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EAN : 9791020906625
391 pages
Les liens qui libèrent (14/11/2018)
4.44/5   54 notes
Résumé :
Frans de Waal, éthologue et primatologue de renommée mondiale, explore le monde caché de l'émotion animale et fragilise toutes les certitudes sur la spécificité de l'espèce humaine. Captivant !
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Bonjour, je suis Kuif et j'ai perdu un bébé. Je n'ai pas assez de lait maternel, de plus, je ne sais pas comment allaiter un nourrisson.
Un docteur avait constaté mon état de dépression. Je restais sur le sol, "en me frottant les yeux, comme les enfants, après une crise de sanglots."
Jan, un cousin m'a appris à donner le biberon...
Depuis, j'ai nourri plusieurs bébés, toute seule!
Je suis très fière...Ook ook!

Ma grande amie est Mama. Nous nous connaissons depuis notre naissance.
Mais, à 59 ans, Mama va mourir...

Je m'appelle Mama, ne vous moquez pas ("Elle va mourir, la Mama!" Ils sont tous là... ") Et je suis une médiatrice hors pair!
Quand 2 adultes se brouillent, et qu'aucun des deux ne veut faire le premier pas pour la réconciliation. J'interviens alors ! Je vais vers l'un ou l'autre, prend le bras du premier et l'amène devant le deuxième. Puis, on reste là, silencieux, le temps qu'il faut. Et, je ne m'en vais que quand la situation est calmée.

Un jeune de la communauté avait réussi à fâcher tout le monde. Rejeté, il subissait la colère et les cris. Je suis allé voir le gamin et il est resté avec moi, le temps que tout s'apaise...
Mon rang de "matriarche" est le fait de mon âge.

J'ai 59 ans, je m'appelle Mama et je vais mourir. Ne soyez pas triste, pour moi, s'il vous plaît.
"Elle va mourir, la Mama! Ils sont venus, ils sont tous là..."
Mais seul, le professeur Jan était là ! J'ai manifesté une grande joie, avec un sourire, en le voyant. Je lui caresse les cheveux et le serre contre moi...

Pourquoi nos cousins croient que nous ne pouvons pas éprouver d'émotions ? Parce que nous ne pouvons parler ? Tout passe par le regard, le visage, et les gestes, pourtant! Il suffit d'apprendre à lire... nos comportements.
Pour y découvrir "la joie et la tristesse, la peur et la colère, le besoin d'intimité et le désir, la soif de pouvoir et le sens de l'équité..."

Et enfin, le besoin... d'Amour!
Pas besoin d'anthropomorphisme, j'étais Mama, j'étais une chimpanzé!
"Les singes sont bien trop bons, pour que l'homme puisse descendre d'eux." Friedrich Nietzsche.
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Comme le dit Frans de Waal lui-même, "Au fond, La Dernière Etreinte est le complément de [son] ouvrage précédent, Sommes-nous trop "bêtes" pour comprendre l'intelligence des animaux ?, entièrement consacré à l'intelligence animale.

Mais comme cognitions et émotions sont intrinsèquement liées, les deux ouvrages s'entrecroisent non sans un certain sentiment de répétition quand on lit l'un et l'autre.

Le propos, les émotions chez les animaux est naturellement intéressant. L'éminent primatologue différencie les émotions par un état émotionnel observable physiologiquement et les sentiments comme la verbalisation de cet état intérieur (qui peut donc être en totale dissonance, comme se prétendre heureux alors que ce n'est pas ce que l'on ressent).

Le livre digresse assez largement vers la philosophie car il est vrai qu'au jour d'aujourd'hui, nous ignorons encore énormément ce qui constitue la vie émotionnelle des animaux. Toutefois, une quantité d'observations et de théories suffisamment étayées que pour y accorder une sérieuse importance (à l'image d'autres théories - comme celle du Big Bang ou de la psychologie humaine - qui ne reposent pas sur des faits tangibles mais dont on ne remet pas pour autant en cause l'existence) nous montre que les animaux ressentent des émotions comparables aux nôtres.

Comme le souligne Frans de Waal, la science est particulièrement frileuse à accorder aux animaux - qu'elle se plait encore à différencier de l'être humain pour conserver à celui-ci un statut supérieur et privilégié - une intelligence cérébrale et émotionnelle riche qui dépasse le simple instinct d'adaptation et de survie. Elle écarte volontiers la nature coopérative des animaux pour n'en retenir qu'un aspect sauvage et brutal. Seul l'Homme serait capable de nobles comportements, ce qui va totalement à l'encontre de ce que l'on peut observer. Ainsi les animaux non humains sont-ils par exemple capables d'empathie, de sens de la justice et d'équité.

Frans de Wall nous pousse à plus d'humilité face aux animaux non humains, à plus de respect et de considération. Et je partage cela entièrement. Il est temps que nous évoluions davantage, même si du chemin a été parcouru avec les premières théories behavioristes (qui considèrent l'animal comme une machine faite d'actions et de réactions).

Cet ouvrage est intéressant, tout comme les précédents que j'ai lus (le troisième étant "Le singe en nous"), avec quelques "anecdotes" touchantes. Néanmoins, j'ai été moins passionnée qu'escompté car je m'attendais à plus d'exemples concrets et diversifiés (l'auteur étant primatologue, c'est naturellement que les grands singes sont souvent pris pour sujet dominant, mais ici il y est presque exclusivement fait référence, alors que c'était moins le cas pour son livre sur l'intelligence animale).

Cela reste toutefois une belle lecture, enrichissante, même si légèrement redondante pour ma part.
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Un moment déjà que Frans de Waal, éthologue engagé et passionné (je suis une groupie ) fout sa zone dans les salles de conférence. Son intuition de départ : la similitude des comportements des animaux sociaux (DONT l'homme). Il y a tout un panel d'émotions communes, de processus cognitifs identiques, liés au fait d'être un animal social et auxquels on peut ramener la plupart des comportements (animaux et humains).

Révolution copernicienne : non, tout ne tourne pas autour de l'Homme, nous ne sommes pas l'aune à laquelle mesurer tout le reste du vivant de manière condescendante ; non, nos émotions ne sont pas forcément plus nobles, plus raffinées que celles des animaux ; nous sommes dans la pleine continuité des milliards d'êtres vivants qui nous ont précédés. Même si bien sûr, nous avons une spécificité concernant la technologie, c'est évident.

Pour lui, l'anthropomorphisme n'est pas à craindre car c'est notre propre comportement qui se glisse sans défaut dans les grilles d'interprétation valables pour une grande partie des mammifères sociaux. Il fait apparaître à travers toutes ses observations une sorte de sociomorphisme, identité profonde des structures mentales des êtres dont la survie dépend d'un groupe.
Les notions majuscules grandiloquentes qui sont censées être notre chasse gardée (la Justice, le Pardon, la Bonté, ainsi de suite) nous préexistaient de millions d'années, sous une forme moins ampoulée certes, mais elles sont dérivables du lien social. On peut donc de ce point de vue faire l'économie de la religion (ou de tout autre Destin, Prédestination Merveilleuse, etc), pour expliquer nos valeurs les plus conceptuelles ; elles sont tout simplement inhérentes à toute communauté animale viable, et observables quotidiennement chez les animaux.

Oui, les animaux ont des émotions et des codes de conduite, et il suffit d'ouvrir les yeux pour le constater. Autre mur que De Waal nous permet enfin de franchir, venant à bout du déni obstiné de nombreux scientifiques. Si on est suffisamment de mauvaise foi pour refuser d'être ému par les gestes de tendresse entre chimpanzés, on ne peut plus nier l'apport des neurosciences qui mesurent par exemple les taux d'ocytocine, l'hormone de l'attachement, répandue aussi abondamment chez les animaux que chez nous.
Sans parler du rire (chatouilles, même les rats pouffent, oui), du sens de l'humour (une jeune chimpanzé attendait que les membres du groupe s'endorment pour leur déposer une souris crevée, ce qui avait toujours son petit effet).Doit-on continuer à utiliser des termes ridicules comme « halètement vocalisé » au lieu de « rire », pour un chimpanzé qu'on chatouille ?

Son livre regorge d'une multitude d'exemples concrets, fascinants pour nous qui sommes si éloignés de ces observations, coupés au point d'avoir créé un fossé factice entre nous et les autres animaux, nous persuadant d'être les Elus, les Sublimes.

Par exemple, la justice. Chez les singes capucins (ou les chiens), quand, pour une même action, on récompense inéquitablement l'un des deux, l'autre arrête immédiatement de travailler, se met en colère ou se renfrogne. L'occasion de mentionner la distinction que De Waal fait entre les sentiments (monde du langage)et les émotions, ces dernières étant visibles physiquement, à même le corps, répertoriables et quantifiables. La notion de justice et d'équité ne nous est pas propre, et cela va même plus loin : un singe préfère une récompense où les 2 vont être gratifiés plutôt que de recevoir le double à lui tout seul. Pourquoi ? probablement parce qu'il sait qu' il risque de couper des liens cruciaux et aussi que ça va chauffer pour lui dans le groupe s'il est avantagé, il choisit donc l'option « sécurité sociale, cohésion du groupe, no stress ».

La honte, la culpabilité, peuvent se déduire de cette même façon : ayant mordu De Waal accidentellement, son chien reste prostré plusieurs jours sans manger. Probablement parce qu'il avait enfreint LE tabou : ne pas mordre un allié. Les conséquences redoutées étant son rejet du groupe et la rupture du lien.

De cette notion d'appartenance fondamentale découle aussi la réconciliation : beaucoup d'énergie est dépensée dans ce but, des rituels abondent, des individus-relais sont dévolus à cette fonction cruciale de médiation pour recimenter le groupe.

Notion inhabituelle que De Waal nous livre aussi : les animaux choisissent. Ils hésitent, essaient, comparent, vérifient, anticipent, avant de choisir une option.

Conscience très fine et complexe des relations sociales, manipulations politiques, feintes en tous genres, actions d'empathie désintéressées (un rat libère un congénère coincé, sans aucun bénéfice pour lui-même), dépression après un deuil , tout cela est monnaie courante à travers des exemples transparents.

Frans de Waal propose donc une inversion de nos façons de penser : que l'homme cesse de se vivre comme La Mission, se prenne un peu moins le melon, car il existe beaucoup plus de similitudes que de différences entre l'homme et les autres animaux. le fait de s'être pris pour une abstraction, une entité à part, méritant un traitement de faveur,[ce à quoi les religions contribuent grandement] ce schéma sclérosé doit être changé, il est temps.
Grâce à des gens comme Frans de Waal, on voit carrément le monde autrement. Merci à eux.
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Il y aurait énormément de choses à dire à propos de ce livre. Frans le Waal est le spécialiste mondial des primates. Il a longuement étudié ces hominidés qui nous ressemblent étrangement. En s'appuyant sur de nombreux exemples et références, il développe ici le thème des émotions animales. Oui, les animaux ressentent des émotions. Nous ne sommes pas les rois de la création comme on se plait à le penser. Mais là où j'aurais tendance à m'emporter et justement me laisser aller à mes émotions face à la bêtise humaine, F. de Waal énonce ses arguments en fonction de sa longue expérience, pour nous démontrer scientifiquement les faits qu'il avance. le résultat est imparable.
Un livre auquel j'attribue 5 étoiles pour le contenu, mais qui n'est peut-être pas sans défaut, notamment beaucoup de redondances qui peuvent lasser le lecteur peu au fait de l'éthologie. Pourtant, le propos est clair et parfaitement explicité. Un livre que je conseille à tous ceux qui acceptent humblement de ne pas se sentir supérieurs aux autres animaux. Eux, au moins, ne détruisent pas la planète.
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Ce titre fait référence au premier chapitre où Frans de Valls évoque la dernière entrevue entre Mama, chimpanzé femmelle dont il est beaucoup question dans ce livre à cause de sa personnalité, et le primatologue Jan van Hooff avant la mort de Mama. En effet ces deux êtres, âgés tous les deux, se sont pris dans les bras. Ils s'étaient connus pendant longtemps. Geste au-delà de la différence d'espèce.

Comme l'indique le sous-titre : le monde fabuleux des émotions animales…et ce qu'il révèle de nous, cet ouvrage explore les émotions animales (à distinguer des sentiments), les compare aux nôtres, et s'interroge sur les raisons pour lesquelles on a mis tant de temps à reconnaître leur existence (même encore aujourd'hui où bien des scientifiques admettent leur réalité sans leur accorder la même valeur qu'aux émotions humaines).
Il évoque aussi une foule d'autres aspects comme l'âme, le pouvoir, la conscience, la douleur. Bref tout un ensemble de ressentis que l'on a longtemps refusé aux animaux. Il plaide aussi pour le bien-être animal.
Ce livre est assez étonnant et si je n'avais aucun doute sur l'intelligence animale, leur capacité à programmer une action, ou sur l'existence d'émotions, de vie sociale, je n'imaginais pas la complexité de celles-ci.

Comme il est primatologue, l'auteur a surtout évoqué les animaux qu'il connaît le mieux en particulier les grands singes. Qui ont de capacités sociales énormes, savent consoler, se réconcilier, servir de médiateur tel Mama dont les pouvoirs dans ce domaine sont remarquables.Sans parler d'un sens de l'équité qui peut les pousser à refuser un aliment préféré si le copain n'en reçoit pas aussi, la coopération qui les pousse à aider un autre individu même si cela ne leur apporte aucune gratification, voire à refuser une récompense pour un acte qu'ils ont voulu faire gratuitement. Ce livre m'a fait penser à celui de Jean-Marie Pelt, la raison du plus faible qui lui-aussi démontrait que la nature n'est pas toujours régie par la loi du plus fort.

Pour ce qui est des savoir-être en société, beaucoup de singes pourraient en apprendre à beaucoup d'humains. J'ai d'ailleurs eu l'impression que je pourrais bénéficier de quelques leçons.

Un livre un peu polémique, Frans de Valls n'hésitant pas à dire ce qu'il pense mais très instructif et qui remet en cause, la frontière entre l'Homme et l'animal qui, selon beaucoup, ne saurait éprouver des émotions semblables à celles des humains telles l'humour ou la dépression.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Mon but était d’analyser les rivalités entre mâles pour des questions de rang, le rôle de médiation des femelles dominantes, comme Mama, et les différentes façons de surmonter les conflits. Pour y parvenir, il a fallu que je m’intéresse à la hiérarchie sociale et à l’exercice du pouvoir, des thèmes qui, à l’époque, étaient controversés. C’était les années 1970, l’heure de gloire du flower power. Nous étions jeunes, plus ou moins anarchistes, farouchement en faveur de la démocratie et méfiants vis-à-vis des autorités qui dirigeaient l’université (on les appelait « mandarins », comme les bureaucrates de la Chine impériale). La jalousie sexuelle était jugée dépassée, et toute espèce d’ambition, suspecte. Hélas pour moi, la colonie de chimpanzés que j’étudiais trahissait toutes ces tendances « réactionnaires » à la puissance 1000: goût du pouvoir, arrivisme et jalousie. […]
Premièrement, en tant qu’être humain, j’étais sidéré par les ressemblances avec nos cousins les plus proches. Je traversais la phase que connaît tout primatologue, celle du: « Si ça, c’est un animal, je suis quoi, moi? » Deuxièmement, je faisais partie d’une joyeuse bande de hippies, et je constatais chez les grands singes des comportements courants dénoncés par les gens de ma génération. Loin de leur permettre d’influencer mon regard sur les grands singes, j’ai commencé à avoir une vision plus juste de mes camarades. Au fond, cela revenait aux fondamentaux de l’observation: la reconnaissance des formes. Peu à peu, je découvrais les manœuvres cachées pour décrocher tel ou tel poste, les coalitions qui se forment, les intrigues pour obtenir des faveurs, l’opportunisme politique, et ce dans mon propre environnement. Je ne parle pas exclusivement de la génération qui précède la mienne. Les mouvements étudiants avaient leurs mâles alpha, leurs luttes de pouvoir, leurs groupies et leurs jalousies. Pire encore, plus nous étions proches, plus la jalousie sexuelle pointait sa tête hideuse. Mes recherches sur les grands singes me donnaient la distance idéale pour identifier ces tendances; pour qui se donnait la peine de les observer, elles étaient claires comme le jour. Les leaders ridiculisaient et isolaient tous ceux qui les menaçaient et piquaient les copines des autres, alors qu’ils prêchaient les bienfaits de l’égalitarisme et de la tolérance. Il y avait un hiatus énorme entre ce que ma génération, dans ses discours politiques enflammés, prétendait être, et son comportement réel. Nous étions complètement dans le déni !
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Irene Pepperberg a fait l'expérience de la gratification retardée avec Griffin, un de ses perroquets du Gabon, qui a réussit à patienter particulièrement longtemps. Il était sur un petit perchoir alors que l'on déposait une tasse d'un des aliments qu'il aimait le moins, des céréales, par exemple, et qu'on lui demandait de ne pas y toucher. Griffin savait que, s'il attendait assez longtemps, il aurait des noix de cajou, voire des bonbons à la place. Dans 90% des cas, il y parvenait, arrivant même à des délais de 15 minutes.

[...] les animaux comprennent-ils qu'ils résistent à la tentation? Sont-ils conscients de leur désir? Quand les enfants évitent de regarder le marshmallow ou se cachent les yeux avec les mains, nous supposons qu'ils sont en proie à la tentation ; ils parlent tout seuls, chantent, inventent des jeux de mains et de pieds, voir s'endorment pour ne pas avoir à endurer une si longue attente. […] On dit qu'ils ont recours à des stratégies de diversion conscientes. […] Griffon, le perroquet, résistait aussi activement pour exclure la nourriture peu prisée qu'il avait face à lui. Une fois, à peu près au tiers d'un de ses plus longs temps de patience, il a jeté la tasse de céréales à l'autre bout de la pièce. Sinon, il la déplaçait pour qu'elle soit hors d'atteinte, parlait tout seul, lissait ses plumes ou les secouait, bâillait ostensiblement ou tombait de sommeil. Il lui arrivait de lécher la nourriture sans rien consommer, mais en hurlant : « Veux des noix ! »
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Darwin décrit son face à face, avec Jenny, une orang -outan, dans une lettre:
"Le gardien lui a montré une pomme, mais il refusait de la donner, si bien qu'elle s'est jetée à terre en donnant des coups de pied et en pleurnichant, comme un enfant gâté. Elle a eu l'air de bouder, et après 2 ou 3 accès de colère, le gardien lui a dit:
Jenny, si tu arrêtes de hurler et si tu es sage, je te donnerai la pomme.
Elle a parfaitement compris chaque mot et elle a eu du mal à arrêter de gémir, comme un enfant. Mais, elle a fini par y arriver et elle a obtenu la pomme, aussitôt elle a bondi dans un fauteuil pour commencer à la manger, affichant un ait satisfait inimaginable."
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Dans les années 1970, les animaux étaient des créatures dignes de Hobbes: violentes, sans cesse en rivalité, égoïstes, jamais sincèrement bonnes. Mettre l’accent sur l’idée qu’ils puissent faire la paix n’avait aucun sens. En outre, l’expression sous-entendait la présence d’émotions, ce qui était mal vu. [...] Plusieurs décennies ont passé, des centaines d’études ont été publiées, aujourd’hui nous savons que la réconciliation est un phénomène répandu parmi les mammifères sociaux, des rats aux dauphins, en passant par les loups et les éléphants, même parmi les oiseaux. C’est un comportement qui vise à restaurer les relations, à tel point que, si l’on découvrait que tel animal social ne se réconciliait pas après un conflit, on serait surpris. On aurait du mal à comprendre comment il maintient la cohésion de sa société.
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Aujourd'hui, grâce à ce type d'études, les chercheurs s'accordent à dire que les poissons sentent la douleur.
Aux lecteurs qui se demandent pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour arriver à cette conclusion, je répondrai par un cas de figure encore plus sidérant. Pendant longtemps, la science avait aussi peu de considération pour les bébés d'hommes. (...) Leurs réactions étaient considérées comme des réflexes dépourvus d'émotions. Du reste, les médecins blessaient régulièrement les nouveaux-nés (lors de circoncisions ou d'opération de chirurgie invasive, par exemple) sans les anesthésier avec des anti-douleurs. On ne leur donnait que du curare, un relaxant musculaire qui avait l'avantage de les empêcher de résister à ce qu'on leur infligeait. Il a fallu attendre les années 1980 pour que les protocoles changent, parce qu'on avait compris que les nourrissons réagissaient pleinement à la douleur en pleurant ou en grimaçant. Si seulement on l'avait découvert plus tôt !
Le regard sceptique sur la douleur ne vaut donc pas seulement pour les animaux, mais pour tout organisme qui ne parle pas. Tout se passe comme si la science ne s'intéressait aux sentiments que s'ils sont accompagnés de commentaires explicites, tels que "Tu m'as fait horriblement mal !"
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Videos de Frans de Waal (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frans de Waal
Le primatologue Frans de Waal dont les travaux font autorité dans le monde entier, nous explique que les animaux sont aussi capables d?éprouver de multiples émotions. Et si le rire, la peur, la colère, le désir n?étaient pas le propre de l?homme ? Il publie « La dernière étreinte » aux éditions Les Liens qui Libèrent.
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