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sur 553 notes
Figure mythique de la conquête de l'Ouest, Buffalo Bill a entretenu sa propre légende par le biais de représentations dans lesquelles il se mettait en scène avec de vrais indiens et rejouait les scènes de batailles qui avaient fait sa renommée. Son spectacle, le Wild West Show, créé en 1882, dix ans avant l'exposition universelle de Chicago, fait le tour des Etats-Unis et de l'Europe, mêlant la réalité au mythe et provoquant un véritable engouement chez les spectateurs. Buffalo Bill est à l'origine du concept de show-business, pionnier de ce qui deviendra une marque de fabrique américaine.


Mais derrière ce décor en carton-pâte se cache une réalité beaucoup moins attirante, celle d'un peuple martyrisé, avili, humilié, condamné à rejouer sa propre destruction par ceux-là même qui en sont à l'origine. Un peuple exploité, exhibé comme un trophée et qui, plutôt que de susciter la compassion, alimente la peur et la haine.


Dans « Tristesse de la terre », Eric Vuillard dresse le portrait d'un homme dépossédé de lui-même, réduit à jouer toute sa vie son propre rôle, mais il dépeint également l'image d'une nation qui s'est construite dans le sang, sans se soucier de la dignité humaine. Sans être moralisateur, l'auteur nous place face à la réalité des évènements, il nous invite à réfléchir au sens de nos actes ainsi qu'à leurs conséquences. L'écriture est d'autant plus forte qu'elle est belle, éloquente. Les mots, leur sonorité, nous frappent et nous heurtent profondément, jusqu'à nous bouleverser… « Tristesse de la terre » est un texte percutant, riche en émotions et qui donne à réfléchir.
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D'abord intriguée par l'interview qu'Eric Vuillard avait eu avec François Busnel dans La Grande Librairie, j'ai eu quand même beaucoup de mal à rentrer dans ce livre.
De par mes études, mais pas seulement, je m'étais intéressée au sort des Indiens d'Amérique, alors le voir du point de vue de Buffalo Bill - devenu aussi emblématique pour les Etats-Unis et leur identité que Ronald McDonald - pourquoi pas !

La lecture des 100 premières pages a été laborieuse car je le lisais comme un roman, or Tristesse de la terre, malgré ce que ce titre poétique suggère tient plus de l'essai que du roman. Et, l'écriture de l'auteur n'est pas toujours très digeste non plus. Souvent j'avais l'impression de lire Nelson Monfort… Un style qui convient difficilement à la lecture. Pourtant, c'est dans les 60 dernières pages que le livre tient toute sa force.
L'auteur nous montre bien sûr le cynisme dont les Américains ont fait preuve vis-à-vis de ce peuple qui avait aidé leurs ancêtres à survivre sur cette terre qu'ils ne connaissaient pas. Eric Vuillard prend surtout comme exemple le tragique épisode de Wounded Knee qui contient à lui seul dans ces deux pauvres mots une grande partie de ce qu'a été ce génocide toujours pas reconnu par le gouvernement américain à ce jour.

Enfin, ce n'est pas réellement le sujet. le Wild West Show ! Un spectacle folklorique qui est certes tombé aux oubliettes depuis bien longtemps mais qui illustre parfaitement un certain nombres des fondements de la société américaine : le spectacle ! le spectacle et tout son rapport ambiguë au réel qu'il remanie et finit par imposé comme vrai à coup de tours de passe-passe plus impressionnant pour un public en attente de sensations.

Une fois passé la partie un peu pénible de ce court récit, un seul sentiment s'impose une fois le livre fermé : l’écœurement. Se dire que ce décor en carton pâte qui a servi des fables pseudo-historiques (limite révisionnistes) ait pu ériger en héros quelqu'un que l'on considérerait aujourd'hui comme un raté… C'est tout simplement hallucinant. Comme quoi le paraître a un pouvoir bien plus grand qu'on ne l'imaginerait, et sur du long terme en plus. Heureusement, les livres aident à lutter contre ce reformatage de la mémoire.
Eric Vuillard n'apporte certes rien de nouveau à tout le travail fait par les historiens ou des Amérindiens qui se font gardiens de leur très fragile passé, mais il a le mérite d'amener le public (plus ou moins averti) à se poser des questions sur notre propre rapport au spectacle.
Et j'imagine que pour ceux qui ne sont pas familiers de cette partie de l'histoire américaine, Tristesse de la terre leur fera découvrir l'envers du décor. Et pas seulement du Wild West Show.
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Des Cow-boys, des Indiens et des bisons – pas morts – sous le toit d'un grand chapiteau. Il parcourt la France entière, de Marseille à Nancy. Il vient de Londres, de Vienne ou de Florence. le Wild West Show en tournée mondiale. Les hommes se précipitent pour voir ces sauvages indiens, des plumes sur la tête. Les enfants se cachent derrière les gradins pour regarder les cow-boys tirer sur les Indiens et violer les Indiennes. Un parc à thème itinérant, le grand cirque où les éléphants et autres tigres sont remplacés par des chevaux et des bisons – sages, et les fouets par des Winchester. Au sommet du show, la rencontre entre Buffalo Bill et Sitting Bull.

Sous le chapiteau, de la poussière. Des sabots des chevaux et des bisons, sur le parterre de terre aménagé en l'occasion de cette festivité, la poussière se soulève et s'envole. le rythme sourd des sabots qui cognent la terre comme ma tempe. Quelle est triste cette terre, cette poussière d'antan, où des gouttes de sang s'y trouve mêler, du sang d'hommes, du sang de bêtes. Une odeur de poudre et de sueur embaume le chapiteau, comme les grandes plaines de l'Ouest sauvage. Les yeux piquent, par la fumée des carabines, par les incendies des terres, par les camps d'indiens brûlés.

Soleil. Au petit matin, la brume lève le voile sur les collines rougeoyantes. Au sol, des dizaines, des centaines, des milliers d'indiens morts. Au sol, des dizaines, des centaines, des milliers de bisons couchés, abattus plus par jeu que par nécessité. C'est la tristesse de la terre. Mais the show must go on… Sur cet air frais qui transperce les poumons de sa lame d'acier, je tente de respirer sur ce spectacle bouillonnant pour l'époque, affligeant avec le recul de maintenant. le chapiteau se démonte en une nuit, la poussière est balayée d'un coup de vent, cap sur d'autres horizons. Retour à Cody, Wyoming.

Avec une très belle écriture, teintée d'une ambiance froide et mélancolique, cette « Tristesse de la Terre » se trouve être un parfait complément d'une autre lecture très ancienne mais inoubliable, « à la grâce de Marseille » de James Welch.
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Un petit peu déçue car j'ai trouvé que l'auteur déroulait trop facilement, que les idées étaient belles et en plus il roulait sur du velours avec moi et cela m'a agacé. J'ai toujours du mal avec le noir et le blanc. Alors quand de surcroit on me caresse dans le sens du poil de bout en bout sans jamais m'amener à me questionner sur mes idées, je surnage et ne plonge pas. L'écriture est belle, le tempo bien mené et l'idée des photos dans le livre bien venue, mais c'était trop unilatéral. Il me reste une acquisition de connaissances toujours nécessaire et éclairante sur le wild west show.
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Qu'est ce qui peut bien se cacher dans ce court roman derrière ce titre ?
Honnêtement, aucune idée avant de l'ouvrir et surement aucune raison de penser croiser Big Foot, Buffalo Bill et Sitting Bull .
Et pourtant, ce tristesse de la terre nous narre le destin de Buffalo Bill et bien plus que cela.
Qui est pour vous Buffalo Bill ?
Pour moi, un cow boy, tout sauf un pied tendre , un mateur de peaux rouges , un gars qui aveugle l'adversité avec un sourire ultra brite . Une légende de la ruée vers l'Ouest .
Mouais , j'avais tout faux.
William Cody de son vrai nom a bien fréquenté les vastes plaines de l'ouest dès son jeune âge, il a bien servi de guide à la cavalerie , mais c'était une tanche en tant que militaire .
Par contre, c'était un "dégommeur" hors pair de bisons (d'où son surnom) et entre deux beuveries , il raconta son histoire qui allait être enjolivée par un peu scrupuleux scribouillard qui allait le pousser vers la légende . Et William y crut à sa légende et monta le premier grand show avec quelques autres escrocs. Un show mondial, le Wild West Show , qui s'est produit en France et qui est cité au pied du Bataclan. Des millions de spectateurs .
Et quand comme moi, tu n'en savais rien , tu prends ton pied à lire un truc pareil, l'écriture de Vuillard faisant le reste.
Parce que tout est surprise . Bill était une escroc mais un très bon "faiseur" de spectacles. Il alla chercher Sitting Bull (c'est un peu con pour un nom de chef indien je trouve pourquoi pas Sleeping Bull non plus ?) pour le faire jouer, traversa l'Atlantique pour enrôler des survivants du massacre de Wounded Knee . Il réécrit l'histoire aussi , transformant les massacres en batailles, fonda sa ville.. Quel génie !!!
Mais derrière le personnage , il y a la persécution d'un peuple, le génocide pourrions nous dire et le rôle de "l'entertainment" dans l'écriture de l'histoire. Des thèmes abordés avec finesse, intelligence .
Buffalo Bill le chainon entre les spectacles de proximité et la mondialisation du divertissement.
Un livre extraordinaire.
Mais j'ai un doute. Il y a dernier chapitre sur un Wilson Bentley. Je me suis dit, putain , tu vas voir que Buffalo Bill lui a inspiré ses futures bagnoles ...
Ben non , rien , je n'ai pas vu le lien .Que vient faire ce chapitre ? Un peu comme quand je devais faire des rédactions de 200 lignes que c'était plié en 150 et que je parlais de mon chien les 50 dernières :). Dommage.
Mais sinon , je tire mon stetson à l'auteur.

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Tristesse de la terre possède une force inversement proportionnelle à sa taille. Ni roman ni essai mais navigant entre les deux, le livre raconte la folle équipée du Wild West Show mis en scène par le célébrissime Buffalo Bill, à la fin du XIXème siècle.

William Cody est entré dans la légende en tant qu'un des pères fondateurs de l'American Way of Showbiz. Ses spectacles grandioses en taille et nombre d'acteurs et figurants faisaient revivre les grands moments de la conquête de l'Ouest sauvage, les guerres indiennes et les figures mythiques telles que Kit Carson, Anny Oackley et autres. Quitte à édulcorer la véracité historique. Ou à la violer purement et simplement (un Little Big Horn où Custer est sauvé in extremis... par le grand Bill lui-même...).

Si je n'ai pas vraiment apprécié le style particulier d'Éric Vuillard, j'en reconnais son efficacité sur ce court récit. Pas sûr qu'un pavé n'aurait pas fini par devenir irritant à lire.
On ressent dans cet ouvrage tout le cynisme et l'amertume de la vision des vainqueurs américains et des hommes qui mettent ces "victoires" en scène. L'auteur ne nous apprend rien de nouveau sur le traitement des populations indiennes, humiliées, déportées, massacrées. Annihilées au nom de la Civilisation, du Progrès. du pouvoir blanc... Rien de nouveau certes mais ça n'en est pas moins douloureux pour autant.

Quant à l'histrion Buffalo Bill, ses excès, ses succès phénomenaux en Amérique et en Europe ne l'empêcheront pas d'être mis au rencart. Adulé, choyé par le public et la presse, il tombe peu à peu dans la ringardise, has been voué au néant par des masses avides de toujours plus de show, plus de nouveautés, plus de variétés.
Exit Grand Bill, le spectacle doit continuer...
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« le spectacle est l'origine du monde »
Le Wild West Show est présenté lors de l'Exposition Universelle de Chicago. du mouvement, de l'action, des chevaux qui galopent, des batailles reconstituées et le public vient de plus en plus nombreux, applaudissant, riant, criant, captivé, fasciné.
Mais le public est exigeant, il en faut toujours plus. Buffalo Bill l'instigateur du spectacle le comprend très vite. Pour étonner davantage, pourquoi ne pas rajouter la souffrance et la mort ? Il rajouta donc de vrais Indiens avec Sitting Bull qu'il engagea pour 50 dollars par semaine.
«Sitting Bull n'a sans doute jamais été si seul qu'à cette minute, au milieu des drapeaux américains, dans la grande machine à divertir. Il n'était pas aussi seul lorsqu'il vivait en exil au Canada, parmi une poignée de proscrits ; l'obscurité première est impénétrable. Et certes, on était seul à cheval, sous la pluie glacée, errant entre les formes imprécises, dans la grande forêt. Oui, on était seul et triste, mais on était libre, on était plein d'une haine brûlante. Et maintenant Sitting Bull est seul dans l'arène ; la grande chose qu'il aimait est restée en arrière, très loin, Et, ici, dans les gradins, ils ne sont venus que pour ça, tout le monde est venu voir ça, simplement ça : la solitude.»

En douze chapitres assez courts, Éric Vuillard démonte l'Histoire et la reconstruit grâce à son regard acerbe et critique.
« Tristesse de la terre » est un livre magnifique servi par une écriture précise et percutante d'un auteur que j'ai eu grand plaisir à découvrir.
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Dans son septième livre à paraître en août 2014 chez Actes Sud, Éric Vuillard déconstruit le mythe de Buffalo Bill Cody et de son spectacle le «Wild West Show», et, avec ce qui fut le premier grand divertissement de masse, nous montre la face tragique du divertissement.

Les dimensions du Wild West Show étaient spectaculaires : Clou de l'Exposition universelle de 1893 à Chicago, ses deux représentations par jour attiraient près de quarante mille spectateurs, et plus de trois millions lors des représentations données à Paris pendant la tournée européenne en 1905.

Exaltant les conquêtes pionnières, cette Histoire de carton pâte – les cris de guerre des Indiens que nous connaissons tous, quand on fait claquer sa paume sur sa bouche en lançant des whou ! whou ! sonores, furent inventés pour le spectacle, de même que le Stetson des cowboys – était surtout irrésistible du fait de la présence dans le spectacle de véritables indiens, utilisés comme acteurs dans ce spectacle tandis qu'on les massacrait, tristes acteurs de la déformation de leur propre histoire, à l'image du chef Sioux Sitting Bull, qui participât au Wild West Show en 1885.

«Sitting Bull n'a sans doute jamais été si seul qu'à cette minute, au milieu des drapeaux américains, dans la grande machine à divertir. Il n'était pas aussi seul lorsqu'il vivait en exil au Canada, parmi une poignée de proscrits ; l'obscurité première est impénétrable. Et certes, on était seul à cheval, sous la pluie glacée, errant entre les formes imprécises, dans la grande forêt. Oui, on était seul et triste, mais on était libre, on était plein d'une haine brûlante. Et maintenant Sitting Bull est seul dans l'arène ; la grande chose qu'il aimait est restée en arrière, très loin, Et, ici, dans les gradins, ils ne sont venus que pour ca, tout le monde est venu voir ça, simplement ça : la solitude.»

Loin de la figure mythique que l'on connaît, Eric Vuillard dépeint Buffalo Bill Cody comme un homme en proie à une angoisse obscure, jamais repu en dépit de ses succès, un vide comme en écho à celui du spectacle.

«Tristesse de la terre» est un très beau récit, une lecture amère mais nécessaire, un dessillement brutal qui fait apparaître la véritable histoire enfouie sous les paillettes du spectacle, et qui rend si fragiles et incertaines la beauté et la douceur du monde.

«Et il se leva une violente tempête. La neige tomba du ciel comme une injonction de Dieu. Les flocons tourbillonnaient autour des morts, légers, sereins. Ils se posaient sur les cheveux, sur les lèvres. Les paupières étaient toutes constellées de givre. Que c'est délicat un flocon ! On dirait un petit secret fatigué, une douceur perdue, inconsolable.»

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"Les peuples se plaisent au spectacle. Par-là, nous tenons leur esprit et leur coeur." L'auteur de ce propos n'est autre que le plus grand metteur en scène de notre Histoire, Louis XIV, qui sut enjoliver son règne et son auguste personne. Dans "Tristesse de la terre", Eric Vuillard pose un regard critique sur l'art du divertissement. Il étudie le phénomène des spectacles itinérants "Wild West Show" dirigés par Buffalo Bill qui ont attiré des millions de spectateurs en Amérique du Nord et en Europe, peu avant l'émergence du cinéma. Ce triomphe marque l'avènement du show-business, le spectacle et le divertissement s'industrialisent, des produits dérivés sont vendus à la fin de la représentation. Mais d'où vient la puissance attractive de ce spectacle ? Qu'est-ce qui parvient à fasciner quarante mille personnes pendant deux heures ?
L'auteur démontre ensuite que les "Wild West Shows" ne sont qu'une large entreprise de mystification, une version romancée de la conquête de l'Ouest racontée par ses vainqueurs. le massacre d'Indiens désarmés de Wounded Knee est transfiguré en une épopée de Far West. le mensonge a marqué les esprits et j'ai découvert, par exemple, que les "whou whou" des Indiens ne sont en aucun cas un usage amérindien, il s'agit en fait d'un cri de scène poussé par des acteurs du show. Même les auteurs de cette large contrefaçon finiront par croire à leurs propres mensonges. Mais le public finit par se lasser de tout et se détournera bientôt vers d'autres divertissements.

Eric Vuillard restitue le gigantisme du spectacle (une centaine de chapiteaux, une troupe comptant huit cents personnes, cinq cents chevaux traversant des continents) qu'il associe à des anecdotes glauques afin de contrecarrer le mythe. Il sait se montrer poignant lorsqu'il évoque l'existence tragique de ces Amérindiens. Ils apparaissent au cours du récit grâce à de magnifiques photographies qui les rendent présents à nos yeux. Petit à petit, Vuillard l'écrivain et l'intellectuel s'efface pour laisser place à un homme exprimant toute son empathie pour ses frères perdus.
Un récit critique (attention à nos représentations de l'Histoire !) et poignant.
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Personnellement, je ne connaissais de Buffalo Bill que ce que les westerns de mon enfance m'avaient laissé en mémoire. Et je découvre une histoire incroyable : celle d'un opportuniste qui va inventer un nouveau concept de divertissement qui révolutionnera complètement le monde du spectacle, le Wild West Show. Parallèlement, on découvre toute l'horreur du sort réservé aux indiens, extermination pure et simple et pour ceux qui en réchappent, une déshumanisation totale orchestrée et organisée par Buffalo Bill. Au sein de ses spectacles, les indiens rejouent les batailles. Toujours perdants, dégradés, insultés. Ils endurent les cris, les crachats d'un peuple qui assiste en direct à son histoire, telle qu'on veut la lui faire croire : la conquête de l'ouest, ré-écrite par Buffalo Bill, pour ces populations du nouveau monde en soif de sensations et de frissons, animées par la haine. Buffalo Bill Cody s'est laissé dépasser par sa légende, et il a beau employer toute son énergie pour être à la hauteur de son personnage et le faire fructifier, en monnaie sonnante et trébuchante, à la fin de sa vie, il ne restera que ce pantin grimé, has-been.
Les photos qui accompagnent les chapitres sont sensationnelles de beauté et d'émotions. le dernier chapitre m'a laissée un peu perplexe, même si j'en saisi la portée et l'idée sous-jacente et j'aurai réellement souhaité quelques pages de plus. Mais tout ceci est vraiment subjectif et la concision de ce petit livre, est peut être aussi une des clefs de son succès. Je reste donc séduite par cette « tristesse de la terre », qui porte un si beau titre, mais avec le sentiment de rester un peu sur ma faim.
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