Dans les pays chauds, les gens s'habillent de la tête aux pieds.Il n'y a que les occidentaux pour se mettre à poil dès qu'ils sentent le soleil leur chauffer un petit peu la couenne.
La mémoire est une force impérieuse, un courant qui emporte tout sur son passage. Impossible de la contrôler, impossible de lui échapper. Elle me fait revivre, en cet instant même, ces images vues et vécues qui me serrent le cœur et qui me trempent de sueur.
Tout m’est revenu.
Je suis cet enfant qui nage entre le passé et le présent. Il me suffit de fermer les yeux pour que tout me revienne. Je me souviens de l’odeur de la terre mouillée après la première pluie, de la poussière dansant dans les rais de lumière. Et je me souviens de la première fois où je suis tombé malade. Je devais avoir six ans. La fièvre m’a fouetté toute une semaine. Chaleur, sueur et frissons. Frissons, chaleur et sueur. Mes premiers tourments datent de cette période.
Le parent idéal n’a envers sa progéniture aucune attente. Il est là juste pour le bien de ses enfants. Leur transformation, leur bonheur. (p. 86)
Pourquoi Maman me détestait-elle autant ?
Cette question, je n’osais pas me la poser. Ce n’est que plus tard qu’elle s’immiscera dans mes pensées. Elle se logera dans mon cœur. Elle y creusera son trou noir.
Les anciens nomades qui composent mon arbre généalogique disent que la vérité sort de la bouche des enfants et que la gratitude se lit dans les yeux de la vache qui vient de vêler. Cet adage que je trouvais hier idiot ne m’a jamais paru aussi juste que ce matin-là. Toi, ma fillette, tu me renvoyais la vérité avec une dose d’affection non dénuée de fermeté.
Je n'avais jamais vu Les Mystères de Paris, Les Lettres de mon moulin, Les Trois Mousquetaires, Les Misérables, Le Petit Chose ou Sans famille traîner dans mon quartier. Les choses qui se passaient à l'école n'arrivaient jamais à s'introduire dans nos foyers. Inversement les odeurs et le boucan d'enfer de notre quartier ne franchissaient pas les grilles de l'école du Château-d'Eau. Seuls les enfants passaient le matin du quartier à l'école. Puis rebroussaient chemin en fin d'après-midi.
Attention , tu vas devenir aveugle , me prévenait ma mère Zhara en proie à une nouvelle peur panique en me voyant dévorer un Pif le chien ou un Picsou magazine .
Socrate ou Sócrates, je ne comptais pas me moquer de mes anciens camarades de classe. C'était leur problème s'ils confondaient le philosophe antique avec le footballeur natif de Belém. Ils avaient hier raillé ma démarche. J'ai choisi de taire leur ignorance, de leur épargner mes moqueries.
"Ce gosse est mal barré !" J'entendais leurs pensées avant qu'elles n'aient franchi le seuil de leurs lèvres, mais ils n'en devinaient rien.