On m'a toujours dit que l'anthropomorphisme était à proscrire en sciences. Mais à quoi pourrait bien rimer la primatologie si l'on se gardait éternellement de comparer les comportements simiesques aux nôtres.
Le primate tient une place privilégiée en éthologie, parce qu'homo-sapiens est un primate lui aussi.
Et oui, il est bon de rappeler que nous appartenons au règne animal et que les bonobos et les chimpanzés sont issus génétiquement des mêmes ascendants que nous autres les humains.
Rien que pour ça on devrait un peu mieux considérer nos proches cousins du genre homo. ( Ce qui n'a rien à voir avec les préférences sexuelles)
Donc Frans de Waal étant primatologue, peut allègrement outrepasser cette mince frontière entre ces brutes poilues mangeuses de bananes et la fine fleur de l'évolution humaine porteuse de T shirts branchés et équipée de smartphones très sophistiqués.
Les portraits de nos presque congénères sont vraiment troublants. Si la brutalité du mâle alpha chimpanzé nous semble évidente, sa capacité à établir de véritables alliances politiques est confondante.
Quant à la douceur et à l'esprit d'entre-aide dont peuvent faire preuve les bonobos, ça fait vaciller pas mal de nos croyances sur la genèse d'une éthique purement culturelle.
Frans de Wall s'attache particulièrement à déconstruire la thèse du darwinisme social, ce qui n'est pas sans me déplaire.
J'ai presque cru qu'il allait faire l'éloge de
Pierre Kropotkine, tant cette magnifique idée d'entraide présente dans la nature, chez nos cousins les singes, semble constituer un des fondements de notre morale. Mais alors le petit Jésus et sa clique,
Spinoza,
Kant... c'est du flan ?
Au moins les singes ne savent pas ce qu'est une guerre de destruction massive, ils ne savent pas ce qu'est un génocide, ni une épuration ethnique, pas même un
Camp De concentration... Preuve qu'ils ne sont pas près d'être civilisés. Ouf!