AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782842612351
175 pages
Le Serpent à plumes (18/10/2000)
3.33/5   23 notes
Résumé :
Aux portes de l’océan Indien, de l’Arabie et de l’Afrique : Djibouti. Au fil de ces nouvelles évoquant tour à tour les contes des Mille et Une Nuits et la brutale réalité politique d’aujourd’hui, Abdourahman A. Waberi rêve du Pays sans ombre, sa terre natale.
Des pages « arrachées au pays de l’imaginaire », dont le style poétique, la violence contenue, la tension fiévreuse sont à l’image des terres meurtries et ferventes de la Corne de l’Afrique.
Que lire après Le pays sans ombreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Aux portes de l'océan Indien, de l'Arabie et de l'Afrique : Djibouti.

Au fil de ces nouvelles évoquant tour à tour les contes des Mille et une nuits et la brutale réalité politique d'aujourd'hui, Abdourahman A. Waberi rêve du Pays sans ombre, sa terre natale.

Des pages dont le style poétique, la violence contenue sont à l'image des terres meurtries et ferventes de la Corne de l'Afrique.
Commenter  J’apprécie          340
C'est dans le cadre du Challenge des globe-trotteurs que j'ai découvert cet auteur djiboutien, dont le pays sans ombre propose quelques nouvelles, quelques tableaux de Djibouti où la description de ce petit pays se mêle bien souvent à des passages poétiques, voire à des sortes de contes.

Étrange mélange, mais je suis tombée sous le charme de ces scénettes où le soleil écrasant, la pesanteur de l'air et la paresse liée à la consommation du khat côtoient les différents types de fous qui parcourent les rues désertes, les troglodytes méfiants de leurs voisins, des jeunes hommes qui s'expriment dans une langue étrangère qu'ils n'ont pas apprise...Abdourahman A. Waberi semble lui même s'exaspérer de cette foule, de ce peuple halluciné aux allures fantomatiques qui subit la famine, la guerre civile, s'offre à la rapacité des reporters occidentaux qui s'enfuient une fois leur cliché pris.

Les quelques passages aux figures féminines n'échappent pas à la triste violence ambiante : fuite vers la liberté pour échapper au mariage, tradition de l'enlèvement de sa future épouse soldé par la mort, viols à répétition.

Mais malgré ces tableaux tristes, violents et sombres (malgré le titre !), la très belle écriture de l'auteur et ses fusions poétiques m'ont beaucoup touchée, et c'est avec une étrange mélancolie que j'ai tourné les dernières pages. Je lirai sans aucun doute ses deux autres ouvrages Cahier nomade et Balbala, qui complète cette trilogie djiboutienne. Une belle découverte d'un pays dont on ne parle que peu !
Commenter  J’apprécie          40
Chacune des 17 nouvelles de ce recueil participe à l'élaboration du portrait à mille facettes du pays de l'auteur. Pays réel, pays imaginaire, pays rêvé que nous découvrons à travers des contes, des légendes, des récits construits comme des chansons aux refrains lancinants, des morceaux de poésie pure ou des extraits de témoignages poignants (reporters, Père Blanc, membre d'ONG).
La guerre et les malheurs qu'elle engendre sont omniprésents. J'en retiendrai une image forte, comme l'une de ces terribles photos qui illustrent les reportages dans nos journaux : « le territoire de la douleur tremblote de partout. Sans bruit, un enfant gratte la terre pour avaler une puis deux poignées de sable brun. Des petits cailloux grincent entre la demi douzaine de dents qui dansent dans le huis clos de sa bouche. Il crache quelque chose et avale le reste. Il tousse puis s'endort. Son poids : une touche arachnéenne sur le sol. » (Extrait de « Nabsi »).
Commenter  J’apprécie          20
Ce recueil de nouvelles est original et intriguant. J'ai aimé certaines histoires qui avaient des allures de contes, mais ai eu plus de mal à en comprendre d'autres. Je pense qu'il me manque en effet une connaissance de l'histoire de Djibouti et des pays alentours, ainsi que de la société. Ces très courtes nouvelles sont parfois énigmatiques et semblent avoir des messages plus ou moins cachés, des dénonciations. La sécheresse m'a marquée, la guerre aussi bien sûr, la pauvreté, l'oisiveté pour certains qui broutent à longueur de journée du khat, les relations parfois ambiguës avec les pays voisins.
J'ai été étonnée par les grandes différences de certains passages : parfois très poétiques et quelques lignes plus loin cela pouvait être très cru.
Commenter  J’apprécie          30
J'abandonne. D'habitude même lorsqu'un livre ne me parle pas je me contrains à le finir, je me force à aller jusqu'au bout en me disant que le déclic peut encore se produire, mais là, non!
À chacune des nouvelles j'essayais de percer le mystère, de lire entre les lignes pour saisir l'idée cachée mais je me retrouvais devant un trou noir. le style est raboteux jusqu'à l'asphyxie, c'est surfait et lourd, mais lourd.
Parlons aussi un peu de l'étiquette "nouvelles"; à mon avis elle est inappropriée. Je dirais plutôt qu'il s'agit de brèves scènes de la vie africaine, sauf si la définition de la nouvelle a changé à mon insu.
Bref, le plaisir de la découverte qui m'animait s'est vite volatilisé. Je ne suis clairement pas le bon public pour cet auteur pourtant reconnu par ses pairs. Tant pis pour moi.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le khat rythme la vie dans ce foutu pays. Sans khat, point de vie ! De treize à vingt heures, le khat tient les hommes (et les femmes) en vie. Sans lui, que faire, comment vivre ? Seule la voix esseulée du muezzin vient troubler, pour quelques-uns, ce rituel fort bien assimilé.
Commenter  J’apprécie          10
Juste sous le robinet de la glacière, enveloppé dans un chiffon constamment humide : le khat, la plante de toutes les convoitises dans cette partie du monde. La plante magique. Maléfique. Le khat se présente sous forme de brindilles tenues ensemble par 1 fibre couleur de liège provenant d'une feuille de bananier.
Commenter  J’apprécie          00
Awaleh broute, comme on dit chez nous avec une pointe de fierté. A vrai dire, il ne broute pas, il mâche son khat comme on chique du tabac. Ou comme on mâche du chewing-gum. Et tous les quarts d'heure à peu près., il boit une gorgée d'eau fraîche, puis du thé chaud. Le khat donne soif.
Commenter  J’apprécie          00
Horreur tribale et traces d'inhumanité dans paysage décati. Le soleil rissole les silhouettes désarticulées. Des monticules affligent la savane chauve : cimetières qu'on dirait termitières. Des os, d'homme ou d'oiseau, se décalcifient à tout bout de champ. Une femme jeune et décomposée mordille un fémur. Les boyaux d'un âne passent d'une main à l'autre. Des osselets sont croqués avec conviction.
Sans rancoeur, le coeur de la terre veut sourire ici, il n'y arrive pas.
Commenter  J’apprécie          190
Corps étuvés ; ce que la nature nous donne à voir plaisamment : ce sont des fleurs d'agaves dans l'ivresse de l'étreinte arborescente.

Il chuchote des mots quasi inaudibles. Elle soupire profondément. Froissement d'étoffe — prélude d'une furia tendre. Un genou nu sort de dessous le drap. Râles dans le lit et béance dans la nuit. Un quartier de lune monte la garde.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Abdourahman A. Waberi (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Abdourahman A. Waberi
Alain Mabanckou a quant à lui co-signé avec l'historien Pascal Blanchard, et l'écrivain Abdourahman Waberi, "Notre France Noire, de A à Z". Un abécédaire qui porte la vision d'une France que beaucoup ont oublié, aimeraient effacer ou se refusent à voir, une vision de la France que nous n'avons pas l'habitude de voir dans nos manuels scolaires. Quatre siècles d'une histoire aussi violente que fructueuse entre la France et les populations noires, entre domination et révolte, rencontres et échanges. Les auteurs signent une célébration et réhabilitation de la mémoire et de l'histoire des populations noires dans la France d'hier et d'aujourd'hui. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
+ Lire la suite
autres livres classés : djiboutiVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (55) Voir plus




{* *}