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EAN : 9782841421954
138 pages
Ombres (20/09/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
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— Mon pauvre ami, lui dis-je, je ne ris plus ; en ce moment, au contraire, j’éprouve pour toi et pour ton chien une inquiétude qui m’afflige profondément, car, quelque modéré que tu puisses être dans ton appétit, je sais que ce bel animal ne laissera pas de manger beaucoup. Tu veux nourrir toi et ton chien avec ton talent ? C’est un beau projet, car si notre propre conservation est le premier devoir qui nous soit imposé, l’humanité envers les animaux est le second et le plus beau. Mais dis-moi maintenant, quels moyens comptes-tu employer pour mettre ton talent en évidence ? Quels sont tes projets ? Voyons, fais-moi part de tout cela.

— Oh ! pour ce qui est des projets, je n’en manque pas, et je vais t’en soumettre un grand nombre. D’abord je pense à un opéra. J’en ai une bonne provision ; les uns sont entièrement terminés, les autres ne sont faits qu’à moitié ; d’autres encore, et en grand nombre, ne sont qu’ébauchés, soit pour le Grand-Opéra, soit pour l’Opéra-Comique. Ne m’interromps pas ! Je sais parfaitement que de ce côté les affaires ne marcheront pas très vite, et je ne considère ce projet que comme le but principal vers lequel doivent tendre et se concentrer tous mes efforts. Mais si je ne dois pas espérer d’obtenir si promptement la représentation de mes ouvrages, tu m’accorderas bien au moins qu’avant peu je pourrai être fixé sur la question de savoir si mes compositions seront acceptées ou non par les directions théâtrales. Eh quoi ! tu ris encore ! Ne dis rien ; je connais d’avance l’objection que tu médites, et je vais y répondre à l’instant. Je suis bien persuadé qu’ici encore j’aurai à lutter contre des obstacles sans cesse renaissants ; mais enfin ces obstacles, en quoi peuvent-ils consister, après tout ? Uniquement dans la concurrence. Les plus grands talents se trouvant réunis ici, chacun à l’envi vient offrir ses œuvres ; or, il est du devoir des directeurs de soumettre ces œuvres à un examen sévère et consciencieux ; la lice doit être impitoyablement fermée aux médiocrités, et il ne peut être donné qu’aux travaux d’un mérite avéré d’avoir l’honneur d’être choisis entre tous. Eh bien ! cet examen, je m’y suis préparé, et je ne demande aucune faveur, sans en avoir été reconnu digne. Mais en dehors de cette concurrence, que pourrais-je encore avoir à redouter ? Me faudrait-il craindre par hasard de me trouver, ici comme en Allemagne, dans l’obligation d’avoir recours à des voies tortueuses pour me procurer l’entrée des théâtres royaux ? Dois-je croire que, pendant des années entières, il me faudra mendier la protection de tel ou tel laquais de cour, pour finir par arriver, grâce à un mot de recommandation qu’aura daigné m’accorder quelque femme de chambre, à obtenir pour mes œuvres l’honneur de la représentation ? Non sans doute, et à quoi bon d’ailleurs des démarches si serviles, ici, à Paris, la capitale de la France libre ! à Paris, où règne une presse puissante qui ne fait grâce à aucun abus ni à aucun scandale et les rend par cela même impossibles ! à Paris enfin où le vrai mérite peut seul espérer d’obtenir les applaudissements d’un public immense et incorruptible ?
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— Mais, au nom du ciel, lui dis-je, quel motif peut t’amener à Paris ? qui peut t’avoir fait quitter, à toi, modeste musicien, ta province allemande et ton cinquième étage ?

— Mon ami, me répondit-il, ai-je été poussé à une telle démarche par la passion aérienne d éprouver la vie qu’on mène dans Paris, à un sixième étage, ou bien par le désir plus mondain d’essayer s’il ne me serait possible de descendre au second ou même au premier, c’est un point sur lequel je ne suis pas encore bien fixé moi-même. Avant tout, j’ai cédé à un irrésistible besoin de m’arracher aux misères des provinces allemandes, et sans vouloir tàter de nos capitales, villes grandioses, sans aucun doute, je me suis rendu tout d’abord dans la capitale du monde, dans ce centre commun où vient aboutir l’art de toutes les nations, où les artistes de tous pays rencontrent la juste considération qui leur est due, et où moi-même j’espère trouver moyen de faire germer enfin le grain d’ambition que le ciel m’a mis au cœur.

— Ton ambition est bien naturelle, lui répliquai-je, et je te la pardonne, quoique, à vrai dire, elle doive m’étonner en toi. Mais d’abord, explique-moi par quels moyens tu prétends te soutenir dans cette nouvelle carrière. Combien as-tu à dépenser par an ? Voyons, ne t’effarouche pas ainsi ; je sais bien que tu n’étais qu’un pauvre diable, et que, par conséquent, il ne peut être question de tes rentes. Mais enfin, puisque te voilà ici, je dois supposer ou que tu as gagné à la loterie, ou bien que tu as su te concilier la faveur et la protection, soit de quelque parent haut placé, soit de quelque personnage important, de telle sorte que tu te trouves assuré d’un revenu passable au moins pour dix bonnes années.

— Vous voilà bien, vous autres fous, avec votre manière d’envisager toutes les questions, me répondit mon ami avec un sourire de bonne humeur, et, après s’être remis d’un premier saisissement : vous ne manquez jamais de porter avant tout votre attention sur ces misérables et prosaïques détails. De toutes tes suppositions, mon très cher, il n’en est pas une seule qui se trouve juste. Je suis pauvre ; dans quelques semaines même je vais me trouver sans le sou. Mais qu’importe cela ? J’ai du talent ; on me l’a assuré du moins. Eh bien ! ce talent, pour le faire valoir, devais-je par hasard choisir la ville de Tunis ? Non sans doute, et je suis venu tout droit à Paris. Ici, je ne tarderai pas à éprouver si l’on m’a trompé en me faisant croire à ma vocation d’artiste, si l’on a eu tort de me faire espérer des succès, ou si réellement je possède quelque mérite. Dans le premier cas, je serai bientôt et volontairement désabusé, et alors, éclairé sur le peu que je vaux, je n’hésiterai pas à retourner au pays pour y reprendre ma modeste chambrette ; mais s’il en est autrement, c’est à Paris que mon talent sera plus vite connu et plus dignement payé qu’en aucun autre pays du monde. Oh ! ne ris pas ainsi, et tâche plutôt de me répondre par quelque objection fondée.
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UN MUSICIEN ÉTRANGER À PARIS


Nous venons de le mettre en terre ! Le temps était sombre et glacial, et nous n’étions qu’en bien petit nombre. L’Anglais était encore là ; il veut maintenant lui élever un monument. — Il aurait bien mieux fait de lui payer ses dettes !

C’était une triste cérémonie. Notre respiration était gênée par un de ces vents aigres qui signalent le commencement de l’hiver. Personne, parmi nous, n’a pu parler, et il y a eu absence totale d’oraison funèbre. Pourtant, vous n’en devez pas moins connaître celui à qui nous venons de rendre les derniers devoirs : c’était un homme excellent, un digne musicien, né dans une petite ville de l’Allemagne, mort à Paris, où il a bien souffert. Doué d’une grande tendresse de cœur, il ne manquait pas de se prendre à pleurer toutes les fois qu’il voyait maltraiter les malheureux chevaux dans les rues de Paris. Naturellement doux, il supportait sans colère de se trouver dépossédé par les gamins de sa part des trottoirs si étroits de la capitale. Malheureusement, il joignait à tout cela une conscience d’artiste d’une scrupuleuse délicatesse ; il était ambitieux sans aucun talent pour l’intrigue ; de plus, dans sa jeunesse, il lui avait été donné de voir une fois Beethoven, et cet excès de bonheur lui avait tourné la tête de telle sorte qu’il ne put jamais se retrouver dans son assiette pendant son séjour à Paris.
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Un jour, il y a de cela plus d’un an, je me promenais au Palais-Royal, lorsque j’aperçus un magnifique chien de Terre-Neuve se baignant dans le bassin. Amateur de chiens comme je le suis, je ne pus refuser mon admiration à ce bel animal qui sortit de l’eau, et obéit à l’appel d’un homme auquel je ne fis d’abord nulle attention, et sur lequel mes regards ne s’arrêtèrent que parce que je vis en lui le propriétaire de ce chien d’une si merveilleuse beauté. Il s’en fallait de beaucoup que cet homme fût aussi beau que son compagnon quadrupède. Il était vêtu proprement, mais Dieu sait à la mode de quelle province pouvait appartenir sa toilette. Cependant, ses traits ne laissaient pas d’éveiller en moi je ne sais quel vague souvenir ; peu à peu j’en vins à me les rappeler d’une manière de plus en plus distincte, et enfin, oubliant l’intérêt que le chien venait de m’inspirer, je me précipitai dans les bras de mon ami R.... Nous fûmes l’un et l’autre enchantés de nous revoir. Il faillit s’évanouir d’attendrissement. Je le menai au café de la Rotonde. — Je pris du thé mêlé de rhum, et lui demanda du café, qu’il but les yeux tout humides de larmes.
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