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3,68

sur 719 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'élégance d'un titre, la beauté d'une couverture, quelques critiques accrocheuses sur Babelio : il n'en fallait pas plus !
À peine entraperçue à la médiathèque, cette jolie biche qui me fait de l'oeil, et voilà que je fonce sans trop savoir à quoi m'attendre.
Effet de surprise garanti !

De quoi ça cause ? Tout juste une vague idée.
Bien vite je comprends que l'intérêt de ce livre est à chercher ailleurs, dans l'écriture principalement.
Il suffit de tourner quelques pages pour s'en convaincre : Ocean Vuong est bourré de talent (et de quelques névroses aussi...)
Dès le premier chapitre me voilà scotché par la plume et l'exquise qualité du style. Surpris aussi par le contraste entre l'indéniable charge poétique de certaines images et la brutalité crue, presque "malaisante", qui nous saute au visage dans d'autres passages et que le jeune homme nous livre ici pêle-mêle, comme dans l'urgence.
C'est au lecteur de recoller les morceaux, de reconstituer un semblant de chronologie, d'identifier les protagonistes de cette histoire familiale embrouillée, bref de repérer dans ce désordre un fil conducteur et de s'y cramponner comme à une ligne de vie.

Se dessine alors par fragments un récit de guerre (celle du Vietnam), d'exil (aux États-Unis), de métissage et de racisme, l'histoire d'une famille (grand-mère, mère, fils) déracinée qui peine à surmonter ses traumatismes.
Dans ces confessions adressées à sa mère (pourtant analphabète), Ocean Vuong évoque quelques faits marquants de son enfance et de son adolescence, ses premiers émois et la découverte de son homosexualité, les ravages de la toxicomanie parmi ses rares amis, ou encore la relation pleine de tendresse - sans doute les plus belles pages du roman - qu'il entretient avec sa grand-mère sénile, hantée par les bombes américaines sur Saïgon.

Est-ce que pour autant j'ai vraiment adoré ? Non.
Est-ce que j'ai tout compris ? Certainement pas (mais n'est-il pas dit en page 219 : "ça non plus ça ne veut rien dire, je sais, mais il y a des riens qui changent tout après eux" ?)
Est-ce que je regrette d'avoir passé quelques jours dans ce joli méli-mélo de grâce, d'amour, de violence et de questionnements intimes ? Pas le moins de monde.

Bien que le sens de certaines formules m'ait complètement échappé, j'ai souvent été touché par la sincérité de ce narrateur-poète déboussolé, en quête de racines et d'identité ("parfois je ne sais pas ce que ou qui nous sommes"), fourmillant de questions cruciales sur ses origines ("mon doute est partout, Maman [...] Je ne sais pas comment te décrire : blanche, asiatique, orpheline, américaine, mère ?")

Chaque souvenir en appelant un autre, les pensées et les paragraphes se succèdent comme des flashs, de manière un peu décousue. L'effet stroboscopique produit peut déplaire, mais cela n'empêche finalement pas l'auteur de développer en profondeur son rapport à la langue, à l'art en général et à l'écriture en particulier, par laquelle il transforme ses souffrances intimes en brefs instants de splendeur.
A-t-on jamais vu plus belle transmutation ?
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Ce roman m'avait attiré avec sa belle couverture, son titre beau et énigmatique, son résumé et en plus, il avait recommandé dans l'émission de « La Grande Librairie » (dans la partie des libraires).

Un fils écrit une lettre à sa mère, lettre qu'il lui sera impossible de lire puisqu'elle est analphabète et ne comprend que le Vietnamien.

Le narrateur ne lui cachera pas grand-chose et on se dit qu'heureusement qu'elle ne lira jamais cette lettre dans laquelle son fils parle, entre autre, des coups qu'il a reçus de sa mère.

Je ne sais pas ce que la mère aurait pensé de la lettre de son fils, si elle avait su la lire, mais moi, je me suis ramassée une pelle dans la gueule, et pas dans le bon sens du terme.

Le récit est assez décousu, passant souvent du coq à l'âne. Bon, lors de nos conversations en famille ou entre amis, on saute aussi souvent sur tous les sujets, on divague, on s'éloigne du point de départ, mais si à l'oral, ça marche, à l'écrit, c'est plus confus.

Sans problèmes, j'ai réussi à m'en sortir avec ses digressions, à dérouler le fil de l'histoire, à identifier les membres de sa famille et à comprendre que lorsqu'il parlait du garçon, c'était de lui qu'il parlait, se mettant en scène à la troisième personne du singulier, sans doute pour prendre plus de distance avec le récit, vu que ce qu'il lui arrivait était assez violent…

J'ai apprécié les sujets abordés, assez disparates, mais formant un tout cohérent avec le personnage principal : l'exil aux États-Unis, la guerre du Vietnam, le métissage, les syndromes post-traumatiques, l'homosexualité, la difficulté de trouver une place dans la société américaine, les brimades à l'école, le dur travail de sa mère pour s'en sortir, les drogues, le racisme des Blancs envers les plus basanés et celui des Vietnamiens envers les métissés, ceux qui sont trop Blancs pour eux.

Le racisme n'est pas l'apanage de l'Homme Blanc, la connerie existe partout et l'Humain ramène tout à une histoire de couleur de peau ou de race. On le ressent bien dans ce récit, avec la mère du narrateur, fille d'une Vietnamienne et d'un soldat américain.

Le racisme ambiant, qu'il soit au Vietnam ou aux États-Unis est très bien décrit, magnifiquement rendu. Avec peu de mots, peu de situation, l'auteur arrive à nous faire comprendre toute l'imbécilité des gens, quelque soit leur couleur de peau, leurs origines.

La chose qui m'a le plus cruellement manqué, dans ce récit qui avait tout pour me plaire, ce sont les émotions ! Une fois de plus, j'ai eu l'impression qu'elles étaient aux abonnés absents : là où certains passages auraient dû me mettre le coeur en vrac, il ne s'est rien passé, comme si l'écriture n'avait pas su rendre les émotions palpables.

Le manque de dialogues m'a manqué aussi, cela a sans doute contribué à cette impression d'écriture froide. L'auteur a sans doute mis ses tripes dans son roman, mais à aucun moment je ne l'ai ressenti.

Une fois de plus, c'est un rendez-vous manqué avec un roman qui a été salué et encensé par la critique… Si j'ai réussi à tenir le coup durant toute la moitié du roman, la seconde partie fut survolée tant je n'arrivais plus à m'accrocher au récit et à la plume de l'auteur.

Malgré des portraits forts dans ses personnages, malgré un récit qui avait tout pour me plaire, j'ai battu la campagne pendant les 130 dernières pages et me suis enlisée dans la fin du récit, alors que j'avais réussi à apprécier un peu le début du roman.

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Qu'il est beau, ce titre : Un bref instant de splendeur, qui rappelle d'ailleurs celui d'un merveilleux film d'Elia Kazan, Splendor in the Grass (La fièvre dans le sang, en VF). Partout, par la critique ou ses lecteurs, le roman d'Ocean Vuong a été célébré à juste titre pour son ruissellement poétique, dans un texte autobiographique (jusqu'à quel point ?). Très bien, l'auteur est doué, sans conteste, mais est-il permis de dire que l'on est pas nécessairement touché par le sort de ce garçon né d'un père américain et d'une mère vietnamienne et qui est très tôt confronté au racisme ordinaire ? Beaucoup d'autres thèmes sont présents dans ce livre volontairement "chaotique" qui fait fi de toute chronologie dans cette lettre que le narrateur adresse à sa mère analphabète. Ce n'est pas que l'on se perde dans les péripéties du récit mais Vuong s'est ingénié à mélanger les époques, les protagonistes, les moments dramatiques ou triviaux au gré de son inspiration. Sans oublier les changements de style, jusqu'à égrener des Je me souviens, à la manière de Perec (Georges, pas Marie-Jo). Si l'on n'est pas stricto sensu dans le domaine du roman doloriste, on n'en est quand même pas très loin entre homophobie, drogue et deuils successifs. C'est une affaire de sensibilité, dira t-on, concernant l'approche du roman par chacun. Certes, mais cela est vrai pour tous les ouvrages et il est important d'y trouver son bonheur également en matière de construction narrative. Celle d'Un bref instant de splendeur peut s'entendre par la forme épistolaire qu'est censé prendre le livre mais elle n'est pas convaincante car trop travaillé, au détriment de la sincérité. Mais ceci n'est évidemment qu'un modeste avis personnel qui va à l'encontre d'une majeure parti d'avis enthousiastes.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Très bien écrit j'ai démarré le roman enthousiaste mais des scènes vraiment traumatisantes, notamment celle où des mercenaires droguent un macaque et lui mangent le cerveau alors qu'il est encore vivant, m'ont fait abandonner la lecture. N'étant pas adepte des scènes d'horreur, Je n'ai pas pu aller plus loin par conséquent je ne trouverai pas ce Bref instant de splendeur qui fait le titre du livre.
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Célébré de toute part, des deux côtés de l'Atlantique, ce premier roman du sino américain Ocean Vuong, poète, romancier et universitaire instagrameur queer aux milliers de followers, ne souffre d 'aucune critique négative. Normal, on ne peut qu'être impressionné par son destin d'immigré vietnamien au fin fond d'Etats Unis bien peu accueillants, ouvertement racistes ( et homophobes). On peut également être ébloui par sa façon totalement personnelle de raconter son parcours, sorte d'explosion de moments de vie, faisant fi de toute chronologie, pour ne jeter aux lecteurs que des sentiments bruts, précis, peignant ainsi un tableau sidérant, hautement imagé, à la sensibilité poétique crue et vibrante.
La première partie de ce roman en est le parfait exemple, mêlant souvenirs d'enfance, généalogie familiale et vie d'immigré américain pauvre dont la fulgurance ne laisse pas indifférent. Rarement on avait décrit avec autant de précision le racisme ambiant d'un pays qui ne peut assimiler les non blancs ainsi que cette plaie toujours ouverte de la guerre du Viêt-Nam dans l'inconscient d'un peuple. Cet éclatant départ pose le roman sur les rails du grand roman américain, sans doute sous l'inspiration de William Faulkner et donc très éloigné ( chic alors !) de ces cohortes d'ouvrages US fleurant bon les ateliers d'écritures ( très formatées) des universités américaines. La suite ne dérogera pas de ce chemin détourné mais, et c'est là où un bémol va se poser, avec moins de brio narratif.
Si l'histoire de son premier amour avec Trevor, blanc américain accro aux drogues, est plantée dans un décor formidablement romanesque, sa narration, voulue complexe, mélange de souffrance, d'adoration masochiste et d'une poésie un peu adolescente ( sans doute pour recréer des pensées sous acide) paraît un peu plus fabriquée. On sent le laboratoire de recherche littéraire ( qu'on retrouvera un peu plus loin avec ce que l'on peut voir comme un hommage à Georges Perec et et l'utilisation, peut être un peu trop appuyée, de la célèbre anaphore " Je me souviens"), sympathique mais peut être pas encore bien abouti dans ce premier roman. Vers la fin, apparaîtront de nouvelles fulgurances avec l'évocation sans fard des dernières heures de sa grand-mère mêlée avec ses relations sexuelles, même si cette confrontation Eros/Thanatos peut sembler, elle aussi, un peu convenue.
Un peu plus sur le blog
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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L'histoire comme le style ne peuvent pas laisser indifférent. Tout d'abord cette lettre fictive écrite par l'auteur à sa mère illettrée met en place un cadre dramatique avec en toile de fond la guerre du Vietnam mêlée au récit familial.
Puis il y a le style de l'auteur. J'ai très vite été éblouie par son style virevoltant et dynamique, étonnant et très personnel. Mais j'ai tout aussi rapidement été lassée par cette accumulation de métaphores, d'images et d'expressions. Leur effet finit par cannibaliser le récit et neutralise le fond même du roman. On peut apprécier dans une certaine mesure les associations d'idées qui déconstruisent parfois l'histoire ou du moins mettent de côté le choix d'un récit linéaire. Cependant il en perd sa force et en est presque dégradé ce qui est dommage.
En le refermant j'ai eu un sentiment de déception et de rejet de l'auteur qui semble faire une démonstration de virtuosité en s'appuyant sur le roman familial.
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Little Dog écrit à sa mère un lettre qu'elle ne lira jamais. Parce que vietnamienne et illettrée. Little Dog vit avec sa mère et sa grand-mère aux Etats-Unis. Il raconte la vie de sa grand-mère et son départ vers l'Amérique. Il raconte son homosexualité et Trevor son premier amour, une passion qu'il évoque avec des mots crus. Il raconte sa mère et les coups qu'elle lui donnait.
Un roman poétique et prosaïque, dur et évanescent mais un roman exigeant qui m'a échappé et n'a pas capté totalement mon attention. On sent que ce texte était nécessaire pour Ocean Vuong mais l'était-il pour le lecteur ?
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Un livre repéré depuis longtemps à la bibliothèque, mais quelque chose me retenait. Je me suis finalement laissée tenter en cette fin d'année, mais ce ne fut pas une réussite pour moi. Une lecture qui ne me correspond pas du tout. Je ne remets aucunement en cause les talents de l'auteur mais reconnais simplement que ce livre n'était pas fait pour moi. du coup, ma lecture a été particulièrement laborieuse alors que c'est un roman assez court pourtant. Bref, je suis soulagée de passer à autre chose.
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Lettre d'un fils à sa mère, qui nous fait traverser le trauma de la guerre, la violence, l'éclosion du désir, le désespoir face à l'absurde. L'écriture est très particulière, installant certaines scènes avec une grande puissance d'évocation (notamment toutes les scènes avec Trevor, que j'ai l'impression d'avoir vues plus que lues), s'enlisant à d'autres moments dans des envolées obscures qui m'ont perdue.
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Déracinement, racisme, violence, homosexualité, incommunicabilité, figure de la mère et du père, addiction… Comment écrire sur ces traumatismes toujours présents? Dans ce récit largement autobiographique, dans ce texte épistolaire, dans cette langue poétique, éblouissante et crue, Ocean Vuong nous explique la complexité de la guerre du Vietnam et de ses conséquences sur sa famille, ce rêve américain qui semble inatteignable, cette enfance américaine tiraillée entre deux cultures et battie sur la mémoire.

L'auteur nous offre un texte à la fois empreint de délicatesse et de brutalité. Seulement voilà, j'ai été happée par la première partie, j'ai noté un nombre phénoménal de passages que je prenais plaisir à relire parce qu'ils abordaient la difficulté à communiquer «que se passe-t-il quand la langue maternelle est atrophiée? », la transmission orale de génération en génération « le vietnamien que je possède est celui que tu m'as transmis, celui dont la diction et la syntaxe ne dépassent pas le niveau élémentaire », la barrière de la langue, je me sentais bouleversée par cette lettre d'amour et de résilience, ces mots qui pansent, ces phrases maternelles à la syntaxe approximative « deux langues s'annulent entre elles, suggère Barthes, ce qui en appelle une troisième…ce troisième langage qui donne vie quand la langue défaille», ces mots qu'un fils écrit à sa mère, mère qui ne pourra les lire puisqu'analphabète.

Et puis arrive la deuxième partie, une partie trop crue, je n'étais plus touchée. La pudeur manquait. La troisième partie me laisse un goût très mitigé. Alors malheureusement, malgré les magnifiques portraits, les cicatrices non refermées et la fulgurance du début (oui j'ai adoré cette première partie), j'ai perdu pied et me suis mise à dériver jusqu'aux derniers mots.
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