Dans un monde où chaque citoyen est surveillé, de sa façon de s'habiller à la moindre de ses paroles, le commissaire Jensen est chargé d'enquêter sur un attentat à la bombe avorté contre le trust qui contrôle la presse.
Ce roman policier a été publié en 1964. Il dépeint dans un futur proche une société aseptisée en apparence, où la censure se pare de responsabilité morale et atteint jusqu'au plus intime de chacun. La culture est brocardée, toute critique impensable, les organes de presse n'informent plus mais distraient la population pour éviter tout désordre.
L'écriture est volontairement dépouillée. C'est à travers de nombreux dialogues que l'enquête et le portrait de cet univers progressent le plus. Quelques descriptions glaçantes viennent compléter l'ensemble, très maîtrisé.
Le personnage central, Jensen, est à peine esquissé. On devine ce qu'il ressent mais rien n'est jamais dit, et il ne semble pas remettre en cause le fonctionnement de la société dans laquelle il évolue. Ce sont les différents suspects qui s'en chargent, à leurs risques et périls.
J'ai trouvé cet ouvrage remarquable. Remarquable.
A partir d'une intrigue très simple et d'un personnage lisse et neutre en apparence, Per Wahlöö s'interroge sur les dérives d'une société qui se modèle selon une certaine conception du "bonheur", de la "paix", de la "tranquillité" et des moyens d'y parvenir rappelant de solides précédents totalitaires, détruisant du même coup son humanité. Il anticipe l'évolution d'un monde qui fait curieusement écho à celui dans lequel nous vivons aujourd'hui.
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