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EAN : 9782897125073
122 pages
Mémoire Encrier (10/01/2018)
4.05/5   22 notes
Résumé :
Ocean Vuong
Traduit de l’anglais par Marc Charron
Préfacé par Kim Thúy
Un soldat américain a baisé une jeune fermière vietnamienne. D’où le fait que ma mère existe. D’où le fait que j’existe. D’où le fait que : pas de bombes = pas de famille = pas de moi.

J’ai entendu Ocean et l’océan en moi… depuis ce livre, tout bouge non seulement autour de moi, mais surtout au fond de cette âme qui s’est dénudée.
Kim Thúy

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il fallait bien que je fasse un jour une première critique de poèmes, et ce jour est venu. Mais voilà je ne sais pas vraiment comment dire toutes les émotions qui m'ont submergées quand j'ai lu ce recueil, tout ce que j'ai ressenti quand le poète Ocean Vuong a évoqué son père - ou plutôt son fantôme, dont la présence est partout, ni toutes ces lignes qui m'ont bouleversé lorsqu'il évoque sa mère, ses émois amoureux, son besoin d'un autre.
C'est un recueil de poèmes ultra contemporains et c'est bouleversant.
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Recueil de poésie traduit par Marc Charron et préfacé par Kim Thúy (très belle préface d'ailleurs par cette femme elle-même vietnamienne, réfugiée au Canada).

Le jeune poète d'origine vietnamienne réfugié aux États-Unis se dévoile sans pudeur et évoque l'enfance, ses parents, l'exil, la guerre, la sexualité, la mort, l'homosexualité, le déracinement.
Il ose même des petites touches d'humour dans le texte Fragments d'un cahier.
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J'ai découvert Océan Vuong avec son roman " Un bref instant de splendeur" ,et après avoir lu ce livre et l'avoir écouté avec attention lors de la rencontre organisée par Babelio, j'ai eu envie de découvrir le poète. Ces poèmes frappent en plein coeur, les mots sont vifs , tranchants, ne prennent pas de détour. Clairement c'est un recueil que je vais lire plusieurs fois, car il faut, je pense plus d'une lecture pour appréhender toutes les nuances de ces textes. Voilà,j'ai aimé puissance 10 et je vous recommande vivement de lire ce très beau recueil.
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Féroce et pourtant délicate, la vive poésie d'une épopée intime entre Vietnam et Amérique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/01/26/note-de-lecture-ciel-de-nuit-blesse-par-balles-ocean-vuong/

Ocean Vuong est indéniablement l'un de ces précieux mystères que secrète régulièrement la littérature mondiale. Né en 1988 dans un village rizicole près d'Hô-Chi-Minh-Ville, dans une famille d'ascendance mixte (son grand-père était un marin américain), il a dû fuir immédiatement le pays natal pour un camp de réfugiés aux Philippines, avant que sa mère ne trouve asile aux États-Unis pour ses deux ans, et que son père ne les quitte peu de temps après. Premier rejeton de la famille à avoir appris à lire et à écrire, à onze ans puisque cela semblait trop improbable d'abord au sein du cercle des proches, c'est en rencontrant le poète et écrivain Ben Lerner à l'Université de New York qu'il prendra finalement son essor, à son tour, en tant que créateur littéraire. Après de nombreuses publications en revue, « Ciel de nuit blessé par balles », son premier recueil, est publié en 2016 chez Copper Canyon Press, avant d'être traduit en 2017 par Marc Charron chez Mémoire d'Encrier, à Montréal.

Qu'il règle de formidables comptes avec une image paternelle, qu'il transmute son histoire familiale dans ses zones plus apaisées, ou qu'il célèbre avec fougue ses amours, Ocean Vuong met en oeuvre un fort rare mélange de férocité et de délicatesse. Dans The Guardian en 2017, Kate Kellaway notait avec justesse la facilité avec laquelle le poète évolue entre la biographie intime et la dimension quasiment mythologique de certains épisodes de sa vie. Capable de faire sourdre lorsque nécessaire une violence physique qui pourrait évoquer les luttes obsessionnelles et addictives du John Rechy de « Numbers » (1967), il peut aussi bien y juxtaposer une fiévreuse douceur, ou bien une ironie rentrée à la forte constitution. Fragilité indéniable et monumental sens de l'urgence sont ici associés dans chacun des tableaux inventifs et déstabilisants qui nous sont offerts. Et c'est ainsi que la poésie intime développe sa puissance universelle auprès de nous, lectrices et lecteurs.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Si vous avez aimé le roman d'Ocean Vuong, Un bref instant de splendeur, ce recueil pourrait vous intéresser puisqu'il s'agit de la source même du récit. L'auteur se dévoile et évoque ses parents, l'exil, la guerre, la mort ou encore la sexualité.

Une voix singulière qui nous transporte avec des images saisissantes et des poèmes qui frappent en plein coeur !
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
SEUIL

En ce corps, où tout a un prix,
j’étais un mendiant. À genoux,

j’ai regardé par le trou de la serrure, non pas
l’homme qui se douchait, mais la pluie

qui le traversait : des cordes de guitare se brisant
sur ses épaules galbées.

Il chantait, c’est pourquoi
je m’en souviens. Sa voix :

elle m’a rempli jusqu’a la moelle
comme un squelette. Même mon nom

s’est agenouillé au fond de moi, demandant
d’être épargné.

Il chantait. C’est mon seul souvenir.
Car en ce corps, où tout a un prix,

j’étais vivant. J’ignorais
qu’il existait une meilleure raison.

Qu’un matin, mon père s’arrêterait
(un poulain sombre, immobile sous l’averse)

pour écouter ma respiration crispée
derrière la porte. J’ignorais que le prix à payer,

pour entrer dans une chanson, était de perdre
le chemin du retour.

Je suis entré. Et donc j’ai perdu.
J’ai perdu tout, les yeux

grand ouverts.
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TÉLÉMAQUE

Comme tout bon fils, je tire mon père
hors de l’eau, par les cheveux,

sur le sable blanc, ses jointures creusant un sentier
que les vagues s’empressent d’effacer. Car la ville

au-delà de la rive n’est plus
là où nous l’avons laissée. Car la cathédrale

bombardée est désormais une cathédrale
faite d’arbres. Je m’agenouille à ses côtés

pour voir jusqu’où je peux m’enfoncer. Sais-tu qui je suis,
Ba ? Mais la réponse ne vient jamais. La réponse

est le trou de balle dans son dos, débordant
d’eau de mer. Il est tellement immobile

qu’il pourrait être le père de quiconque, repêché
comme une bouteille verte échouée

aux pieds d’un garçon, remplie d’une année
qu’il n’a jamais touchée. Je touche

ses oreilles. Inutile. Je le retourne.
Pour lui faire face. La cathédrale

dans ses yeux noirs de mer. Ce visage
aucunement mien, que je porterai pourtant

quand j’embrasserai tous mes amants en leur souhaitant bonne nuit :
comme je scelle les lèvres de mon père

avec les miennes, et entreprends
mon fidèle travail de noyade.
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Quand ils te demandent
d'où tu viens,
dis-leur que ton nom
a pris forme dans la bouche édentée
d'une femme de guerre.

Que tu n'es pas né
que tu as plutôt rampé, tête première,
jusqu'au ventre des chiens affamés. Mon fils, dis-leur
que le corps est une lame qui s'aiguise
en coupant.
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Et souviens-toi
que la solitude est tout de même du temps passé
avec ce monde. Voici
la chambre où tous se trouvent.
Tes amis morts qui passent
à travers toi comme du vent
à travers un carillon.
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(fragments d'un cahier)

La vie est drôle.

Note perso: si un gars te dit que son poète préféré est Jack Kerouac,
fort à parier que c'est un crétin.

note perso: si Orphée était une femme, je ne serais pas coincé ici.

pourquoi tous mes livres me laissent-ils les mains vides?

En vietnamien, le mot pour "grenade" est bom, du français "pomme".

Ou était-ce de l'américain bomb?
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Videos de Ocean Vuong (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ocean Vuong
Lecture par Olivier Martinaud Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos - Interprète : Marguerite Capelle
Le premier roman d'Ocean Vuong, Un bref instant de splendeur, prenait la forme d'une lettre adressée par un fils à sa mère analphabète. Dans son recueil de poèmes le temps est une mère, Ocean Vuong renoue avec cette voix singulière, qui témoigne de la violence des traumas autant que des éblouissements de l'amour. Confiant dans les pouvoirs du langage, il use ici des ressources vivifiantes de la poésie pour faire face à la perte de sa mère et donner forme à l'absence. D'un poème à l'autre, des souvenirs émergent, révélateurs des blessures de l'Amérique. D'une rare intensité émotionnelle, la langue d'Ocean Vuong casse la syntaxe, s'autorise des audaces formelles toujours irriguées par un lyrisme incandescent, faisant de ce recueil un sommet d'humanité.
À lire – Ocean Vuong, le temps est une mère, trad. de l'anglais (États-Unis) par Marguerite Capelle, Gallimard, 2023.
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