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Citations sur Les oiseaux de Bangkok (21)

Est-ce qu'on remarquerait le bien sans la présence du mal ?
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Il se pencha au balcon. La dame confite et brune était toujours au bord de la piscine, elle prenait la lune, et son mari nageait avec la parcimonie d'un crocodile. La dame confite leva la tête et vit Carvalho derrière le rideau. Le détective crut deviner un sourire sur son visage de poupée de cire, mais il faisait trop sombre pour en être sûr. Quant au mari nageur, il mesurait un mètre quatre-vingt-dix et pesait cent vingt kilos. Lourd.
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« Le crime de la bouteille de champagne », titrait El Periódico, et Carvalho lut en diagonale à la recherche de la marque de la bouteille utilisée pour le meurtre. Pas la moindre trace. Ce n’est pourtant pas pareil d’être tué avec un Cordoniu Gran Cremant, ou avec un brut nature Torello, avec un Juvé y Camps Reserva Familiar ou avec un Marti Solé nature. Il était possible que le meurtre eût été commis avec une bouteille de champagne français, mais dans ce cas, pouvait-on comparer un assassinat à coups de Moët et Chandon avec un crime perpétré au Krug ou au Bollinger ?
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- Vous voulez que je vous dise la vérité ?
- Ça dépend de la quantité. Toute la vérité pour une seule soirée, c'est trop.
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- Pour qui allez-vous voter ?
Demanda la femme après avoir jeté un oeil sur les titres des journaux et revues suspendus aux kiosques des Ramblas.
- Oui, la température est élevée, anormale même pour la saison, dommage qu'il fasse humide.
La réponse de Carvalho déconcerta Marta et la fit s'arrêter et le prendre par un bras pour l'empêcher d'avancer.
- Je vous ai demandé pour qui vous alliez voter.
- J'ai cru entendre : il fait un temps superbe.
- Ça ne se ressemble pas du tout.
- Au ton de votre voix, c'était la même chose.
- Vous insinuez que je ne peux parler que de la pluie et du beau temps ?
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Car on peut devenir sourd quand on ne sait pas écouter la musique de son temps
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« Il commanda une salade de crabe, un steak Sirloin, des fruits, et fut encore une fois confirmé dans son idée qu'il n'est pire sensation de solitude que de manger seul dans une chambre d'hôtel. »
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Pour être immortel il ne faut pas croire à la vieillesse. On commence par croire à la vieillesse et on finit par mourir.
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S’informer sur les vices et vertus réels des Daurella avait demandé à Carvalho trois semaines de travail régulier, comme si, contaminé par l’esprit du vieux, il s’était engagé à travailler aux heures ouvrables.
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Depuis qu’il avait accepté l’affaire Daurella, il avait l’impression de travailler à heures fixes, de la manière la plus proche possible de la vertueuse coutume catalano-japonaise qui consiste à passer un tiers de la journée à travailler afin de pouvoir dormir huit heures et étancher les blessures du corps et de l’âme pendant les huit autres. Cela venait en partie de l’habitude qu’avait le vieux Daurella de lui donner rendez-vous entre neuf heures et neuf heures trente dans le commerce de stores et piscines qu’il avait dans le quartier du Pueblo Nuevo. Ensuite, la seule possibilité de faire le tour de l’affaire à partir du centre radial du vieux patriarche, c’étaient les heures ouvrables : lorsque à l’appel de la sirène ils rangeaient tout ce qu’ils retrouveraient à la même place le lendemain, les Daurella, coupables ou innocents, se dispersaient à travers le monde, dans une zone prudemment voisine de Barcelone mais assez loin les uns des autres, comme pour tisser un univers de points cardinaux de la famille, chaque fils à l’un des quatre coins de l’horizon avec les parents dans leur appartement de l’Ensanche, rue du Bruch, au centre de la terre. C’est ainsi que, lorsque le vieux Daurella parlait de Jordi, Esperança, Núria ou Ausiàs, il tournait la tête vers le nord, l’ouest, l’est et le sud, car Jordi vivait dans une petite maison à Sant Cugat ; Esperança possédait une vieille ferme juste à la limite de la zone où Esplugas de Llobregat devenait cité dortoir ; Núria était installée dans un lotissement du Maresme et Ausiàs, le benjamin et macrobiotique Ausiàs, avait plus de jardin que de maison au Prat. Et en réalité le vieux n’avait pas à tourner la tête vers tous les horizons car dès huit heures du matin les Daurella travaillaient dans l’immense enceinte des Stores Daurella, SA.
– La SA, c’est eux. N’allez surtout pas penser qu’il y a ici des capitaux américains.
L’avertit le vieux Daurella qui pensait au quart de tour. Eux, c’étaient Jordi, Esperança, Núria et Ausiàs, bruns ou petits bruns selon leur poids, et semblables à leur père avec des traits plus ou moins dilatés, comme si à l’heure du coït avec Mme Mercé, Daurella avait imposé la condition sine qua non que tous ses enfants devaient lui ressembler, tous sans exception. Et peut-être parce que l’amour est chromosomiquement prédestiné, ils avaient cherché des moitiés qui leur ressemblaient, sauf Ausiàs, le benjamin, el més mimat, disait encore le père Daurella lorsqu’il parlait de lui, qu’il soit ou non présent, qui était arrivé à épouser un être humain blond, une Hollandaise qui, il y a seulement cinq ans, aurait mérité les pages centrales de Playboy ; aujourd’hui, elle travaillait à plein temps pour la reproduction et la macrobiotique ; elle avait l’air d’une jolie blonde ravagée préposée aux relations extérieures de Daurella SA parce qu’elle parlait anglais comme une Anglaise, insistait le vieux Daurella, et français comme le général de Gaulle. La métaphore aussi était du patriarche. Les autres gendres et brus travaillaient également dans l’affaire. Le mari d’Esperança, l’aînée, coordonnait les représentants, lui-même voyageait en Espagne pour rendre visite aux clients. Celui de Núria était chef du magasin, et la femme de l’aîné, Jordi, dirigeait le bureau installé dans un préfabriqué où l’affiche des Folies-Bergère annonçant la super-vedette espagnole Norma Duval mettait une note d’exotisme. M. et Mme Daurella la lui avaient rapportée d’un récent voyage à Paris où ils s’étaient rendus pour fêter leurs noces d’or.
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