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Colin MacNeil (Illustrateur)
EAN : 9781853862021
96 pages
Time Warner (23/08/1990)
5/5   1 notes
Résumé :
Full colour illustrated graphic novel featuring Marlon 'Chopper' Shakespeare. Raised on the streets of Mega City One where he defied the law of Judge Dredd, Chopper grew to become the greatest skysurfer ever to slice the world's skies. A ruthless sponsor plans to turn the Supersurf 11 championship into a circus of violent destruction in which the top skysurfers compete against death itself.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome comprend 1 histoire mettant en scène Marlon Shakespeare, surnommé Chopper. Il s'agit d'un personnage créé par John Wagner & Ron Smith, apparu pour la première fois en avril 1981, dans le numéro 206 de l'hebdomadaire anglais 2000 AD. Ses premières apparitions étaient partie intégrante d'aventures de Judge Dredd et ont été rééditées dans les recueils Judge Dredd : Complete Files V.4 (UnAmerican Graffiti), Judge Dredd: Complete Case Files v. 9 (Midnight Surfer), et Judge Dredd: Complete Case Files Volume 11 (Oz). Il n'est pas nécessaire de disposer d'une connaissance préalable du personnage ou d'avoir lu ces 3 histoires pour apprécier celle contenue dans ce tome. Elle a été réédité dans Chopper: Surf is up. John Wagner, Garth Ennis. Elle contient les progs 654 à 665 (initialement parus en 1989), avec un scénario de John Wagner, et des dessins de Colin McNeil).

Marlon Shakespeare réside toujours dans le radback, mais Smokie passe l'arme à gauche dans son sommeil, après lui avoir parlé du temps du rêve (Tjukurrpa, thème central de la culture des aborigènes d'Australie), des lignes de chant (songlines, évoquant les lignes Ley) et du fait qu'il pense que Chopper est sous la coupe du chant du Vent. N'ayant pas de raison particulière de rester dans cette zone, Chopper se rend à Mega-City Two où il se laisse convaincre de participer à la compétition Supersurf 11.

Supersurf 11 est une course de surf du ciel, organisée par une corporation appelée StigCorp, propriété d'un certain Stig. Ce dernier a décidé de rendre la course encore plus dangereuse en y intégrant des pièges physiques (dont un tunnel garni de pieux), mais aussi des tireurs d'élites embusqués et même un canon manipulé par Stig en personne (bien qu'il soit aveugle). le juge en chef de Mega-City Two a donné son accord. Contre toute attente, Sonny Williams de Brit-Cit s'inscrit sans même prendre le temps de la réflexion. Chopper fait de même dans la foulée. Une vingtaine de surfeurs s'inscrivent. Charlene, la copine de Chopper, lui en veut terriblement de participer, sans même se préoccuper de ce qu'elle peut ressentir.

En 84 pages, John Wagner raconte une histoire dont il a le secret. Comme pour America (l'autre chef d'oeuvre réalisé avec le même Colin McNeil), le lecteur anticipe assez facilement le déroulement du récit, jusqu' à sa conclusion inéluctable, et pourtant le suspense est intact et tétanisant. Dès le départ, il est évident que Chopper va concourir dans cette nouvelle édition de Supersurf 11 et qu'elle sera truffée de danger, que les dés seront plus ou moins pipés. Dès le départ, il est évident que Chopper fera preuve de prouesse pendant la course, et d'une adresse pleine de grâce. Pourtant, le lecteur s'inquiète pour lui du début jusqu'à la fin. le récit commence donc dans le désert australien (outback) avec Marlon vivant sa vie au jour le jour, le précédent ressemblant au suivant, sans guère de but. Il se contente de peu, à l'écart de la civilisation, sans responsabilité ni ambition. Il est resté un rebelle asocial qui ne recherche pas la compagnie des autres. Il se contente de la présence d'un vieil aborigène revêche et peu causant. L'auteur amalgame une forme de retour à la nature, avec une approche de la vie débarrassée de l'attrait des possessions matérielles et du confort.

John Wagner ne s'est pas particulièrement immergé dans les mythes aborigènes. Il n'emploie même pas le terme de Tjukurrpa. Il se contente d'évoquer l'image de l'indigène vivant près de la nature, encore en phase avec elle, pas pollué par la technologie. Ce mode de vie plus simple et plus authentique assure une proximité avec l'ordre naturel des choses, et une sensibilité plus juste, avec une meilleure perception de sa personnalité. C'est ainsi que Smokie peut percevoir le chant du vent animant Chopper. Par ce dispositif, le scénariste légitime la dimension romantique de son personnage, avec une dimension spirituelle, presque mystique, sans avoir besoin de rentrer dans le détail d'un dogme spirituel, encore moins d'un dogme religieux. Chopper est en prise directe avec l'ordre naturel des choses, même s'il n'est pas capable de le percevoir. Ses décisions ne lui appartiennent pas entièrement, puisqu'elles lui sont dictées par sa nature profonde qui est nourrie par le chant du vent. C'est donc un personnage tragique qui ne s'appartient pas complètement, qui est le jouet de sa nature profonde sur laquelle il n'a pas de prise.

Face à ce héros habité par l'esprit de la nature (presqu'animé par lui), se trouve une corporation tentaculaire, s'étendant sur plusieurs pays et plusieurs continents. Même si son patron Stig est présent dans le récit, le lecteur ressent qu'il s'agit d'une organisation capable de se perpétrer de manière quasi automatique, dont la survie de dépend pas de celle de son patron. Il s'agit d'un organisme dont la fonction est le profit, dont la forme de vie n'est plus dépendante de chaque individu, qui n'est plus à l'échelle humaine. Stig est réduit à une incarnation de cet appétit capitaliste, mais déconnectée de sa personnalité d'individu. Il pourrait s'agir d'une autre personne, cela ne changerait rien à son rôle, à sa fonction dans le récit, mais aussi dans l'organisme qu'est l'entreprise. Il n'est qu'un instrument servant à détruire les individus que sont les surfeurs, des personnes encore différentes, chacun avec sa propre personnalité. Stig a pour fonction d'annihiler la liberté naturelle représentée par les surfeurs, alors qu'il ne doit la sienne qu'à l'argent qu'il a acquis.

La force du récit de John Wagner tient donc plus dans ses métaphores que dans son intrigue. Il y a la multinationale qui broie les individus et extermine les récalcitrants qui refusent de se conformer. Il y a des êtres humains (les tireurs d'élite embauchés par StigCorp) prêts à tuer d'autres humaines (les surfeurs), des gens qu'ils ne connaissent pas, qu'ils n'ont jamais rencontrés, à l'instar de soldats s'apprêtant à tuer d'autres soldats qu'ils ne connaissent pas, uniquement parce qu'ils ont été désignés sous l'appellation d'ennemis. En face les surfeurs apparaissent comme de doux dingues : des personnes habitées par une passion qui doit être assouvie coûte que coûte. Leur âme a soif de liberté, leurs corps a besoin de ressentir le vent et les mouvements de la planche. C'est un besoin qu'ils ne peuvent pas maîtriser, qui est plus fort que la raison, que même le risque de mort ne saurait faire taire. Les surfeurs sont esclaves de leur soif de glisse, ils ne peuvent pas non plus échapper à leur culture. Les femmes ne disposent pas d'un rôle important, mais elles sont plus qu'un simple faire-valoir des surfeurs. Elles sont leur compagne à niveau égal. le scénariste prend bien soin de montrer qu'elles jouissent également de leur libre arbitre, par l'entremise du personnage de Charlene. Cette dernière se retrouve également esclave de sa culture et de son éducation à sa manière, une autre pulsion irraisonnée.

Comme pour l'histoire courte Soul on fire (progs 594 à 597), Colin McNeil réalise des dessins descriptifs qui donnent corps à cet environnement de science-fiction. Les énormes bâtiments de Mega-City Two apparaissent massifs et démesurés. Les voies de circulation sinuent au travers de ces gigantesques structures, dans un labyrinthe digne des échangeurs tentaculaires des grandes métropoles états-uniennes. Les personnages portent des vêtements arborant les stigmates d'un récit d'anticipation, tout en restant pratique et de circonstance. Les surfeurs s'habillent de manière décontractée en civil, avec des tenues moulantes pour pratiquer leur sport. Les commentateurs de la course ont revêtu des costumes plus habillés, mais quand même adaptés au climat (en particulier avec des shorts pour ces messieurs).

L'artiste prend soin de représenter des personnages de morphologie diverse et variée. Les surfeurs sont majoritairement élancés, en cohérence avec le fait qu'il s'agit de sportifs et qu'ils ne doivent pas surcharger leur planche. Certains d'entre eux arborent une coiffure mal domestiquée (outre les cheveux longs), en cohérence avec la mystique du surf qui exhale des relents hippies. Les scènes de surf sont spectaculaires à souhait, avec une belle impression de mouvements, de glissements et d'arabesques décrites. Les 6 premiers épisodes sont illustrés de manière traditionnelle avec des contours tracés à l'encre, et une mise en couleurs ensoleillées, réalisée par Tim Perkins.

Pour la deuxième moitié, Colin McNeil se charge lui-même de la mise en couleurs et modifie en conséquence sa méthode de travail. Il n'a plus besoin de détourer systématiquement chaque forme, il peut en délimiter certaines uniquement par la mise en peinture d'une zone, se détachant de celles d'à côté par sa couleur différente. Cela permet de créer de forts contrastes d'une forme à l'autre, rendant compte de la forte luminosité dans cette région du globe. La mise en peinture directe lui permet également de maculer certaines cases de gouttelettes de peinture projetées, pour rendre compte de la force d'un coup porté, ou de la projection de matière suite à un impact. Cette technique s'avère très percutante pour transcrire la force des impacts des balles ou autres projectiles. Colin McNeil perfectionnera encore son art pour America.

Avec cette première histoire longue mettant en scène Marlon Shakespeare dans le premier rôle, John Wagner prouve une fois encore qu'il est un maître conteur. Il reprend le personnage romantique du beau surfeur détaché des contingences matérielles, incapable de s'empêcher de participer à une course dont il sait par avance qu'elle sera meurtrière. La compétition fournit une dynamique imparable au récit, sur la base de laquelle l'auteur sonde les turpitudes glauques de la société et du spectacle. Des personnages très humains se débattent contre leur nature, et contre un environnement hostile.
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En 1998, la Dame Blanche Lucie partage son temps entre la départementale D74 et le manoir de Guenièvre Gahinet, une nonagénaire sénile. Guenièvre était connue autrefois pour ses communications avec les morts, mais à présent, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même ; après l'avoir négligée pendant des années, ses descendants envisagent de la placer en maison de retraite et de vendre sa demeure à un investisseur. Furieuse contre eux, Lucie fait appel à un esprit vengeur, Wagner, pour les terroriser et les punir. Les jours passant, elle se rapproche d'Antoine, un petit-neveu de Guenièvre, mais il est trop tard pour qu'elle revienne sur sa décision : sa vengeance est en marche. Wagner se montre d'autant plus zélé qu'il espère la séduire – et s'il peut écarter tous ses rivaux potentiels dans la foulée, c'est encore mieux !
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