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Pepe Carvalho tome 12 sur 16

Claude Bleton (Traducteur)
EAN : 9782757806531
172 pages
Points (07/01/2010)
3.88/5   17 notes
Résumé :

" Luis Roldán a dirigé la guardia civil de 1986 à 1993, date à laquelle il fut découvert qu'il s'était enrichi de 400 millions de pesetas pendant cette période. Convaincu de corruption, accusé de détournements de fonds, il est rapidement devenu l'homme le plus recherché d'Espagne. L'homme le plus recherché pour les uns et celui qu'on avait le moins envie de voir resurgir pour les autres. Vázquez ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il n'y a que Manuel Vázquez Montalbán pour traiter avec autant d'humour et d'apparente légèreté du cas « Luis Roldán », ex membre du PSOE, ex directeur général de la Guardia Civil, impliqué dans une affaire colossale de corruption, de détournement de fonds, d'escroquerie, ainsi que dans une guerre bien sale contre l'ETA via le GAL… Je vous la fais courte car la liste de ses malversations est longue comme un jour sans pain.
On dit donc de lui qu'il escroqua l'Espagne, et tua le PSOE.
Luis Roldán prit la fuite en 1994, se rendit l'année suivante, fut condamné à 28 ans de prison. Il est sorti en 2010.

Roldán, ni mort, ni vif, est un état des lieux d'un pays malade de la corruption à travers une enquête enlevée du privé gastronome Pepe Carvalho et de son adjoint Biscuter qui partent à la recherche de l'homme le plus recherché du pays, et des 400 millions de pesetas barbotés. Mais ceux qui veulent qu'il demeure introuvable sont bien plus nombreux que ceux qui veulent connaître toute la vérité. De Barcelone à Saragosse, de Damas à Jérusalem, Carvalho fouine sans oublier de s'arrêter dans les bons restos placés sur sa route.

Vázquez Montalbán a écrit le roman en 1994 pendant la cavale de L'homme aux mille visages dont on disait qu'il avait des sosies disséminés sur toute la Péninsule pour brouiller les pistes.
Ce n'est pas tant à la résolution de la disparition de Roldán qui l'intéresse mais le constat lucide et désabusé du monde politique espagnol, bâti sur une dictature badigeonnée d'un vernis de démocratie où les mêmes sont aux manettes et où les scandales politico-financiers se succèdent.
Les investigations de Carvalho se déroulent la plupart du temps dans les égouts et les sous-sols, et c'est vrai que ça pue la merde à tous les étages.

« Madrid fut d'abord une ville d'un million de cadavres dans les années quarante, selon une métaphore poétique de Dámaso Alonso, qui s'angoissait devant cette ville d'une après-guerre cruelle, pleine de messieurs féodaux et fascistes qui piétinaient tout ce qu'ils avaient vaincu. Puis ce fut la ville d'un million de gilets et de Ford Granada, quand la démocratie porta au pouvoir les trentenaires des années soixante-dix, qui comblèrent le vide du franquisme avec la subtilité du libéralisme central, centriste et centré. Actuellement, c'était la ville d'un million d'égouts, hantés par les bandes secrètes de tous les royaumes de Taifas du pouvoir politique, économique, militaire, multinational. »

A priori, le roman peut sembler austère, trèèès sérieux, et pas marrant, mais il n'en est rien. Manuel Vázquez Montalbán est toujours drôle, érudit, ironique, caustique, irrévérencieux, Carvalho passe toujours son temps à se remplir la panse avec des mets de premier choix, et à remplir ses verres de petits vins sympathiques, voire de Roederer Cristal quand il en a les moyens. Et en plus des services espagnols, il a aussi les Syriens de Assad père et le Mossad au cul, il voyage, mange local, et nous aussi donc.

Pour se rendre compte de la personnalité de Luis Roldán si on a la flemme de lire ce roman, on peut aussi regarder le très bon film intitulé L'Homme aux mille visages (El hombre de las mil caras) d'Alberto Rodríguez, sorti en 2016, digne d'un roman d'espionnage, parce que la réalité dépasse largement la fiction.
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Roldan est un roman écrit en 1994.
Franco est mort en 1976.
De 1976 à 1981, Adolfo Suárez dirige la démocratisation du pays et incarne l'esprit de consensus qui caractérisa la transition espagnole, où à coup de pactes, le plus célèbre étant celui de Tolède, on associe toutes les composantes politiques y compris les communistes, aux grandes orientations qui vont relever le pays.
La transition, dite démocratique, a produit une Espagne nouvelle, fière, travailleuse, radieuse, bon enfant, débarrassée de son complexe de pays pauvre et résolument tournée vers son avenir Européen.
A partir de 1982, et pendant 13 ans 5 mois et 13 jours, Felipe Gonzalès, un socialiste, va présider le gouvernement avec l'aval du Roi Juan Carlos.
Le pays peut pavoiser et renvoyer les donneurs de leçon à leurs pupitres....
Hélas, ce que veut montrer le roman Roldan ni mort ni vif, c'est qu'à partir des années 1990, le bel élan se grippe. le pouvoir corrompt a-t-on l'habitude de dire, même les socialistes.
Car, pour échapper aux purges, les anciens franquistes ont su se reconvertir, montrer patte blanche et prendre en marche le train de la démocratie, même s'ils n'y connaissaient pas grand chose.
"L'absence de racines idéologiques et théoriques lui avait permis de grandir à l'intérieur de ce parti à la fois vieux et jeune, qui allait être une alternative de pouvoir et qui avait besoin de centaines de Roldan avec un chronomètre à la main, de centaines d'« horlogers » convaincus que la modernité commençait par mettre en doute la finalité de la classe ouvrière, quand ce n'était pas son existence même. Des centaines de managers de la politique avec un emballage de gauche, mais qui n'avait de sens que comme promotion personnelle. Sans idées, sans scrupules, ils seraient bientôt gênés par les témoignages de leur innocence passée, affective et symbolique, et ils changeraient de voiture, de tailleur, de coiffeur, d'épouse."
Roman de la dérision, roman de la désillusion, roman plus que réaliste malgré sa symbolique, Roldan ni mort ni vif est le roman où Montalban vire sa cutie.
Il y traite d'une affaire, toute fraiche lorsqu'il publie son roman, qui a ébranlé la classe politique et, est à l'origine de la défiance de la société civile espagnole pour le PSOE et de sa déroute électorale en 1996.
Luís Roldán, ex-directeur de la Garde Civile de 1986 à 1993, accusé de détournements de fonds fut également l'initiateur de ce que l'on a appelé en Espagne la "guerre sale" contre le terrorisme de l'ETA avec l'apparition des GAL. Arrêté à Bangkok en 1995, il fut condamné à 28 puis 31 ans de prison en appel. Il fut libéré en 2005 et interviewé sur Télé 5 en 2008.
Dans le roman, Roldan disparait, et Pepe va le chercher jusqu'à Damas via Jerusalem.
Outre le fait qu'une grande partie de l'action se déroule dans les égouts, l'allégorie retenue par Montalban, est que pour occulter le rôle de Roldan, le pouvoir, au sens le plus large, c'est à dire le pouvoir et ses officines les plus officieuses, décide de recruter des sosies de Roldan et les dissémine à travers le pays. Plus personne ne sait qui est qui, chaque Roldan essayant de faire plus Roldan que Roldan.
Une façon de dire que la corruption gangrène tous le pays, ou de dire que pour ne plus être corrompu il faut convaincre l'opinion que tout le monde est corrompu, que la corruption est la norme...
Roman court, didactique et puissant, roman très actuel, qui nous renvoie aux luttes pour le pouvoir, à la judiciarisation de la vie politique, et aux combats politiques dérisoires qui ont pour seul objectif son propre avenir alors que le pays est en proie aux démons les plus malsains, et que l'Europe chavire.

Laissons la conclusion à Manuel Vazquez Montalban qui, avec le sens de la formule qui est le sien déclara au cours d'une interview, laissant sans voix le journaliste chargé de lui couper la chique :

« de la même façon que le roman d'espionnage reflète le sous-sol de l'histoire, le roman noir reflète le sous-sol de la société. »

Avec Roldan, au sens propre et au figuré, nous sommes au trente-sixième sous-sol de la société, de notre société.

A lire pour ceux qui sont d'accord avec cette formule !
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Ce roman a pour personnage principal le héros récurrent de Montalban , Pepe Carvalho. Avec son acolyte Biscuter il est requis par de mystérieux commanditaires pour retrouver un dénommé Roldan ex-commandant de la Guardia Civil parti avec la caisse et des secrets compromettants . L'aventure les mènera à travers l'Espagne et le Moyen-Orient . Si l'on retrouve bien l'humour acide et le goût des agapes de Montalban ce roman est décevant : les péripéties sont répétitives et farfelues , l'intrigue peu compréhensible à qui n'est pas spécialiste de la vie politique de l'Espagne et , au total , on a l'impression que l'auteur n'y croit plus .
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Ce récit, si vous lisez donc le 4e de couverture des éditions 10/18, n'est pas inspiré de faits réels, il est un fait réel à lui tout seul, puisque, quand il a été écrit, tout le monde ignorait le dénouement de ces faits. Par contre, visiblement, il fallait bien se voiler la face pour ne pas savoir l'étendu des fonds détournés par ce charmant personnage.
Par contre, s'il est des personnes que j'ai été ravie de retrouver, c'est Pepe Carvalho, spécialement missionné pour mettre la main sur cet homme, qui a vraiment fait beaucoup, mais alors beaucoup de détournements, y compris le détournement de trop (dans les magouilles, il faut savoir s'arrêter à temps) et Biscuter, qui a fait un stage à Paris, pour parfaire ses connaissances culinaires en matière de soupe. C'est dans une enquête complètement foutraque que l'on met les pieds, elle part dans tous les sens, y compris géographique, et l'on essaie encore de faire dévier Pepe : c'est fou le nombre de personnes, hommes, femmes, sortant non de l'ordinaire, mais se mettant au-dessus de l'extraordinaire, qu'il sera amené à croiser. A croire que les services secrets du monde entier, ou presque, se sont tous réunis pour l'opération Roldán, ni mort, ni vif.
Un livre extrêmement plaisant !
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Ce court polar est d'un délire cher à l'auteur qui y déploie son humour acide et son goût de la bonne cuisine. Lui et son collègue sont embarqués dans un canular de magouilles politico-financières de bon aloi. On s'y balade dans le post-franquisme et les hésitations socialistes que l'auteur ne prend de toutes évidences pas du tout au sérieux.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
J.L.M. avait trente briques en trop, P.N.F les avait en moins, mais L.F.G. les avait juste, c'est pourquoi il était le porte-parole du trio. Il tendit à Carvalho une coupure du journal qu'il sortit d'une luxueuse serviette ornée de deux fusils croisés en cuir repoussé. Ils y étaient tous les trois, J.L.M., P.N.F. et L.F.G., à côté de P.C.B., M.D.F., L.G.T... Vingt noms, la prétendue liste des bénéficiaires de prétendues fuites de devises dues au prétendu ex-directeur général de la prétendue garde civile, le prétendu Luis Roldàn.
" Vous devez être très riches, sinon vous n'auriez pas droit à tant d'initiales ni à tant de prétendus.
- Nous avons bossé comme des bêtes ! répliqua avec passion J.L.M., mais le porte-parole le foudroya du regard et chercha à nouer avec Carvalho une complicité comme en ont les gens qui n'ont jamais eu l'intention de bosser comme des bêtes.
- En effet, M. Carvalho, nous sommes très riches.
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- María Moliner est la quatrième femme par ordre d'importance dans l'Histoire de l'Espagne.
- Les trois premières?
- Vous plaisantez? Votre univers machiste est si fermé que vous ignorez les références indispensables de la femme dans l'Histoire, à ne pas confondre avec l'histoire de la femme?
- Je vous avoue mon ignorance du ranking objectif des meilleures femmes espagnoles de tous les temps. Mais je l'accepterai, quel qu'il soit.
Elle récita d'un trait:
- "Isabelle la Catholique, Agustina d'Aragon, Dolores Ibarruri, et María Moliner."
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- "Car mon boulot rapportait moins que le leur, et le directeur général me cantonnait au sous-sol, comme disait Fedor Dostoïevski."
Ils se regardèrent intensément. Ils savaient tous les deux qui était Dostoïevski.
-"J'ai eu un flirt avec une postsoviétqiue au cours d'une mission à Istanbul, et elle m'a expliqué qui était Dostoïevski."
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« Et pourquoi moi à Saragosse, et vous à Damas ? »

Biscuter avait pris de l’assurance depuis que, pendant l’été 1992 – à l’époque où Carvalho était sur l’affaire du “sabotage olympique” –, il avait suivi un cours sur les soupes dans une école de haute cuisine à Paris. L’âge indéfini reflété sur ses traits d’avorton lui permettait de transmettre à Carvalho son mécontentement d’être un assistant subalterne aussi malin que sous-employé.
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Biscuter déplia la feuille : une page des petites annonces du journal ABC : « ROLDÁN. Si vous ressemblez à l’ex-directeur général de la garde civile et si vous avez l’accent aragonais, écrivez et envoyez une photographie à Poste restante 7324, Madrid. Contrat temporaire, minimum 200 000 par mois. Nourri vêtu. SIGNÉ HOLLYWOOD. »
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