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EAN : 9782072569722
368 pages
Gallimard (11/05/2017)
3.87/5   26 notes
Résumé :
Prune Kettle fait de son mieux pour éviter les regards, parce que quand vous êtes grosse, se faire remarquer c'est se faire juger. En attendant l'heure de la chirurgie miracle, elle répond aux e-mails de fans d'un magazine pour ados. Mais lorsqu'une jeune femme mystérieuse, avec des collants colorés et des bottes de combat, se met à la suivre, Prune est projetée dans le monde de la Fondation Calliope ? une communauté clandestine de femmes rejetant les diktats de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'ai découvert ce roman avec la série prénommé Dietland. Une séquence m'a fait réfléchir sur quelque chose que je n'avais jamais réalisé avant. J'ai donc voulu lire le roman pour savoir s'il était plus complet dans la réflexion.
J'invite TOUTES les femmes à lire ce roman. Il n'est pas parfait, il est inégal dans son contenu, ce n'est pas le roman féministe du siècle... Mais en dépit de quelques maladresses et quelques hésitations de fond, j'ai été encouragée à reconsidérer certaines de mes pensées : peu importe que l'on soit grosse, laide, jolie, mince, maigre, nous serons chosifiées par une grande partie de la population masculine. En lisant (in)visible, j'ai repensé à Virginie Despentes qui dit que souvent après avoir vécu un viol ou une agression sexuelle, on s'enlaidit pour passer inaperçu: "Post-viol, la seule attitude tolérée consiste à retourner la violence contre soi. Prendre vingt kilos, par exemple. Sortir du marché sexuel puisqu'on a été abîmée, se soustraire de soi-même au désir. En France, on ne tue pas les femmes à qui s'est arrivé, mais on attend d'elles qu'elles aient la décence de se signaler en tant que marchandise endommagée, pollué."
Mais ses mots de Despentes, concernent les femmes comme moi. Des femmes qui se sont enlaidies dans le but de ne plus attirer la gente masculine. Qu'en est-il de celles qui ont toujours été en dehors des critères de beauté depuis toute petite? Celles qui n'ont jamais côtoyées les Hommes? Quel regard ont-elles sur nous? Ce qu'elles croient sur nos rapports avec les Hommes? Croient-elles que les Hommes nous traitent comme des princesses? Que nous sommes plus respectées? Et c'est cela que j'ai adoré, lorsque la protagoniste réalise en fait que le problème ne vient pas de son poids mais des Hommes en général, de toute l'hypocrisie patriarcale.
Autre citation, celle tirée du roman de Sarai Walker, que je vous partage car JE L'ADORE. Cette citation, est devenue presque symbolique, je la partage à chaque fois que j'aborde la misandrie naissante de ce siècle (il faut bien comprendre que les féministes ne sont pas misandres, mais que la misandrie née probablement d'un féminisme qui n'est pas écouté, d'un féminisme que l'on veut taire, d'un féminisme dont on se moque).
Voici la citation :"Jennifer est la conséquence d'une certaine forme de terrorisme. Dès l'enfance, les petites filles sont éduquées dans la crainte de l'homme néfaste. Nous sommes terrifiées à l'idée que ce monstre nous harcèle, nous viole, ou pire, nous assassine. Incapables de différencier les bons des mauvais, nous en arrivons à nous méfier de tous les hommes. de fait, on déconseille aux femmes de sortir seules la nuit, on leur impose des tenues vestimentaires appropriées, on leur interdit de parler aux inconnus, on leur reproche d'être trop séduisantes, etc. Sans oublier les cours d'autodéfense, les pailles anti-GHB, les bombes lacrymogènes et les sifflets antiviol. Nous vivons dans la peur constante d'être attaquée par les hommes. Ne s'agit-il pas d'une forme de terrorisme?" Peur de prendre le train, peur de sortir le soir, crainte d'être harcelée selon ce qu'on porte, crainte de ce qu'on pourrait mettre dans notre verre, peur de rencontrer un homme qui nous bat ou pire, etc... Les femmes vivent dans la peur comme en temps de Guerre? Et comment pouvons-nous répondre à cette peur? N'avons-nous pas toutes eu ce rêve de révolution pour en finir avec cette peur? Cette peur qui n'est pas écoutée, ou parfois moquée, cette peur qui est si souvent dénigrée ou même omise, n'est-elle pas celle qui fait naître la haine des hommes dans le coeur de ses femmes qui ne sont jamais prise en compte?
Si vous voulez savoir comment les femmes de ce roman répondent à cette peur, je vous encourage à lire ce roman.
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Ma lecture de Dietland, roman de Sarai Walker, s'est faite en résonnance avec l'actualité. Vous avez peut être entendu parler de la nouvelle émission de M6, Renaissance ? Ce concentré de grossophobie consiste à montrer la perte de poids de personnes obèses et de célébrer leur « renaissance » (comme si ces personnes n'avaient pas vécu jusque là…). L'émission a été étrillée à juste titre dans une tribune de Gras Politique, qui a également lancé une pétition que je vous invite à aller signer.

Pour en revenir au roman, Dietland est un mélange extraordinaire de dénonciation de la grossophobie ordinaire, d'alliance et de riposte féministe. L'autrice, Sarai Walker, fait le tour du sexisme dans notre société ; du carcan qui enferme les femmes dans une haine de leur corps et une comparaison constante aux autres ; de la misogynie omniprésente.

J'ai adoré suivre Plum, l'héroïne, dans son évolution. C'est une jeune femme grosse qui, bombardée par les diktats de beauté, ne s'aime pas et rêve du jour où elle pourra faire se faire installer un anneau gastrique. Toute sa vie tourne autour des régimes, elle associe des calories à chaque aliment qu'elle mange, et ne supporte pas le regard des autres.
En même temps, les autres sont d'une cruauté sans nom, lui rappelant constamment qu'elle n'est pas « normale » : insultes voire agression physique, hypersexualisation, mépris… Tout y passe. Difficile de garder confiance en soi et moral.
Puis il suffit d'une rencontre pour que tout bascule : de femme solitaire, effacée et peu sûre d'elle, Plum se retrouve entourée et soutenue par un collectif de féministes et prend de l'assurance. Elle déconstruit progressivement tout ce qu'elle avait intériorisé.

Non, une femme ne doit pas être la plus petite possible pour prendre le moins de place possible dans la société.
Non, une femme ne doit pas rester silencieuse et polie face aux hommes abjectes.
Non, une femme ne doit pas être parfaite physiquement pour exister.
Non, une femme ne doit pas s'affamer pour se sentir bien dans son corps.

Plum travaille pour un magazine destiné aux adolescentes. Par ce biais, l'autrice dénonce l'hypocrisie de ce média. J'ai ri inroniquement à la mention de l'écriture d'un article sur l'utilisation des tampons sans utiliser le mot « vagin ».
Le magazine bombarde les ados de conseils contradictoires tels que « soyez vous-mêmes » et « comment perdre les kg en trop avant l'été ». Comme dans toute la presse féminine !
Plum répond aux mails envoyés par les lectrices, qui traduisent un mal être profondément ancré : elles se scarifient, se demandent si c'est normal que leur petit ami les force à faire des actes sexuels par amour, ou que leur mère ne les croient pas quand elles disent que le beau-père les tripotent…
C'est glaçant et pourtant ô combien proche de la réalité.

Ce que j'ai préféré par-dessus tout, dans ce roman, c'est Jennifer. Ce n'est pas un personnage, mais une organisation féministe qui riposte face à tant de misogynie dans la société. Les hommes qui violent, tuent, mutilent sont kidnappés et tués à leur tour. La peur change progressivement de camp. C'est jouissif, comme une bouffée d'air frais. Ca permet d'évacuer la colère de manière cathartique.
Je ne suis pas pour une inversion de la violence et de la peur, mais tout de même, ça fait du bien à lire !

Le seul bémol pour moi, c'est la vision de la pornographie que véhicule l'autrice. C'est trash et moralisateur. Alors certes, comme dans tout ce qui touche au sexe, il y a de l'exploitation dégueulasse des femmes, mais pas partout. le porno féministe et/ou éthique existe, attention à ne pas tout mettre dans le même panier et faire des généralités.

Dietland a été traduit en français sous le titre (in)visible chez Gallimard !
Lien : https://furyandfracas.wordpr..
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Prune est grosse, très grosse, aucune chance de plaire (croit-elle), a fait tous les régimes possibles, en vain. Ne voulant croiser le regard de personne, elle a eu la chance de pouvoir choisir un travail à domicile, où elle conseille les jeunes filles en détresse pour un célèbre magazine féminin, y compris bien entendu celles désirant maigrir ou transformer leur corps. En désespoir de cause elle envisage le by-pass, une opération chirurgicale particulièrement invasive réduisant à vie longueur et volume de l'appareil digestif. Mais une rencontre inopinée va l'amener à revoir de fond en comble ses bonnes (ou mauvaises) résolutions. S'ensuivent une série d'événements surprenants, et des rencontres avec des personnages tout aussi surprenants. La trame est policière, une femme, activement recherchée, ayant décidé d'éliminer physiquement violeurs, harceleurs et attoucheurs de tout poil. Mais le personnage central reste Prune, et ses amies de rencontre, avec un message féministe et une critique acerbe de la civilisation de l'image. Hélas, le message, et l'humanisme qu'il est censé véhiculer, est délayé dans une soupe d'une imagination débordante où l'on a bien du mal à discerner ce qui est crédible. Dommage…
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Prune, 30 ans, 138 kilos, oublie de vivre en attendant l'opération « miracle » qui fera émerger la femme mince qui sommeille en elle. Mais son entrée dans une mystérieuse organisation dont le but est d'amener les femmes à l'acceptation de soi va bouleverser ses certitudes. Dans le même temps, un étrange groupuscule terroriste s'en prend aux violeurs et sexistes de tout poil...Prune est-elle en danger, ou sur le point d'être sauvée ? Un roman noir féministe et subversif, qui questionne les préoccupations futiles de notre société et le règne de l'apparence.
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Prune est grosse, très grosse, aucune chance de plaire (croit-elle), a fait tous les régimes possibles, en vain. Ne voulant croiser le regard de personne, elle a eu la chance de pouvoir choisir un travail à domicile, où elle conseille les jeunes filles en détresse pour un célèbre magazine féminin, y compris bien entendu celles désirant maigrir ou transformer leur corps. En désespoir de cause elle envisage le by-pass, une opération chirurgicale particulièrement invasive réduisant à vie longueur et volume de l'appareil digestif. Mais une rencontre inopinée va l'amener à revoir de fond en comble ses bonnes (ou mauvaises) résolutions. S'ensuivent une série d'événements surprenants, et des rencontres avec des personnages tout aussi surprenants. La trame est policière, une femme, activement recherchée, ayant décidé d'éliminer physiquement violeurs, harceleurs et attoucheurs de tout poil. Mais le personnage central reste Prune, et ses amies de rencontre, avec un message féministe et une critique acerbe de la civilisation de l'image. Hélas, le message, et l'humanisme qu'il est censé véhiculer, est délayé dans une soupe d'une imagination débordante où l'on a bien du mal à discerner ce qui est crédible. Dommage…
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Jennifer est la conséquence d'une certaine forme de terrorisme. Dès l'enfance, les petites filles sont éduquées dans la crainte de l'homme néfaste. Nous sommes terrifiées à l'idée que ce monstre nous harcèle, nous viole, ou pire, nous assassine. Incapables de différencier les bons des mauvais, nous en arrivons à nous méfier de tous les hommes. De fait, on déconseille aux femmes de sortir seules la nuit, on leur impose des tenues vestimentaires appropriées, on leur interdit de parler aux inconnus, on leur reproche d'être trop séduisantes, etc. Sans oublier les cours d'autodéfense, les pailles anti-GHB, les bombes lacrymogènes et les sifflets antiviol. Nous vivons dans la peur constante d'être attaquée par les hommes. Ne s'agit-il pas d'une forme de terrorisme?
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"Mon poids m'a révélé la vraie nature de l'humanité. Les femmes normales, celles qui te ressemblent, ignorent tout de la cruauté et de la superficialité de ce monde. Mes quatre rencards m'ont traitée comme de la merde. Si j'avais été mince et belle, ils se seraient comportés différemment, ils auraient fait preuve d'une hypocrisie sans limite. J'ai pu constater la noirceur de leur âme parce que je suis grosse.
- Explique-moi en quoi c'est une bonne chose.
- C'est un superpouvoir. Je suis capable de voir les gens pour ce qu'ils sont, de faire tomber leur masque.
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Tous ceux qui ne me connaissent pas, comme cette jeune fille, doivent penser que je suis malheureuse. Or je ne le suis pas. Tous les jours, je prends trente milligrammes de Z—, un antidépresseur qu’on m’a prescrit à la suite d’un chagrin d’amour en dernière année de fac. J’étais au fond du gouffre, je passais mes journées enfermée à la bibliothèque. Elle était située au septième étage du bâtiment universitaire. Après les vacances de Noël, debout près d’une fenêtre, je m’étais imaginée sautant dans le vide et m’écrasant sur le sol enneigé ; une douleur insignifiante en comparaison de mes tourments.
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Cette tour gigantesque, qui se dresse au-delà des nuages, produit des magazines et des émissions de télé qui expliquent aux Américaines comment ne pas me ressembler. Je suis leur pire cauchemar, le monstre qu'elles passent leur vie à combattre, la raison pour laquelle elles font des régimes, du sport et de la chirurgie- tout ça pour ne jamais me ressembler.
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J'avais toujours voulu être mince pour que les hommes me désirent et que les femmes me jalousent. Mais c'est terminé. Je n'en ai plus envie car cela implique de vivre à Dietland, un monde de contrôle permanent, de restrictions - voire de paralysie - et surtout d'obéissance.
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Vidéo de Sarai Walker
Dans ce deuxième épisode consacré à la rentrée littéraire 2023, découvrez la suite de nos coups de coeur parmi les 466 romans à paraître entre août et novembre.
On vous propose d'embarquer vers de nouvelles lectures, grâce aux voix et aux mots de Marion, Michaël, Jean, Laure et Nolwenn, tous libraires à Dialogues.
Voici les romans conseillés dans cet épisode : - Les Voleurs d'innocence, de Sarai Walker (éd. Gallmeister) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22507007-les-voleurs-d-innocence-sarai-walker-editions-gallmeister ; - William, de Stéphanie Hochet (éd. Rivages) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22464190-william-stephanie-hochet-rivages ; - Rappelez-vous votre vie effrontée, de Jean Hegland (éd. Phébus) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22535670-rappelez-vous-votre-vie-effrontee-jean-hegland-phebus ; - le Grand Feu, de Léonor de Récondo (éd. Grasset) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22536025-le-grand-feu-leonor-de-recondo-grasset ; - Une façon d'aimer, de Dominique Barbéris (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22445866-une-facon-d-aimer-dominique-barberis-gallimard ; - Sauvage, de Julia Kerninon (éd. L'Iconoclaste) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22541172-sauvage-julia-kerninon-l-iconoclaste ; - La Colère et l'Envie, d'Alice Renard (éd. Héloïse d'Ormesson) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22541525-la-colere-et-l-envie-alice-renard-heloise-d-ormesson ; - L'Indésir, de Joséphie Tassy (éd. L'Iconoclaste) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22539822-l-indesir-josephine-tassy-l-iconoclaste.
Et quelques livres cités au fil des conseils : - Dans la forêt, de Jean Hegland (éd. Gallmeister) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/13497306-dans-la-foret-jean-hegland-editions-gallmeister ; - Apaiser nos tempêtes, de Jean Hegland (éd. Libretto) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22535668-apaiser-nos-tempetes-jean-hegland-libretto ; - À moi seul bien des personnages, de John Irving (éd. Points) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/6829045-a-moi-seul-bien-des-personnages-john-irving-points ; - Hamnet, de Maggie O'Farrell (éd. 10-18) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20434347-hamnet-maggie-o-farrell-10-18 ; - Liv Maria, de Julia Kerninon (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20349425-liv-maria-julia-kerninon-folio.
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