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Catherine Derivery (Traducteur)
EAN : 9782020336536
162 pages
Seuil (30/11/-1)
3.45/5   11 notes
Résumé :
Ces dix-sept nouvelles, écrites entre 1965 et 1986, réunissent l’essentiel de l’apport de Manuel Vásquez Montalbán à l’art du récit. Elles nous font participer du cheminement, long et difficile, mais ô combien vital, d’une Espagne mutilée vers une identité nouvelle et complexe, où toutes les valeurs, soudain éclatent. Portraits pathétiques et humains d’être confrontés à leur marginalité ou à l’échec de leur propre combat, descriptions de villages d’autrefois, fables... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le tueur des abattoirs propose dix-sept textes de Montalban écrits entre 1965 et 1986, dix-sept textes que je qualifierai de pré-carvalhiens, et qui contiennent pourtant en eux l'essence même de ce que seront les romans de la série Pepe Carvalho.
Ces esquisses au fusain de la société espagnole franquiste empruntent à l'expérience politique de Montalban, lui qui a séjourné dans les geôles franquistes en 1962 et a choisi de lutter de l'intérieur, publiant des textes ne reniant rien de ses convictions mais passant au travers du filtre de la censure.
Cette situation confine à l'absurde et l'auteur l'affirmera lors d'un entretien avec Georges Tyras, un de ses traducteurs, auteur de la préface du recueil le tueur des abattoirs :
"Et alors les règles du jeu sur la double vérité de l'organisation politique et sociale, sur la double vérité, la double morale, la double comptabilité signalaient déjà la fragilité de la frontière qui sépare la politique du délit, pour reprendre un titre de Hans Magnus Enzensberger."
L'écriture de Montalban s'est toujours située dans cette dualité entre une réalité vécue et une réalité présentée comme une fiction. Pepe Carvalho, plus tard, ne fera rien d'autre que de créer des ponts entre ces deux réalités, sans chercher à trouver la vérité, une vérité, mais simplement en amenant des personnages d'une rive à l'autre, comme un passeur désintéressé.
Le recueil commence par un texte purement autobiographique, 1945, la description d'une Espagne de l'après guerre dans laquelle les rouges sont tolérés mais exclus réduits à l'état d'épaves, sans travail, livré à tous les vices, marginaux parmi les marginaux. En cela, ils attirent l'attention du jeune narrateur que ses parents cherchent à protéger sans lui cacher la réalité cruelle de cette société sans complaisance pour les perdants :
"Les clientes de ma mère étaient des femmes bizarres à la vie inquiétante : une veuve de guerre qui s'appelait Margaret et paraissait étrangère ; une autre veuve, d'après guerre celle-là, mariée à un important dirigeant de la CBT mort en Belgique renversé par un train ; une fille qui s'était enfuie de chez elle en1940 avec un avaleur de lames de rasoir qui travaillait dans un cirque ; une tireuse de cartes qui avait un oeil de verre et sept énorme poils gris au menton ; une chanteuse de zarzuela spécialiste de la Alasciana, du maître Guerrerro. Mais celle qui se détachait le plus, c'était la mère d'Aurora, avec sa grosse chaussure, ses cernes violets, cette douce caresse qu'elle me donnait sur les joues et sur le front. Et surtout, son frère, le fascinant Juanito Dolç."
Chacun des textes proposées est le reflet d'une époque, d'un état de l'écriture de Montalban, que certains , comme le relève Tyras dans sa préface, ont jugé de qualité irrégulière, mais je dirai que ce ne sont pas les textes qui sont de qualité irrégulière, mais l'état de la société qu'ils décrivent qui est plus ou moins régulier...
Le tueur des abattoirs, écrit en 1974, donne son titre au recueil.
Le tueur est un jouisseur captivé par l'esthétique de la chair, la chair des femmes qu'il séduit et la chair des animaux qu'il abat et dépèce. Sa philosophie de la vie repose sur la négation de ses semblables auxquels il ne veut rien devoir :
"Si on mange un sandwich c'est parce qu'on a pu se le payer. Personne ne fait de cadeau à personne."
"Les gens qui savent qu'ils doivent payer ce qu'ils consomment sont les seuls en qui on peut avoir confiance. Par contre, ceux qui ont l'air de vivre de l'air du temps , en réalité ils vivent de magouilles ou aux crochets de quatre connards. Moi j'ai toujours vingt douros dans ma poche pour les cas d'urgence, et s'il faut mille pésètes, eh bien ce sera mille pésètes, parce qu'un homme qui ne peut avoir mille pésètes dans son portefeuille ne mérite pas de s'appeler un homme."
Dix-sept trésors parus en France après que Montalban soit devenu Montalban, et qu'il convient de lire avec le regard acéré de l'archéologue qui découvre les fondations d'une cité déjà livré au regard profane des touristes qui s'émerveillent des céramiques aux couleurs chatoyantes en glosant sur les auteurs à la sensibilité exacerbée et si contemporaine.

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recueil de nouvelles au gout assez mélancolique d'Espagne qui se cherche
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Presque chaque jour, il tournait la manivelle de son piano mécanique, juste après les cris du chiffonnier et un peu avant ceux du Machaquito : "Il arrive le Machaquito Pinchauva, celui qui répare les parapluies au moindre prix.". Ensuite viendrait le rémouleur, et puis le mendiant à la veste marron, sans chemise, qui chantait devant le portail d'en face : "El vino que tiene Asuncion ni es claro ni es tinto ni tiene color..." Et en dernier, passé midi- à cause de son grand âge peut-être -, arrivait un petit vieux propret aux cheveux blancs, qui chantait en catalan, : "Roso LLum de la meva vida..." Les jeunes filles du quartier sortaient sur leurs balcons à chacun de ces événements et les vieilles pièces de monnaie de l'après-guerre tintinnabulaient sur les pavés. Les gamins aidaient le vieux chanteur catalan à les ramasser, et certains en profitaient pour fourrer dans leur poche quarante ou cinquante centimes qu'ils allaient jouer ensuite à la roulette de Peque. Les jeuens filles du quartier portaient des tabliers en cretonne. Aux fenêtres des balcons, il y avait des rideaux, en cretonne, eux aussi, et des jardinières plantées de géraniums. Seule Mme Paca avait réussi à faire pousser des petits oeillets, aussi descendait-elle assez souvent ramasser le crottin des percherons qui tiraient la carriole verte de l'éboueur. Puis Mme Paca grattait la terre et la fumait avec le crottin ou avec du marc de café.
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