômage est une école exigeante. On y apprend que l'on n'est rien. Cela peut servir.
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Le 13 juillet au matin, à l’Hôtel de Ville, les bourgeois inquiets se réunissent. Ils montent un comité et décident de la création d’une milice armée. A la même heure, le roi part à la chasse. Son cheval galope dans les bois, ses gens rameutent les chiens, ça jappe, le cerf court dans les fourrés.
Seul le temps change les hommes, mais certaines distances semblent chargées de siècles ; à vingt kilomètres de Paris, on vit dans un autre monde. La reine est au Trianon, elle cueille des capucines. Les évènements des derniers jours la rendent un peu nerveuse, mais son emploi du temps ne varie pas.

(PRENDRE LES ARMES)
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"Versailles est une couronne de lumière, un lustre , une robe, un décor.Mais derrière le décor, et même dedans, incrustée dans la chair du palais, comme l'essence même de ses plaisirs, grouille une activité interlope , clabaudante, subalterne .
Ainsi, on trouve des fripiers partout, car tout se revend à Versailles, tous les cadeaux se remonnayent et tous les restes se remangent.Les nobles bouffent les rogatons de première main.
Les domestiques rongent les carcasses .
Et puis on jette les écailles d'huîtres, les os par les fenêtres.
Les pauvres et les chiens récupèrent les reliefs.
" On appelle ça " La Chaîne Alimentaire ."
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Ne pas dormir, c'est vivre dans la mort. La nuit nous traîne, immobile, là où l'on renonce. Le jour est confusion et la nuit sans pitié. Elle cache en elle un miroir où l'on se devine sans se voir.
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C'est inoui le nombre de bègues devenus orateurs, et le nombre de cancres devenus écrivains. La vie est bien curieuse, qui nous attrape souvent par où elle a manqué.
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Versailles était muet, le vieux marquis ne savait plus quoi faire. Les grands événements se passent souvent de cette manière, le pouvoir est vacant, silencieux, prudent peut-être, et les grands commis hésitent tandis que les dés roulent sur la table (p61)
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