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Citations sur Congo (48)

Le monde était un être ténébreux derrière un masque de lumière. Le mal apparaissait sous la forme des divinités sanguinaires, des morts voraces, des bêtes, mais il n’allait jamais seul, il était toujours accompagné d’autre chose dans sa courbe déclive et fuyante.
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Le Congo, ça n'existe pas. Il n'y a qu'un fleuve et la grande forêt. Ça fait quatre-vingts fois la Belgique et même quatre-vingts fois rien, ça finit par faire quelque chose.
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Désormais, le télégraphe et la vapeur allaient être les instruments du succès. C’est eux qui, tels des demi-dieux, parcourraient le monde, non plus à la recherche des épices et de l’or, mais afin que s’accomplisse la promesse en l’ultime transmutation des hommes et de la terre en cette manière ductile et infiniment exploitable que nous connaissons. Le monde entier devint soudain une ressource. Ce fut le dernier émerveillement, l’assouvissement de toutes nos soifs.
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Les copropriétaires discutent de millièmes qu’ils ne possèdent pas encore, des millièmes d’encre, des centimètres de carte qui représente des territoires inouïs et inconnus. Et déjà ils pinaillent sur les réparations de la cage d’escalier, sur la façade qu’il faudra refaire, sur l’entretien des boites aux lettres.
On hoche la tête. Chacun y va de sa petite réclamation frontalière, de sa servitude de passage. On parcourt en tous sens l’Afrique à la loupe. Alors, l’oeil s’écarquille. Que c’est grand ! Que c’est beau ! C’est une avalanche de formes réelles, de côtes, de forêts, de rivières, de lacs.
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Et tout cela vient d’un Chodron fait, en 1867, baron de Courcel, de Port-Courcel sur la Seine, à Vigneux. Mais je me trompe peut-être, et ça m’est égal. Tout ce que je crois savoir, c’est qu’avant un certain Jules ou Jules-Louis – mais c’est peut-être un autre –, on ne trouve plus vraiment la trace des Chodron, ils rentrent dans le lot indiscernable des petites volontés, ils se font minuscules, anonymes, leur joli nom retombe auprès de la grosse marmite d’où il est sorti – baquet à boyaux.
Bien sûr, les Chodron de Courcel d’aujourd’hui s’indigneront et protesteront qu’ils ne sont pas de ces Chodron-là, de ces petits Chodron de rien du tout, qu’ils viennent d’un autre Chodron, qu’on le trouve quelque part dans Les Métamorphoses d’Ovide, quittant l’Apulie en compagnie de Vénulus ; mais nous, on s’en fiche pas mal de l’Apulie et de Vénulus.
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Celui qui tire des coups de fusil doit, pour justifier l’emploi de ses munitions, couper les mains droites des cadavres et les ramener au camp. Alors, la main coupée devint la loi, la mutilation une habitude. On a dit parfois que Fiévez avait été pour Conrad le modèle de Kurtz. Mais Fiévez, le vrai de vrai, est bien pire. Fiévez est au-delà de tous les Kurtz, de tous les tyrans et de tous les fous littéraires. Mais qui était-il ? Un de ces meurtriers qu’on utilise, un de ces enfants fous employés par la grande machine.
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On vit toujours entre deux mondes, entre deux moments de l’Histoire, entre deux courants qui s’affrontent et ne l’emportent jamais définitivement l’un sur l’autre, comme si nos forces, nos contradictions intérieures, luttaient là , devant nous, pour nous offrir le spectacle sanglant de nos démêlés dérisoires.
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Il semble qu'il manque une petite cellule à notre vie, que le sens de notre existence s'échappe par les mailles du tricot.
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Les rois mages se sont mis en route pour aller voir le nouveau-né, ce n'est pas pour se mettre à genoux qu'ils y vont, ils ont bien quelques cadeaux à offrir, mais de la verroterie. Non, les rois mages ne vont rien donner, ils vont prendre.
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Mais ces enfants ont un nom, oh un tout petit nom, comme Yoka, le petit garçon de Lyembe, amputé de la main droite, comme Mola, le jeune garçon de Mokoli, aux mains rongées par la gangrène. On les voit sur la photographie de Clark. Ils sont là, avec leurs visages d’enfants et cette tristesse bizarre. Bien sûr, un nom, ce n’est pas grand-chose, c’est tout petit un nom, plus petit encore qu’un visage, et si fragile ! Oui, ce n’est rien du tout un nom de petit garçon, et Yoka, à qui les hommes de Fiévez et la loi de Fiévez ont coupé la main, il se tient devant nous, le visage fermé, et par un petit trou son âme nous regarde. Dieu que ça fait mal une âme ! Que c’est petit et violent !
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