La trahison du réel

Que l'on apprécie ou pas les oeuvres présentes dans ce roman graphique, elles ont le mérite de ne pas laisser indifférent.
Le récit revient sur l'union fusionnelle de deux personnages qui ont en commun l'art et une certaine difficulté à appréhender la vie.
L'auteur nous donne quelques éléments qui nous permettent de comprendre la vie des artistes, leurs addictions et défaillances.
Une histoire sombre avec des âmes torturées et pourtant si riches de leurs expériences.
En fin de volume, des pages de notes aidant le lecteur dans son cheminement.

La BD aura deux intérêts collatéraux : le premier est d'expliquer par son titre même ce qu'est une schizophrène et le deuxième de fournir en belle lapalissade page 441 (à savoir « Tous deux vieillis et diminués savent que leur vie d'avant est derrière »).

Ceci nous incitera, pour placer un oxymore (figure de style opposable à une lapalissade) à écrire que dans cet album le graphisme est lumineux, surtout lorsqu'il est question de l'univers de la nuit. Relevons également que l'auteure propose de belles reproductions "faites maison"
Il est question dans le récit en images que de la vie dans l'après-seconde guerre mondiale d'Unica Zürn, une artiste dont certaines oeuvres renverraient quelque peu à des variations en couleurs et en forme du test de Rorschach qu'elle passa d'ailleurs peut-être au cours de ses internements.

Unica Zürn est née à Berlin en 1916 et morte à Paris à l'âge de soixante-et-un ans, notons qu'elle partagea une partie de sa vie avec Hans Bellmer connu pour avoir décoré le camp des Milles près d'Aix où il fut incarcéré durant la Seconde Guerre mondiale. Des pages documentaires sont présentées, en fin d'ouvrage ; elles permettent d'apprendre en particulier l'existence du Musée d'art et d'histoire de l'hôpital Sainte-Anne.

Histoire librement adaptée de la vie de Unica Zürn, artiste allemande vivant à Paris et appartenant au mouvement surréaliste. Son histoire est racontée à travers sa folie, du point de vue de sa schizophrénie. Nous traversons l'espace temps sans nous en rendre compte, ainsi nous commençons la BD en 1957 et la terminons en 1970 en ayant l'impression qu'à peine une année est passée, et cela ne pose aucun problème, au contraire.
Les couleurs, les tons changent en fonction des situations avec des dominantes de bleu, de jaune et d'orange très sobres. Seule la couleur du manteau d'Unica est très intense, d'un rouge très fort contrastant avec le reste des couleurs. C'est très beau.
Cette BD est très visuelle, les dessins sont magnifiques et illustrent bien les émotions, les ressentis, la souffrance et la folie des personnages. le lecteur voit le monde et le travail de l'artiste à travers la maladie et la souffrance qu'elle peut engendrer, c'est une expérience incroyable.
L'auteure de cette BD est elle aussi une vraie artiste, l'oeuvre qu'elle nous propose est juste magnifique. J'ai adoré.

Merci à Babelio de m'avoir fait découvrir une artiste Unica Zürn, poète et peintre, proche des surréalistes.
J'ai d'abord cru que j'allai lire une biographie. Mais pas du tout. le propos du livre est de nous entraîner dans la folie de l'artiste. C'est une véritable plongée dans la schizophrénie. L'auteure du roman, Céline Wagner, essaye d'illustrer les moments où Unica décroche de la réalité et comment de sa douleur naît sa créativité. C'est dur, violent et très beau.
A la fin du roman, pour mon plus grand plaisir Céline Wagner explique en quelques pages sa conception du roman graphique et son processus de création à elle. du coup, j'ai relu le livre en m'attachant surtout aux dessins. Ils sont magnifiques, surtout ceux fait "à la manière d'Unica".Et je pense que pour les connaisseurs, il y a , dans les dessins, plusieurs références a d'autres artistes,tel que Magritte ou Picasso .
Un très beau roman graphique

Je ne connaissais pas Unica Zürn, je suis allée sur Google pour lire beaucoup d'articles sur elle juste après ma lecture.
Ce roman graphique reflète parfaitement cette personnalité torturée et tout ce qu'elle entraîne.
Les couleurs sont vraiment importantes dans les graphismes de ce genre et permettent de distinguer réalité et croyances.
On en apprend beaucoup sur la schizophrénie, vue de l'intérieur, ça change.
J'ai vraiment apprécié cette lecture, merci Babelio !