Ce tome fait suite à Hunter-Killer (en 3 tomes : (1) Révélations, (2) Sélection naturelle, (3) Evolution) du même scénariste
Mark Waid et associe l'équipe d'ultra-sapiens à celle de Cyberforce (les premiers héros créés par
Marc Silvestri chez Image en 1992).
Une entreprise commercialise le téléphone JETT. Jugez un peu ! Il tient dans l'oreille, il utilise votre chaleur corporelle comme source d'énergie. Il se met à jour automatiquement et il se commande à la voix. Il dispose d'une bande passante sans égale pour accéder à internet et il peut même projeter votre série favorite sur le mur.
Le pauvre Damper (l'un des ultra-sapiens) s'est fait choper par un mystérieux individu qui le bouscule jusqu'à temps qu'il révèle où se trouve le reste de l'équipe (Samantha Argent, Wolf, Cloaker et Architect) et ce qu'ils sont en train de faire conformément aux ordres de Morningstar. Ce dernier leur a ordonné de mettre un terme aux agissements de Cyberforce (Velocity, Ripclaw, Ballistic, Cyblade et Heatwave) en espérant que l'une des deux équipes détruirait l'autre et lui laisserait le champ libre. Après l'affrontement obligatoire entre les 2 équipes de héros, ils trouvent un but commun : mettre un terme aux agissements de Morningstar et de ses mystérieux alliés (une nouvelle résurgence de Cyberdata, l'entreprise qui a créé les cyborgs qui forment Cyberforce).
La première chose qui m'a attiré dans ce récit est l'illustrateur :
Kenneth Rocafort. Cet artiste réalise ses dessins, les encre lui-même et ajoute les tons de couleurs qui sont repassés par un metteur en couleurs. L'élément qui ressort le plus est certainement le choix particulier et très efficace dans les teintes de couleurs chaudes. Chaque page est d'abord un plaisir coloré qui mélange les couleurs vives de l'enfance et des costumes de superhéros à des tonalités plus nuancées, plus complexes, plus adultes. le deuxième élément très agréable provient de l'efficacité de la mise en page. Rocafort privilégie des pages à 4 ou 5 cases avec une disposition inventive qui souligne et augmente le mouvement. Enfin sa conception globale de l'illustration lui permet d'incorporer des textures très riches qui flattent également l'oeil. Ses pages se lisent très facilement et très rapidement. Il faut avouer que sa vision de l'anatomie déconcerte parfois par des proportions surprenantes (et je ne pense pas qu'aux tours de poitrine des personnages féminins). Il est également un peu desservi par le scénario pour le combat final qui se déroule dans une pièce blanche ; malgré tous les artifices déployés par Rocafort, la nudité de la pièce finit par affadir cette scène.
De la même manière, le scénario de
Mark Waid recèle des trouvailles divertissantes et quelques faiblesses. La première déception est la brièveté de l'histoire : seulement 5 épisodes dont la moitié consacrée à l'opposition entre les 2 équipes et à au combat final contre le méchant. du coté des trouvailles, il y a déjà cette fameuse merveille technologique JETT. Top Cow (la branche éditoriale d'Image gérée par
Marc Silvestri) n'avait pas hésité à créer un mini-site pour vanter ce nouveau produit (avec description du produit, modalités de commande du produit et présentation de l'entreprise le commercialisant), en guise de marketing viral de cette minisérie. Ensuite, il y les pages de résumé qui sont d'une efficacité exemplaire pour présenter les personnages de la maxisérie Hunter-Killer et ceux de Cyberforce. Il y a la manière dont Velocity utilise son pouvoir (super vitesse) qui est originale, visuelle et intelligente. Enfin il y a les stratégies déployées par les 2 camps pour prendre le dessus sur les batailles les opposant. Dans les aspects moins positifs, il y a la brièveté de l'histoire qui abouti à une lecture très rapide avec peu de résolutions satisfaisantes et peu d'assurance que
Mark Waid reviendra à ces créations. Il y a également cette pièce blanche : bonne idée au départ, mais visuellement inepte. Comme toujours chez Top Cow, le tome se termine avec une tonne de bonus : les couvertures originales ainsi que l'ensemble des variantes, le script de l'épisode 5 et les esquisses page par page, et 3 pages du marketing viral.
Ce fut un plaisir de retrouver Cyberforce en grande forme, un plaisir de découvrir l'équipe des ultra-sapiens, une frustration que cette histoire n'ait pas le temps de creuser les personnages, un plaisir premier degré devant ce spectacle coloré, un regret que ce soit si court.